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00:00 Dans Europe 1 Midi, on va parler à présent prix, on va parler inflation avec le nouvel observatoire des prix de Familles Rurales.
00:08 Et on est ravis d'accueillir Nadia Zian. Bonjour !
00:10 - Bonjour !
00:11 - En studio avec nous dans Europe 1 Midi, directrice consommation de l'association Familles Rurales.
00:15 Vous proposez, vous publiez chaque année un observatoire des prix, il est annuel et c'est aujourd'hui.
00:22 Merci beaucoup d'avoir choisi Europe 1 Midi pour en parler.
00:25 Qu'est-ce que vous avez constaté ces 12 derniers mois ? Une forte poussée des prix.
00:31 Bon, vous n'êtes pas les seuls à l'avoir constaté, mais il y a des subtilités dans ce que vous avez pu observer.
00:36 Dites-nous.
00:37 - Alors le premier renseignement, c'est vrai que quand on prend les prix INSEE, on est à une inflation sur les produits alimentaires d'un peu plus de 12%.
00:43 La logique de Familles Rurales aujourd'hui, c'est de suivre les recommandations de l'État,
00:48 qui notamment par le biais d'un programme national nutrition santé, le PNNS, nous explique notamment qu'il convient de manger au moins 5 fruits et légumes par jour et par personne,
00:57 des légumineuses, des protéines.
00:59 Donc on est parti, on s'est basé sur ces recommandations pour établir un panier qui soit conforme à ce que le ministère de la santé attend qu'on mange pour être en bonne santé.
01:11 Et ce panier-là, finalement, quand on prend ces produits-là, il n'augmente entre guillemets, parce que ça reste une augmentation très substantielle, que de 8%.
01:21 C'est-à-dire que plus vous consommez des produits bruts et moins l'inflation est importante, et ça s'explique de manière très logique.
01:29 Comme vous n'êtes pas sur des produits transformés ou ultra transformés, vous avez un moindre nombre d'intermédiaires et par le fait, une inflation plus contenue des prix.
01:38 C'est un cercle plutôt vertueux. Mieux on se nourrit, moins on paye.
01:42 Alors on peut voir ça comme ça si on voit le verre à moitié plein.
01:46 Si on voit à moitié vide, on s'aperçoit que manger sainement, on prend vraiment le minimum de ce que préconise le PNNS.
01:54 Et là, on arrive à un panier qui coûte quand même 477 euros par mois.
01:58 Et là où ça nous inquiète, c'est que pour les 9 millions de ménages les plus précaires, ils n'ont pas les moyens économiques de dépenser cette somme-là,
02:08 puisqu'on a fait un petit calcul, quand vous prenez les familles qui vivent avec le seuil de pauvreté, elles le consacrent selon...
02:15 Vous pouvez le rappeler le seuil de pauvreté ?
02:17 Alors nous, on est sur une composition de deux adultes, deux enfants, un ado, et donc on est à 2585 euros pour cette famille-là.
02:25 Donc à 2585 euros, une famille qui a deux enfants avec deux adultes, à 2585 euros, on considère qu'elle est au niveau du seuil de pauvreté.
02:34 Et il apparaît que ces familles-là, pour leur budget alimentation, elles consacrent 16,3%.
02:40 16,3% d'un budget alimentation pour une famille qui est au seuil de pauvreté, ça représente 413 euros.
02:46 Donc vous voyez, il y a quand même un différentiel qui n'est pas neutre.
02:50 Et donc ces familles-là, ce qu'on dit au gouvernement, qui nous dit à tous de manger sainement pour pouvoir être en bonne santé,
02:56 et éviter notamment à l'assurance maladie de couvrir des frais de santé, ces familles-là, matériellement, elles n'en ont pas les moyens.
03:05 Et c'est la raison pour laquelle, cette année, on a décidé d'appeler aussi le ministre de la Santé et de la Prévention,
03:10 c'est dans son titre, c'est pas moi qui l'invente, justement, à investir davantage dans la prévention.
