La parole aux Français du 22/02/2023

  • l’année dernière
L'actualité vue par les témoins du quotidien, présenté par Clélie Mathias dans #LaParoleAuxFrancais

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00:00:00 Il est 14h, bienvenue à vous sur CNews, émission largement consacrée dans la foulée de ce
00:00:06 qui vient d'être dit dans Midi News par Sonia Mabrouk, entièrement consacrée à
00:00:11 ce drame survenu ce matin à Saint-Jean-de-Luz dans les Pyrénées-Atlantiques.
00:00:15 Vous savez qu'une professeure dans un établissement privé, le Collège Lycée Saint-Thomas d'Aquin,
00:00:20 à Saint-Jean-de-Luz, est décédée après avoir été poignardée par un élève de 16
00:00:27 ans.
00:00:28 Il a fait plein cours, c'est une professeure d'espagnol, les secours sont arrivés peu
00:00:31 après mais n'ont pas pu la réanimer.
00:00:34 On va faire un point sur ce que l'on sait et sur ce drame qui secoue énormément toute
00:00:39 la communauté enseignante, les élèves aussi, bien sûr nous tous.
00:00:43 Simon Guillain.
00:00:44 Ce qu'on peut dire pour le moment c'est qu'il est environ 10h, Clély ce matin,
00:00:48 lorsqu'un élève de seconde en plein cours d'espagnol sort un couteau de son sac.
00:00:52 Il va ensuite jusqu'à la porte de la classe qu'il ferme à clé avant justement de poignarder
00:00:56 sa professeure au niveau du thorax.
00:00:58 Alors l'enseignante, vous le disiez, âgée d'une cinquantaine d'années, elle est
00:01:01 très rapidement en arrêt cardiorespiratoire avant donc de décéder de ses blessures.
00:01:05 Ce qu'on sait c'est que juste après l'agression, selon les premiers éléments de cette enquête,
00:01:09 il est allé se réfugier dans une salle avoisinante et c'est là qu'un autre professeur l'a
00:01:13 désarmé, donc lui a saisi son couteau et toujours selon nos informations, le jeune
00:01:18 homme n'est pas connu des services de police, donc il n'a pas d'antécédent de délinquance
00:01:21 connue à l'heure où on se parle.
00:01:23 Et des sources proches du dossier, mais aussi certains élèves, nous indiquent qu'il
00:01:26 aurait des problèmes psychiatriques.
00:01:28 Alors en fait, au professeur qui l'a désarmé, qui allait saisir son couteau, il a dit être
00:01:32 possédé et avoir entendu des voix cette nuit lui demandant justement de tuer cette
00:01:36 professeure.
00:01:37 Alors grande prudence bien sûr, ce profil reste à confirmer au cours de l'enquête
00:01:41 et de son audition dès qu'elle sera rendue possible.
00:01:43 Oui, on attend bien sûr des informations qui seront données par les autorités judiciaires
00:01:48 et notamment aussi le procureur de la République de Bayonne sur cette enquête.
00:01:52 Merci Simon Guélin d'avoir donné les principaux faits qui se sont donc déroulés ce matin.
00:01:57 On va se rendre sur les lieux.
00:01:59 Devant ce collège lycée Saint-Thomas d'Aquin, à Saint-Jean-de-Livre, vous trouvez Antoine
00:02:04 Estève.
00:02:05 Antoine, bonjour.
00:02:06 Bonjour.
00:02:07 Oui, Antoine, vous êtes devant ce collège lycée.
00:02:11 Les cours ont immédiatement été suspendus peu après le drame.
00:02:15 Oui, effectivement, et comme je le disais tout à l'heure à Sonia, le choc est d'autant
00:02:21 plus fort que ça s'est produit pendant les cours, pendant cette matinée de mardi matin
00:02:26 où il y a beaucoup de monde à l'intérieur du collège et du lycée.
00:02:29 Le jeune homme est entré, comme le disait Simon Guélin il y a quelques instants, à
00:02:33 l'intérieur d'une classe pendant un cours, pendant ce cours d'espagnol, chez cette professeure
00:02:37 qui était très appréciée d'après les premiers témoignages qu'on a eu tout à l'heure de
00:02:41 ses élèves.
00:02:42 Alors un autre témoignage important, c'est celui d'une élève qui était à l'intérieur
00:02:45 du collège, juste à côté de la salle en question ce matin.
00:02:48 Elle a eu cours avec cette professeure, madame Lassalle, d'espagnol ce matin.
00:02:52 Elle nous disait qu'elle n'avait pas constaté de troubles particuliers à l'intérieur de
00:02:56 l'établissement, pas de disputes ou de choses qui auraient pu mettre la puce à l'oreille
00:03:00 à quelqu'un sur des faits comme ceux qui se sont produits.
00:03:03 Tout ce qu'on sait aussi sur cet élève en question, qui est mis en cause pour l'instant,
00:03:06 c'est que d'après ses camarades et d'après d'autres élèves avec qui nous avons pu nous
00:03:10 entretenir, il avait un profil, je cite les élèves, la façon dont ils ont de parler
00:03:16 de cet élève-là, il disait en tout cas qu'il était bizarre, qu'il avait un comportement
00:03:20 psychologique fragile.
00:03:22 En tout cas, ce sont les témoignages qu'on a eu jusqu'ici.
00:03:24 Pour l'instant, pas de réaction de la part de l'encadrement de ce lycée, de ce collège,
00:03:30 de la direction.
00:03:31 La rectrice est attendue sur place évidemment.
00:03:33 On ne sait pas si elle est à l'intérieur ou pas pour le moment, car il y a plusieurs
00:03:36 entrées.
00:03:37 Nous sommes à l'entrée principale.
00:03:38 Les autres entrées sont condamnées par la police pour l'instant.
00:03:41 La police qui continue, comme vous le voyez derrière moi, de travailler sur l'enquête
00:03:45 à l'intérieur de l'établissement.
00:03:46 - Beaucoup, Antoine et Stéphane, on vous retrouvera tout au long de cette émission.
00:03:49 Merci à Jérôme Rambnoux qui vous accompagne sur les lieux où a eu lieu ce drame ce matin,
00:03:56 cette professeure d'espagnol qui a été poignardée en plein cours.
00:03:59 Cet élève qui est entré, qui a fermé la porte à clé et qui était là et l'a poignardée.
00:04:04 C'est un fait extrêmement grave, bien sûr, rare, heureusement, j'allais le dire.
00:04:09 Mes invités aujourd'hui en plateau, Pierre Lelouch, Yvan Rioufol et Kevin Bossuet.
00:04:13 Vous êtes professeur d'histoire.
00:04:14 Je voulais avoir déjà un premier mot de votre part puisque forcément, forcément,
00:04:19 vous êtes particulièrement touché par ce qui est arrivé ce matin à cette professeure.
00:04:23 - J'ai été profondément choqué, j'ai été profondément attristé, mais malheureusement,
00:04:29 cela ne m'a pas surpris.
00:04:30 - Pourquoi donc ?
00:04:31 - Cela fait des années que l'on voit monter au sein des établissements scolaires la violence,
00:04:36 la violence entre les élèves, la violence vis-à-vis des professeurs.
00:04:40 J'ai une pensée aujourd'hui pour l'ensemble de la communauté éducative, pour évidemment
00:04:47 cette collègue qui est décédée, pour sa famille, pour ses collègues et pour les élèves,
00:04:52 parce que ce qui s'est passé, c'est une véritable tragédie.
00:04:56 Et forcément, je pense aussi à Samuel Paty.
00:04:58 - Même si ce sont des cadres qui sont totalement différents.
00:05:02 - Je suis d'accord, mais Samuel Paty, c'est un traumatisme pour les enseignants.
00:05:06 Ici, là, on n'est pas là-dedans, mais c'est quand même une enseignante qui a été assassinée
00:05:12 dans l'exercice de ses fonds.
00:05:13 - Oui, en plein cours.
00:05:14 - Donc forcément, cela choque la communauté éducative.
00:05:16 Vous savez, quand on décide de devenir enseignant, on le devient par vocation le plus souvent.
00:05:22 On a envie de transmettre des valeurs, on a envie de transmettre des connaissances,
00:05:26 on a envie de faire acquérir des compétences.
00:05:27 C'est l'un des plus beaux métiers du monde.
00:05:29 Et quand vous voyez qu'aujourd'hui, on peut se faire insulter, on peut se faire agresser
00:05:34 physiquement, voire on peut même perdre la vie, forcément, ça interroge, forcément,
00:05:40 ça choque, forcément, ça me met en colère.
00:05:42 Et j'ai l'impression que finalement, on est face à un drame, on en parle beaucoup.
00:05:47 Ça va faire la une des journaux pendant une semaine.
00:05:51 - Et à juste titre.
00:05:52 - Et à la fin, il ne restera plus rien.
00:05:53 Et c'est ça qui me choque un petit peu.
00:05:55 Je crois qu'il faut prendre conscience que dans notre société, il faut redonner de
00:05:59 l'autorité aux professeurs.
00:06:01 Ce que l'on fait sur le terrain, c'est un métier qui est digne.
00:06:05 On est là pour servir la République, on est là pour faire progresser nos élèves.
00:06:09 Donc il faut nous respecter.
00:06:10 Et quand on parle de la montée des violences dans notre quotidien, il faut en avoir conscience
00:06:16 et il faut réussir à résoudre cette question.
00:06:19 C'est fondamental pour la suite, pour la continuité du service public et pour les vocations qui
00:06:28 seront amenées finalement à fleurir au sein des jeunes générations.
00:06:32 - Alors Camille Bossuet, vous restez évidemment avec nous.
00:06:34 Nous sommes en ligne avec Jean-Rémi Girard, qui est professeur de lettres lui aussi, président
00:06:39 du SNAC, le Syndicat national des lycéens, collèges, écoles et du supérieur.
00:06:43 Bonjour Jean-Rémi Girard.
00:06:44 Je le disais, c'est un fait qui est extrêmement rare, heureusement.
00:06:48 Et je vais faire la même chose qu'avec Kevin Bossuet.
00:06:51 Je vais vous demander déjà une première réaction de votre part avant d'aller un peu
00:06:55 plus loin sur l'analyse de l'événement.
00:06:57 - Avant tout c'est le choc, avant tout c'est la sidération, je crois, devant ce qui s'est
00:07:02 passé.
00:07:03 Beaucoup de tristesse, beaucoup de colère aussi, parce que quand on est enseignant et
00:07:09 qu'on va faire cours, on ne prévoit pas que la journée va se terminer au cimetière.
00:07:15 Et effectivement, c'est incroyable qu'aujourd'hui on en soit dans des situations telles que
00:07:25 celles qui s'est produites.
00:07:26 Donc toutes les condoléances de la part du SNALC à la famille et tout le soutien à
00:07:31 toute la communauté du lycée.
00:07:33 Mais voilà, c'est quelque chose qu'il va falloir examiner, il va y avoir de toute façon
00:07:39 une enquête et elle sera, je n'en doute pas, extrêmement précise, extrêmement pointue.
00:07:45 Il va falloir comprendre ce qui s'est passé et le cas échéant, en tirer un certain nombre
00:07:49 de conclusions.
00:07:50 Ça ne retire rien au fait que oui, aujourd'hui le métier d'enseignant est en crise et l'éducation
00:07:55 nationale est en crise et qu'il faudrait y faire quelque chose.
00:07:57 Ça ne veut pas dire que si on y fait quelque chose, la situation qui s'est produite aujourd'hui
00:08:01 ne se reproduira pas.
00:08:02 Mais ça veut dire qu'aujourd'hui, on est accessoirement dans une éducation nationale
00:08:06 qui a de plus en plus de mal à fonctionner avec des professeurs qui sont de plus en plus
00:08:12 dépités par leur métier et par les conditions dans lesquelles ils les exercent.
00:08:16 Ça révèle un certain malaise.
00:08:18 Est-ce que vous êtes d'accord avec Kevin Bossuet qui disait justement il y a un instant,
00:08:22 peut-être que vous l'avez entendu d'ailleurs, que c'était un acte qu'on pouvait même
00:08:26 redouter tant le métier était devenu de plus en plus difficile à exercer, que c'était
00:08:31 un métier magnifique, un métier de passion, mais que c'était difficile et qu'encore
00:08:34 une fois les professeurs étaient de plus en plus confrontés à la violence de la part
00:08:40 des élèves ou même parfois des parents d'élèves ?
00:08:41 Bien sûr, ce sont des faits.
00:08:46 C'est-à-dire qu'on a des enquêtes du ministère de l'Éducation nationale qui le prouvent
00:08:50 par A+B.
00:08:51 On a les chiffres, on a tout ce qu'il faut en fait pour montrer que l'éducation nationale
00:08:57 va mal.
00:08:58 Et effectivement il faudrait peut-être se retrousser les manches pour qu'elle aille
00:09:01 mieux, pour que les enseignants redeviennent, si je puis dire, plus respectés dans la société.
00:09:07 Ils sont les premiers à dire que leur métier n'est pas valorisé dans la société.
00:09:13 Ce sont les enseignants qui le disent aujourd'hui.
00:09:15 Donc on le sait, on le leur demande et ensuite on n'a pas l'impression qu'il se passe grand-chose.
00:09:20 Donc ça, c'est quelque chose sur quoi il faut travailler.
00:09:23 Ça ne nous ramènera pas notre collègue, mais ce serait bien que l'on puisse effectivement
00:09:28 avoir un système éducatif qui, pour une fois, aille vers le haut.
00:09:33 Parce que nous on a quand même l'impression que depuis le temps qu'on enseigne, on a quand
00:09:37 même l'impression que c'est de plus en plus compliqué, de plus en plus difficile, de
00:09:40 plus en plus pénible et de moins en moins attractif.
00:09:42 Alors, revaloriser le métier d'enseignant, je vous ai entendu.
00:09:45 Est-ce qu'il faudrait mettre, puisque là on a appris que cet élève était rentré
00:09:49 avec un couteau, finalement, qu'il était arrivé dans l'établissement avec ce couteau,
00:09:54 qu'il avait fermé la porte, qu'il avait poignardé cette professeure en plein cours,
00:09:57 est-ce qu'il faudrait mettre des sas, des portiques de sécurité, comme ça peut exister
00:10:01 notamment aux Etats-Unis, pour éviter que les élèves entrent armés ? Comment on fait
00:10:05 pour protéger ? Est-ce qu'on doit en venir à de telles mesures ?
00:10:09 Alors, ça a déjà été essayé, ça a déjà été expérimenté de mémoire dans la région
00:10:13 Rhône-Alpes.
00:10:14 C'est très très compliqué à maintenir et à faire fonctionner.
00:10:18 Et puis, il faut encore que ce soit bien réglé, parce qu'il y a des objets métalliques
00:10:21 parfois dans les sacs des élèves qui ne sont pas des couteaux également.
00:10:24 Et ça crée aussi souvent des effets d'attroupement devant l'établissement, qui créent en fait
00:10:29 d'autres problèmes de sécurité par rapport à Vigipirate et aux attentats.
00:10:33 Donc, les portiques, ça a l'air assez joli sur le papier, ça a été testé, ça fonctionne
00:10:40 mal.
00:10:41 Nous, on pense qu'il faut quand même surtout de l'accompagnement humain, des surveillants,
00:10:44 des assistants d'éducation, pour pouvoir voir ce qui se passe, vérifier qu'il n'y
00:10:49 a pas des élèves qui se trimbalent dans les couloirs à n'importe quelle heure, à une
00:10:53 heure où ils ne sont pas supposés y être notamment.
00:10:55 Voilà, c'est aussi l'accompagnement humain et l'accompagnement humain, y compris des
00:11:00 élèves qui peuvent avoir des problèmes psychiques, psychiatriques.
00:11:05 Nous, on n'est pas toujours au courant et parfois on le découvre quand c'est trop tard,
00:11:11 j'allais dire.
00:11:12 Est-ce qu'il faudrait une formation spécifique pour les enseignants qui sont, et vous l'avez
00:11:15 dit, de plus en plus confrontés à des niveaux de violence qui peuvent être différents ?
00:11:20 Là, peut-être apparemment cet élève souffrait de problèmes psychologiques, psychiatriques,
00:11:26 on ne sait pas encore, l'enquête le déterminera, mais il dit avoir entendu des voix.
00:11:29 Donc, il y a différents types de violences, est-ce qu'il faudrait que les professeurs
00:11:33 soient un peu mieux formés ?
00:11:34 Alors, il faudrait déjà que les professeurs soient formés en termes de formation continue
00:11:38 parce que c'est une catastrophe la formation continue dans l'éducation nationale.
00:11:41 Maintenant, ce n'est pas une journée de formation et ça y est, c'est réglé, ça,
00:11:45 ça n'existe pas.
00:11:46 Il faut effectivement que l'on ait éventuellement conscience d'un certain nombre de comportements
00:11:51 à avoir, d'un certain nombre de réflexes, mais ce n'est pas ça qui va changer la société.
00:11:57 Il faut bien voir que l'école, c'est un miroir de la société.
00:11:59 Quand la société va mal, l'école va mal.
00:12:01 Généralement, elle va un peu moins mal d'ailleurs que le reste de la société.
