Bleues / Diacre : le point de non-retour

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Transcript
00:00 Cette semaine chez les Bleus, rien à signaler, on s'acheminait vers un week-end tranquille
00:04 mais vendredi à 17h21, boum !
00:07 C'est reparti !
00:09 Vendredi donc, la défenseuse internationale et capitaine Wendy Renard annoncent
00:14 le retrait de l'équipe de France en précisant ne plus cautionner le système actuel.
00:19 Décision imitée une heure plus tard par les deux attaquantes
00:22 Marie-Antoinette Catoto et Kaddi Diatou Diami.
00:25 Principale visée sans être nommée Corinne Diacre, la sélectionneuse.
00:30 À cinq mois de la Coupe du Monde, c'est un bras de fer qui s'engage.
00:32 Une rupture consommée il y a déjà un moment.
00:34 Noël Legrette, le président de la fédération, avait promis aux filles
00:38 que Corinne Diacre ne serait plus la sélectionneur de l'équipe de France après l'Euro.
00:42 Une promesse bien tenue par le président de la fédération française de foot en juillet dernier.
00:46 Je suis ravi que Corinne est acceptée.
00:48 La situation actuelle était-elle alors prévisible ? Un peu.
00:51 Septembre 2017, Corinne Diacre annonce que Wendy Renard ne portera plus le brassard tant qu'elle sera sélectionneuse.
00:56 Juillet 2019, Eugénie Le Sommer, attaquante, est publiquement mise en cause
01:00 pour ne pas avoir respecté les consignes lors du Mondial.
01:02 Elle ne sera plus appelée pendant plus d'un an.
01:05 Septembre 2020, Sarah Boadie, gardienne, annonce qu'elle arrête tant que Corinne Diacre sera la tête de l'équipe.
01:10 On vit dans un climat qui est très très négatif et je ne vois pas gagner quelque chose avec cette sélectionneuse
01:16 et beaucoup de joueuses le pensent aussi mais ne le disent pas.
01:19 Novembre 2020, Amandine Henry, attaquante et capitaine, dénonce un management autoritaire.
01:24 Humainement, je voyais des filles pleurer dans leur chambre.
01:27 Moi, personnellement, je pleurais parfois dans ma chambre parce que j'avais envie de vivre cette Coupe du Monde.
01:32 Mais au final...
01:34 Des propos inquiétants mais bonnes nouvelles à l'époque.
01:36 Ce n'était pas si grave que ça.
01:38 Il y a des désaccords entre certaines joueuses et la sélectionneuse.
01:42 Maintenant, de là à parler de fracture...
01:45 Regardez, je n'ai pas saigné, je n'ai pas de pansement, tout va bien.
01:49 Ne vous inquiétez pas, on vit bien.
01:51 Principal soutien de la sélectionneuse, Noëlle Legrède va alors lui donner un sacré coup de pouce au micro de RMC.
01:56 Aucun match perdu.
01:58 Non mais elles peuvent se tirer les cheveux, ça m'est égal.
02:00 Deux ans plus tard, c'est l'heure des comptes.
02:02 Depuis vendredi, deux autres internationales, Gris Jembock et Perle Moroni, ont elles aussi mis leur carrière entre parenthèses.
02:09 Elles sont donc désormais au moins cinq à souhaiter le départ de Diacre,
02:12 cinq à souhaiter de profonds changements avant la Coupe du Monde.
02:15 Hier, la FFF a réagi par un court communiqué.
02:17 Son comité exécutif réuni le 28 février se saisira de la question à cette occasion.
02:22 La FFF tient à rappeler qu'aucune individualité n'est au-dessus de l'équipe de France.
02:26 Peut-on encore parler d'individualité quand on est cinq ?
02:30 Vous avez deux heures.
02:32 Oui alors on n'a pas deux heures, on a sept minutes précisément pour évoquer cette situation particulièrement inconfortable.
02:41 Jessica, 64 sélections en équipe de France, je le rappelle.
02:45 Est-ce que vous pouvez nous expliquer précisément ce que les joueuses reprochent à Corinne Diacre ?
02:53 Déjà la non-communication au final.
02:57 On sent que depuis un long moment, c'est quand même la deuxième capitaine sous l'air Corinne Diacre,
03:02 qui entre guillemets se plaint ouvertement.