03:16 Pourquoi ? Parce que la Direction Générale du Trésor nous dit, on dépense chaque année 20 milliards à soigner des pathologies qu'on pourrait éviter d'avoir.
03:24 Nous, la mesure qu'on soutient, cette mesure d'aider les familles par une attribution, une allocation de 65 euros par mois,
03:32 cette mesure-là, elle coûterait à l'État 7,2 milliards.
03:36 Donc vous voyez bien que rapporté aux 20 milliards que nous coûtent les soins liés à une alimentation inadaptée,
03:43 on marche un peu sur la tête quand on se dit qu'on entend aussi peu le ministère de la Santé traiter du sujet de l'alimentation.
03:50 - Là aussi, c'est un cercle vertueux, alors vous allez dire que je vois toujours le verre à bout.
03:53 - Mais là, vous avez raison, parce que pour le coup, bien sûr.
03:56 - Bon, très bien. Donc on dépense 7 milliards pour la santé.
04:01 - On investit 7 milliards pour que les gens s'alimentent sainement et on évite de dépenser 20.
04:06 - On verra si Bercy voit les choses comme ça. - Même pour Bercy, c'est pas mal.
04:11 - Bon, écoutez, Patricia nous appelle de Valenciennes. Bonjour Patricia.
04:14 - Oui, bonjour. - Merci beaucoup d'être avec nous dans Europe 1 Midi.
04:17 Qu'est-ce que vous en pensez, vous dites que ça coûte cher de se nourrir sainement ?
04:23 - Ça coûte moins cher que d'acheter des produits préparés, comme le disait votre intervenante.
04:31 Alors le souci aujourd'hui, c'est que... Moi j'étais intervenue il y a une semaine ou deux,
04:37 quand une autre intervenante sur une émission du soir disait qu'il fallait acheter des produits locaux,
04:42 que c'était beaucoup moins cher. Et là, ça m'a fait dresser les cheveux sur la tête, parce que je suis désolée.
04:49 Aujourd'hui, moi j'ai testé, je teste en permanence les produits locaux,
04:55 et malheureusement, quand on les compare au prix de grande surface, ce n'est pas moins cher.
05:01 Parce qu'aujourd'hui, quand vous achetez en local, on vous vend ça comme du bio,
05:05 et automatiquement, on fait trembler les prix.
05:09 Donc vous allez payer exactement la même chose, le prix du kilo, des chicons, des pommes,
05:17 sous prétexte que c'est la même chose, voire même plus, sous prétexte que c'est du local, c'est du bio.
05:24 - Les chicons, les endives, hein ? Mais on dit les chicons dans le Nord !
05:27 - Ah oui, on est dans le Nord ! - Ah bah oui, dans le Nord, c'est les chicons, il n'y a pas de débat.
05:31 Quand vous parlez des produits locaux, vous parlez des produits locaux en supermarché,
05:36 ou les produits locaux que vous allez chercher chez le producteur, à droite à gauche ?
05:41 - Non, non, les produits locaux que je vais chercher directement chez le producteur,
05:46 dans les fermes locales, et si vous voulez, c'est vrai que moi, là où j'habite,
05:51 j'ai la chance d'avoir différents producteurs, que ce soit des légumes, de la viande,
05:58 il y a beaucoup de fermes, des fermes à vicole également, mais le souci, c'est que,
06:03 écoutez, quand je vois les prix, honnêtement, quelqu'un qui vit au niveau du seuil de pauvreté
06:11 ne peut pas se permettre de chercher ces produits.
06:13 - Vous considérez que vous avez du mal, ou vous vous en sortez ?
06:17 - Bah nous, on s'en sort, parce que forcément, on travaille, on n'est pas au niveau du seuil de pauvreté,
06:22 mais on fait très très attention, parce qu'aujourd'hui, tout a flambé.
