• l’année dernière
Claire Arnoux vous propose un magazine d’information et de divertissement en compagnie d’un invité (sportif ou people) qui revient sur sa relation au sport et réagit à l’actualité.

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00:00 [Musique]
00:12 Bonsoir à tous et bienvenue dans votre salon VIP de Champions sur BeInSport.
00:17 Ciao Clara !
00:18 Bonsoir Claire, bonsoir tout le monde !
00:19 Nous sommes à une heure de Bologne pour rencontrer un coach
00:23 qui a inventé un nouveau style de jeu dans le football.
00:26 Il l'a révolutionné, ce coach,
00:28 entraîneur emblématique du Milan AC.
00:31 Vous avez remporté deux Coupes d'Europe des clubs champions.
00:34 Arrigo Sacki, merci beaucoup de nous accueillir chez vous.
00:37 Bonjour !
00:39 Bonjour !
00:40 Bonjour !
00:42 Alors on vous suit de ce côté.
00:44 Arrigo, des émotions, il y en a eu dans votre carrière,
00:51 des émotions incroyables.
00:53 On va retenir ce qu'on peut voir derrière vous,
00:56 les deux trophées européens avec Milan,
00:58 ou encore la finale de Coupe du Monde avec la sélection italienne.
01:02 Quel est selon vous le moment qui a fait basculer votre carrière ?
01:07 Il n'y a pas vraiment eu un moment.
01:13 Ça a plus été un amour,
01:17 un amour envers le foot,
01:20 et le fait de croire en des valeurs.
01:27 Dans un pays comme l'Italie,
01:29 qui malheureusement n'a pas toujours eu de bonnes valeurs.
01:34 Clara, tout d'abord, a choisi cinq dates dans votre carrière.
01:39 Arrigo, en 1982, vous débutez une carrière d'entraîneur à Rimini, en Séricée,
01:48 sans avoir eu de grande carrière de footballeur.
01:51 En 1987, le président de l'AC Milan, Silvio Berlusconi,
01:55 mise sur vous pour être le nouvel entraîneur de son équipe.
01:59 En 1989, vous remportez avec l'AC Milan la Coupe d'Europe des Clubs Champions,
02:03 victoire 4 à 0 face au Stelio à Bucarest.
02:06 En 1990, vous remportez une nouvelle Coupe d'Europe des Clubs Champions avec Milan,
02:11 finale remportée 1 à 0 face au Benfica Lisbonne.
02:14 En 1994, vous êtes le sélectionneur de la Squadra Azzurra durant la Coupe du Monde.
02:19 Vous vous inclinez en finale face au Brésil,
02:22 trois tirs au but à deux après un match nul, 0 à 0.
02:25 C'est bien résumé ?
02:27 Oui.
02:30 Quand je suis arrivé à Rimini, j'avais remporté le championnat avec la Primavera,
02:35 l'équipe des jeunes de Cesena.
02:38 Rimini était descendu de la Série B à la Série C,
02:42 et un journaliste avait dit qu'ils allaient sûrement prendre Angelillo comme entraîneur.
02:47 Et puis les rumeurs ont dit...
02:54 On parle d'un certain Arrigo Sacchi.
02:57 Mais pour eux, je n'étais personne.
03:00 On m'a accueilli comme un véritable inconnu.
03:03 Les gens se demandaient "mais qui est ce gars-là ?"
03:09 Mais au final, dans tous les clubs où je suis allé,
03:13 peu de temps après mon arrivée, les gens venaient plus au stade qu'auparavant.
03:23 Et quand je suis arrivé à Rimini, la presse disait qu'on allait encore être relégués,
03:29 mais ça n'a pas été le cas.
03:33 On a terminé cinquième, avec des jeunes en plus.
03:40 Parlons tout d'abord de la Ligue des champions Arrigo.
03:43 Avec Milan, vous avez remporté deux Coupes d'Europe des clubs champions,
03:47 c'est l'équivalent de la Ligue des champions, en 89 et 90.
03:50 Le premier chef d'oeuvre, c'est la victoire en demi-finale contre le Real Madrid en 89.
03:55 Est-ce qu'une fois que vous avez gagné avec ce 5-0,
03:58 vous étiez sûr d'aller remporter la finale derrière ?