00:12:04 Nos élèves sont plus en sécurité dans l'école qu'à l'extérieur de l'école.
00:12:07 Et c'est dire, parfois, vu ce qui se passe dans l'école, comment c'est à l'extérieur
00:12:11 de l'école.
00:12:12 Donc on ne règle pas les choses en disant, on va former les profs et c'est bon.
00:12:15 Et ça laisse toujours penser que c'est un peu, quelque part, la faute des profs qui
00:12:17 ne seraient pas assez formés, qui ne sauraient pas trop quoi faire.
00:12:19 On est quand même des professionnels, on sait quand même à peu près ce qu'on fait.
00:12:22 Il faudrait aussi nous faire confiance et nous donner les capacités d'agir, de réagir
00:12:28 et l'encadrement qui va avec.
00:12:29 Je vais vous en arrêter malheureusement.
00:12:31 Merci beaucoup d'avoir été en ligne avec nous.
00:12:34 On avait évidemment d'autres questions à vous poser.
00:12:36 Yvan Rioufol, sur ce drame, on le voit, Kévin Bossuet et Jean-Rémi Girard l'ont dit aussi,
00:12:43 c'est symptomatique, même si encore une fois les causes peuvent être différentes,
00:12:45 mais d'un certain malaise, finalement, du monde enseignant.
00:12:49 Oui, Kévin Bossuet l'a rappelé, c'est l'aboutissement d'une logique infernale,
00:12:54 l'aboutissement redouté d'une logique infernale qui va bien au-delà, naturellement, de l'assassinat
00:12:58 de Samuel Paty, qui lui a résulté d'une sorte d'idéologie mortifère qui voulait
00:13:02 absolument s'en prendre à un professeur qui symbolisait la France.
00:13:05 Là, ce qui me frappe, c'est la banalisation de l'acte, c'est-à-dire que cela se passe
00:13:09 d'abord d'une banalisation géographique.
00:13:11 Jusqu'alors, ces actes de violence contre les professeurs étaient plutôt réservés
00:13:17 à des cités sensibles ou à des lycées sensibles.
00:13:19 Là, nous sommes dans un lycée catholique, visiblement, d'une ville...
00:13:23 Privé, dans un CUP, oui.
00:13:25 Donc, on voit que ce désastre éducatif a gagné également et la communauté privée,
00:13:32 la communauté publique, et cela remet en perspective ce qui a été dénoncé par beaucoup
00:13:37 sur cette fabrique du crétin.
00:13:38 Je reprends là le titre du livre de Briély et du professeur Briély qui avait fait ce
00:13:43 livre épatant il y a 15 ans pour décrire ce à quoi poussait l'illettrisme et la déculturation.
00:13:48 Et de cette fabrique du crétin, on arrive maintenant à la fabrique de l'assassin, dans
00:13:51 le fond.
00:13:52 Et cela pose, bien sûr, le problème de l'éducation, cela pose le problème également de la vigilance
00:13:57 de la famille elle-même.
00:13:58 Et je le mets en perspective avec la personnalité si fade aujourd'hui du ministre de l'Éducation,
00:14:06 M. Papandia, qui est attendu sur place, d'ailleurs.
00:14:09 Il n'y est pour rien, et qui l'ira sur place, bien entendu.
00:14:11 Mais il n'y est pour rien.
00:14:12 Mais je trouve que cette personnalité aussi transparente reflète exactement qu'elle est...
00:14:16 Enfin, reflète en partie.
00:14:17 C'est un commentaire.
00:14:18 Oui, c'est un commentaire qui ne reflète que votre avis puisqu'en plus, il est en poste
00:14:22 depuis assez peu de mois.
00:14:24 Permettez que j'aille jusqu'au bout.
00:14:25 Mais cette personnalité si fade reflète exactement l'effacement aujourd'hui de l'autorité
00:14:30 éducative face à des problèmes qui sont considérables et qui débordent très largement
00:14:34 l'éducation, j'en suis bien d'accord, mais qui concernent malgré tout aussi le rétablissement
00:14:37 de l'autorité, le rétablissement du maître au cœur de l'éducation.
00:14:40 On sait que vous ne le portez pas dans votre cœur.
00:14:42 Non, je remarque simplement cette concordance entre une personnalité aussi fade, aussi
00:14:49 triste et ces violences extrêmes qui ne devraient naturellement pas être...
00:14:54 Je ne sais pas si c'est un lien de cause à effet.
00:14:56 Je vous propose d'écouter Olivier Véran.
00:14:57 Encore une fois, ne comprenez pas, ça n'a pas de lien de cause à effet.
00:14:59 Je ne dis pas qu'il est le coupable.
00:15:01 Je dis qu'il y a quand même une convergence entre ce symbole qui est aujourd'hui celui
00:15:06 d'un ministre de l'éducation qui ne tient plus l'éducation, qui ne semble même pas
00:15:09 s'intéresser beaucoup à l'éducation et ce que cela donne au final.
00:15:12 Ah non, je pense qu'on ne peut pas dire ça non plus.
00:15:15 Je veux dire Papendiaï est là depuis peu de temps.
00:15:18 Je vous trouve, M.
00:15:19 Rioufol, un petit peu...
00:15:20 Je ne prends pas de ne pas me faire comprendre.
00:15:22 Je ne dis pas que Papendiaï est coupable.
00:15:24 Bien entendu, vous ne me faites pas dire des imbécilités.
00:15:27 Je ne vous dis pas faire de...
00:15:28 Je dis simplement que le symbole qu'il représente, représente en fait le symbole d'un effondrement
00:15:32 d'un système éducatif.
00:15:33 Alors en tout cas, le gouvernement a été interpellé à ce sujet, sur ce drame qui
00:15:37 s'est déroulé encore une fois ce matin à Saint-Jean-de-Luz, en plein Pays basque.
00:15:40 Et Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, a fait quelques précisions en conférence
00:15:48 de presse à l'issue du Conseil des ministres.
00:15:49 Écoutez-le.
00:15:50 J'ai tous une pensée après le décès terrible de cette enseignante à Saint-Jean-de-Luz,
00:15:56 des suites des blessures mortelles qui lui ont été infligées par un élève âgé de
00:16:01 16 ans.
00:16:02 Évidemment, je ne viendrai pas sur le terrain de l'enquête judiciaire qui vient de s'ouvrir.
00:16:07 Simplement vous dire tout le soutien que nous portons à la communauté éducative dans son
00:16:12 ensemble, incluant les enseignants, les directeurs d'établissements, les parents d'élèves,
00:16:16 les élèves eux-mêmes.
00:16:17 J'imagine à peine le traumatisme que cela peut représenter, localement et plus généralement
00:16:22 à l'échelle de la nation.
00:16:23 Je vous dirais également que le ministre de l'Éducation nationale, Pape Ndiaye, se
00:16:27 rendra sur place dès aujourd'hui.
00:16:29 Voilà, Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, qui a donc annoncé que le ministre
00:16:33 de l'Éducation nationale se rendait sur place dès cet après-midi.
00:16:36 Nous sommes en ligne avec Jean-Christophe Couvy, secrétaire national d'Unité et
00:16:39 GP Police.
00:16:40 Bonjour.
00:16:41 Merci d'être en direct avec nous.
00:16:43 Est-ce que vous avez de plus amples informations sur l'enquête et sur les faits, sur ce
00:16:48 drame qui est survenu ce matin ? On sait d'ores et déjà, il semble que l'élève
00:16:55 soit venu avec un couteau.
00:16:56 Est-ce qu'on s'oriente vers un acte qui a été prémédité ?
00:16:58 Oui, bonjour.
00:16:59 Écoutez, vous m'entendez, j'espère ?
00:17:02 Très bien.
00:17:03 Bonjour.
00:17:04 Oui, oui, non, non.
00:17:05 Alors, je vais dire, mes collègues sont aussi sous choc, parce que c'est quand même
00:17:11 un collège qui est très huppé, qui n'a aucun problème au demeurant.
00:17:16 Et puis, on essaie de comprendre, la PJ est dessus, on essaie de comprendre un petit peu
00:17:21 ce qui s'est passé, ce qui a emmené cet élève à passer à l'acte, j'allais dire.
00:17:26 Mais pour l'instant, c'est que le début de l'enquête.
00:17:28 Alors, il se dit que peut-être qu'il avait quelques petits soucis depuis quelques jours,
00:17:32 mais c'est toujours des petits signes.
00:17:33 Est-ce que les parents, est-ce que les personnes qui entourent font état de ces signes-là
00:17:37 ou pas ? On ne peut pas savoir.
00:17:39 Vous savez, a priori, c'est vraiment un coup de sang, un coup de folie.
00:17:41 Et c'est des choses qu'on ne peut peut-être pas prévoir.
00:17:44 Mais je prends toujours des gants, parce que c'est que le début de l'enquête.
00:17:47 Et encore une fois, on a besoin, nous, policiers, de prendre le temps de cette enquête pour
00:17:52 comprendre bien les choses et de comprendre toute la psychologie de cette personne.
00:17:56 Ce qui interpelle notamment, et vous l'avez sous-entendu, Jean-Christophe Covis, c'est
00:18:01 que ça s'est passé dans un lycée, un collège lycée en tout cas, à la réputation pour
00:18:05 le moins tranquille, dans une région qui est également particulièrement tranquille.
00:18:09 Oui, en fait, vous savez, ça rebondit un petit peu.
00:18:14 Le 13 septembre, il y a eu un cas un peu similaire dans un lycée à Caen, où justement une
00:18:20 personne, enfin je vais dire, un enseignant a été poignardé aussi au cou.
00:18:24 Heureusement, il s'en est sorti.
00:18:25 Et là, la personne, l'élève, a été d'ailleurs mis dans un medicalisé, dans un centre médicalisé.
00:18:31 On voit bien que ça peut toucher partout et ce n'est pas que des cités ou des endroits
00:18:36 sensibles.
00:18:37 Après, je pense effectivement qu'il y a un problème d'éducation.
00:18:40 On se pose des questions aussi.
00:18:41 Comment on peut venir avec des couteaux comme ça dans un lycée ?
00:18:44 J'allais vous poser la question.
00:18:45 C'est vrai que ça interpelle aussi d'arriver avec une lame dans un lycée et d'aller poignarder
00:18:51 directement dans une professeure qui est en plein cours.
00:18:54 Ça fait partie des questions soulevées par l'enquête ?
00:18:56 Ça fait partie des questions et surtout, nous policiers, on le voit de plus en plus
00:19:01 sur le terrain.
00:19:02 On voit des enfants de plus en plus jeunes, 12 ans, 13 ans, 14 ans, qui ont des couteaux,
00:19:06 qui ont des lames de rasoir et qui n'hésitent pas à s'en servir, qui n'hésitent pas à
00:19:11 poignarder d'autres personnes.
00:19:12 Et c'est ça qui nous interpelle.
00:19:14 Et ce qui interpelle aussi maintenant le corps enseignant, il n'y a pas un jour où les enseignants
00:19:19 font remonter leur hiérarchie, qu'il y a des soucis, qu'il y a cette violence qui
00:19:23 est prégnante dans les classes.
00:19:25 On voit bien qu'il y a une partie des élèves qui est déscolarisée, qui ne suit pas et
00:19:29 quelque part qui embête même à la rigueur la majorité des autres.
00:19:32 Et de ces élèves-là, on ne peut rien en faire.
00:19:34 Et je pense, d'ailleurs nos collègues nous disent souvent que le problème des enfants,
00:19:37 c'est les parents.
00:19:38 C'est les parents parce que les parents ont désarmé complètement leur rôle d'éducateur.
00:19:41 Parce qu'on voit bien autour de nous que peut-être que des fois, les enfants dérangent
00:19:45 un peu les parents dans leur vie de tous les jours.
00:19:46 Donc du coup, on les met devant une série télé un peu violente ou alors on la regarde
00:19:51 avec eux.
00:19:52 Comme ça, ça nous permet de regarder ces séries avec les enfants.
00:19:55 Ça permet aussi de ne plus s'occuper des enfants, de les laisser dehors.
00:19:58 J'allais dire à la vue de tout le monde et de la délinquance.
00:20:02 Donc oui, il y a ce problème de violence dans la société.
00:20:06 Et hélas, tous les jours, on voit que, j'allais dire, les faits divers nous montrent.
00:20:11 La semaine dernière, c'était l'affaire Palmade avec tous les problèmes de stup'.
00:20:14 Aujourd'hui, c'est encore ça.
00:20:16 Donc on voit qu'il y a cette violence dans l'éducation, cette violence dans la société
00:20:20 française.
00:20:21 Et après, ça a un lien aussi des fois, alors pas forcément sur cette affaire, mais on
00:20:26 parle souvent du cannabis.
00:20:27 Le cannabis, en fait, c'est l'entrée dans la schizophrénie.
00:20:29 Et là, on voit bien qu'il y a des enfants qui sont aussi un peu schizophrènes.
00:20:32 Alors, je ne veux rien avancer comme thèse.
00:20:33 Oui, parce qu'on ne sait pas encore s'il était sous l'emprise de stupéfiants ou non.
00:20:36 Non, bien sûr.
00:20:37 Mais ce que je veux dire, c'est que nous, policiers, on le voit dans la rue.
00:20:39 On voit qu'il y a des enfants qui prennent, qui fument du cannabis, qui prennent des drogues
00:20:43 et qui effectivement s'isolent, qui perdent d'ailleurs des neurones.
00:20:47 Parce que quand on voit, quand on essaie de discuter avec eux, on voit bien que le niveau
00:20:50 est très, très bas.
00:20:51 Et donc, c'est tout un environnement, toute une éducation, une culture qui fait que cette
00:20:54 jeunesse-là, on est en train petit à petit de la perdre.
00:20:56 Mais ce qui nous touche particulièrement, vous parliez du niveau de violence de notre
00:20:59 société, ce qui nous touche particulièrement là, dans ce drame, c'est que ça arrive en
00:21:05 plein cours, dans une école, donc dans un lieu particulièrement sanctuarisé, j'allais
00:21:08 dire.
00:21:09 Ce n'est pas dans la rue, ce n'est pas sur une route, c'est une école.
00:21:12 Donc, ça touche et forcément, ça choque particulièrement.
00:21:15 Qu'est-ce qu'il faudrait ? On ne peut pas.
00:21:16 Et vous parliez du niveau de violence à la fois des élèves ou même peut-être des
00:21:19 parents d'élèves ou alors de l'abandon du rôle éducatif des parents, mais on ne
00:21:23 peut pas mettre quand même un policier devant chaque école.
00:21:24 Non, ce n'est pas possible.
00:21:26 Et nous-mêmes, dans les commissariats, par exemple, on n'a pas de détecteur de métaux.
00:21:29 Vous voyez, donc on ne va pas mettre des détecteurs de métaux dans tous les établissements scolaires.
00:21:32 C'est impossible de mettre ça en œuvre.
00:21:36 Et puis, un lycée ou un collège, ce n'est pas un bunker.
00:21:39 On ne peut pas non plus, vous voyez, céder à psychodrame.
00:21:43 Alors, effectivement, ça touche tout le corps enseignant parce que maintenant, aujourd'hui,
00:21:48 j'allais dire même, aucun personne, que ce soit policier, enseignant, tous les corps
00:21:54 du service public ne sont pas épargnés.
00:21:56 Il y a quelque temps, vous voyez, je me rappelle, c'était quelqu'un des impôts qui sont
00:22:00 allés comme ça chez des gens et qui malheureusement sont décédés en service d'un coup de fusil.
00:22:04 Donc on voit bien que cette violence, elle ne prévient pas.
00:22:06 Elle est là, c'est une explosion de sens.
00:22:10 On ne sait pas ce qui se passe et pourquoi ces jeunes et pourquoi ces gens passent à
00:22:13 l'acte d'un seul coup.
00:22:14 Donc il faut vraiment, effectivement, qu'il y ait une étude là-dessus profonde et vraiment
00:22:18 réfléchir à ce qui se passe dans notre société.
00:22:21 On le voit, on le sent, tous les détecteurs, j'allais dire, sont rouges en disant qu'on
00:22:25 part à volo.
00:22:26 Mais en même temps, est-ce qu'il y a beaucoup de choses qui sont faites ? Est-ce qu'on fait,
00:22:29 j'allais dire, on reprend les choses à la base ?
00:22:31 Je n'ai pas l'impression non plus.
00:22:32 Donc tous les jours, on va commenter les faits divers et tous les jours, en fait, on continue
00:22:36 à s'enferrer dans cette société qui part malheureusement du mauvais côté.
00:22:40 C'est-à-dire que, si je vous suis, à chaque fois, il n'y a pas de retour d'expérience,
00:22:45 il n'y a pas de leçons qui sont tirées des drames qui peuvent arriver alors qu'il pourrait
00:22:48 y avoir justement, après tel ou tel drame, on pourrait se dire, tiens, on va mettre en
00:22:51 place certaines mesures pour éviter à l'avenir d'avoir affaire à ce genre de faits ?
00:22:55 Alors, des retours d'expérience, il peut y en avoir.
00:22:58 Mais après, c'est comment on généralise ça, par exemple, sur l'ensemble d'un pays.