06:26 Et moi, quand je vois les indices qu'on vous communique,
06:30 écoutez, moi j'ai l'impression que je me demande où sont... on va chercher les chiffres, quoi.
06:35 Parce qu'aujourd'hui, se nourrir et manger sainement, c'est vraiment devenu un casse-tête.
06:41 Là où les familles, vous avez des enfants et vous voulez donner des fruits et des légumes tous les jours,
06:46 des produits frais, c'est très très compliqué.
06:48 - Là où il peut y avoir une petite confusion, c'est la différence entre l'inflation générale,
06:53 qui est autour de 6%, parce qu'on met le prix du gaz, de l'électricité, de tout ça,
06:58 il y a tout un panier de produits, et l'inflation uniquement pour les produits de l'alimentation.
07:04 Et là, c'est beaucoup plus fort. Il y a peut-être souvent cette confusion, on l'entend souvent ce que dit Patrice Hervé.
07:10 - En 2022, tout a explosé, soyons clairs, tout a explosé.
07:16 Là où je rejoins votre auditrice, c'est que le problème qu'on a,
07:20 c'est que comment on s'en sort quand tous les postes de contraintes explosent ?
07:26 C'est-à-dire que quand vous avez l'énergie qui explose, les carburants qui explosent,
07:29 toutes vos factures qui grimpent, la variable d'ajustement aujourd'hui, c'est l'alimentation.
07:35 C'est-à-dire que vous gardez ce qui reste à la fin du mois pour remplir le panier.
07:40 Et c'est bien ça le sujet, moins vous avez les moyens, et moins votre panier est rempli.
07:45 Maintenant oui, s'agissant de l'année qu'on vient de passer,
07:50 le budget alimentation a été particulièrement touché par l'inflation.
07:53 - Alors, pour réduire les prix, vous proposez également, Nadia Zianne, de famille rurale,
07:58 de vous demander aux industriels de ne pas sur-emballer les produits.
08:02 - Ah ben soyons un peu développement durable, parce que ça manque aussi...
08:05 - C'est l'erreur du temps.
08:07 - Vous savez, le candidat Macron nous avait laissé espérer une transition énergétique et écologique.
08:13 Alors, mettons-la en œuvre.
08:15 C'est-à-dire que quand on est dans une période avec des prix qui sont assez importants pour les consommateurs,
08:20 essayons de réduire les coûts.
08:22 Et s'il y en a bien un qu'on peut éviter, c'est sur emballage.
08:25 Je pense que j'apprends à aucun de vos auditeurs.
08:28 Vous voyez, quand on achète un paquet de biscuits qui est emballé,
08:32 et après il y a encore des emballages à l'intérieur de ce métallaquet.
08:35 - Il y a l'emballage carton, ensuite.
08:36 - Emballage carton, emballage plastique, et puis à l'intérieur de l'emballage plastique,
08:39 pour des raisons de praticité.
08:40 Eh bien le plus simple, finalement, c'est de revenir...
08:43 - Il y a trois emballages.
08:44 - Le plus simple, c'est de revenir d'abord aux boîtes à goûter,
08:46 et de mettre dans la petite boîte à goûter de son enfant une pomme,
08:51 parce que les pommes c'est facile à manger,
08:53 et puis un petit morceau de pain avec de la confiture.
08:55 On l'a, pour certains d'entre nous, vécu quand nous étions enfants.
08:59 Et puis pour ceux qui tiennent, effectivement, à néanmoins consommer ces produits,
09:03 on conseille mais on n'impose rien,
09:05 au moins que les industriels, tant pour une démarche écologique que pour une démarche économique,
09:12 revoient ce sur-emballage.
09:14 - Vous voulez que je vous dise ? Ils vont s'y mettre, parce qu'ils vont être obligés,
09:16 et voilà, ils vont s'y mettre, évidemment.
09:18 Merci beaucoup Nadia Zian d'être venue sur Europe 1.

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