04:01 Il faut savoir que quand je suis arrivé à la Cémilan,
04:06 Berlusconi m'a dit "on doit devenir la plus grande équipe du monde".
04:12 Moi je lui ai répondu que ça pourrait être frustrant.
04:17 Il m'a dit "mais comment ça, ça pourrait être frustrant ?"
04:22 D'abord il faut savoir qu'on gagne le championnat,
04:27 ce qui nous a permis d'accéder à la Coupe d'Europe des clubs champions.
04:32 On a gagné à l'extérieur contre Naples,
04:36 en sortant sous les applaudissements du San Paolo,
04:40 ce qui n'était jamais arrivé en Italie.
04:44 Moi je croyais beaucoup au jeu.
04:48 Pour moi le jeu était quelque chose de comparable au scénario d'un film.
04:54 Donc on gagne le championnat,
04:58 et on se renforce avec Rijkaard.
05:03 Et on a réussi à gagner la Coupe d'Europe des clubs champions.
05:08 En Italie à l'époque, seuls trois joueurs étrangers
05:14 avaient le droit de jouer dans la même équipe.
05:19 Moi j'avais Van Basten et Gullit.
05:23 Je voulais des joueurs fiables,
05:27 qui étaient "fonctionnels" au type de football que j'avais en tête.
05:32 Donc moi je disais à Berlusconi,
05:38 "Non, celui-là on le met de côté, parce que c'est un bon joueur,
05:42 mais moi je veux un joueur agressif.
05:46 Ce joueur-là n'a pas de tempérament."
05:50 Le tempérament c'est vraiment une des rares choses qu'on ne peut pas améliorer.
05:56 Alors que la personnalité, le caractère, tu peux les améliorer.
06:01 Donc moi je voulais vraiment recruter Frank Rijkaard,
06:05 j'avais un peu saoulé Gullit et Van Basten avec ce nom.
06:10 Au final j'ai envoyé un de mes hommes 15 jours en Espagne.
06:17 Je lui ai dit, "Tu vas voir ses entraînements.
06:24 Tu me dis comment il se comporte.
06:27 Tu me dis si c'est un joueur correct.
06:31 Tu vas même voir ce qu'il mange."
06:36 Tout s'est bien passé.
06:39 Rijkaard arrive la deuxième année pour la Coupe d'Europe des Clubs Champions.
06:45 Mais moi c'est une compétition que je n'avais jamais jouée.
06:49 Eux non plus d'ailleurs.
06:51 Donc qu'est-ce qu'on a fait ?
06:53 On a compétit des matchs contre les plus grandes équipes au niveau européen.
06:58 Un tournoi à Wembley avec Arsenal, Tottenham, le Bayern Munich.
07:06 On est allé faire un tournoi à Bernabeu.
07:11 On a joué le Real Madrid.
07:14 On est allé jouer contre le PSV Eindhoven qui avait remporté la Coupe d'Europe.
07:20 Et ces matchs, on les a gagnés.
07:23 On avait peut-être un peu exagéré.
07:26 Parce que quand le championnat a commencé,
07:29 on avait vraiment dépensé trop d'énergie dans ces matchs amicaux.
07:34 On passe le premier tour, même si on n'avait pas très bien joué à domicile.
07:40 Et on va jouer contre le Real Madrid.
07:44 On avait déjà gagné contre eux au tournoi à Bernabeu.
07:50 Mais cette fois, je voulais un comportement plus agressif pendant le match.
07:56 Il faut savoir que Boutragagno, l'ancien du Real, disait qu'on n'était pas une équipe italienne.
08:03 Parce qu'on les agressait de tous les côtés, parce qu'on essayait vraiment de faire un match.
08:09 Et donc avant ce match-là contre le Real Madrid,
08:14 les joueurs vont sur le terrain pour s'échauffer.
08:18 Moi je ne sortais pas, comme d'habitude, je reste aux vestiaires.
08:23 Et à Milan, les deux vestiaires sont proches.
08:27 Je parlais avec un joueur de Milan,
08:30 qui était un peu plus jeune que moi,
08:33 et qui m'a dit que je ne voulais pas aller à Milan.
08:37 Donc je parle dans notre vestiaire au président Berlusconi.
08:42 Et au bout d'un moment, on entend un grand hurlement.