03:08 Le manque de travail entre guillemets quand on voit le staff de Corinne Diacre,
03:14 c'est juste un fait Corinne Diacre sélectionneur a comme entraîneur adjoint l'entraîneur des gardiens et un prépa physique.
03:22 Dans n'importe quelle sélection à l'heure actuelle mondiale, un staff c'est pas ça, il y a beaucoup plus de monde.
03:30 Mais concrètement Jessica, sur des exemples concrets ?
03:33 Non, c'est ça, tactiquement, elle se plaigne aussi des retours de vidéos qui ne sont pas assez précis.
03:40 Mais c'est aussi au manque de tout ça, il y a beaucoup de choses qui sont compliquées.
03:44 Elle se plaigne aussi qu'au final c'est un règne par la terreur et ça aussi c'est compliqué.
03:51 Je pense que quand on est en équipe de France, moi qui l'ai vécu, quand on arrive en équipe de France, c'est une bouffée d'oxygène.
03:56 64 sélections Jessica.
03:58 Et c'est pas le cas, à l'heure actuelle. Et je pense qu'on n'a qu'une envie, et elles ont surtout envie de gagner des titres.
04:04 Et elles ont l'impression que c'est pas possible et qu'elles sont pas écoutées, et ça c'est un gros problème.
04:08 65 sélections.
04:10 Je pensais que j'en avais 76.
04:12 Officiellement 65.
04:14 Wendy Renard, plus sérieusement, parle de préserver sa santé mentale, ce sont des termes forts.
04:22 Du coup je dirais que, pour rebondir sur ta question précédente, ce qu'elle reproche à Corinne Diac c'est peut-être ce climat très pesant qu'il y a en équipe nationale.
04:36 Où il y a effectivement un mur en face d'elle et surtout c'est un peu comme une monarchie.
04:45 C'est-à-dire que des choses se passent pas bien, t'as le malheur de dire quelque chose, tu dégages.
04:52 Et je pense qu'elle a beaucoup joué avec ça et malheureusement la seule qui pouvait incarner le message de dire que c'était pas possible d'avoir ce type de management.
05:03 Parce qu'il y a plein d'exemples en interne et je pense qu'ils sont restés en interne.
05:07 Mais d'avoir ce climat-là, c'est trop pesant pour elle.
05:10 Je pense qu'on peut aussi sportivement se dire que globalement elles ont pas gagné de titres alors qu'elles ont une génération de dingues.
05:16 Elles ont un style de jeu, pour le coup, dernièrement qui est très moyen, voire plus que très moyen.
05:23 Donc il y a des éléments factuels aussi qui peuvent ne pas jouer en la faveur de Corinne Diac.
05:29 Mais je pense que ça va être compliqué pour elle d'avoir quelques éléments positifs pour revenir.
05:35 Vous avez utilisé le terme de monarchie, vous avez parlé de règne de la terreur.
05:39 Un avis peut-être un petit peu plus extérieur.
05:41 Tenez, Philippe, on rappelle quand même que ça ne date pas d'hier.
05:44 Tout cela là, il y a un cri du cœur, mais ça remonte.
05:47 Ça a été très bien dit dans le sujet.
05:49 Effectivement, il faut le dire, il y a un problème Corinne Diac qui est là depuis des années.
05:55 Mais moi, mesdemoiselles, mesdames, je suis désolé, mais je crois que la première chose que j'ai à dire,
06:00 quand on vient voir le sujet qu'on vient de voir, je suis très triste de voir que depuis tant d'années, il y a tant de problèmes dans le football féminin.
06:07 Je trouve que nos têtes d'affiches du football féminin donnent d'elles-mêmes une image absolument catastrophique.
06:14 Et ça me gêne. Elles sont joueuses, elles ont le droit de revendiquer des choses.
06:18 Je pense qu'elles ont plein de bons arguments, mais ce n'est pas elles qui font la loi.
06:21 C'est vraiment regrettable d'en arriver là, parce que je pense que globalement, pour l'image du foot en général,
06:26 avec tout ce qui se passe en ce moment, et puis le foot féminin, il y a eu d'autres problèmes.
06:31 Dernièrement, au niveau d'une des journaux, c'était loin d'être terrible.
06:35 Mais ce que je veux dire, c'est que je pense que Wendy Renard, elle se serait bien passée de faire ce qu'elle a fait.