00:23:02 Autant sur un collège ou un lycée, un établissement, on pourrait dire, on va prendre des mesures
00:23:07 particulières, mettre peut-être plus de surveillants, mettre un service de sécurité,
00:23:10 un petit service de pré-filtrage, mais comment l'étendre à tout un pays ?
00:23:13 Ça, c'est très compliqué.
00:23:14 On le voit pour l'éducation nationale, on le voit dans la police, on le voit dans tous
00:23:17 les pans de la fonction publique, qu'effectivement, ces retours-là, après, c'est un acte politique.
00:23:22 Il faut que ce soient les politiques, effectivement, qui portent ces projets et qui arrivent à
00:23:27 les étendre, j'allais dire, dans tous les pans de cette société.
00:23:30 Maintenant, nous, on fait remonter aussi toutes les problématiques.
00:23:33 On en a aussi dans certains commissariats.
00:23:35 Heureusement, on essaie d'en tenir compte, mais on ne pourra pas, le risque zéro n'existera
00:23:40 pas, hélas.
00:23:41 Une réaction de Kevin, celui qui vous écoute avec attention et partage votre avis.
00:23:45 Je suis d'accord avec Jean-Christophe Cuvie.
00:23:47 Il y a une augmentation de la violence dans notre société et une violence qui touche
00:23:51 les gens qui sont de plus en plus jeunes, les adolescents de 13 ou 14 ans, mais même
00:23:55 à l'école primaire, des élèves qui sont en CMA, en CM2, qui sont capables d'avoir
00:24:02 des comportements qui sont extrêmement violents.
00:24:05 Pendant longtemps, la violence ne pénétrait pas trop au sein des établissements scolaires
00:24:13 et au fur et à mesure du temps, on a vu arriver cette violence au sein de nos cours de récréation
00:24:20 et au sein de nos salles de classe.
00:24:21 Et ce qui est important, c'est la fermeté.
00:24:23 Parce qu'aujourd'hui, vous savez, les enseignants se font souvent insulter.
00:24:28 Il y a des agressions physiques.
00:24:29 Et quand cela se traduit par deux heures d'école ou un conseil de discipline sans exclusion,
00:24:35 forcément, c'est le laxisme qui s'installe.
00:24:37 Il y a quelque chose aussi d'important qui a été dit par M. Cuvie, c'est la responsabilité
00:24:42 parentale.
00:24:43 J'allais vous poser la question, parce que vous semblez, quand c'est un élève de CM1,
00:24:46 CM2, quelqu'un qui est petit finalement, qui a 8 ou 9 ans, la faute à qui ? J'allais
00:24:51 dire à l'éducation ?
00:24:52 La faute en partie aux parents.
00:24:54 On est dans une génération G-Droit où on ne dit plus non aux adolescents, où les
00:24:58 adolescents ont du mal à faire la différence entre le bien et le mal et deviennent de plus
00:25:03 en plus violents.
00:25:04 Quand vous avez des adultes qui viennent au sein des établissements scolaires remettre
00:25:08 en cause l'autorité des professeurs devant leurs propres enfants, comment voulez-vous
00:25:13 que les enfants ensuite réagissent ? Comment voulez-vous que les enseignants soient crédibles
00:25:17 ?
00:25:18 Pendant un temps, Jean-Michel Blanquer avait mis en avant l'idée d'une suppression des
00:25:23 allocations familiales pour les parents des missionnaires.
00:25:26 C'est quelque chose qui a été très vite balayé parce que forcément les gauchistes
00:25:30 habituels ont dit que c'était horrible, c'était une mesure de droite, mais non, ce serait
00:25:34 une mesure efficace.
00:25:36 La famille est là pour éduquer et l'école est là pour instruire.
00:25:41 Et quand vous avez des parents qui sapent l'instruction, qui sapent l'autorité des
00:25:45 professeurs, forcément ça ne peut plus fonctionner.
00:25:48 Donc stop au laxisme et enfin de vraies mesures pour que les policiers, pour que les enseignants,
00:25:54 pour que les médecins, pour que les infirmières retrouvent leur autorité et que cette société
00:25:59 puisse fonctionner normalement.
00:26:01 Vous élargissez finalement, ça dépasse largement le milieu de l'éducation nationale.
00:26:06 Pierre Lelouch.
00:26:07 Monsieur Bossuet va carrément nous faire un programme de gouvernement.
00:26:11 Je voudrais redescendre un peu dans le sujet du jour.
00:26:15 D'abord avoir une pensée pour la famille de cette pauvre femme qui a été assassinée
00:26:21 pendant qu'elle faisait son travail.
00:26:23 Ce qui choque tout le pays, c'est que ça se passe, vous le disiez tout à l'heure,
00:26:28 à l'intérieur d'une école, que ce soit le fait d'un enfant, d'un jeune ado qui
00:26:34 a tué sa prof.
00:26:35 Tout ça est extraordinairement choquant et pose une série de problèmes.
00:26:40 Premier problème, est-ce que oui ou non il y avait un problème psychiatrique ou un problème
00:26:44 de drogue, on ne sait pas, sur ce jeune.
00:26:47 Et c'est pour ça qu'il faut, je pense, serrer les problèmes.
00:26:50 Qu'est-ce qui s'est passé ?
00:26:51 C'est le travail de la police, de la justice et après on regarde les choses sereinement.
00:26:56 Lui, pour l'instant, il a entendu des voix lui demandant de tuer cette enseignante.
00:27:00 Pour l'instant, ce stade de l'enquête.
00:27:02 On ne peut pas le savoir.
00:27:03 Et si c'est un problème psychiatrique, il faut ensuite, derrière il y a le problème
00:27:08 général de combien il y a-t-il d'enfants dans le pays qui ont ce type de problème.
00:27:13 Est-ce qu'ils sont filtrés ou pas avant d'être admis à l'école ?
00:27:18 Est-ce qu'il faudrait faire un système de filtrage ou de suivi pour éviter que ça
00:27:22 se reproduise ?
00:27:23 Combien il y en a-t-il ?
00:27:24 On ne sait pas, mais ça mériterait d'être regardé.
00:27:26 Ensuite, il y a le problème plus général de la violence à l'école que pose M.
00:27:31 Bossuet et aussi M.
00:27:33 Couville qui nous disent ce genre de violence est devenu très fréquent.
00:27:38 Moi, j'aimerais qu'on ait les chiffres.
00:27:40 Il paraît que le ministère a des chiffres, peut-être qu'il les partage avec le pays
00:27:44 et ce serait peut-être l'occasion de faire un exercice de pédagogie vis-à-vis non seulement
00:27:48 des enfants, mais surtout des parents en leur disant on ne peut plus avoir des écoles
00:27:52 qui deviennent des terrains de jeu pour la violence avec des armes dans les trous scolaires,
00:27:57 comme j'ai entendu M.
00:27:58 Couville le dire, des rasoirs, des couteaux en tout genre dans les cartables.
00:28:03 Ce n'est pas possible.
00:28:04 Donc ça, c'est le travail des parents.
00:28:06 Il faut qu'il y ait une pédagogie et un effort de responsabilisation des citoyens.
00:28:10 Et là où il n'y a rien, en Bouchesne, mais ce n'est pas le cas à Saint-Jean-Luz,
00:28:15 l'établissement d'aujourd'hui, là où il n'y a pas de contrôle du tout,
00:28:18 d'émission totale et avouer les parents, effectivement, imaginez un système de sanctions
00:28:23 comme celui qu'avait envisagé Blanquer.
00:28:25 Après, il y a un deuxième volet.
00:28:27 On va voir quel type de question.
00:28:28 Le deuxième volet, c'est les enseignants.
00:28:31 Et là, il y a un vrai sujet parce que ce genre de violence, à la longue, va complètement
00:28:38 démonétiser le métier, rendre les carrières très peu attractives pour les gens.
00:28:44 Il y a, dès cette année, des manques.
00:28:46 Il y a des problèmes de recrutement massif à l'Éducation nationale.
00:28:50 Il y a un vrai sujet pour le ministre de l'Éducation de rendre ce travail attractif, respecté et
00:28:59 pas dangereux.
00:29:00 Enfin, dernière remarque, je ne veux pas être trop long.
00:29:02 Vous avez dit à très juste titre, Clélie, en commençant l'émission, que c'était
00:29:07 rarissime.
00:29:08 Heureusement, si on compare les chiffres avec un pays que je connais bien, les États-Unis,
00:29:14 et on regarde les tueries de masse dans les écoles, c'est par centaines de morts par
00:29:19 an.
00:29:20 Il y a des armes à feu, il y a des armes à drogue.
00:29:24 Donc, on n'est pas du tout, heureusement, dans le même genre de choses.
00:29:29 La France est encore relativement protégée de cet phénomène américain, cette violence
00:29:35 de la jeunesse qui se diffuse par les réseaux sociaux, par les films, par la drogue.
00:29:41 Donc, il y a un vrai travail contre l'enfauvagement général, un travail vis-à-vis des profs,
00:29:47 un travail vis-à-vis des parents.
00:29:48 Et je pense qu'on peut attendre un gouvernement de la République qui s'occupe sérieusement
00:29:53 de ces questions.
00:29:54 On n'est plus du temps des hussars de la République, au début de la Troisième République,
00:29:59 il y avait encore le respect du curé, du prof, du fonctionnaire, de l'autorité responsable.
00:30:07 Aujourd'hui, tout ça est singulièrement entamé.
00:30:10 Donc, il faut que l'État s'en occupe et considère qu'on est dans un autre monde
00:30:15 avec une autre forme d'école.
00:30:16 On va continuer d'en débattre évidemment sur les suites à donner après ce drame survenu
00:30:19 ce matin.
00:30:20 À 11h30, je vous rappelle qu'une enseignante a été poignardée en plein cours, une femme
00:30:25 de 52 ans, une professeure d'espagnol, qui était dans sa salle de classe lorsqu'un
00:30:31 élève de 16 ans, un jeune homme de 16 ans, scolarisé en seconde dans ce lycée, dans
00:30:36 ce même lycée Saint-Thomas d'Aquin à Saint-Jean-de-Luz, dans les Pyrénées-Atlantiques,
00:30:39 est entré, a fermé la porte et a poignardé directement l'enseignante qui n'a pas survécu
00:30:46 à ces blessures.
00:30:47 L'individu dit avoir entendu des voix cette nuit lui demandant de tuer cette enseignante.
00:30:55 Mais évidemment, l'enquête ne fait que commencer et on en saura un peu plus dès
00:31:02 qu'on aura d'autres informations.
00:31:03 Ce jeune homme est inconnu des services de police.
00:31:07 Il a immédiatement été interpellé et placé en garde à vue.
00:31:11 Je suis toujours en compagnie de Pierre Lelouch, Yvan Rufold, Kevin Boussuet, qui est lui-même
00:31:16 professeur d'histoire en banlieue parisienne.
00:31:19 Nous irons sur place au lycée catholique privé Saint-Thomas d'Aquin à Saint-Jean-de-Luz
00:31:24 dès que possible.
00:31:25 Gauthier Lebret du service politique de CNews nous a rejoint en plateau également.
00:31:29 Le ministre de l'Education nationale, Papin Ndiaye, est attendu sur place dans l'après-midi.
00:31:33 Oui, il prendra la parole vers 16h en compagnie aussi de Stanislas Guirini, ministre de la
00:31:38 fonction publique.
00:31:40 Le ministre de l'Education nationale a tout de suite réagi sur Twitter et s'est donc
00:31:43 mis en chemin pour ce lycée de Saint-Jean-de-Luz.
00:31:46 Alors, vous avez deux types de réactions dans l'ensemble de la classe politique.
00:31:50 Vous avez ceux qui expriment une émotion évidemment tout à fait naturelle et compréhensible.
00:31:54 Et puis, il y a ceux aussi qui ont des messages sans doute plus politiques.
00:31:57 Le maire de Cannes, David Lissnard, qui dit que l'État doit protéger nos enseignants.
00:32:01 Mais aussi Bruno Rotailleau, le patron des sénateurs LR.
00:32:04 Il dit, Bruno Rotailleau, la violence à l'école atteint des seuils terrifiants.
00:32:08 Personne ne parvient à l'endiguer.
00:32:10 Réseaux sociaux, politique pénale des mineurs, pédagogie refondée sur l'autorité.
00:32:14 Vous voyez son tweet.
00:32:15 C'est une révolution qu'il faut entreprendre pour protéger nos enfants et leurs éducateurs.
00:32:20 Et alors, du côté du gouvernement, on s'achemine vers une prise de parole marquée par l'émotion
00:32:25 pour le ministre de l'Education nationale.
00:32:26 Un ministre confiait au service politique de Saint-Jean-de-Luz qu'il ne fallait pas
00:32:29 forcément faire de la politique sur ce drame.
00:32:32 Il nous disait, il y a un vrai traumatisme.
00:32:34 Je ne suis pas sûr qu'il faut faire de la politique.
00:32:36 Pour le moment, le gouvernement ne n'énonce pas une récupération politique qui viendrait
00:32:40 notamment de la droite, de l'échiquier politique.
00:32:42 Mais donc, on voit bien ces deux types de réactions.
00:32:44 Une partie de la classe politique qui marque un deuil et une autre partie de la classe
00:32:48 qui fait politique, qui fait aussi de la politique.
00:32:49 C'est souvent le cas, d'ailleurs, dès qu'il y a un fait dramatique qui survient.
00:32:52 On va aller sur place retrouver Antoine Estève et Jérôme Renou devant ce lycée Saint-Thomas
00:32:57 d'Aquin, lycée privé de Saint-Jean-de-Luz, de réputation plutôt tranquille.
00:33:01 Et c'est le choc absolu cet après-midi.
00:33:05 Oui, et nous venons de nous entretenir à l'instant avec Hugo Quinzan, qui était là
00:33:11 ce matin en cours dans une salle juste à côté de celle dans laquelle s'est produit
00:33:15 le drame.
00:33:16 Il a tout entendu.
00:33:17 Il nous a dit qu'il avait entendu des grands bruits à l'extérieur.
00:33:19 Visiblement, il y a eu comme une espèce de bagarre, d'après les mots qu'il a pu nous
00:33:23 dire tout à l'heure.
00:33:24 Il a entendu ce bruit.
00:33:26 Et puis en plus, il ne put rien.
00:33:27 On leur a dit de rester à l'intérieur de leur classe.
00:33:28 Là, ils ont été inquiets parce qu'ils sont restés pendant une heure et demie, deux
00:33:31 heures, en fonction des classes, à l'intérieur de l'établissement, enfermés, en attendant
00:33:35 que la police intervienne sur place.
00:33:37 Il nous a dit aussi qu'il ne connaissait pas la professeure d'espagnol, mais qu'il
00:33:40 connaissait des élèves qui avaient pu la fréquenter ces derniers jours.
00:33:43 Et que c'était vraiment, comme vous le disiez, le choc à l'intérieur de l'établissement.
00:33:47 Il ne nous a pas parlé de psychologues qui seraient à l'intérieur.
00:33:50 D'après nos informations, il y aurait déjà une cellule d'aide psychologique en place
00:33:54 pour justement écouter les élèves dans le besoin.
00:33:57 En ce moment, vous le voyez autour de nous, beaucoup d'élèves entrent et sortent.
00:34:00 Des familles viennent aussi témoigner à l'intérieur de l'établissement, effectivement
00:34:05 leur soutien à l'établissement.
00:34:06 Vous savez, c'est un établissement catholique très important ici à Saint-Jean-de-Luz,
00:34:10 fréquenté par beaucoup de monde aussi, très près de la frontière avec l'Espagne.
00:34:14 On entendait tout à l'heure une maman qui nous disait que beaucoup d'élèves espagnols
00:34:17 venaient ici suivre des études parce qu'on est à dix minutes seulement de la frontière
00:34:21 dans ce lycée.
00:34:22 Et l'espagnol ici, et c'est vrai que cette professeure était une professeure d'espagnol,
00:34:25 est très important.
00:34:26 En tout cas, c'est ce que nous ont expliqué les élèves avec qui on a pu s'entretenir.
00:34:30 Merci beaucoup Anthony Estève, avec Jérôme Ropneau, on vous retrouvera tout au long de
00:34:33 cette émission.
00:34:34 C'est un drame absolu qui touche l'école.
00:34:37 Elle était en train d'enseigner, elle était en plein cours quand cet élève, encore une
00:34:42 fois, s'il est jeune, il a 16 ans, est venu la poignarder.
00:34:45 Ça soulève évidemment beaucoup de questions.
00:34:48 Yvan Rioufol.
00:34:49 Et ça soulève également cette question qui ne peut pas évacuer, qui est la question
00:34:53 politique.
00:34:54 Je suis navré, c'est une question éminemment politique.
00:34:57 Naturellement, on peut la réduire à un simple fait divers en s'arrêtant simplement à cette
00:35:01 personnalité un peu trouble psychiatriquement de l'élève.
00:35:05 On ne connaît pas son profil, donc je ne m'attarde pas là-dessus.
00:35:08 Donc je généralise plutôt à l'ensemble du désastre éducatif.
00:35:12 Et l'ensemble du désastre éducatif, d'abord, n'est pas une découverte.