08:46 C'était les Espagnols qui commençaient à se regrouper pour parler avant le match,
08:51 pour se motiver pendant une causerie.
08:54 Berlusconi me dit "mais ils hurlent, ils sont motivés, nous non !"
08:58 Et j'ai répondu "mais ils hurlent de peur !"
09:02 Donc on commence le match, pas très bien d'ailleurs.
09:07 Et Van Basten, qui était un des plus grands joueurs de l'époque,
09:12 n'était pas très serein.
09:17 Donc j'envoie un autre joueur à l'échauffement, un autre attaquant.
09:22 Ça faisait 15-20 minutes.
09:25 Il avait bien vu qu'il y avait un autre attaquant à l'échauffement.
09:29 Mais on réussit à se ressaisir, on réussit à se reprendre.
09:35 Et c'est là qu'il commence à marquer.
09:39 Trois buts en première période.
09:44 Les deux autres en seconde période.
09:49 Donc cinq buts au total.
09:52 Et je dois dire qu'on avait compris,
09:56 durant les matchs amicaux,
09:59 qu'on était une équipe compétitive.
10:04 Et quand les joueurs comprennent
10:09 que le jeu te permet de ne jamais être seul sur le terrain,
10:14 de rester optimiste,
10:19 cet optimisme génère de la créativité.
10:24 Je disais souvent à mes joueurs,
10:29 si on joue dans les 25-30 derniers mètres,
10:34 on est impossible à battre.
10:39 C'est certainement le plus beau match de l'AC Milan, Claire.
10:44 Oui, certainement.
10:49 Et ça vous a permis de vous imposer 4-0 en finale face au Stéphane Bucarest.
10:54 Rebelote l'année suivante.
10:59 Et aujourd'hui, quand vous regardez la Ligue des champions,
11:04 est-ce que vous trouvez que le niveau des clubs est au niveau de ce que vous avez connu et de ce que vous avez inculqué à vos joueurs ?
11:09 À mon avis, il y a 3 équipes qui ont contribué à l'augmentation de la valeur de la Champions League.
11:14 Michels d'abord avec l'Ajax,
11:19 notre AC Milan 20 ans plus tard,
11:24 et puis le Barça de Guardiola, 20 ans après.
11:29 Quand vous regardez le Paris Saint-Germain, est-ce que vous pensez que c'est un club qui remportera prochainement la Ligue des champions ?
11:34 Est-ce que la France attend quand même depuis l'OM qu'un autre club français soulève cette coupe ?
11:39 En général, les clubs qui ont de l'argent
11:44 vont souvent miser sur les individualités,
11:49 pas forcément sur le jeu.
11:54 Ils dépensent beaucoup d'argent ici aussi en Italie.
11:59 Les plus grandes équipes sont endettées
12:04 parce qu'ils ne croient pas en leurs idées.
12:09 Pendant la Coupe du monde 2014,
12:14 le Brésil avait les joueurs les plus connus, les plus coûteux.
12:19 Ils ont pris 7 buts de l'Allemagne qui avait seulement Neuer comme joueur célèbre.
12:24 Tous les autres étaient de simples joueurs.
12:29 Le football a été pensé comme un sport d'équipe offensif
12:34 et nous l'avons transformé comme un sport individuel défensif.
12:39 En Italie, c'est toujours le cas d'ailleurs.
12:44 En Espagne, non. En France, il y a peut-être eu trop de précipitations.
12:49 Ça fait 7-8 ans qu'ils essayent de gagner avec le PSG,
12:54 mais ils n'y arrivent pas.
12:59 Quand vous voyez Lionel Messi au Paris Saint-Germain,
13:04 qui a toujours une carrière incroyable,
13:09 est-ce qu'un joueur comme ça vous aurait donné envie de coacher ?
13:14 Messi est un très grand joueur. Je l'ai vu lors de son deuxième match.
13:19 Le Barça avait marqué 3 buts, il avait 17 ans,
13:24 et il était déjà formidable. Mais c'est aussi un joueur humble.
13:29 Quand tu es trop présomptueux, tu échoues.
13:34 Tu ne peux pas prendre des joueurs qui sont avides comme ça,
13:39 qui ont des choses qui leur font perdre la tête.
