• l’année dernière
Cécile Delarue dénonce l’impact des masculinistes sur l’Affaire Johnny Depp/Amber Heard via les réseaux sociaux.


Son documentaire "La Fabrique du mensonge : Affaire Johnny Depp/Amber Heard" est disponible sur France .tv : https://www.france.tv/france-5/la-fabrique-du-mensonge/la-fabrique-du-mensonge-sais[…]pp-amber-heard-la-justice-a-l-epreuve-des-reseaux-sociaux.html
Transcription
00:00 Bonjour, je m'appelle Cécile Delarue, je suis journaliste
00:02 et je viens de réaliser un documentaire sur le procès Johnny Depp-Amber Heard
00:06 et comment les masculinistes ont retourné à l'opinion publique.
00:08 Cette histoire commence en 2016 avec Johnny Depp et Amber Heard qui se séparent.
00:25 Le monde entier va se passionner par juste ce qui s'est passé entre cet homme et cette femme
00:30 et le procès qui a lieu pour eux en diffamation.
00:32 D'abord, ce qui m'a intriguée, c'était pourquoi est-ce qu'on s'est passionnés pour cette histoire
00:37 et surtout, pourquoi est-ce que tout le monde s'est mis à se moquer d'Amber Heard ?
00:41 Moi, j'ai remarqué justement sur Konbini, quand Amber Heard a commencé à parler au procès,
00:44 que les premières réactions, c'était des rires, des émojis rigolards,
00:48 alors que le titre était "Amber Heard parle et raconte l'agression et les viols qu'elle dit avoir subis".
00:54 La question, ce n'est pas de savoir si elle a raison ou tort, si elle ment ou pas, si c'était faux,
00:59 mais plutôt carrément qu'on se moque d'elle.
01:01 Donc on a d'abord essayé de remonter, en fait c'est comme une rumeur,
01:04 il faut savoir un petit peu d'où ça commence.
01:05 On a essayé de se dire, voilà, qui a commencé à propager cette histoire,
01:10 qui a commencé à manier, à remanier la façon dont les choses étaient racontées.
01:14 On a commencé à creuser et on a pu voir que sur YouTube en particulier,
01:18 il y avait des YouTubers sortis de nulle part, qui n'avaient pas de visage,
01:23 qui parlaient de manière anonyme, avec des avatars, avec des noms un peu étranges,
01:28 et qui sortaient des infos exclusives qui mettaient en cause Amber Heard.
01:33 On s'est rendu compte que c'était des personnes qui avaient non seulement très envie de mettre en avant Juny Depp,
01:38 mais qui avaient aussi très envie de montrer que Amber Heard mentait,
01:43 et surtout que toutes les femmes mentaient.
01:44 Donc qu'il y avait une idée masculiniste derrière.
01:47 Alors qu'est-ce que c'est les masculinistes ?
01:48 Les masculinistes, en fait, c'est une idéologie, c'est une pensée qui voudrait,
01:52 c'est une pensée politique, qui voudrait que la société va au plus mal
01:57 parce que les femmes ont pris trop le pouvoir.
01:58 Il y a eu toute une bataille autour des hashtags qui a été menée par les masculinistes,
02:06 notamment, ça a commencé déjà lors du premier procès qui était à Londres,
02:10 donc bien avant le procès qu'on a tous suivi sur les réseaux sociaux.
02:13 Et cette bataille, elle a été suressuyée de faire monter un hashtag, un slogan,
02:17 qui est "Justice for Juny Depp".
02:19 En fait, en travaillant ensemble et en ayant des techniques très développées
02:22 qui permettent de faire remonter dans les tendances,
02:25 c'est-à-dire dans les petits sujets qu'on voit et qui sont mis en avant
02:28 quand on ouvre l'application Twitter ou d'autres applications,
02:30 c'est-à-dire que dès qu'on veut s'intéresser à l'histoire,
02:32 on tombe tout de suite sur un hashtag qui met en avant Juny Depp.
02:36 Si vous êtes capable de faire croire à cet algorithme
02:39 qu'il y a quelque chose qui est en train de prendre,
02:41 il va commencer à recommander ce type d'argumentaire
02:44 à tout un ensemble de gens qui ne sont pas forcément connectés
02:47 dans votre environnement proche.
02:48 Après, ce que ça dit aussi, c'est que les réseaux sociaux
02:51 se nourrissent aussi de cette haine, que ça marche mieux,
02:54 il y a plus de volume, il y a plus de likes,
02:57 ça fonctionne mieux en fait quand on s'engueule.
02:59 Donc plus on va, par exemple, haïr Amber Heard,
03:02 plus ça crée du contenu, plus ça plaît ensuite après aux plateformes,
03:05 que ce soit TikTok, Instagram, YouTube, etc.
03:09 parce que ça vend plus d'espace publicitaire en fait.
03:12 Ce qui se pose comme question, c'est est-ce qu'il fallait
03:15 diffuser ce procès en ligne et puis à la télévision ?
03:18 C'est Johnny Depp qui a demandé la diffusion de ce procès.
03:20 Le fait que ce procès soit diffusé dans son intégralité
03:24 a changé complètement la façon dont on voyait les choses.
03:26 Tout de suite, les spectateurs se mettent aussi dans une position de dire
03:29 "Non mais c'est une actrice dont elle joue mal,
03:31 elle en rajoute, évidemment que c'est faux".
03:34 Quand on voit ces pleurs, tout de suite, on a l'impression plus de voir
03:37 une actrice, elle nous projette un peu dans un truc de télé-réalité
03:39 où on ne la croit pas.
03:40 Je pense que c'est vraiment aussi juste nos biais qui sont aussi très intégrés
03:43 parce que la même chose se fait avec Johnny Depp,
03:46 mais complètement à l'inverse.
03:47 C'est-à-dire que Johnny Depp, quand il parle, il joue son personnage
03:50 et on a envie qu'à la fin, le pirate des Caraïbes gagne.
03:52 C'est ce qui a permis, entre autres, à Johnny Depp de triompher sur Amber Earth.
03:56 Ce qui se passait normalement quand il y a un procès extrêmement médiatique
03:59 comme celui-là, ça s'est passé pour O.J. Simpson
04:01 ou pour les procès autour de Michael Jackson, par exemple.
04:03 On avait aux États-Unis la tradition d'empêcher le jury d'avoir accès aux médias.
04:08 Mais c'est beaucoup plus simple d'interdire de regarder CNN
04:10 que d'interdire d'avoir accès à son propre smartphone.
04:12 Donc oui, les jurés ont été en permanence confrontés
04:16 à tout ce qui se disait sur les réseaux sociaux
04:18 et c'était une masse complètement délirante.
04:20 C'est-à-dire que c'était impossible pendant ces sept semaines
04:23 de ne pas tomber en cliquant sur du contenu sur le procès
04:26 et du contenu pro Johnny Depp.
04:28 Ce qui est aussi intriguant et qu'on a pu retrouver dans notre enquête,
04:30 c'est de voir à quel point les masculinistes,
04:32 non seulement ont été très présents pendant ce procès,
04:35 mais sont toujours extrêmement présents sur les réseaux.
04:38 Andrew Tait, par exemple, qui est interdit sur TikTok,
04:41 mais qui est revenu sur Twitter,
04:43 il a une audience extraordinaire, record,
04:47 et il a des discours hallucinants sur la femme.
04:50 On se rend compte donc que, oui, cinq ans après MeToo,
05:00 il y a encore des discours réactionnaires et horribles
05:03 qui sont développés et qui atteignent les personnes les plus jeunes.
05:06 *Bruit de pet*
05:07 DOMINIQUE !

Recommandations