00:35:15 Et on sait également qu'une partie de la violence qui s'installe à l'école est due
00:35:20 également à un phénomène de rejet de ce que représente l'école pour un certain nombre
00:35:26 de familles issues de l'immigration.
00:35:27 Je ne dis pas du tout que c'est encore une fois...
00:35:30 Oui, prenez les précautions qu'il faut.
00:35:32 Vous avez raison.
00:35:33 Au-delà du sujet et tout ce qui a été décrit de la violence scolaire également dans les
00:35:37 cités sensibles vient du fait, d'ailleurs c'est le même phénomène que l'on retrouve
00:35:41 vis-à-vis des policiers, et les policiers et les enseignants sont vus par certains,
00:35:45 de certaines familles, comme étant des violences face à une France, dans le fond, qui les
00:35:51 a accueillis, mais qui le rejette.
00:35:53 Et donc il y a également ce rejet d'une culture transmise par l'école républicaine
00:35:57 qui est vue par certaines familles, je reprends mille précautions, qui est vue comme une
00:36:02 violence culturelle.
00:36:03 Et ça a été expliqué bien d'autres parts que par moi, je ne suis que le représentant
00:36:09 de ces paroles-là.
00:36:10 Et donc il y a cette violence qui est maintenant suscitée par certains élèves, qui est une
00:36:15 violence qui est suscitée dans le fond par les familles de ces élèves-là qui voient
00:36:18 une sorte de dépossession dans l'école républicaine.
00:36:21 Peut-être qu'on s'élargit en tout cas du sujet, mais je reprends par contre ce que
00:36:24 vous avez dit sur le côté politique, vous disiez c'est une affaire politique, certes,
00:36:27 mais Gauthier Lebray nous en a parlé, il dit voilà, pour l'instant il y a deux types
00:36:29 de réactions.
00:36:30 Les faits se sont déroulés ce matin à peu près vers 10h, il est 14h30, est-ce que là
00:36:37 c'est le temps déjà ? Peut-être, je ne sais pas.
00:36:40 Je vous pose la question, est-ce que c'est le temps déjà des polémiques, de rentrer
00:36:43 dans l'analyse de cet événement, donc pourquoi il est revenu ? Ou plutôt le temps
00:36:46 du deuil, de l'émotion ?
00:36:49 Non mais bien sûr, le deuil, l'émotion, ce sont des préalables qui vont de soi.
00:36:55 Mais vous savez que ce débat va survenir.
00:36:57 Par la force des choses, parce que malgré tout les enseignants sont laissés maintenant
00:37:00 seuls face à une violence civilisationnelle, si je puis dire.
00:37:04 Ce sont des enseignants qui sont abandonnés, abandonnés par un État qui a baissé les
00:37:09 bras encore une fois, et je pense que c'est en cela, je disais tout à l'heure que le
00:37:12 ministre de l'Éducation symbolise dans le fond cet effacement de l'État par cette
00:37:16 timidité même qu'il a à s'exprimer.
00:37:19 Donc je ne dis que ça.
00:37:20 Maintenant, si on peut avoir plus de précision sur le profil de l'assassin, ça nous expliquerait.
00:37:25 Je vous donne la parole et ensuite on sera justement en ligne avec une psychanalyste.
00:37:28 Je vais réagir à votre mot, polémique.
00:37:29 Ce n'est pas faire de la polémique.
00:37:31 Je remontais sur ce que disait Gauthier Lebray, il y a deux temps, et vous savez que cette
00:37:34 polémique commence à naître du point de vue politique.
00:37:37 À savoir dans quel temps sommes-nous ?
00:37:38 Ce n'est pas exploiter de la polémique qu'à l'occasion d'une crive aussi grave
00:37:45 qui choque tout le pays, de poser des questions de fond sur l'état de notre système scolaire.
00:37:50 Ce n'est pas de la polémique de dire bon, si le ministère a des informations sur l'augmentation
00:37:57 de la violence scolaire à l'intérieur des établissements, alors il faut rendre
00:38:00 ces chiffres publics et il faut les traiter.
00:38:03 S'il y a un problème de recrutement des professeurs qui est lié à cela, il faut
00:38:08 le savoir, il faut le traiter.
00:38:09 Donc on peut interpeller, il me semble, la puissance publique à l'occasion d'une
00:38:14 chose de la grave comme celui-là, sans faire de la mauvaise polémique.
00:38:18 Il y a un vrai sujet, chacun voit bien que l'éducation nationale ne va pas bien, qu'on
00:38:23 a du mal à recruter des professeurs, donc il faut répondre à tout cela.
00:38:27 Bien évidemment qu'il y a plein de problèmes au sein de l'école, mais il faut quand même
00:38:31 respecter le temps du choc, le temps du deuil, surtout qu'on ne sait pas ce qui s'est
00:38:35 passé précisément.
00:38:37 Là, on n'est pas dans des banlieues sensibles, M.
00:38:39 Macron, là on est dans un établissement privé catholique au centre de Saint-Jean-de-Luz.
00:38:46 Donc ce sont d'autres problématiques, parce que moi j'enseigne en Seine-Saint-Denis,
00:38:50 je vois aussi des familles qui voient beaucoup d'espoir en l'école, avec des élèves
00:38:55 qui veulent progresser, qui veulent s'en sortir, même si c'est vrai.
00:38:58 Il y a aussi certaines familles qui ont une forme de défiance vis-à-vis du système
00:39:02 scolaire, comme elles ont une forme de défiance vis-à-vis de l'État.
00:39:07 Après, évidemment qu'il faut poser la question de la sécurisation de nos établissements
00:39:12 scolaires, mais c'est hyper compliqué, parce que là, en effet, il y a un élève
00:39:16 qui est entré dans un établissement avec une arme blanche.
00:39:19 Mais comment voulez-vous lutter contre ça ? On ne va pas pouvoir installer des portiques
00:39:23 ou encore fouiller chaque sac à chaque fois qu'il y a un élève qui pénètre au sein
00:39:28 de l'institution scolaire.
00:39:30 Donc à un moment donné, je comprends les polémiques, je comprends l'aspect politique
00:39:34 des choses, mais soyons prudents, attendons de voir vraiment qui est cet élève et surtout
00:39:39 stoppons la polémique, parce qu'il y a une collègue qui est morte.
00:39:42 - Merci pour vos leçons, je suis prudent, j'ai vraiment un propos non plus banalisé
00:39:46 à l'excès.
00:39:47 - Laura Lebar, qui est psychanalyste.
00:39:48 Je vous redonnerai la parole, on débarquera, s'il vous plaît.
00:39:51 Chaque chose en son temps.
00:39:52 Laura Lebar, bonjour, vous êtes psychanalyste, merci d'être en ligne avec nous.
00:39:56 Encore une fois, on n'est qu'au début de cette enquête sur ce drame et il y a plusieurs
00:40:01 choses qui le choquent, nous l'avons dit à plusieurs reprises.
00:40:03 Ça s'est passé dans une école, l'auteur présumé des faits est un élève de 16 ans,
00:40:08 donc extrêmement jeune.
00:40:10 Il dit avoir entendu des voix cette nuit lui demander de tuer cette enseignante.
00:40:15 A priori, je dis bien a priori, on ne sent rien très vers un profil plutôt psychiatrique.
00:40:22 Qu'est-ce que vous, ces premiers éléments vous inspirent ?
00:40:24 - Alors, ces premiers éléments, ça révèle quoi ? Ça révèle qu'effectivement, on est
00:40:28 face à quelqu'un qui a eu un moment de délire psychotique.
00:40:31 Ça veut dire que son inconscient n'est pas capable de recevoir la réalité qu'il a,
00:40:37 donc il va l'adapter.
00:40:38 Ça, c'est sur le côté entendre des voix, c'est sur le côté psychiatrique.
00:40:42 Maintenant, ce que je pense également, c'est qu'il faut vraiment qu'on essaye de comprendre
00:40:46 tout ça, parce que c'est l'heure de comprendre maintenant pourquoi on en arrive là.
00:40:50 Il y a une augmentation de la violence dans les écoles, on en parle depuis longtemps,
00:40:54 ce n'est pas d'aujourd'hui, c'est quelque chose qu'on connaît.
00:40:57 On a aujourd'hui des élèves qui n'ont plus confiance dans le système, donc c'est
00:41:01 dans le sens que vous disiez tout à l'heure sur le plateau, c'est-à-dire que j'ai
00:41:04 entendu en Seine-Saint-Denis, il y a des gens qui ont espoir.
00:41:07 Là, ce que ça résume cette histoire, qui est à Saint-Jean-de-Luz, dans un établissement
00:41:10 privé catholique, c'est qu'on a un élève qui n'a plus espoir dans le système.
00:41:13 C'est pour ça qu'il en arrive là, parce qu'on entend des voix, mais ces voix, elles
00:41:16 prennent racine quelque part.
00:41:17 C'est-à-dire qu'il faut déjà qu'il y ait un manque de confiance dans le système
00:41:19 pour prendre un couteau et agresser quelqu'un.
00:41:21 Et effectivement, ça, c'est quelque chose qui revient souvent en consultation d'enfants
00:41:25 que j'ai ou d'adolescents que je reçois, qui nous disent "finalement, le monde de
00:41:32 demain, c'est l'intelligence artificielle.
00:41:33 Aujourd'hui, on ne sait pas ce qu'il va y avoir.
00:41:34 On apprend sur le même système, ou finalement, on doit régler tous les problèmes sur un
00:41:36 système qui n'a pas forcément marché".
00:41:38 Donc, il y a ce manque de confiance dans l'enseignement.
00:41:40 Et je pense que s'il y a une carte à jouer, c'est vraiment de fédérer les enseignants
00:41:44 et les élèves et de comprendre pourquoi il y a ce manque de confiance.
00:41:46 Ce qui choque terriblement, c'est qu'il est jeune, ce type de délire psychotique,
00:41:52 ça peut arriver à 16 ans.
00:41:54 Et en plus de là, passer à l'acte.
00:41:56 Les troubles de la personnalité commencent à partir de 15 ans.
00:42:00 Donc oui, c'est tout à fait possible.
00:42:01 La question, c'est comment de 15 à 16, personne ne l'a vu.
00:42:04 Pour qu'il y ait un passé à l'acte, il doit quand même y avoir des signes précurseurs.
00:42:07 Je vous rejoins aussi par rapport à ce que vous avez dit tout à l'heure, c'est aux
00:42:10 parents d'éduquer, ce n'est pas à l'école.
00:42:11 Donc, comment les parents ont pu ne pas voir ? Parce qu'on a un ado qui prend un couteau
00:42:15 et qui entend des voix et qui va à l'école.
00:42:17 Qu'est-ce qui s'est passé pour que… il y a quand même eu des signes avant.
00:42:21 Pour l'instant, on ne sait pas trop.
00:42:22 Encore une fois, je reste très prudente parce qu'on ne connaît pas le passif de ce jeune
00:42:25 homme.
00:42:26 Maintenant, moi, quand je vois ça, la première chose qui me saute aux yeux et de ce que je
00:42:30 vois, c'est que ça fait des années qu'on parle de harcèlement dans les écoles, de
00:42:34 violence, de professeurs qui ne sont pas respectés.
00:42:36 Et que si on résume tout, il n'y a plus de confiance entre les deux.
00:42:40 Il y a un clivage entre les deux clans et ça, c'est particulièrement dangereux.
00:42:42 Vous avez dit deux clans.
00:42:45 C'est ça qui est fou quand même, parler de deux clans.
00:42:47 D'un côté les enseignants, de l'autre côté les élèves.
00:42:50 Ça ne devrait pas être comme ça dans cette communauté, j'allais dire, d'enseignement.
00:42:54 Mais ça ne devrait pas être comme ça du tout.
00:42:56 L'école, c'est un lieu d'apprentissage, c'est un lieu d'apprentissage de vie, c'est
00:42:59 un lieu social, c'est un lieu où on apprend à se développer au niveau de notre individualité.
00:43:03 Donc, ça doit être un lieu sécurisant.
00:43:05 Mais effectivement, quand on regarde un peu ce qui se passe depuis quelques années, il
00:43:09 y a ce clivage.
00:43:10 C'est-à-dire qu'on a des élèves qui arrivent dans l'espoir d'apprendre, comme
00:43:13 disait… comme c'était tout à l'heure en plateau.
00:43:15 C'est-à-dire qu'ils viennent vraiment avec cet espoir.
00:43:17 Et il y en a d'autres qui ont perdu tout espoir.
00:43:19 Et donc, les deux cohabitent ensemble.
00:43:21 Et finalement, c'est un peu la loi du plus fort.
00:43:23 C'est dommage parce que le but de l'école, c'est vraiment d'apprendre.
00:43:26 Et finalement, on n'est plus à la bonne place.
00:43:28 Vous disiez tout à l'heure que… si bien sûr, les choses sont avérées, si on va
00:43:34 en savoir plus avec l'enquête.
00:43:36 Mais si c'est bien cela qui s'est passé, si ce jeune homme de 16 ans souffre de troubles
00:43:41 psychiatriques, on aurait pu le voir venir.
00:43:44 On aurait pu essayer de le… soit de prévenir, soit d'essayer de le guérir, soit d'essayer
00:43:48 de le prendre en charge.
00:43:49 En tout cas, on aurait pu le voir venir, encore une fois.
00:43:52 Alors, on n'arrive pas à 16 ans, avec un délire psychotique, de prendre un couteau
00:43:57 et de tuer sa professeure.
00:43:59 S'il n'y a pas été une précurseur, ça n'existe pas.
00:44:01 C'est crescendo, si vous voulez.
00:44:04 Quand on commence à avoir des troubles de la personnalité, tout n'arrive pas d'un
00:44:07 coup, comme un tsunami.
00:44:08 Il y a des étapes.
00:44:09 Et c'est ce que je disais, c'est comment personne n'a vu les étapes.
00:44:13 Et c'est un peu ce qui me surprend très souvent dans tous les drames qu'on entend.
00:44:17 On va dire des faits divers, moi j'appelle ça les drames.
00:44:19 C'est que finalement, personne n'a rien vu.
00:44:21 Comme si on ne portait plus attention à l'autre.
00:44:24 Comme si l'autre n'existait pas.
00:44:26 Comme si, finalement, on n'est pas bien, c'est acceptable.
00:44:30 Et ça, ce n'est pas normal.
00:44:32 La violence n'est pas acceptable.
00:44:33 Puisque vous parlez des autres, justement, que va-t-il se passer et comment prendre
00:44:37 en charge les élèves qui ont assisté à cette scène ?
00:44:40 Ce qu'on disait, c'est traumatisant pour tout le monde parce que ça touche.
00:44:42 L'école, ça touche la jeunesse.
00:44:44 Mais alors des élèves qui ont vu leur professeur se faire poignarder par un autre élève,
00:44:49 comment ça va se passer pour eux ? Comment les aider ?
00:44:52 Et comment on parlait peut-être d'ailleurs de cet événement aux plus jeunes qui vont
00:44:55 en classe tous les jours ?
00:44:57 Peut-être leur donner la parole.
00:44:58 Je pense qu'il faut déjà mettre un groupe, essayer que les élèves puissent parler,
00:45:01 mettre des soutiens psychologiques, des cellules psy.
00:45:03 Mais ça, je pense que de toute façon, ça me paraît évident.
00:45:06 Mais surtout, ce qu'il faut retenir, c'est essayer de comprendre.
00:45:08 On essaie de comprendre pourquoi laisser les élèves pouvoir s'exprimer sur ce qu'ils
00:45:13 ont vu, ce qu'ils ont entendu, peut-être qu'il y a une forme de culpabilité.
00:45:16 Comment je n'ai pas vu que ce garçon allait mal ?
00:45:17 Donc, il faut les laisser parler.
00:45:19 Il faut qu'ils aient une cellule d'écoute.
00:45:20 Il faut surtout qu'on présente des solutions pour retrouver de la confiance.
00:45:24 C'est la confiance maître mot.
00:45:27 Yvan Rioufolle.
00:45:28 Prêter une forme de rationalité à cet acte commis par cet élève en disant, en supposant
00:45:34 qu'il aurait en fait une défiance vis-à-vis de l'éducation.
00:45:38 D'abord, on n'en sait rien.
00:45:40 Mais j'aurais voulu savoir si vous-même, vous observez une recrudescence des actes
00:45:45 de ce que l'on appelle être des déséquilibrés, parce que ce mot revient maintenant très
00:45:49 souvent dans les commentaires d'Effets divers quand on voit des violences gratuites qui
00:45:52 sont inexplicables.
00:45:53 Est-ce que vous voyez une recrudescence de ces déséquilibrés-là, donc qui iraient
00:45:57 au-delà dans le fond d'un raisonnement rationnel ?
00:46:00 Ou est-ce que vous pensez que c'est simplement que ça peut se réduire simplement à une
00:46:03 crise de confiance qui me paraît moi un petit peu limitée ?
00:46:05 Non, pas du tout.
00:46:07 Ce que je dis, ce n'est pas du tout que c'est que de la défiance.
00:46:12 Pour en arriver à prendre un couteau et à tuer quelqu'un, ça prend racine quelque
00:46:17 part, mais ça ne justifie en aucun cas d'en arriver là.