13:44 Ils pensent qu'ils ont le droit à des privilèges,
13:49 et moi je ne veux pas donner de privilèges aux joueurs.
13:54 Tu ne peux pas prendre des joueurs qui sont individuels,
13:59 qui ne vont pas se sacrifier pour leurs coéquipiers.
14:04 Vous avez vu des meilleurs joueurs que Van Basten depuis que vous l'avez eu ?
14:09 Ou est-ce que c'est le plus grand joueur que vous ayez vu sur le terrain ?
14:14 Van Basten a été un peu compliqué.
14:19 Parce qu'à la base, il était habitué à un jeu différent.
14:24 La première année, il venait toujours sur le terrain.
14:29 Il venait toujours sur le ballon, dos à la défense.
14:34 Je lui ai dit "si tu joues comme ça en Italie,
14:39 tu vas perdre ton don d'Achille,
14:44 parce que c'est là qu'on va te blesser".
14:49 Lors du quatrième ou du cinquième match,
14:54 un joueur lui écrase le pied.
14:59 Résultat, cinq mois d'arrêt.
15:04 Van Basten, si par exemple il avait mal aux dents,
15:09 il allait chez le dentiste chez lui en Hollande.
15:14 Il rentrait toujours chez lui.
15:19 Il rentrait toujours chez lui, oui c'est vrai.
15:24 Je l'ai lu dans des interviews.
15:29 Et moi je lui ai dit "écoute, en Italie on a beaucoup de défauts,
15:34 mais on a remporté des Coupes du Monde,
15:39 alors que vous, vous étiez encore sous l'eau".
15:44 Il jouait avec nous, il jouait avec l'équipe, pour l'équipe, tout le temps, partout.
15:49 Moi je ne voulais pas de joueur qui ne joue pas avec l'équipe,
15:54 pour l'équipe, sur le terrain et tout le temps.
15:59 On parlait de votre manière de coacher.
16:04 Vous faites la différence entre le stratège et le tacticien.
16:09 J'espère avoir été un stratège.
16:14 Parce que le stratège il a un objectif,
16:19 et il sait comment y arriver.
16:24 Alors que le tacticien attend que tu fasses une erreur.
16:29 Et en plus, il se doit d'avoir de bons joueurs.
16:34 Il a eu 36 buts en une saison. Pourquoi ?
16:39 Alors qu'il jouait plutôt défensivement,
16:44 qu'il ne va pas toucher beaucoup de ballons non plus.
16:49 Mais c'est justement avec ces ballons là qu'il doit marquer des buts.
16:54 Par contre si ton équipe joue offensivement,
16:59 c'est de ne pas être présomptueux,
17:04 de ne pas être suffisant, de ne pas être crâneur.
17:09 Ceux qui sont présomptueux sont généralement ignorants.
17:14 Moi je n'ai jamais été personne.
17:19 Quand je suis arrivé à la Cémilan,
17:24 un des journaux les plus connus, La Repubblica,
17:29 a titré "Demain la Cémilan présente Monsieur Persson".
17:34 Voilà comment j'ai été accueilli.
17:39 L'université de Milan m'a demandé d'aller parler aux étudiants,
17:44 et la première question qu'on m'a posée n'était pas très gentille.
17:49 "Alors que vous n'avez jamais été champion ?"
17:54 Sauf que ça faisait 10 ans qu'on me posait cette question.
17:59 Donc moi je répondais toujours "Je ne savais pas que pour devenir jockey,
18:04 il fallait avoir été cheval."
18:09 J'ai commencé en étant personne.
18:14 J'ai arrêté de jouer au football à 19 ans.
18:19 J'ai commencé à travailler à l'usine avec mon père.
18:24 Je pense que c'est une expérience qui m'a beaucoup aidé.
18:29 Une expérience qui m'a vraiment apporté.
18:34 Et puis je suis arrivé en séries C, la 3e division avec Rimini.
18:39 Et j'ai oublié le nombre de spectateurs.
18:44 Il y a eu la C Milan, 30 000 abonnés à l'époque.
18:49 Dès la 2e année, il y en avait 75 000.
18:54 Donc j'ai toujours dit "Je me suis trompé, je devrais faire comme les industriels
18:59 et me servir du nombre de spectateurs".
19:04 J'ai fini ce salon VIP de Champions très intéressant avec vous, Arigo Saki.