06:40 Elle a 140 sélections en équipe de France, elle est comme ça.
06:44 Je pense que globalement, elle n'en pouvait plus. C'est sûrement sa dernière Coupe du Monde.
06:48 Elle s'est dit "il faut que je prenne la parole, je suis encore sélectionnable".
06:51 Parce que contrairement à Amandine Henry ou Sarah Bouhadi, qui n'étaient plus sélectionnées, on pouvait penser que c'était un problème personnel.
06:58 Là, elle le fait collectivement, c'est-à-dire qu'elle l'espère aussi envoyer un message.
07:03 Et la preuve, ça a été suivi par de nombreuses joueuses avec elle.
07:06 - Il y a quand même eu, Jessica, des tentatives de dialogue en amont qui n'ont pas donné lieu à une suite.
07:11 - Ça n'a même pas été accepté par la fonctionnaire.
07:13 - C'est pour ça que je veux rebondir sur ce que tu dis, Philippe.
07:16 Wendy, la connaissant, c'est quelqu'un qui n'aime pas faire de vagues.
07:20 Donc là, si elle en arrive là, pour elle, c'est un déchirement vraiment de devoir être obligée de faire ça.
07:25 - Philippe, je ne sais pas sur quelle planète tu vis.
07:28 - Non mais vraiment, parce que je trouve que tes propos sont quand même...
07:34 Tu t'adresses à ces filles-là, elles vont jouer une Coupe du monde dans 5 mois.
07:38 Ça veut dire qu'elles sont en train de mettre leur carrière internationale entre parenthèses.
07:43 Et tu nous dis, ces filles-là n'ont pas à s'exprimer, elles ne font pas la loi, donc elles ne peuvent rien revendiquer.
07:48 La réalité, c'est qu'à un moment donné, quand une personne dit "ma santé mentale est en jeu",
07:53 ça veut dire que la logique, c'est que comme l'a dit Jess, quand tu vas en équipe de France,
07:59 c'est une fierté, c'est une bouffée d'oxygène.
08:01 - Ah bah oui, c'est un drapeau.
08:03 - Non, non, non, non.
08:04 - C'est le service public, c'est le pays, c'est l'institution.
08:06 - Mais là, ça fait 3 ans que c'est le bagne.
08:08 - Je comprends le drapeau, je comprends l'idée du drapeau, mais tu ne peux pas mettre ta santé mentale, comme elle le dit.
08:13 Et je pense que Wendy Ronard, avec l'expérience qu'elle a aujourd'hui,
08:16 ne va pas s'amuser à dire des choses qui ne sont pas réelles par rapport à ce qu'elle ressent.
08:20 Et quand tu dis aujourd'hui que parce qu'elles sont en équipe de France,
08:23 parce qu'elles ont le privilège d'être joueuses de foot, parce qu'elles ont le privilège d'être en équipe de France,
08:26 alors tu ne dis rien et tu n'as pas à faire la loi en équipe de France,
08:29 quand tu as 5 personnes à un moment donné qui se mobilisent pour une cause,
08:32 il faut prendre...
08:33 - Et ça, c'est un cadeau.
08:34 - Non, non, non.
08:35 Et puis, attends, attends, il n'y a pas que l'histoire Corinne Diacre.
08:36 Il y a Noël Le Gret, il y a la Fédération Française de Football.
08:39 - Ah bah parlons-en.
08:40 - Oui, bah donc justement, parlons-en.
08:41 - Parlons-en.
08:42 - Et là, je te pose une question.
08:43 Avec tout ce qui se passe aujourd'hui à travers la Fédération Française de Football,
08:46 est-ce que quand tu es une femme, tu vas t'associer à ce qui se passe
08:50 dans le fonctionnement de la Fédération Française de Football et dans le fonctionnement de Corinne Diacre ?
08:54 Moi, je dis que quand tu dis que ces filles-là n'ont pas le droit de s'exprimer et qu'elles ne font pas la loi,
08:58 c'est un discours qui est dangereux parce que tu n'es pas...
09:00 Ecoute, laisse-moi finir.
09:01 Tu n'es pas à l'intérieur.
09:02 - C'est long.
09:03 - Non, non.