00:46:20 Effectivement, il y a un trouble.
00:46:21 Et là où je vous rejoins aussi, et la question est très pertinente, depuis quelques années,
00:46:26 on voit bien que la violence augmente.
00:46:28 C'est incroyable, on n'a jamais vu ça.
00:46:31 On est à des scores de harcèlement scolaire qu'on n'a jamais vus, de taux de suicide
00:46:35 à cause de ça.
00:46:36 Il faut comprendre que ces enfants, ils ont eu le Covid, ils ont été confinés, ils
00:46:40 ressortent, ils devraient apprendre à vivre.
00:46:41 Avant ça, il y a eu les gilets jaunes.
00:46:42 Ça fait des années qu'on leur met de la violence en intraveineuse.
00:46:45 Donc c'est leur système de communication.
00:46:47 Et là où les parents ont un très grand rôle à jouer, et ça, je ne le redirai jamais
00:46:51 assez parce que c'est mon quotidien, quand on a des jeux vidéo qui sont interdits, qui
00:46:56 sont Péki 18 et que les parents laissent leurs enfants de 9 ans, de 10 ans, de 11 ans jouer
00:46:59 avec, c'est une vraie problématique.
00:47:02 Parce que ce que vous montrez à l'enfant, c'est qu'il va se défendre par la violence.
00:47:05 La pensée, c'est un processus adaptatif.
00:47:07 Le cerveau va chercher face à un danger, quelle est la bonne méthode ? Si la méthode
00:47:11 qu'on lui a apprise, finalement, c'est en permanence, je vais répondre par la violence,
00:47:17 et bien c'est ce qu'il va faire face à un danger.
00:47:19 Et pour moi, la problématique, elle est là.
00:47:21 C'est ça ce que je vois très souvent, c'est que la réponse à "je ne me sens pas bien",
00:47:24 c'est la violence.
00:47:25 On n'est plus dans la communication comme on le fait il y a une dizaine d'années.
00:47:28 On ne va plus voir l'enseignant ou le professeur en cas de harcèlement, on n'a pas confiance
00:47:32 dans le système.
00:47:33 Et le fondamental de ma crainte aujourd'hui, de ce que je vois en cabinet, c'est ça.
00:47:37 C'est qu'aujourd'hui, le référent n'est plus.
00:47:40 On passe de "je suis mal" à "violence".
00:47:43 Oui, un rapport à la violence qui a changé.
00:47:45 Une question également de Pierre Lelouch.
00:47:47 Oui, je voulais vous demander, docteur, si vous observez chez vos jeunes, vous avez parlé
00:47:52 tout à l'heure de la défiance à l'égard de l'institution scolaire, vous avez même
00:47:55 parlé de la défiance à l'égard du système d'éducation compte tenu de l'irruption
00:48:00 de l'intelligence artificielle.
00:48:01 Ça m'a beaucoup intéressé.
00:48:03 Vous laissiez entendre que peut-être que les jeunes d'aujourd'hui ont totalement
00:48:08 perdu confiance dans ce qu'on leur enseigne et se disent que ça ne sert à rien de toute
00:48:12 façon.
00:48:13 C'est ça que vous vouliez dire ?
00:48:14 Alors, je vous donne un exemple de ce que j'ai entendu cette semaine d'un jeune
00:48:18 homme que j'adore, qui a 14 ans, qui est brillant, qui réussit.
00:48:20 Et donc, il vient me voir, il me dit "voilà, je me suis disputé aujourd'hui avec mon
00:48:24 prof parce qu'il disait que c'était toute la faute de notre génération et qu'on
00:48:27 n'arriverait à rien parce qu'on n'est pas travailleur, on n'est pas rigoureux
00:48:29 à cause des écrans".
00:48:30 J'ai dit "d'accord, et qu'est-ce que tu en penses ?" Il me répond "en fait,
00:48:33 ils ont abîmé la planète, les systèmes ne vont pas, il y a des grèves tous les jours,
00:48:38 on a encore à lire le colonel Chabert comme nos parents et nos grands-parents, comment
00:48:42 on va régler le problème si on apprend du même système alors qu'on a l'heure
00:48:45 de l'intelligence artificielle, qu'on nous met par cour-sup et que finalement,
00:48:49 même si je fais radiologue, dans 20 ans il y a l'intelligence artificielle, comment
00:48:52 je crois en ce système qui ne m'apporte pas de solution pour mon avenir ?"
00:48:55 Ça, c'est quelque chose que j'entends très souvent et finalement, la voie que
00:48:59 je prends, c'est toujours de réconcilier avec l'apprentissage mais c'est quelque
00:49:02 chose qui arrive toutes les semaines.
00:49:04 Ça, c'était il y a deux jours.
00:49:05 Je peux vous donner une phrase de la semaine dernière, un autre patient qui me dit "Dieu
00:49:08 y joue à la PlayStation avec l'école, là c'est game over".
00:49:11 Donc c'est dit avec beaucoup de...
00:49:13 Vous pouvez répéter ? J'ai pas bien, vous parlez trop vite.
00:49:15 Vous pouvez répéter ?
00:49:16 Inédite.
00:49:17 Avec l'éducation, Dieu y joue à la PlayStation, il a marqué "game over".
00:49:21 En fait, ce que vous pointez du doigt, c'est qu'il y a un mélange, une confusion finalement
00:49:28 dans les esprits qui s'opère déjà entre le réel, le virtuel.
00:49:32 Il y a aussi une constatation que ça ne marche plus et que la génération précédente
00:49:38 leur laisse, pardon d'être aussi fulgure, un monde de merde qui ne marche pas, qui est
00:49:43 sale, qui a raté sur un tas de choses.
00:49:45 Je trouve ça intéressant.
00:49:46 Oui, Laura Lebar, vous disiez ?
00:49:49 En fait, la problématique qu'ils ont aujourd'hui, c'est finalement, vous nous laissez un monde
00:49:53 un peu pourri et vous nous apprenez la même chose.
00:49:56 Comment on va régler ça ?
00:49:57 Kevin Bossuet ?
00:49:58 Je suis d'accord avec ce qui a été dit.
00:50:00 Moi, je le constate au quotidien, cette montée de la violence qui est de plus en plus importante
00:50:05 et c'est surtout cette absence d'empathie.
00:50:08 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, les élèves veulent détruire l'autre, veulent lui faire
00:50:12 du mal, veulent vraiment le blesser au plus profond de lui-même.
00:50:17 Et ça, on le voit, il n'y a plus de morale.
00:50:19 On a cette impression que l'élève, pour un rien, parfois peut aller jusqu'au bout.
00:50:22 Le monde de la virtualité, on le constate également en tant qu'enseignant.
00:50:27 C'est-à-dire que les élèves sont sans arrêt sur leurs jeux vidéo, en train de jouer à
00:50:31 des jeux extrêmement violents et quand ils se retrouvent dans la vie réelle, ils ne
00:50:35 savent plus s'ils sont encore dans le jeu ou s'ils sont encore dans la vie réelle.
00:50:39 En outre, nous, ce qu'on remarque aussi, c'est les phénomènes d'harcèlement scolaire.
00:50:43 On constate que ça commence au sein de l'établissement scolaire et ça se poursuit sur les réseaux
00:50:49 sociaux, sur Snapchat, sur TikTok.
00:50:50 Et il y a un problème en effet sur la virtualité.
00:50:53 Est-ce que ce que je dis sur les réseaux sociaux peut avoir un impact aussi fort que
00:50:58 ce que je dis dans la réalité ? Et souvent, les élèves ne font pas la différence.
00:51:03 Et enfin, quelque chose que j'aimerais dire, et je le constate également, cette défiance
00:51:07 vis-à-vis du système scolaire, mais je dirais même cette absence de confiance.
00:51:11 Il y a des élèves qui me disent "mais monsieur, vous me dites que je dois travailler à l'école,
00:51:15 qu'il faut que j'aie des études, mais regardez ma grande sœur, elle a un bac +5 en droit,
00:51:19 mon frère il a un bac +5 en histoire et aujourd'hui ils sont au chômage.
00:51:23 Est-ce que l'école, ça sert encore aujourd'hui à quelque chose ?
00:51:26 Je vais demander à Jack Lang pourquoi tout le monde a le bac.
00:51:31 Je voudrais poursuivre avec le Dr Lebas et sur la conversation précédente.
00:51:36 Vous dites que ces jeunes, au fond, ils considèrent que c'est pourri et ils critiquent et ils
00:51:42 cherchent des alternatives.
00:51:44 Et donc, ils sont dans la violence, ils dérivent dans autre chose.
00:51:48 Chaque génération, quand elle arrive à maturité, à l'adolescence, considère que de toute
00:51:56 façon le monde d'hier est pourri, est raté.
00:51:59 Simplement, ce qu'il y avait avant, en tout cas pour les vieux que nous sommes avec Rufo
00:52:05 l'école ici même, c'est qu'il y avait des idéologies et des partis politiques.
00:52:09 Il y avait un modèle pour en sortir.
00:52:11 C'était la révolution, la droite, la gauche.
00:52:14 Aujourd'hui, il n'y a plus rien.
00:52:16 Il y a Netflix, l'intelligence artificielle, je ne sais pas quoi, des écrans.
00:52:19 Est-ce que vous me rejoignez dans cette analyse, docteur, ou bien est-ce que vous sentez ce
00:52:25 vide de réponse du système politique ou pas ?
00:52:29 Oui, mais alors complètement.
00:52:31 C'est complètement ça.
00:52:33 Il n'y a plus de confiance, il n'y a plus d'espoir.
00:52:35 Vous le disiez très bien, nous, on a été pareil, un peu rebelles, adolescents.
00:52:40 Maintenant, on avait espoir dans le système.
00:52:41 On avait espoir qu'en finissant nos études, on aurait un métier, on aurait une carrière,
00:52:44 on aurait un droit de parole, on aurait un droit d'existence et qu'on pourrait faire
00:52:47 des métiers passionnants.
00:52:48 Aujourd'hui, leur avenir est incertain.
00:52:50 C'est-à-dire que déjà, il y a Parcoursup avec la réforme qui est extrêmement compliquée,
00:52:54 déjà ils n'ont pas accès là où ils veulent.
00:52:56 En plus de ça, vous ajoutez qu'effectivement, on n'a pas les métiers de demain.
00:53:00 Ils ont peur que le métier qu'ils vont étudier n'existe plus.
00:53:03 Ils ont peur d'être au chômage.
00:53:04 Et puis, il faut comprendre qu'aujourd'hui, il y a quand même un choix.
00:53:06 On a des gens qui ont envie d'être bien, qui ont envie de bosser en télétravail,
00:53:10 qui ont envie de bosser n'importe où de la planète avec leur téléphone.
00:53:12 Et que les jeunes, ils n'ont plus envie d'être dans un bureau.
00:53:14 Ils préfèrent miser sur leur bien-être.
00:53:16 Et ça, c'est quelque chose qu'on entend tout le temps.
00:53:19 Ils sont harcelés à l'école et ça, vraiment, je rejoins à 10 000 %.
00:53:22 C'est le plus grand drame, c'est celui-là.
00:53:26 Ensuite, il ne faut pas oublier l'impact du stress post-traumatique du Covid.
00:53:30 Et ça, je le dis et je le répète, on ne peut pas le nier.
00:53:33 Il y a un estat de stress post-traumatique, d'augmentation de la violence.
00:53:36 Vous prenez les chiffres d'augmentation de la violence sur individus
00:53:40 et les chiffres sur le stress post-traumatique.
00:53:42 On a les mêmes. Donc, il y a un estat de stress post-traumatique de la population globale.
00:53:45 On a des enfants qui ont été confinés, qu'on remet dans le même milieu,
00:53:48 alors qu'ils sont tous en lois.
00:53:50 Il y a quelque chose qu'il faut repenser, en tout cas.
00:53:52 Merci beaucoup, Laura Lebar, d'avoir été en ligne avec nous.
00:53:56 Merci pour votre analyse et vos explications.
00:53:58 Le débat que ça a suscité également.
00:54:00 On va bientôt joindre un policier, Christophe Labarthe,
00:54:03 le secrétaire départemental unité SGP 64.
00:54:06 On sera en ligne dans quelques instants avec lui.
00:54:08 Kévin Bossuet, vous vouliez rebondir sur ce que disait le Lebar sur l'effet Covid, finalement.
00:54:13 Sur l'effet Covid et sur le conflit intergénérationnel.
00:54:16 C'est vrai qu'on a une jeune génération qui a l'impression d'avoir été sacrifiée par les plus anciens.
00:54:21 Et on l'a vu au moment du Covid.
00:54:23 On a obligé les plus jeunes à porter un masque.
00:54:27 Et ça a pu avoir des effets psychologiques dévastateurs et même de manière plus générale.
00:54:33 Moi, j'ai le sentiment qu'il y a beaucoup d'élèves qui ont l'impression qu'on est en train de leur léguer,
00:54:39 de leur donner une société qui n'est plus viable.
00:54:43 3000 euros milliards.
00:54:45 Non, mais 3000 euros milliards de dettes.
00:54:48 Un chômage.
00:54:49 Non, mais...
00:54:51 Kévin Bossuet, vous terminez sa phrase, je vous donnerai la parole.
00:54:53 Est-ce que je peux être le porte-voix aussi de mes élèves, de cette jeune génération qui a aussi l'impression...
00:55:03 Attendez, je vous donnerai la parole, Yvan.
00:55:04 Et vous répondrez après, M. Youfolle, avec grand plaisir.
00:55:06 Et je vous écouterai religieusement.
00:55:08 Cette génération qui a l'impression que finalement, on leur a laissé une société sans structure,
00:55:15 avec du chômage de masse, avec une dette astronomique et qu'on fait reposer tout le malaise sociétal sur son dos.
00:55:23 Et ça, c'est un sentiment qui est très important.
00:55:25 Et ce conflit intergénérationnel dont parlait votre intervenante, moi, je le vois quotidiennement dans ma salle de classe.
00:55:32 Je vous laisse répondre, Yvan Youfolle.
00:55:33 Ce témoignage est tout à fait respectable, mais il y a une grande indécence aujourd'hui à vouloir le développer
00:55:37 pour tenter d'excuser ou d'expliquer ce geste criminel.
00:55:40 Ah, il n'a d'excuses en rien.
00:55:41 Mais si, vous mettez en perspective une culture de l'excuse par...
00:55:43 C'est ce que vous faites.
00:55:45 Vous mettez en perspective une culture de l'excuse, un argument d'excuse de cette jeune génération
00:55:50 que vous dites être en effet sacrifiée.
00:55:53 Ça, je veux bien l'entendre.
00:55:54 Mais simplement, ça ne peut pas venir en appui à ce que vous appeliez d'ailleurs
00:56:00 avoir un peu de décence dans la mesure où on n'a pas les éléments pour analyser ceci.
00:56:04 Donc, appliquez vos propres réserves à vous-même.
00:56:06 D'abord, je ne faisais pas le lien entre ce qui est arrivé ce matin et ce que je disais.
00:56:12 Je rebondissais sur ce que nous disait l'intervenante.
00:56:15 C'est tout. Il n'y a en effet aucun lien, M. Rufold.
00:56:17 Je suis d'accord.
00:56:19 Je crois qu'il est très important de bien siérier les problèmes.
00:56:23 Surtout quand on vient s'exprimer devant la caméra de télévision.
00:56:27 Il y a un crime qui a été commis dans des conditions abominables,
00:56:31 dans un lieu où il ne doit pas y avoir ça.
00:56:34 Il y a probablement une maladie psychiatrique ou quelque chose
00:56:37 qui a amené cet enfant à commettre ce crime horrible.
00:56:41 Il y a ça, une enquête.
00:56:44 Quand on aura les résultats de l'enquête, on pourra se prononcer.
00:56:46 Et je répète ce que j'ai dit tout à l'heure.
00:56:48 S'il y a un problème de dérèglement psychiatrique chez un certain nombre d'enfants,
00:56:52 il y a intérêt à le connaître et à le traiter en amont avant que ça dégénère.
00:56:56 Ensuite, il y a tout le problème de cette jeunesse qui est confrontée au changement du monde,
00:57:01 de l'institution, de l'école et de l'université,
00:57:05 dont on voit bien en France qu'ils ne marchent pas.
00:57:08 Et là-dessus, c'est l'occasion de poser ces questions aux politiques.
00:57:13 Mais de grâce, ne mélangeons pas tout.
00:57:15 Il y a un sujet sur la jeunesse, sur le monde éducatif.
00:57:20 - Kevin Bousset.
00:57:21 - Je suis d'accord.
00:57:21 Et ce qu'il faut mettre en avant aussi, c'est l'évolution du métier d'enseignant.
00:57:25 Il y a encore quelques années, l'enseignant était là pour transmettre des connaissances,
00:57:30 pour leur faire acquérir des compétences.
00:57:32 Sauf qu'aujourd'hui, l'enseignant doit s'occuper de tous les problèmes sociaux,
00:57:37 doit s'occuper parfois des problèmes médicaux.
00:57:40 - Mais il le faisait hier aussi.
00:57:43 - Attendez, attendez.
00:57:45 - Est-ce que je peux finir mon propos ?