19:09 Mais juste après la pause. A tout de suite.
19:14 Vous regardez Bein Sport et votre salon VIP de Champions avec notre légende du jour,
19:31 le célèbre Arigo Saki. Je suis curieuse de savoir quel est votre regard sur le jeu
19:36 de l'équipe de France qui a été jusqu'en finale du Mondial.
19:41 Qui nous a offert une finale assez particulière.
19:46 On a vu divers visages de cette équipe de France face à l'Argentine.
19:51 Comment vous voulez juger l'équipe de France et surtout le jeu proposé ?
19:56 La France a plutôt fait un bon parcours.
20:01 Mais l'Argentine a mieux joué et méritait peut-être plus de gagner selon moi.
20:11 Votre entraîneur a fait les bons remplacements au bon moment.
20:21 Puisqu'ils ont changé le cours du match.
20:26 C'était un match vraiment spectaculaire.
20:31 J'en ai parlé avec le président de la FIFA, Gianni Infantino.
20:36 Et je lui ai dit que ce match avait sauvé la Coupe du Monde, que j'ai trouvé médiocre.
20:41 Cette finale était formidable, stressante, émouvante.
20:46 Mais il y a eu un moment où la France a vraiment repris la main dans ce match.
20:51 Alors que pendant 70 minutes, c'est l'Argentine qui dominait.
20:56 Mais pour moi, c'est l'Argentine qui méritait vraiment de gagner ce match.
21:01 Il le méritait plus que la France.
21:06 Et c'est ce qu'il s'est produit. Ils ont gagné.
21:11 Si le foot veut rester le sport numéro un,
21:16 il faut qu'il fournisse des émotions, qu'il produise du spectacle.
21:21 C'est le jeu qui donne du spectacle.
21:26 On va continuer de parler avec vous, Arrigo, de votre carrière,
21:31 de ce que vous faites peut-être aussi aujourd'hui. J'ai l'impression que la vie est plutôt cool ici, à une heure de Bologne.
21:36 Mais le portrait maintenant d'Arrigo Sacki avec Clara.
21:41 Arrigo, vous êtes issu d'une famille modeste.
21:46 Vous grandissez en voyant votre père partir travailler tôt le matin, rentrer tard le soir de l'usine.
21:51 Il vous sait fan de foot, fan du grand attaquant hongrois, Ferenc Puskas.
21:56 Alors un jour, il vous fait un cadeau inestimable, un ballon de foot en cuir.
22:01 Vous devenez populaire, les grands veulent jouer avec vous, mais vous ne touchez jamais la balle.
22:06 Vous la confisquez un jour de colère parce que dans chacune des disciplines que vous faites,
22:11 que ce soit le vélo, le football, vous vous pensez en champion.
22:16 Alors les grands n'ont pas tout à fait tort, vous ne serez jamais un grand joueur, mais le plus grand passionné de football.
22:21 L'été 1954, à 8 ans, vous échappez à la surveillance de votre tante.
22:26 Elle vous montre le tableau de bar enfumé, à regarder la raille qui retransmet la Coupe du Monde.
22:31 C'est Alfredo Belletti, bibliothécaire à Fusignano, qui vous initie au coaching.
22:36 Il commence par accompagner l'équipe des jeunes, dont vous faites partie.
22:39 Vous voilà ensuite sur un début de carrière d'entraîneur.
22:42 Votre père est malade, vous le remplacez à l'usine 18 heures par jour.
22:46 Diriger une entreprise, c'est le début du management.
22:49 Belletti vous rappelle, pour sauver le club, vous devez jouer les derniers matchs et vous vous maintenez.
22:54 Ce ne sont pas les croisés, mais une ernie qui a fait de vous un coach.
22:57 Et quel entraîneur, au bout d'un mois, vous parlez comme un professionnel.
23:00 En fin de saison, alors que Fusignano a 7 points d'avance, votre équipe est dans le dur.
23:05 Elle enchaîne les matchs nuls, vous rencontrez le deuxième du classement, vous n'avez plus que 2 points d'avance.
23:11 Vous avez 4 blessés et il vous faut rejouer ce match.
23:14 Vous dites aux joueurs, si on perd, j'arrête de carrière, celle d'entraîneur et celle de joueur.
