Le professeur Pierre Amarenco, neurologue à l'hôpital Bichat à Paris, explique ce lundi soir sur BFMTV ce qu'est un accident vasculaire cérébral.
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00:00 -Il y a trois types d'AVC.
00:02 L'AVC, c'est d'abord la destruction d'une partie du cerveau
00:06 qui peut être soit un infarctus cérébral,
00:10 c'est-à-dire qu'une artère se bouche
00:13 et la zone irriguée par cette artère dans le cerveau ne l'est plus,
00:17 et donc ça se nécrose.
00:18 C'est comme l'infarctus du myocarde, mais c'est dans le cerveau.
00:22 Ça, c'est 80 % des AVC.
00:24 Il y a environ 15 % des AVC qui sont dus à une hémorragie cérébrale.
00:28 Sous l'effet de l'hypertension artérielle, habituellement,
00:32 une petite artère à l'intérieur du cerveau va éclater
00:35 et il va se constituer une poche de sang plus ou moins grande,
00:39 qui constitue donc l'hémorragie intracérébrale.
00:41 Et la troisième cause d'AVC, c'est l'hémorragie ménagée,
00:46 c'est-à-dire qu'à la surface du cerveau,
00:49 il y a de grosses artères sur lesquelles sont appendus
00:52 un petit anévrisme,
00:54 qui est une sorte de poche formée au dépens de la paroi de l'artère.
00:59 Et cet anévrisme, sous l'effet du tabac,
01:03 de l'hypertension artérielle, peut se rompre
01:07 et donner une énorme hémorragie qui entoure le cerveau.
01:12 - La rapidité de la prise en charge est donc primordiale,
01:15 si je comprends bien ce que vous nous décrivez.
01:17 Est-ce qu'on peut estimer que Pierre Palmade a eu de la chance
01:19 d'être hospitalisé à ce moment précis ?
01:21 - C'est sûr que quand on est déjà à l'hôpital,
01:25 ça va beaucoup plus vite pour réaliser
01:27 les examens complémentaires et les traitements immédiats
01:31 qui sont nécessaires,
01:32 puisqu'on a trois heures pour traiter les patients au mieux.
01:39 On peut aller jusqu'à six heures, très rarement au-delà.
01:42 Mais si on peut traiter les gens dans les trois heures,
01:46 c'est le mieux.
01:47 Donc là, il était dans les meilleures conditions.
01:49 Il a juste fallu couper son bracelet électronique
01:53 pour pouvoir réaliser les examens complémentaires,
01:56 notamment l'IRN cérébrale, qui est un aimant
01:59 et qui ne peut pas tolérer de bracelets de ce type.
02:02 - Peut-on mourir d'un AVC mal pris en charge ou pas pris en charge ?
02:05 - Oui, bien sûr.
02:06 - Ça se traduit par quoi ?
02:08 - La mort ?
02:10 - Évanouissement ?
02:11 - Ça se traduit par un coma, ça se traduit par un étouffement,
02:16 parce qu'il peut y avoir des troubles de la déglutition.
02:19 La personne peut vomir dans ses bronches, par exemple,
02:22 et s'étouffer carrément.
02:25 - En gros, le cerveau ne tient plus le corps en ordre,
02:30 si je puis dire.
02:31 - Exactement, le chef d'orchestre n'est plus là.
02:33 - On entend dire souvent qu'on peut faire des AVC bénins
02:37 non pris en charge et que l'on découvre ensuite,
02:39 et qui finalement n'ont pas eu une aussi grande gravité.
02:42 C'est une vue de l'esprit pour les gens qui ont peur
02:44 ou c'est une réalité ?
02:45 - C'est une réalité.
02:46 Sachez qu'un homme sur cinq, un Français sur cinq,
02:52 aura un AVC dans sa vie, et ça commence à l'âge de 25 ans,
02:56 une femme sur quatre.
02:58 C'est un problème de santé publique majeure.
03:01 Il y a 32 000 morts par AVC chaque année en France,
03:04 il y a 3 000 morts d'accidents de la circulation.
03:06 On fait beaucoup de campagnes pour l'accident de la circulation,
03:09 mais on fait très peu de campagnes,
03:11 pas du tout même, contre l'AVC.
03:13 C'est un problème de santé publique.
03:15 - Pardon, je ne vous interromps plus ?
03:16 - Non, je t'entends.
03:18 - Le fait qu'il parte en prison, même si ce n'est pas tout de suite,
03:20 on attend que tout cela soit définitif,
03:22 est-ce que ça nous donne une indication sur son état de santé ?
03:25 En tout cas, est-ce que ça signifie que ce n'était pas un AVC massif ?
03:28 - Clairement, le fait qu'il soit resté si peu de temps
03:33 en unité de soins intensifs,
03:36 et qu'il ait pu passer en unité neurovasculaire non intensive,
03:40 indique qu'il s'agissait d'un AVC qui n'était pas si massif
03:45 que ça, probablement.
03:47 Alors, il faut s'entendre,
03:50 il peut y avoir une hémiplégie complète,
03:53 ce qui est déjà quelque chose de très sévère,
03:56 un trouble de la parole,
03:58 mais dans la mesure où on maîtrise toutes les complications possibles
04:02 autour de cet AVC,
04:03 on peut le sortir de l'unité de soins intensifs.
04:06 C'est ça que le médecin juge
04:08 pour la sortie de l'unité de soins intensifs.
04:10 Après, dans l'unité neurovasculaire,
04:12 il faut continuer à avoir des professionnels
04:15 pour prendre en charge justement toutes ces petites complications,
04:18 enfin, grosses complications, qui peuvent survenir après un AVC,
04:22 cardiaque, pulmonaire, embolie pulmonaire aussi,
04:26 phlébite, et puis commencer la rééducation,
04:30 kinésithérapie, orthophonie, ergothérapie,
04:34 la prise en charge psychologique, encore plus importante chez lui,
04:37 qui est dans cette période de sevrage majeure,
04:40 cocaïne et alcool,
04:42 donc des comportements qui en elles-mêmes
04:44 justifient sans doute une hospitalisation.