00:57:46 - Non mais d'accord, mais là vous étalez tout un tas de vérités.
00:57:50 - Je mets en avant mon ressenti en tant qu'enseignant.
00:57:54 - Non mais d'accord, mais l'histoire...
00:57:56 - S'il vous plaît, je vous interromps tout de suite,
00:57:57 puisque nous sommes en ligne avec Christophe Labarque.
00:57:58 On reprendra ce débat juste après.
00:58:00 Qui est secrétaire départemental, unité GP64.
00:58:02 Bonjour, merci d'être en ligne avec vous.
00:58:04 J'aimerais faire un point sur l'enquête déjà.
00:58:07 Est-ce que vous avez des infos supplémentaires à nous fournir
00:58:09 après ce drame qui a eu lieu ce matin dans un établissement
00:58:13 à la bonne réputation, la réputation tranquille,
00:58:15 dans une région plutôt tranquille ?
00:58:17 Que s'est-il passé ?
00:58:18 Qu'avez-vous à nous dire de plus ?
00:58:22 - Écoutez, quoi dire de plus si ce n'est que l'enquête
00:58:25 est actuellement confiée à mes collègues de la police judiciaire de Bayonne.
00:58:28 Les premiers éléments en leur possession sont donc les témoignages
00:58:34 qu'ils peuvent avoir des élèves qui étaient présents,
00:58:36 également des professeurs.
00:58:38 Donc, il faut savoir que la plupart sont pour l'instant
00:58:41 au sein d'une cellule psychologique avec des professionnels de santé
00:58:45 afin de pouvoir les aider à évacuer le traumatisme qu'ils ont vécu ce matin.
00:58:50 Donc, maintenant, l'enquête commence.
00:58:52 C'est le plus dur.
00:58:53 Essayer d'avoir le profil psychologique de l'agresseur,
00:58:57 savoir s'il y avait eu des antécédents,
00:59:00 si des signalements avaient été effectués.
00:59:02 Tout ça est important et tous ces éléments seront très importants
00:59:07 afin de faire évoluer cette enquête qui ne fait que débuter.
00:59:10 - Est-ce qu'on sait si, par exemple, cette professeure,
00:59:12 cette enseignante d'espagnol avait déjà été menacée ?
00:59:15 Est-ce qu'elle s'était plainte ?
00:59:17 - Nous n'avons aucun élément là-dessus.
00:59:19 C'est un établissement connu sur la Côte Basque.
00:59:22 C'est un établissement réputé.
00:59:24 Aucun événement de ce type n'est arrivé sur le département, fort heureusement.
00:59:29 Mais là, on est obligé de constater cet événement dramatique
00:59:33 puisque là, c'est quand même toute une communauté
00:59:35 au sein de l'éducation nationale, mais au-delà.
00:59:37 La ville de Saint-Jean-de-l'Usse, le département,
00:59:39 et puis même l'État qui est touché.
00:59:41 Et là, je vous avoue que pour l'instant,
00:59:44 l'enquête ne fait que débuter.
00:59:46 Le plus dur commence puisque sûrement une expertise psychiatrique
00:59:49 va être d'abord ordonnée pour l'agresseur.
00:59:52 Et puis, il faudra voir avec toutes les personnes
00:59:55 qui gravitent dans l'entourage de l'individu,
00:59:57 que ce soit la famille, les amis,
00:59:59 savoir s'il y avait un profil type de quelqu'un qui pouvait passer à l'acte.
01:00:03 Pour l'instant, vous nous confirmez qu'il n'y a pas eu de signalement
01:00:06 à son égard en tout cas, sur cet élève ?
01:00:09 Christophe Labarque, la liaison a été brusquement coupée.
01:00:21 Je vous entends ? Je vous laisse répondre.
01:00:25 On vous a retrouvés ?
01:00:27 Oui.
01:00:28 Aucun signalement sur ce jeune homme de 16 ans ?
01:00:32 Non, actuellement, l'enquête va se poursuivre.
01:00:35 Des auditions vont avoir lieu auprès de l'entourage,
01:00:38 des enseignants, également du personnel travaillant dans le lycée
01:00:44 afin d'avoir un peu plus d'éléments permettant de connaître
01:00:47 le profil psychologique de l'individu.
01:00:49 S'il avait tenu des propos à des camarades de classe
01:00:54 ou même dans son entourage familial,
01:00:56 tout ça aura été mis en clair.
01:00:58 Merci beaucoup Christophe Labarque d'avoir répondu à nos questions.
01:01:00 Il est 15h tout pile sur CNews.
01:01:02 Soyez les bienvenus si vous nous rejoignez.
01:01:05 L'émission est largement consacrée au drame qui est survenu ce matin.
01:01:08 Cette professeure de 52 ans, professeure d'espagnol,
01:01:11 qui était en train de donner un cours dans ce collège-lycée privé
01:01:14 Saint-Thomas d'Aquin à Saint-Jean-de-Luz, dans les Pyrénées-Atlantiques.
01:01:17 Elle a été poignardée, elle est morte de ses blessures peu de temps après.
01:01:21 L'auteur présumé des faits est un jeune homme de 16 ans,
01:01:25 Simon Guillain. Dites-nous ce que vous savez sur son profil.
01:01:29 Ce qu'on peut dire à 15h sur CNews, c'est qu'il est environ 10h ce matin,
01:01:33 lorsqu'un élève de seconde en est en plein cours d'espagnol.
01:01:35 Il sort un couteau de son sac et ensuite il va jusqu'à la porte
01:01:38 de cette salle de classe qu'il ferme à clé.
01:01:40 C'est à ce moment-là qu'il poignarde sa professeure au niveau du thorax.
01:01:43 L'enseignante, on l'a appris, est âgée de 52 ans.
01:01:46 Elle est très rapidement en arrêt cardiorespiratoire
01:01:49 avant de décéder de ses blessures.
01:01:51 Juste après l'agression, selon les premiers éléments de cette enquête,
01:01:54 il est allé ensuite se réfugier dans une salle avoisinante.
01:01:56 Et c'est là qu'un autre professeur a saisi le couteau du mis en cause.
01:02:00 Alors toujours selon nos informations, le jeune homme n'est pas connu
01:02:03 des services de police. Il n'a donc pas d'antécédent de délinquance
01:02:06 connu à l'heure où on se parle.
01:02:08 Des sources proches du dossier nous indiquent qu'il pourrait souffrir
01:02:11 de problèmes psychiatriques.
01:02:13 Et puis enfin, cette dernière information qu'on voulait vous donner
01:02:16 au moment, donc le professeur qui lui a saisi le couteau,
01:02:19 eh bien cet élève a dit être possédé et avoir entendu des voix cette nuit,
01:02:23 lui demandant justement de tuer cette enseignante.
01:02:26 Alors grande prudence à l'heure où on se parle, puisque ce profil
01:02:28 reste à confirmer, notamment via son audition,
01:02:31 puisque le mis en cause est actuellement entendu en garde à Bucléli.
01:02:35 Merci beaucoup, Simon.
01:02:36 On va aller sur place, on va retrouver Antoine Estèphe,
01:02:38 notre envoyé spécial, devant ce collège lycée privé Saint-Thomas d'Aquin,
01:02:43 donc à Saint-Jean-de-Luz, un établissement qui est totalement
01:02:46 sous le choc cet après-midi après ce drame.
01:02:51 Oui, effectivement, sous le choc et à l'instant, on vient d'avoir
01:02:54 le témoignage d'une jeune fille qui était dans la salle de cours
01:02:57 ce matin, ce cours d'espagnol pendant lequel ce jeune homme
01:03:00 est entré, a fait irruption dans la salle avec un couteau.
01:03:03 Elle affirme qu'elle a vu le couteau.
01:03:04 Elle affirme aussi qu'il y a eu un mouvement de panique.
01:03:06 Ils ne se sont pas trop rendus compte de ce qui se passait.
01:03:09 Beaucoup d'élèves ont fui, ont essayé de sortir au moment
01:03:11 où la porte s'est rouverte, juste après le drame.
01:03:13 Et là, effectivement, ça a été la panique à l'intérieur de l'établissement.
01:03:17 Les élèves ont été confinés dans leur classe pendant deux heures.
01:03:20 Les professeurs sont arrivés.
01:03:21 Le professeur qui a pu discuter avec ce jeune homme et le maîtriser
01:03:25 est arrivé aussi.
01:03:26 Il aurait raconté d'ailleurs à beaucoup de parents
01:03:28 ce qui s'est passé à l'intérieur de l'établissement.
01:03:30 Tout ce qu'on sait aussi, c'est qu'on en sait un petit peu plus
01:03:33 maintenant sur le profil psychologique du jeune homme
01:03:35 qui a agressé la professeure d'espagnol.
01:03:37 On sait qu'il était fragile.
01:03:38 C'est ce qui revient dans toutes les conversations qu'on a
01:03:40 avec autant avec les familles qu'avec les élèves ici à l'extérieur du lycée.
01:03:44 Et aussi, on sait qu'il avait des problèmes psychologiques.
01:03:47 C'est ce que nous disent les élèves.
01:03:49 Il était, je cite les élèves qui nous ont parlé ce matin et cet après-midi,
01:03:54 il était fragile, il était bizarre, il avait un comportement à la marge.
01:03:59 Ce sont des mots qui reviennent dans la bouche des élèves
01:04:01 que nous rencontrons cet après-midi.
01:04:03 Merci beaucoup Antoine Estève avec Jérôme Rampenoux.
01:04:06 Ce jeune homme qui est actuellement en garde à vue
01:04:09 et donc interrogé par les enquêteurs.
01:04:12 Beaucoup de réactions politiques.
01:04:14 Et le ministre de l'Éducation nationale, Pape Ndiaye,
01:04:16 qui a étendu sur place d'un instant à l'autre maintenant, Gauthier Lebray.
01:04:19 En compagnie notamment de Stanislas Guerini,
01:04:27 le ministre de la Fonction publique.
01:04:28 Alors, peu avant midi, Pape Ndiaye a tweeté.
01:04:31 Je vais vous lire ce qu'il a mis.
01:04:32 "Immense émotion suite au décès aujourd'hui d'une professeure
01:04:35 au lycée Saint-Thomas d'Aquin à Saint-Jean-de-Luz.
01:04:37 Mes pensées pour sa famille, ses collègues et ses élèves.
01:04:41 Je me rends sans délai sur place."
01:04:42 Donc, point presse du ministre qui doit être évidemment marqué
01:04:45 par l'émotion dans trois quarts d'heure.
01:04:47 Stanislas Guerini, ministre de la Fonction publique,
01:04:49 sera donc à côté du ministre de l'Éducation nationale.
01:04:52 Lui aussi, il a tweeté.
01:04:54 "Quand une enseignante est tuée, c'est l'ensemble des agents publics
01:04:57 qui est meurtri.
01:04:57 Mes pensées vont à sa famille, ses proches, ses élèves
01:05:00 et toute la communauté éducative."
01:05:02 David Lissnar, maire de Cannes, rappelle qu'il y a trois ans,
01:05:05 Samuel Paty était assassiné.
01:05:07 Il y a trois ans, la communauté enseignante était déjà endeuillée.
01:05:11 Voyez son tweet.
01:05:12 Il y a trois ans, Samuel Paty était assassiné à la sortie de son collège.
01:05:15 Ce matin, c'est une enseignante de Saint-Jean-de-Luz
01:05:17 qui a perdu la vie après avoir été poignardée dans sa classe
01:05:19 par un élève.
01:05:20 Soutien total à la famille de la victime,
01:05:22 au corps professoral et aux élèves.
01:05:24 Et puis, selon David Lissnar, l'État doit protéger nos enseignants.
01:05:27 Un second tweet un peu plus politique.
01:05:29 Pareil pour Bruno Retailleau.
01:05:31 La violence à l'école.
01:05:32 Bruno Retailleau, le patron, vous le savez, des sénateurs.
01:05:34 Les Républicains.
01:05:35 La violence à l'école atteint des seuils terrifiants.
01:05:37 Personne ne parvient à l'endiguer.
01:05:38 Réseaux sociaux.
01:05:39 Politique pénale des mineurs.
01:05:41 Pédagogie refondée sur l'autorité.
01:05:43 C'est une révolution, dit-il, qu'il faut entreprendre
01:05:46 pour protéger nos enfants et leurs éducateurs.
01:05:48 Tandis que Marine Le Pen, la patronne du groupe RN à l'Assemblée,
01:05:51 dénonce l'ultra-violence qui a conquis toute notre société,
01:05:54 jusqu'à l'école.
01:05:55 Il est urgent d'agir, dit-elle, pour la sécurité des enfants.
01:05:58 Vous avez vu, il y a deux types de tweets.
01:05:59 Ceux qui marquent un temps de deuil et d'émotion.
01:06:02 Et puis ceux aussi qui font de la politique.
01:06:04 D'ailleurs, pour un ministre qui confiait au service politique de CNews,
01:06:07 ce n'est pas le moment de faire de la politique.
01:06:09 Il ne faut pas forcément faire de la politique, dit-il.
01:06:11 Il y a eu un vrai traumatisme.
01:06:13 Je ne suis pas sûr qu'il faut faire de la politique avec cela.
01:06:15 Fin de citation.
01:06:16 Merci beaucoup Gauthier Lebret.
01:06:18 Je suis toujours en plateau avec Kevin Bossuet,
01:06:20 qui est professeur d'histoire en banlieue parisienne,
01:06:22 Yvan Rioufol et Pierre Lelouch.
01:06:24 Vous réagissiez, Pierre Lelouch, au papier de Gauthier Lebret.
01:06:27 Je suis en contre le fait de s'appuyer sur un événement aussi grave
01:06:31 pour faire de la politique,
01:06:32 pour soulever un certain nombre de questions politiques.
01:06:35 Parce que l'avenir du système éducatif en France,
01:06:37 l'état de notre jeunesse, la violence dans la jeunesse
01:06:39 sont des questions qui méritent un débat sérieux.
01:06:43 En revanche, quand j'entends mettre en parallèle
01:06:45 l'assassinat terroriste de Samuel Paty
01:06:48 par une équipe de gens qui ont instrumentalisé le fanatisme islamiste,
01:06:56 qui l'ont fait monter en sauce dans les réseaux sociaux
01:06:59 pour trouver un tueur qui a exécuté un professeur
01:07:02 au nom de l'islam radical, de l'islamisme radical,
01:07:07 mettre ça en parallèle avec ce qui s'est passé aujourd'hui.
01:07:09 Les enfants juifs d'Ozar Athora assassinés,
01:07:12 dont cette petite fille avec sa sucette dans la bouche,
01:07:15 à bout portant par un terroriste musulman,
01:07:18 et ce qui vient de se passer à Saint-Jean-de-Luz,
01:07:21 ça n'a rigoureusement rien à voir.
01:07:23 Et quand je vois des tweets de personnes politiques
01:07:27 qui mettent ça au même niveau pour dire qu'il y a de la violence,
01:07:32 sous-entendant que c'est la même violence,
01:07:34 ça n'est pas la même violence.
01:07:37 On a un problème avec l'islamisme radical
01:07:40 qui se décline sous la forme d'attentats divers dans les écoles,
01:07:44 mais pas seulement dans les écoles, Charlie Hebdo et autres.
01:07:47 Et puis vous avez un problème, effectivement,
01:07:50 de mal-être d'une partie de notre jeunesse,
01:07:53 qui peut se traduire par de la violence quotidienne à l'école,
01:07:56 des agressions contre les profs, le comportement des parents.
01:07:59 Et aujourd'hui, ça a dérapé de façon épouvantable contre cette pauvre femme,
01:08:03 mais de grâce, je dis à des gens qui, en plus,
01:08:08 ambitionnent des postes suprême à notre pays, attention,
01:08:11 ne pas mélanger la chèvre, le truc, les serviettes, les torchons,
01:08:14 et puis vendre ça au public comme ça.
01:08:16 Moi, ça me dérange.
01:08:18 Comme ancien ministre, comme ayant passé un quart de ma vie
01:08:21 à l'Assemblée nationale, voilà, arrêtons avec ce débat politique
01:08:26 qui va dans le grand n'importe quoi.
01:08:27 - Yvan Evol.
01:08:28 - Je vous trouve excessif, Pierre, excusez-moi pour une fois.
01:08:31 Je ne suis pas d'accord avec vous.
01:08:32 D'abord, parce qu'il y a quand même des dénominateurs communs.
01:08:34 J'en vois au moins deux.
01:08:35 D'abord, c'est un professeur qui a été à chaque fois.
01:08:37 - D'accord.
01:08:37 - Mais c'est déjà important.
01:08:39 Un professeur représente quand même le symbole qui avait été celui de l'école
01:08:42 concernant Pathy.
01:08:43 Et là, c'est aussi l'école qui est mise en cause.
01:08:45 Et puis, il y a un deuxième dénominateur commun, c'est l'indifférence.
01:08:48 L'indifférence collective, par exemple, des professeurs dans l'affaire Pathy
01:08:51 où les signes ou faibles n'avaient pas voulu être pris en compte
01:08:55 concernant sa menace et l'indifférence, si j'ai bien compris les témoignages,
01:08:58 également des élèves et même de l'entourage pédagogique sur cet élève-là
01:09:01 dont on nous dit qu'il était bizarre.