23:19 Vous finissez évidemment champion.
23:21 L'engouement est là, l'équipe passe de 40 supporters à 350 fans par match.
23:26 Vous découvrez le bonheur infini de la victoire, du partage, de la stratégie.
23:30 En 1987, le président Silvio Berlusconi recrute le match de Fusignano, le coach de Parm qui a éliminé Milan en Coupe d'Italie.
23:39 L'illustre inconnu révolutionne l'AC Milan, 2 entraînements par jour, des séances où c'est vous le ballon.
23:45 Vous expliquez à vos joueurs comment se déplacer en zone.
23:48 À vos stars qui rechignent à réapprendre le football, vous dites, je ne savais pas que pour être joquée, il fallait avoir été un cheval.
23:55 En 1989, la messe est dite, vous devenez le pape du football en remportant la Ligue des champions et en rendant ses lettres de noblesse à l'AC Milan.
24:04 Arrigo, vous avez récemment obtenu la distinction du président de l'UEFA, récompense pour tout ce que vous avez amené au football.
24:13 Une récompense qui vous a ému ou finalement pour vous c'était logique de l'obtenir avec tout ce que vous avez amené au football ?
24:21 Non, je ne m'y attendais pas. Je ne m'y attendais vraiment pas.
24:27 Mais les joueurs non plus ne s'attendent pas à recevoir des récompenses.
24:32 Quand tu as la tête dans le guidon comme cela, que tu travailles au quotidien, et on travaillait vraiment beaucoup.
24:41 On n'a pas le temps de penser à ces récompenses.
24:45 Van Basten a remporté le Ballon d'or.
24:50 Gullit, qui n'avait jamais été dans les 10 premiers, il est arrivé 2 fois 2ème.
24:58 Au classement du Ballon d'or France Football, sur 10 joueurs, on en avait toujours 5 de classés.
25:08 On ne s'y attendait pas.
25:12 J'ai demandé à tout le monde, et seul Tassotti, qui est un petit malin, m'avait dit avec tout le travail fourni.
25:24 Comme on a galéré, oui je m'y attendais.
25:28 Honnêtement on ne pensait pas recevoir toutes ces distinctions. Et moi encore moins.
25:33 En 1994, j'entraînais la sélection italienne. On est allé à la Coupe du Monde.
25:42 20 ans auparavant, j'étais allé aux Etats-Unis parce qu'on avait des clients là-bas.
25:48 Je n'aurais jamais imaginé que 20 ans plus tard, j'y retournerais pour discuter d'une Coupe du Monde.
25:59 Vous parlez de la Coupe du Monde 1994, vous avez emmené votre sélection italienne jusqu'en finale.
26:06 La défaite au tir au but, est-ce que vous y repensez encore ? Est-ce que vous avez fait beaucoup de cauchemars de cette finale ?
26:14 Non, absolument pas.
26:19 Quand on a commencé la Coupe du Monde, j'ai demandé aux joueurs ce qu'ils espéraient.
26:25 Et ils m'ont dit qu'ils voulaient aller en quart de finale.
26:30 Quand une équipe donne le maximum, elle a déjà fait son devoir au niveau moral.
26:42 Deux ans avant, en 1992, avec mes collaborateurs, on est allé voir comment la Coupe du Monde allait se passer.
27:00 On a écrit à la présidence de la Fédération Italienne pour savoir si on pouvait aller sur la côte ouest.
27:11 Parce qu'on savait que tous ceux qui seraient basés sur la côte est seraient lessivés.
27:18 Sur la côte ouest, il fait 16 ou 17 degrés.
27:25 Alors que sur la côte est, on est à 30-32 degrés avec une humidité à 100%.
27:32 Et donc tu t'entraînes mal, tu dors mal.
27:37 Le premier ministre de l'époque s'appelait Andreotti.
27:44 Et notre président de la Fédération s'appelait Mattarezze.
27:50 Il faut savoir qu'il était aussi sénateur.
27:53 Alors il est allé voir Andreotti en disant "Saki a demandé d'aller sur la côte ouest".
27:59 Et que lui a répondu le premier ministre ?
28:03 Je vois déjà les titres de presse. Les footballeurs italiens sont en train de trahir ces migrants.
28:09 Puisque toutes les familles italiennes sont toutes sur la côte est.
