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Julie Bourges, alias @douzefevrier, est une survivante ! Il y a 10 ans, elle est victime d’un grave accident qui aurait dû lui coûter la vie. Elle nous a raconté cet épisode qui a changé sa manière d’aborder le regard des autres.

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00:00 C'est vrai que quand je me suis réveillée du coma, quand j'ai eu ce premier miroir devant mes yeux,
00:03 la première chose que je me suis dite c'est "c'est mort en fait, ta vie c'est foutu,
00:08 tu pourras plus jamais plaire, t'auras plus jamais de copains".
00:10 Tout ça, ça a évidemment renforcé ma peur de jamais retrouver l'amour, de jamais retrouver un taf aussi.
00:15 Hello à tous, c'est Julie Bourge, ou 12 février.
00:17 Il y a quelques années, 10 ans maintenant, j'ai été brûlée sur 40% du corps au 3ème degré,
00:21 et pour Néo, je vous raconte mon histoire.
00:23 Alors on est le 12 février 2013, c'est le carnaval organisé par mon lycée.
00:27 Avec mon amie, on a décidé de se faire un costume de mouton.
00:31 La journée se passe tout à fait normalement,
00:33 ça veut dire qu'au pause, on fume avec les potes dehors, comme une bonne lycéenne.
00:38 On rigole, voilà vraiment la journée parfaite dans la vie d'une ado au lycée.
00:42 Et en fait, à la fin de cette journée, je remonte en bus chez moi,
00:44 et j'ai ma meilleure amie d'enfance qui me propose qu'on fume une dernière cigarette.
00:49 Et en fait, c'est cette dernière cigarette qui va faire basculer ma vie entière,
00:52 parce que la fraise de la cigarette tombe sur mon costume, et mon costume s'enflamme sur moi.
00:57 C'est impossible de retirer le costume, tout s'embrasse très très vite.
01:00 Ça commence de ma jambe droite pour monter jusqu'au niveau de ma gorge.
01:03 Mon premier réflexe, c'est de courir.
01:05 J'essaie de courir, d'éteindre les flammes, j'essaie de me rouler par terre.
01:07 Mon amie essaie de me porter secours aussi, il n'y a rien qui y fait.
01:10 J'appelle au secours, j'appelle à l'aide.
01:11 À ce moment-là, ma meilleure amie d'enfance appelle mes parents,
01:14 les pompiers arrivent aussi, je me retrouve dans le camion des pompiers,
01:18 un masque se pose sur mon visage,
01:19 et je ne me révérais que trois mois plus tard d'un coma artificiel.
01:22 C'est vrai que quand je me suis réveillée du coma,
01:23 quand j'ai eu ce premier miroir devant mes yeux,
01:26 la première chose que je me suis dite, c'est "c'est mort en fait".
01:29 Ta vie, c'est foutu.
01:30 Tu ne pourras plus jamais plaire, tu n'auras plus jamais de copains.
01:33 Et en vrai, je les ai vécus ces moments-là, où mes potes de lycée me disaient
01:36 "Putain quand même, si t'étais pas brûlée".
01:38 Tout ça, ça a évidemment renforcé ma peur de jamais retrouver l'amour,
01:41 de jamais retrouver un taf aussi.
01:42 Moi, à l'époque, je voulais faire une école de commerce,
01:44 je voulais bosser dans le luxe, et je m'étais dit "Qui d'une grande marque de luxe
01:48 va vouloir d'une grande brûlée, même en tant que vendeuse ou en tant que commerciale,
01:51 pour les représenter ? Personne, parce que l'handicap physique, il n'est pas reconnu".
01:54 Donc ouais, ça faisait partie de toutes mes craintes, de toutes mes peurs.
01:57 Du jour au lendemain, en fait, tout mon corps devient un complexe.
02:00 Donc, je fais face au regard des gens, je suis devenue la différence à part entière.
02:05 Je me dis que partager des photos sur les réseaux de mes cicatrices
02:08 sera plus facile pour comprendre ce que pensent les gens que de le faire dans la rue.
02:12 Et j'ai eu raison de le faire en fait, je crois que voilà,
02:14 c'était un appel lancé avec sincérité.
02:15 Et les retours, évidemment, ont été positifs, sinon je ne serais peut-être pas là aujourd'hui.
02:19 Ma mission, je pense, c'est juste de montrer que la différence, elle n'arrête rien,
02:23 et qu'après un accident, on peut s'en sortir.
02:24 En fait, j'essaie juste de démocratiser ce que moi, j'ai vécu, là où mes parents étaient dans le flou.
02:28 Aujourd'hui, vidéo pas facile, puisque je vais revenir sur
02:31 les pires expériences que j'ai pu vivre en tant que grande brûlée.
02:34 Ma création de contenu, elle est un petit peu diversifiée,
02:36 ça va être vraiment sur YouTube, où j'ai été parler du journal qu'a écrit mon père pendant le coma,
02:40 pour que je ne sois pas dans le flou quand je me réveille.
02:41 Ça va être les séquelles du coma, ça va être ses souvenirs de l'accident,
02:45 genre les flashs qui me hantent avec les phobies, ça peut être des expériences hospitalières.
02:49 Et de l'autre côté, ça peut être des citations que je veux mettre en avant,
02:51 des textes, des moments de vie.
02:53 En fait, je partage un peu tout ce qui fait de moi ce que je suis aujourd'hui.
02:56 Quand j'ai partagé mon histoire, je pensais vraiment que j'allais cibler et toucher que les grandes brûlées.
03:00 Et je me suis très vite rendue compte qu'en fait, il n'y a pas de frontière à ce combat.
03:04 Ce combat, en fait, finalement, il résonne autant chez la femme qui peut avoir des vergetures
03:08 que l'homme qui peut avoir un cancer.
03:09 Même une personne qui n'a rien de tout ça.
03:11 Il n'y a pas d'importance, il n'y a pas de valeur à un combat.
03:14 Parce qu'en fait, la valeur de ton combat, il a l'importance que tu décides de lui donner.
03:17 Il y a des gens qui vont plus souffrir d'une rupture que j'ai souffert de mon accident.
03:20 J'ai mis du temps à le comprendre, mais c'est le cas.
03:21 Aujourd'hui, c'est clairement déjà une fierté d'avoir remonté la pente,
03:29 d'avoir créé mon propre taf, en fait.
03:31 De vivre de ma passion, de vivre de ma transmission,
03:34 parce qu'en fait, la transmission sur les réseaux, ça donne juste un sens à ce qui m'est arrivé.
03:37 Il y a un gros cercle vertueux qui s'est créé sur les réseaux sociaux
03:39 depuis mon partage, où clairement, j'ai demandé de l'aide aux gens que j'ai aidés.
03:43 Et en fait, ce cercle vertueux m'a aidé à m'accepter.
03:45 Aujourd'hui, maintenant, quand on me regarde dans la rue,
03:47 je me dis, est-ce qu'on me regarde parce que je suis brûlée
03:49 ou est-ce qu'on me regarde parce qu'on m'a reconnue ?
03:51 Et ça, ça m'aide clairement à aller de l'avant.
03:52 Et puis maintenant, j'ai un mec, tout va bien.
03:53 Ça ne m'a jamais empêché de trouver l'amour, ça ne m'a jamais empêché d'être moi-même.
03:56 Et j'ai beaucoup laissé le regard des gens diriger ma vie.
03:58 Et je me suis promis que ça ne serait plus jamais le cas.
04:19 [Générique de fin]
04:21 [SILENCE]

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