01:09:03 Et on voit que là aussi...
01:09:04 - Cher Yvan...
01:09:05 - Je termine.
01:09:06 Que là aussi, il y a un manque de courage, un manque de lucidité,
01:09:09 en tout cas, une réserve à vouloir montrer, démontrer peut-être que cet élève-là...
01:09:12 - C'est moi qui suis navré de ne pas être d'accord avec vous.
01:09:14 - ...était potentiellement dangereux.
01:09:16 Et je pense que ces deux dénominateurs suffiraient à faire une sorte de parallèle.
01:09:21 Je comprends naturellement ce que vous voulez dire.
01:09:22 Bien entendu, c'est dans la démonstration...
01:09:25 - Ça n'a rien à voir, tout simplement.
01:09:26 - En tout cas, moi, je m'attache davantage à ça
01:09:28 et je ne rentre pas non plus dans cette perspective
01:09:31 qui voudrait dire qu'il y aurait un malaise de la jeunesse
01:09:33 qui pourrait expliquer ces actes-là.
01:09:34 Non, je n'excuse pas ces actes, ces actes sont inexcusables.
01:09:36 - Il ne s'agit pas de les excuser.
01:09:37 - Kevin Bossuet...
01:09:38 - Je termine, je termine.
01:09:39 - Il ne s'agit pas de les excuser.
01:09:40 - Je pense qu'il ne faudrait plus...
01:09:41 - Il ne s'agit pas de les excuser.
01:09:43 Il s'agit de comprendre ce qui est en train d'arriver dans notre société.
01:09:46 - Oui, oui, c'est ça, comprendre.
01:09:47 Et je voudrais qu'on s'intéresse aussi davantage tout de même à ces familles
01:09:50 qui produisent des monstres.
01:09:51 - Parfait.
01:09:52 - Je pense que les familles, pour l'instant, sont les premières responsables.
01:09:55 La société, en règle générale, mais les familles très particulièrement
01:09:58 sont les premières responsables de ces monstres-là,
01:10:00 plutôt que de dire que c'est l'éducation
01:10:01 parce qu'elles n'offriraient pas ce qu'attendent ces jeunes enfants.
01:10:04 - Kevin Bossuet...
01:10:05 - Non, je suis d'accord, il ne faut pas tout mélanger.
01:10:09 Ce qui s'est passé ce matin n'a rien à voir avec l'assassinat de Samuel Paty.
01:10:15 Par contre, une chose, on peut faire quand même un petit lien.
01:10:19 C'est-à-dire que c'est le traumatisme au sein de la communauté enseignante.
01:10:22 Lors de l'assassinat de Samuel Paty, tous les enseignants se sont dit
01:10:26 "on peut mourir dans l'exercice de notre fonction".
01:10:28 Et ce matin, les enseignants se sont dit la même chose.
01:10:32 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on incarne en effet une figure d'autorité
01:10:36 qui est de moins en moins respectée.
01:10:39 On exerce un métier qui est de plus en plus à risque.
01:10:43 Et ça, c'est quelque chose qui résonne en nous.
01:10:46 Alors après, en effet, attention à l'instrumentalisation politique.
01:10:50 Il y a plein de problèmes qui touchent l'école.
01:10:52 Il y a le problème de l'islamisme politique.
01:10:54 Il y a le problème de la montée de la violence.
01:10:56 Il y a le problème de la démission parentale.
01:10:58 Mais il ne faut pas forcément faire des liens entre tout ça.
01:11:01 Je suis d'accord.
01:11:02 - S'il vous plaît, nous sommes en ligne avec Sophie Audugé,
01:11:05 qui est présidente de SOS Éducation.
01:11:06 Bonjour Madame, merci d'être en direct et de réagir après ce drame
01:11:11 qui nous choque tous.
01:11:12 Déjà parce que c'est arrivé dans une école, un lieu où ça ne devrait pas arriver.
01:11:16 Ensuite, parce que l'acte aurait été commis par un jeune homme de 16 ans,
01:11:19 donc extrêmement jeune.
01:11:21 Et la question qu'on vous pose, et qui est d'ailleurs sous-jacente
01:11:24 au débat que nous venons d'avoir,
01:11:26 est-ce que, à votre avis,
01:11:27 est-ce que ce drame qui est survenu ce matin
01:11:30 est symptomatique d'un malaise dans l'éducation nationale ?
01:11:33 Peut-être plus large, d'ailleurs, plus globale.
01:11:36 - Alors d'abord, je voudrais évidemment en faire part de mon immense tristesse
01:11:39 face à l'assassinat affreux de cette enseignante.
01:11:42 C'est un drame absolu qui touche évidemment toute la communauté éducative,
01:11:47 et dans la communauté éducative, je pense l'ensemble des Français.
01:11:51 Je crois que la situation aujourd'hui,
01:11:54 c'est une situation de recueillement évidemment face à ce drame,
01:11:58 d'attendre évidemment qu'une enquête sérieuse et approfondie soit faite,
01:12:03 de manière à ce qu'on puisse tirer des apprentissages de ce qui s'est passé.
01:12:09 Après, évidemment, on ne peut pas faire illusion face à ce drame.
01:12:15 Le système éducatif français va très mal.
01:12:18 On essaye de se rassurer en se disant que dans un certain nombre d'établissements,
01:12:23 ça se passe bien,
01:12:24 qu'un certain nombre de professeurs font tout ce qu'ils peuvent, évidemment,
01:12:28 mais il n'empêche qu'aujourd'hui, l'action collective,
01:12:32 l'action de l'État, en dehors même de tout clivage politique,
01:12:37 c'est de recentrer la mission de l'école sur le fait que chaque enfant qui y entre
01:12:41 sorte en sachant lire, écrire et compter, en sachant se comporter en société.
01:12:46 Et ça, aujourd'hui, ce n'est pas le cas.
01:12:48 Et l'école n'est plus en capacité aujourd'hui de garantir
01:12:51 tant la sécurité des élèves que la sécurité de ses professeurs.
01:12:55 Et la faute à qui ?
01:12:55 Est-ce qu'il n'y a pas aussi un problème de responsabilité parentale qui fait défaut ?
01:13:02 Les parents seraient des moins bons parents aujourd'hui qu'hier ?
01:13:05 Je ne sais pas.
01:13:06 Non, moi je crois qu'il y a un refus du rôle de l'école en structure
01:13:12 qui est par nécessité un sanctuaire,
01:13:16 en dehors de toute idée religieuse avec le terme.
01:13:21 Mais l'école doit garantir aux enfants un espace qui est apaisé,
01:13:24 dans lequel les querelles des hommes n'ont pas leur place.
01:13:27 Et ça, aujourd'hui, on ne le garantit plus du tout.
01:13:29 Et on écoutait la psychiatre qui intervenait tout à l'heure,
01:13:33 elle le disait très bien.
01:13:35 On a des enfants aujourd'hui qui sont extraordinairement abîmés
01:13:39 parce qu'on leur met dans la tête un monde qui va très mal.
01:13:45 On leur met dans la tête que ce monde va très mal
01:13:47 à cause de leurs parents et de leurs grands-parents.
01:13:49 Et quelque part, on a abîmé même la capacité des parents à les protéger.
01:13:54 Et donc, ils doutent de l'école, évidemment,
01:13:57 mais ils doutent aussi de la capacité de leurs parents
01:14:00 à connaître le monde dans lequel eux vont devoir se défendre.
01:14:03 Ce qui est très troublant quand vous entendez des jeunes aujourd'hui
01:14:06 qui ne vous disent pas "je vais inventer le monde de demain".
01:14:11 Ils vous disent "est-ce que le monde de demain va encore vivre et survivre ?
01:14:15 Est-ce que je veux des enfants dans un monde comme ça ?"
01:14:18 Oui, en plus, ça envoie plus de l'angoisse, là.
01:14:20 C'est même plus des craintes et des inquiétudes.
01:14:22 C'est une angoisse qui les étreint, finalement.
01:14:25 Absolument, et c'est quelque chose qu'on a beaucoup évoqué
01:14:27 pendant la crise sanitaire, c'est-à-dire de ne pas limiter
01:14:30 la notion de la santé des enfants à une approche médicale,
01:14:34 mais évidemment la santé psychique.
01:14:36 Et ce drame va évidemment amener tout un ensemble d'autres questions,
01:14:41 notamment sur la manière dont on accueille les enfants
01:14:44 en situation psychologique ou neurotypique dans l'école.
01:14:51 Voilà, parce qu'il y a également quand même des fonctionnements
01:14:54 qui sont très critiquables.
01:14:56 Nous, on avait été contactés il y a une année ou deux
01:14:59 par une professeure de français qui avait une élève
01:15:03 qui avait un trouble psychotique.
01:15:05 Elle n'en savait rien.
01:15:06 L'enfant avait été déscolarisé pendant un an et demi.
01:15:08 Elle n'avait pas été au courant.
01:15:10 Très rapidement, elle se rend compte que cet enfant
01:15:12 projette un transfert sur elle et l'invite à échanger sur la littérature,
01:15:18 puisque c'était une élève brillante qui se passionnait.
01:15:21 Commence à lui parler du fait qu'elle écrivait un ouvrage,
01:15:24 qu'elle voulait le lui faire lire.
01:15:26 Donc, elle se rapproche de l'infirmière qui lui dit
01:15:28 "écoute, je ne peux rien dire, mais fais attention".
01:15:30 Le fait est que plusieurs mois plus tard,
01:15:32 l'enfant fait une tentative de suicide
01:15:34 et dit que c'est de la faute de sa professeure
01:15:36 en donnant le nom de la professeure.
01:15:37 Et la professeure l'apprend avec le chef d'établissement
01:15:40 à sa porte le vendredi soir à 17h.
01:15:43 Elle est rentrée chez elle, a repris sa voiture,
01:15:44 elle est rentrée chez elle sans aucun accompagnement.
01:15:47 Et en fait, ce qu'on apprend après, c'est qu'effectivement cet enfant,
01:15:51 alors pour elle, ça s'est bien terminé,
01:15:54 puisque la maman, l'enfant, le milieu médical a confirmé
01:15:59 que c'était l'enfant qui avait une difficulté, etc.
01:16:02 Mais enfin, elle a vécu quand même 15 jours d'enfer,
01:16:04 d'enfer sans aucun accompagnement.
01:16:06 Et il y a un élément qu'il faut interroger aussi,
01:16:11 c'est que cette information-là fait partie du secret médical.
01:16:14 Donc, les professeurs, elles n'avaient pas à avoir cette information.
01:16:17 Vous voyez ce que je veux dire ?
01:16:18 Donc, ce drame peut nous amener quand même à poser des questions
01:16:26 qui sont aujourd'hui des questions importantes,
01:16:29 dans une école où, comme je disais, Kévin Bossuet,
01:16:32 on demande tout aux professeurs,
01:16:33 mais les profs ne sont pas ni des psychiatres,
01:16:35 ni des infirmiers, ni des médecins.
01:16:37 Dans une école où la médecine scolaire est tout simplement absente,
01:16:41 je veux dire, on a un médecin pour 1200 élèves,
01:16:45 il n'y a plus de psychologues scolaires.
01:16:47 Donc, je veux dire, on est incapable de prendre en charge ces enfants-là.
01:16:50 La situation du harcèlement, elle est dramatique en France aujourd'hui,
01:16:54 à l'école.
01:16:56 Et là, où c'est pareil, je me permets de réagir,
01:16:58 c'est que j'ai écouté vos interventions précédentes
01:17:00 et on se pose la question du nombre.
01:17:03 Je crois qu'un de vos intervenants disait,
01:17:05 oui, mais ça concerne combien de personnes ?
01:17:07 Parce que finalement, si ça ne concerne pas tant de personnes que ça,
01:17:10 est-ce qu'il faut vraiment faire quelque chose
01:17:12 du registre d'un changement de politique ?
01:17:14 Je voudrais quand même alerter sur le fait que l'assassinat,
01:17:17 l'assassinat de Samuel Paty,
01:17:18 on avait peu de phénomènes et en tous les cas,
01:17:21 infiniment moins qu'il y a quelques mois,
01:17:25 aux deux ans d'anniversaire de l'assassinat Samuel Paty,
01:17:29 où les actes ont explosé littéralement.
01:17:33 Vous voyez ce que je veux dire ?
01:17:34 Donc, il faut se faire attention aussi.
01:17:36 Alors, beaucoup de questions en plateau pour vous.
01:17:38 On va commencer avec Yvan Rioufol.
01:17:40 Sophie Olivier, vous nous parliez d'école sanctuaire,
01:17:42 que l'école avait été un sanctuaire.
01:17:44 Est-ce que cette perspective est à nouveau envisageable ?
01:17:47 Et si oui, par quoi passerait-elle,
01:17:50 passerait cette école sanctuaire si elle pouvait être rétablie ?
01:17:53 En quelques mesures, je ne sais pas si,
01:17:55 naturellement c'est compliqué à y répondre,
01:17:57 mais quelles seraient les priorités essentielles
01:17:59 pour retrouver ce sanctuaire ?
01:18:03 Alors, nous, c'est très clair, à SOAS Education,
01:18:06 on a fait un programme de 30 mesures il y a déjà plusieurs mois.
01:18:09 Malheureusement, ça ne fait plaisir à personne
01:18:11 de revenir à une école qui se consacre sur deux missions aujourd'hui,
01:18:16 instruire, protéger.
01:18:18 Moi, je ne pense pas que quand on est ministre de l'éducation nationale
01:18:22 d'une école dans l'état où elle est aujourd'hui,
01:18:25 on peut le lundi dire que la priorité,
01:18:28 c'est la lutte contre les inégalités,
01:18:30 le mardi dire que c'est l'instruction,
01:18:33 le mercredi dire que c'est l'éducation à la sexualité,
01:18:36 le vendredi dire qu'on va refaire un truc sur contre l'homophobie,
01:18:41 c'est pas possible en fait.
01:18:42 Je pense qu'on ne peut pas tout régler,
01:18:44 régler tous les problèmes de l'école aujourd'hui,
01:18:46 que l'école est chargée de prendre.
01:18:48 Il y a une priorité aujourd'hui,
01:18:50 c'est que les élèves qui rentrent, rentrent dans un espace sécurisé,
01:18:53 que les professeurs rentrent dans un espace sécurisé,
01:18:55 qu'on leur garantisse qu'ils vont apprendre des faits
01:18:57 et non pas des idéologies,
01:18:59 que les professeurs soient formés pour ça
01:19:01 et que les autres fonctions de l'école soient réhabilitées
01:19:03 pour tenir leur place dans le monde d'aujourd'hui,
01:19:05 c'est-à-dire un monde dans lequel les enfants,
01:19:07 quand ils quittent l'école, sont sur les réseaux sociaux,
01:19:10 regardent de la pornographie dès 9 ans,
01:19:12 sont dans un système de violence inouï en permanence,
01:19:15 avec une désinformation totale,
01:19:17 dont ils croient pour 40% d'entre eux
01:19:19 qu'il est dit par un influenceur dès lors qu'il a un peu de followers.
01:19:24 Ça c'est une réalité de nos enfants aujourd'hui.
01:19:27 Ce qu'on leur propose à l'école aujourd'hui,
01:19:29 c'est de ne pas faire trop rupture avec ça.
01:19:30 Moi je pense que c'est gravissime,
01:19:32 il faut leur donner, leur offrir,
01:19:35 ce que notre génération a pu avoir,
01:19:37 c'est-à-dire quand elle arrivait dans l'école, elle avait autre chose.
01:19:39 Alors évidemment ça ne nous amusait pas.
01:19:40 Ce n'était pas obligatoirement génial
01:19:42 d'apprendre toutes les poésies qu'on a apprises,
01:19:44 de se lire tous les grands auteurs.
01:19:46 En fait, qu'est-ce qu'on est heureux aujourd'hui ?
01:19:48 D'avoir adopté cette pensée
01:19:50 qui nous permet de prendre de la hauteur sur des situations,
01:19:53 qui nous permet de prendre de la distance par rapport à ce qui nous arrive,
01:19:55 qui nous permet d'être empathique vis-à-vis des autres.
01:20:00 Je veux dire, aujourd'hui on prie nos enfants de ça.
01:20:02 Il faut quand même être très clair.
01:20:04 Une question de Pierre Lelouch également.
01:20:06 D'abord un mot pour féliciter Madame Odujet
01:20:09 d'un énorme bon sens qu'elle vient de prononcer.
01:20:12 Si on arrivait à remettre l'école sur les rails qu'elle a indiqués,
01:20:16 je crois qu'on aurait fait énormément progresser notre pays.
01:20:21 Sur la partie des désordres psychologiques
01:20:26 qui ne peuvent pas ne pas toucher nos enfants
01:20:28 après ce qu'ils subissent tous les jours dans les écrans et autres,
01:20:31 quelles sont ses recommandations ?
01:20:34 Comment est-ce qu'elle voit le niveau de surveillance médicale
01:20:37 et psychiatrique dans les écoles ?
01:20:39 Qu'est-ce qu'il faudrait faire ?
01:20:40 Des surveillants ou bien plus de médecins ?