28:13 Dis à Saki qu'en restant à l'est, il aura l'avantage du public.
28:22 Quelques temps plus tard, je demande à monsieur Valentini, qui faisait partie de la communication,
28:27 comment se passe la pré-vente ?
28:30 Il me dit "J'ai l'impression que tous les billets ont été achetés par des Italiens".
28:34 Premier match contre l'Irlande, je ne vois que des drapeaux irlandais.
28:39 Il était à côté de moi et je lui dis "Il n'y a que des drapeaux de l'Irlande".
28:45 Il me dit "Non, nos supporters sont déjà dans le stade".
28:50 Au final, il n'y avait que 10 000 Italiens et tout le reste était irlandais.
28:55 Je lui ai dit "Mais ils n'avaient pas acheté tous les billets ?"
28:58 Il m'a répondu "Oui, mais ils ont tout revendu".
29:01 La malice !
29:03 Après la sélection à Rigaud, vous entraînerez à nouveau le Milan AC, puis la Tietico et enfin Parma.
29:07 Ce sera votre dernière expérience en 2001.
29:10 Mais pourquoi vous vous êtes arrêté ?
29:13 J'avais déjà arrêté avant.
29:18 Après 4 années passées au Milan, je n'en pouvais plus.
29:27 J'avais toujours froid en mon football.
29:31 Je pensais que je pouvais continuer, donc j'ai accepté une proposition de la Fédération italienne.
29:44 Je me disais qu'il ne fallait pas que mon épuisement se sache.
29:49 Mais dans le football, tout se sait.
29:53 Je suis parti parce que je n'en pouvais plus.
29:58 J'ai consulté un psychologue, et même lui m'a dit "En plus d'être psy, je suis votre parcours depuis Rimini".
30:05 Ce que vous faisiez à l'époque, c'était extraordinaire.
30:09 Mais maintenant, c'est normal.
30:17 J'adorais le cinéma.
30:22 Et à ce moment-là, je n'allais même plus voir les films.
30:26 J'avais l'impression de voler le temps, de voler l'argent des gens qui me faisaient confiance.
30:33 Donc j'ai décidé de rester dans le foot, mais seulement avec l'équipe nationale.
30:43 Malheureusement, en sélection, je n'étais pas au quotidien avec les joueurs.
30:50 Je n'étais un entraîneur que dans la théorie.
30:56 Donc j'ai fait 4-5 ans en sélection.
31:00 On a notamment obtenu cette deuxième place en Coupe du Monde.
31:09 Mais en tant qu'Italien, seule la première place importe.
31:15 Dans notre culture, la seconde place, ça n'existe pas.
31:22 Donc je n'avais pas de récompense.
31:26 Et puis le temps a fait son effet. Berlusconi est entré en politique.
31:30 Il a été élu. Les gens me considéraient comme l'un des bras droits de Berlusconi.
31:35 Sauf que moi, je n'avais pas de distinction.
31:43 - Arrigo, avant de se quitter, la dernière question de Clara.
31:46 - Arrigo, vous êtes toujours autant passionné par le football.
31:50 On vous propose de revenir et vous dites oui.
31:53 Vous choisissez quel poste ? Entraîneur, sélectionneur ou président ?
31:57 - Sélectionneur, non.
32:02 Car comme je l'ai dit, ça reste un entraîneur seulement en théorie.
32:06 Avec Rimini, je faisais 300 entraînements par an.
32:10 Avec la sélection, j'en faisais seulement 30.
32:14 Et encore, même pas 30 par an.
32:17 C'est l'un des problèmes de la sélection.
32:21 Les sélections ne sont pas aussi bien organisées que les clubs.
32:32 - Sélectionneur, non. Il reste coach ou président ?
32:37 - Président, non. Et même pas entraîneur.
32:41 Je ne pourrai plus maintenant.
32:44 - Arrigo, merci beaucoup de nous avoir accueillis chez vous.
32:53 C'était un véritable plaisir de vous rencontrer.
32:56 Merci pour tout ce que vous avez apporté au football.
32:59 On vous est très reconnaissant.
33:01 Merci à vous de nous avoir suivis.
33:03 A très vite sur BeinSport pour un autre salon VIP de Champions.
33:07 Ciao !
33:09 ...

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