09:04 Tu n'es pas à l'intérieur et je pense que tu te positionnes comme quelqu'un qui voit une fille qui revendique quelque chose
09:09 et on lui dit "Non, tais-toi. Va en équipe de France, tu n'as rien à dire."
09:12 - OK. On a compris à Bible la réponse de Philippe. Pour clore le sujet.
09:15 - Ma réponse, c'est que je suis conscient qu'il y a un problème.
09:20 Je n'interdis absolument rien à personne.
09:22 Elles ont le droit de s'exprimer.
09:24 Je dis juste que ce ne sont pas elles qui décident du sélectionneur.
09:28 Si mardi, en Comex, je pense que ça peut arriver en plus, le Comex décide de virer Corinne Diacre,
09:34 je dis "Attention, on créera un précédent et on ouvrira la porte à tout."
09:40 - Mais on en arrive là parce que Noël Legrès, c'est un prolongé.
09:42 - Philippe, là on l'a dit, c'est un cri du cœur.
09:43 C'est une expression toute faite mais on tire la sonnette d'alarme.
09:45 Ce n'est plus possible manifestement.
09:47 - Je sais bien. Je l'entends, je suis conscient qu'il y a un problème.
09:50 - Je crois que ça va nous faire Wendy de peut-être atteindre plus de monde.
09:52 - Là, il y a deux grandes échéances.
09:53 C'est la Coupe du Monde en 5 mois et dans un an et demi, il y a les JO en France.
09:56 Là, on a une génération qui a presque tout gagné en club et qui rêve et qui arrive au bout d'une histoire en équipe de France
10:02 et qui fait ça plus dans l'intérêt général du foot français.
10:04 - Vous faites bien de le préciser, Gauthier.
10:06 Il y a aussi un enjeu politique quelque part avec ces JO.
10:08 Évidemment, personne, même dans le politique en France, n'a intérêt à ce qu'une affaire encore plus grave éclate en plein Jeux Olympiques.
10:14 J'en suis conscient. Je vous rappelle juste qu'il y a quelques mois, ce problème, le même problème s'est posé en Espagne.
10:21 Réaction de la FEDE espagnole.
10:23 - On vire les joueuses et on met des huves.
10:25 - Non, parce qu'elles se sont virées d'elles-mêmes.
10:27 On les reprend pas et on garde le sélectionneur.
10:29 Non, mais je vous donne du facture.
10:31 - C'est la cinquième joueuse qui se plaint.
10:33 - Et une fois de plus, c'est pas n'importe quelle.
10:35 Alain, sur ce sujet-là, alors c'est pas un cadeau, vous allez nous synthétiser un petit peu tout ça.
10:39 - C'est une forme de chantage, quoi, qui arrive.
10:41 - Ah, donc là, pour vous, vous en prenez soin.
10:44 - Attendez, je vais jusqu'au bout. C'est une forme de chantage.
10:47 Je me retire de l'équipe de France si c'est toujours le même staff.
10:50 C'est du chantage. On est d'accord.
10:52 Vous vous rappelez ? C'est quand même Wendy Ronard, une fille plutôt professionnelle, discrète, qui sort comme ça.
10:59 J'arrive pas à imaginer, sachant que joue à Lyon, que monsieur Ola, c'est au Comet, il n'y a pas un accord.
11:07 C'est pas possible. Parce que ça permet de mettre à l'ordre du jour la situation de Corinthiak, mardi, pour anticiper les choses.
11:14 - En l'absence de...
11:15 - Est-ce que ça va leur donner raison ?
11:17 Oui, oui, l'entraîneur va changer. Je pense pas que ça se fasse maintenant.
11:22 Parce que d'abord, il y a le Comex qui va décider.
11:24 Quel entraîneur peut prendre la succession de Corinthiak, pour l'instant ?
11:27 Personne ne sait, à part, on parle de Prêcheur.
11:29 Mais lui, il est encore sous contrat avec le PSG.
11:32 Voilà. Ça m'interpelle.
11:34 Je trouve ça un peu malheureux, quand même, que ça se fasse de cette manière-là.
11:37 Mais je pense qu'il y a quand même des ramifications derrière.
11:39 Ça s'est bien organisé.
11:40 - Gérard Prêcheur, on précise, entraîneur actuel de l'équipe féminine du Paris Saint-Germain.
11:45 - Merci.
11:46 Merci à tous !