01:20:42 Et lesquels ?
01:20:44 Et quelles sont les données chiffrées
01:20:45 que vous avez pu regarder dans votre association ?
01:20:49 Alors, je pense que comme toute situation
01:20:53 qui est quand même arrivée à un niveau de délabrement assez inquiétant,
01:20:58 il faut agir à deux temporalités.
01:21:03 Une temporalité pour demain et une action pour tout de suite.
01:21:06 La temporalité pour demain, je crois que c'est Kévin qui l'évoquait,
01:21:10 il faut prendre en charge la question de la sociabilité dès la primaire,
01:21:16 je vais vous dire, même au niveau de la maternelle.
01:21:20 On découvre aujourd'hui des violences en maternelle.
01:21:22 C'est vrai.
01:21:23 En maternelle ?
01:21:23 Ah oui, c'est vrai.
01:21:24 Absolument.
01:21:26 Ça m'a été rappelé.
01:21:27 Absolument.
01:21:28 Donc, là, il y a un vrai projet politique de santé des enfants
01:21:35 et d'instruction des enfants, de sociabilisation des enfants
01:21:38 qu'on ne fait plus du tout.
01:21:39 Qu'on ne fait pas assez par rapport au monde d'aujourd'hui.
01:21:43 Donc ça, c'est pour demain.
01:21:46 Pour aujourd'hui, il y a une réalité,
01:21:48 c'est qu'effectivement, on a une jeunesse qui va très mal.
01:21:50 Elle va très, très mal.
01:21:52 Donc, il me semble effectivement qu'il faudrait que dans tous les établissements scolaires,
01:21:56 à la fois au collège, dès le collège,
01:21:58 on ait une prise en charge de psychologues, d'infirmiers et de médecins
01:22:03 à la hauteur de ce dont on a besoin aujourd'hui
01:22:05 pour garantir la sécurité de tous.
01:22:07 Mais vous dites "elle va très mal" et cette jeunesse actuellement,
01:22:09 mais c'est, j'allais dire, on renvoie ça à la période Covid, post-Covid,
01:22:14 où les racines du mal, entre guillemets,
01:22:16 étaient, pouvaient être vues déjà avant,
01:22:22 et que le Covid n'a fait qu'accélérer les choses.
01:22:25 Alors, vous avez raison, le mal, clairement, ce sont les réseaux sociaux.
01:22:30 Il faut quand même que chacun accepte l'idée
01:22:34 que nos enfants sont livrés à des contenus absolument inadaptés à leurs âges,
01:22:40 et à la fois en termes de violence,
01:22:42 mais à la fois en termes de nature des informations auxquelles ils ont accès,
01:22:45 et que les systèmes algorithmiques font que quand ils regardent quelque chose de ces natures-là,
01:22:49 on leur en repropose d'autres immédiatement.
01:22:52 Donc si vous voulez, on prend le cerveau des enfants
01:22:56 pour les indoctriner, pour en faire des consommateurs,
01:22:58 parce que, évidemment, c'est ça l'objectif, bien sûr, il n'y en a pas d'autre.
01:23:02 Donc, partant de là, si vous voulez,
01:23:05 depuis cela, évidemment qu'on avait déjà des actions à entreprendre
01:23:10 qu'on n'a pas nécessairement entrepris.
01:23:12 Ce qui s'est passé pendant la crise du Covid,
01:23:15 c'est qu'on a tous tellement été sidérés,
01:23:17 et là je parle des adultes,
01:23:20 que les enfants, qui ont une capacité d'adaptation naturelle,
01:23:24 on le sait tous, beaucoup plus que nous,
01:23:26 ont vu les adultes paniquer.
01:23:29 Mais vraiment, ils ont vu qu'on était sidérés par ce qui se passait,
01:23:33 qu'on n'avait rien anticipé, qu'on était incapables de gérer ça,
01:23:36 qu'on racontait tout et n'importe quoi,
01:23:38 qu'on était tous en alerte sur le poste de télévision
01:23:42 pour savoir si on pouvait mettre les masques, pas mettre les masques, etc.
01:23:46 Et je pense que là, les enfants se sont dit
01:23:50 "les adultes ne sont pas si capables que ça de nous protéger".
01:23:52 Et je pense qu'il y a eu une énorme rupture.
01:23:54 Et puis, parce que ça c'est la nature psychologique
01:23:57 qui différencie les adultes des enfants,
01:23:59 nous les adultes, on s'est rassurés,
01:24:01 oubliant souvent de rassurer nos enfants
01:24:03 parce qu'ils ne nous disaient pas qu'ils n'étaient pas rassurés,
01:24:05 parce qu'ils géraient, ils survivaient,
01:24:08 parce qu'ils voyaient bien que nous, on n'était déjà pas capables
01:24:09 de gérer nous-mêmes avec cette inquiétude-là,
01:24:11 donc on n'était pas capables de les gérer eux-mêmes.
01:24:13 Et quand nous, on a été rassurés,
01:24:15 on n'a pas été capables de se dire "là, il y aura un trauma,
01:24:17 il va falloir les prendre en charge,
01:24:18 il va falloir les prendre en charge longtemps".
01:24:20 Et là, je ne vous parle même pas des effets catastrophiques
01:24:24 sur des nouveau-nés qui ont été accueillis
01:24:25 pendant des mois et des mois et des mois
01:24:28 avec des professionnels qui étaient avec eux toute la journée,
01:24:30 qui étaient masqués, où ils n'ont jamais eu
01:24:32 une seule émotion et lecture du visage.
01:24:34 Je veux dire, il y aura des conséquences.
01:24:36 Mais je ne parle même pas de ça, je parle vraiment de jeunes,
01:24:39 de 12 ans, de 13 ans, de 14 ans,
01:24:40 on le voit dans plein d'autres registres.
01:24:42 Tous les problèmes identitaires aujourd'hui, d'identité de genre,
01:24:45 c'est une explosion à 80% chez des jeunes adolescentes
01:24:50 qui étaient en sixième, cinquième, quatrième
01:24:52 lors du premier confinement.
01:24:55 Les effets du confinement.
01:24:56 Kévin Boussuet.
01:24:56 Ils sont noyés sous les réseaux sociaux.
01:25:00 L'importation de mode américaine absolument dévastatrice.
01:25:02 Non mais, je rajoute.
01:25:04 Les conséquences du confinement, nous, en tant qu'enseignants,
01:25:08 on le voit véritablement sur le terrain.
01:25:10 Avec des adolescents qui ont été très meurtris
01:25:13 au niveau psychologique, qui se sont retrouvés
01:25:16 dans une situation d'insécurité affective,
01:25:20 d'insécurité sociale assez dramatique.
01:25:23 Il y a beaucoup qui ont développé des problèmes,
01:25:26 qui sont entrés, si vous voulez, dans une forme de spirale
01:25:30 d'échecs scolaires, avec beaucoup de lacunes
01:25:32 qui ont émergé au cours de cette période.
01:25:35 Alors après, je suis d'accord avec ce qui a été dit.
01:25:37 Il faut redonner du sens à l'école
01:25:39 et pour redonner du sens à l'école,
01:25:41 il faut permettre aux enseignants tout simplement d'enseigner.
01:25:45 - D'instruire.
01:25:46 - D'instruire, de transmettre des connaissances,
01:25:49 de faire en sorte que les enfants qui sont dans nos salles de classe
01:25:53 puissent devenir des citoyens éclairés,
01:25:55 puissent s'émanciper par la connaissance et par le savoir.
01:25:59 Et c'est vrai qu'au cours des dernières années,
01:26:00 on a vu apparaître différentes missions,
01:26:03 des missions parfois sociales,
01:26:05 parfois on est des psychologues,
01:26:08 parfois il y a des parents qui viennent nous voir
01:26:10 qui sont complètement désemparés pour élever leurs enfants,
01:26:13 on leur vient en aide.
01:26:14 C'est très bien qu'on fasse ça,
01:26:15 mais ce n'est pas le cœur de notre profession.
01:26:17 Les élèves qui sont dans nos salles de classe
01:26:19 veulent avoir des savoirs,
01:26:21 veulent faire en sorte d'avoir un métier au bout de l'école
01:26:26 et on a l'impression qu'aujourd'hui,
01:26:28 on ne peut plus leur donner cela.
01:26:30 Il y a un manque de moyens qui est grandiloquent
01:26:32 et ça a été dit sur les psys.
01:26:34 Je veux dire, quand vous êtes dans un établissement scolaire,
01:26:36 pour avoir un rendez-vous avec un psychologue scolaire,
01:26:39 il faut attendre parfois un mois, un mois et demi
01:26:41 parce que les psychologues scolaires
01:26:43 sont sur trois ou quatre établissements,
01:26:44 ça interroge beaucoup.
01:26:46 Et surtout, cette personne,
01:26:48 cet élève qui était dans une salle de classe
01:26:50 avec des problèmes psychiatriques,
01:26:52 qu'est-ce qu'il faisait ici ?
01:26:53 Est-ce qu'il n'y avait pas des structures spécialisées
01:26:56 qui auraient permis de l'accueillir ?
01:26:57 Alors l'enquête le dira encore une fois.
01:26:59 On voit dans nos salles de classe
01:27:01 des élèves qui ont des problématiques spécifiques,
01:27:03 on essaye de les prendre en charge,
01:27:05 mais on n'est pas formé pour ça.
01:27:06 Il faut mettre en place véritablement
01:27:08 ces établissements spécialisés.
01:27:10 On ne peut pas tout faire.
01:27:11 On nous demande de régler tous les problèmes de la société,
01:27:14 sauf que sur certains problèmes,
01:27:16 on est complètement impuissant.
01:27:17 Alors évidemment, l'enquête le dira.
01:27:19 Sur le profil de ce jeune homme de 16 ans
01:27:21 qui dit avoir entendu des voix lui demandant
01:27:24 de tuer cette enseignante,
01:27:26 cette professeure d'espagnol de 52 ans,
01:27:28 en plein cours ce matin,
01:27:30 pour le rappel des faits.
01:27:33 Encore une fois, on attend d'en savoir plus sur l'enquête.
01:27:35 Sur son profil, sur ce qu'il a poussé à passer.
01:27:38 Je vous rappelle qu'il y a une conférence de presse
01:27:39 du ministre de l'Éducation nationale à 15h45
01:27:42 qui sera à suivre sur notre rentraîne.
01:27:43 Le ministre Papendia qui sera en son place cet après-midi.
01:27:48 Oui, Pierre Lelouch ?
01:27:48 Non, non.
01:27:49 Je crois que vous vouliez réagir à Kevin Bossuet.
01:27:51 Non, non.
01:27:54 On a eu deux ou trois très bonnes interventions
01:27:58 cet après-midi et je veux remercier cette dame
01:28:00 ainsi que Madame Lebar précédemment.
01:28:02 J'ai une autre question pour Sophie Odigé.
01:28:05 Je voudrais savoir, là, il y a bien sûr le temps du recueillement,
01:28:08 le temps d'absorber ce choc qui, encore une fois,
01:28:11 nous touche tous parce que c'est l'école,
01:28:13 parce que ça touche une professeure,
01:28:15 parce que ça touche un élève de 16 ans.
01:28:18 Il va falloir en tirer les leçons quand même.
01:28:19 Quelle leçon cela pourrait être ?
01:28:23 Alors, juste pour répondre à ce que vous dites,
01:28:26 je crois qu'il ne faut jamais se résigner.
01:28:29 Le métier d'enseignant ne présente pas dans ses risques professionnels
01:28:34 de se faire assassiner.
01:28:36 On ne l'espère pas.
01:28:37 Vous voyez, ce ne sont pas des policiers.
01:28:42 C'est important quand même de rappeler
01:28:43 que ça ne fait pas partie des risques du métier.
01:28:45 Oui, mais il se trouve que ce matin,
01:28:47 une professeure a été assassinée en plein cours.
01:28:50 Non, mais il faut craindre.
01:28:52 Donc, il y a bien peut-être des enseignements à en tirer,
01:28:56 faire avancer les choses après ce grain,
01:28:57 mais une fois le deuil passé.
01:28:58 Le message du ministre, madame Oduje, a raison.
01:29:01 Le message du ministre doit être extrêmement solide sur ce point
01:29:05 parce qu'on a déjà un problème de carrière,
01:29:09 des emplois qui ne sont pas fournis.
01:29:11 Il ne faudrait pas que l'on vienne à faire peur aux jeunes candidats
01:29:15 à ce très beau métier qui est d'être professeur, bien sûr.
01:29:18 Sophie Oduje ?
01:29:19 Bien sûr.
01:29:20 Oui, parce que si vous voulez, c'est anecdotique.
01:29:23 Et puis, je comprends bien que le ministre a répondu avec émotion
01:29:27 et que c'est très compliqué de répondre.
01:29:28 C'est une situation comme ça.
01:29:29 Mais le fait qu'il mette sur son premier message
01:29:32 "décès d'une professeure", ce n'est pas un décès.
01:29:36 C'est un assassinat.
01:29:37 Vous voyez, ce n'est pas la même chose.
01:29:39 Je crois que c'est très important.
01:29:40 Mille fois raison.
01:29:41 Qu'on prenne conscience là qu'il y a une réalité
01:29:46 qu'aujourd'hui l'école n'est plus capable ni d'instruire, ni de protéger.
01:29:49 À partir du moment où elle n'est pas capable de faire ça,
01:29:50 elle ne devrait s'autoriser à ne rien faire d'autre.
01:29:53 C'est aussi simple que ça.
01:29:54 Et tant qu'il n'y aura pas une prise de position si ferme que celle-ci,
01:29:58 au plus haut niveau de l'État,
01:30:00 je crains qu'on aille de drame en drame.
01:30:05 Vous voyez l'affreux suicide du jeune Lucas.
01:30:10 Quelle a été la réponse de Pape-Ndiane et de la première ministre ?
01:30:16 Ça a été "on va rajouter des heures de lutte contre l'homophobie".
01:30:22 On va attendre l'enquête là encore.
01:30:24 On va attendre l'enquête.
01:30:25 Mais la maman, elle a quand même dit qu'elle avait prévenu.
01:30:28 La situation de harcèlement.
01:30:30 On peut reprendre le rapport d'Erwann Balanant,
01:30:33 qui a maintenant plus de deux ans pour le Sénat.
01:30:36 Il était éloquent son rapport.
01:30:39 Il y a un problème aujourd'hui dans l'école.
01:30:41 On n'est pas capable de prendre en charge les situations de harcèlement.
01:30:44 C'est aussi simple que ça.
01:30:45 Et ça fait des années que ça dure.
01:30:46 On va continuer à en parler.
01:30:47 Un grand merci à vous, Sophie Odjugé de SOS Éducation.
01:30:50 Merci à Kevin Bossuet, à Yvan Rioufol et Pierre Lelouch.
01:30:53 Évidemment, sur CNews, la suite des informations
01:30:57 après ce terrible drame qui est survenu ce matin.
01:30:59 Cette professeure de 52 ans, professeure d'espagnol
01:31:01 qui a été mortellement poignardée en plein cours
01:31:05 par un jeune homme de 16 ans.
01:31:07 Une conférence de presse du ministre de l'Éducation nationale
01:31:09 est attendue à 15h45.
01:31:11 Il s'est rendu sur place.
01:31:12 En attendant, je vous propose d'écouter Jean-Rémi Girard,
01:31:15 qui est lui-même professeur et qui réagissait
01:31:18 après la survenue de ce drame.
01:31:20 Avant tout, c'est le choc.
01:31:22 Avant tout, c'est la sidération, je crois, devant ce qui s'est passé.
01:31:26 Beaucoup de tristesse, beaucoup de colère aussi,
01:31:30 parce que quand on est enseignant et qu'on va faire cours,
01:31:35 on ne prévoit pas que la journée va se terminer au cimetière.
01:31:39 Et effectivement, c'est incroyable qu'aujourd'hui,
01:31:44 on en soit dans des situations telles que celles qui s'est produites.
01:31:49 Donc, toutes les condoléances de la part du SNALC à la famille
01:31:52 et tout le soutien à toute la communauté du lycée.
01:31:56 Mais voilà, c'est quelque chose qu'il va falloir examiner.
01:32:00 Il va y avoir de toute façon une enquête
01:32:03 et elle sera, je n'en doute pas, extrêmement précise,
01:32:06 extrêmement pointue.
01:32:08 Il va falloir comprendre ce qui s'est passé
01:32:10 et le cas échéant, en tirer un certain nombre de conclusions.
01:32:13 Ça ne retire rien au fait que, oui, aujourd'hui,
01:32:16 le métier d'enseignant est en crise
01:32:17 et l'éducation nationale est en crise
01:32:19 et qu'il faudrait y faire quelque chose.
01:32:20 Ça ne veut pas dire que si on y fait quelque chose,
01:32:22 la situation qui s'est produite aujourd'hui ne se reproduira pas.
01:32:25 Mais ça veut dire qu'aujourd'hui,
01:32:26 on est accessoirement dans une éducation nationale
01:32:28 qui a de plus en plus de mal à fonctionner avec des professeurs
01:32:32 qui sont de plus en plus dépités par leur métier
01:32:37 et par les conditions dans lesquelles ils les exercent.

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