Santé - La bélonéphobie et la trypanophobie

  • l’année dernière
Chroniqueur : Gérald Kierzek 


Qu'est-ce que la bélonéphobie et la trypanophobie ? Il s'agit tout simplement de la peur des aiguilles pour la première et la peur de recevoir une injection pour la seconde. Le docteur Gérald Kierzek parle de ces phobies.
Transcript
00:00 On va passer à notre rubrique santé avec le Dr Kersièque.
00:02 C'est vrai qu'en médecine, il y a beaucoup de noms extrêmement compliqués.
00:06 Alors ce matin, vous n'avez pas à déroger à la règle.
00:08 Vous allez nous parler de bélonéphobie.
00:11 Petite définition qui s'impose.
00:13 - Vous savez ce que c'est ? - Oui, je sais ce que c'est.
00:15 - La bélonéphobie. - La peur des aiguilles.
00:17 - La peur des aiguilles.
00:18 Et puis il y a une petite variante, ça s'appelle la trypanophobie.
00:21 C'est la peur des injections.
00:22 Parce qu'il y a l'aiguille et puis après, il y a l'aiguille qui pénètre dans la peau.
00:25 Et ça, c'est l'injection. Et ça concerne pas mal de monde.
00:30 Ça concerne une personne sur dix, quand on regarde un peu dans les différentes enquêtes.
00:34 Alors ça peut aller très loin et c'est tout ce qui est parfois objet pointu.
00:37 Ça peut même être une aiguille.
00:39 Ça peut même être une espèce de phobie un peu générale avec, évidemment, le geste médical des vaccins,
00:45 le geste de tout ce qui est injection avec des vrais symptômes physiques,
00:49 une espèce d'angoisse, d'appréhension par anticipation.
00:52 Et puis des symptômes, des symptômes vagos, une espèce de nausée.
00:56 Enfin vraiment, il y en a qui tombent dans les pommes systématiquement.
00:59 On peut tomber dans les pommes, exactement.
01:00 Alors tomber dans les pommes, on le fait parfois, c'est la douleur.
01:03 Ça fait un petit malaise, c'est ce qu'on appelle le malaise vagal.
01:06 Mais là, dans le cadre de cette phobie-là, c'est vraiment un rejet.
01:09 Et le problème, c'est que c'est un rejet de tout acte médical,
01:12 parce qu'il y a beaucoup d'actes médicaux avec des aiguilles, pas tous,
01:14 mais il y a quand même pas mal d'aiguilles.
01:15 Même quand on se fait opérer, là, on a des...
01:17 Oui, ça veut dire que c'est des gens qui vont parfois refuser une intervention.
01:21 Ou je pense au vaccin, par exemple, tout simplement, par peur de l'aiguille.
01:25 Donc bref, c'est un vrai sujet.
01:27 Dites-moi, docteur, c'est quoi les causes, justement, de cette phobie ?
01:29 Alors c'est souvent multifactoriel.
01:31 Je vous le dis, mais la cause essentielle, c'est une anxiété généralisée.
01:33 C'est-à-dire que tout ce qui est phobie, dès qu'on a une phobie,
01:35 il faut aller chercher une angoisse derrière.
01:36 Il faut aller chercher une angoisse, une anxiété généralisée.
01:39 Et puis dans le cadre précis de cette bélonnais-phobie,
01:43 il y a souvent un parent qui a peur des aiguilles.
01:45 Et cette angoisse, elle s'est transmise aux enfants, en fait.
01:48 Et il suffit que quand on était petit, qu'on a entendu parler
01:52 ou peut-être crier ou un "aïe" un peu bruyant
01:55 pour que ça ait été transmis un peu par génération,
01:58 cette espèce d'angoisse des aiguilles.
02:00 Et donc un traumatisme ou parfois une situation vécue comme un traumatisme,
02:05 ça peut s'ancrer et ça peut rester toute sa vie avec cette peur des aiguilles.
02:08 Mais Dante Lématte, notre docteur, il a toujours une solution.
02:11 Mais oui, il a toujours une solution.
02:12 Et puis je vais faire un peu comme Anissé Mbida ce matin.
02:14 Je suis allé regarder du côté de la réalité virtuelle
02:16 parce qu'il y a un papier dans une revue scientifique
02:18 qui vient de paraître de manière assez intéressante
02:20 avec de la réalité virtuelle pour lutter contre cette peur des aiguilles.
02:23 Alors bien sûr, pour les enfants dans un premier temps,
02:26 avec un petit avatar, un petit personnage que les enfants construisent eux-mêmes.
02:30 Et ce petit avatar va subir justement une intervention, une aiguille.
02:36 Et donc avec le jeu et l'immersion,
02:38 puisqu'on est vraiment dans de la réalité immersive,
02:41 eh bien cette étude montre des résultats intéressants.
02:43 149 enfants qui ont été testés de 4 à 12 ans.
02:46 Premier groupe, c'est des soins standards.
02:47 Donc on rassure l'enfant, on lui explique, on lui montre des peluches, etc.
02:50 Et deuxième groupe, eh bien on utilise la réalité virtuelle.
02:53 Eh bien il y a une vraie différence significative
02:55 avec une diminution de la douleur, une diminution de l'anxiété
02:58 et une diminution de la durée du soin aussi, donc côté soignant.
03:01 De notre côté, c'est intéressant aussi.
03:03 Donc ça a été publié dans une grande revue scientifique.
03:06 Donc voilà, peut-être que ça sera l'avenir pour prendre en charge les soins
03:10 et diminuer cette angoisse-là.
03:12 Il n'y a pas des crèmes anesthésiantes ?
03:14 Si, regardez, je vous ai amené un petit patch.
03:16 Je vous ai amené un petit patch de Lidocaïne.
03:18 Alors ça, la réalité virtuelle, peut-être dans quelques mois,
03:22 mais là, pour l'instant, on rassure l'enfant,
03:24 on monte sur des poupées, etc.
03:26 Et on a ces petits patchs un peu magiques.
03:27 On les pose une heure avant, on explique à l'enfant
03:30 et ça anesthésie la peau et ça diminue la douleur.
03:32 Lidocaïne, c'est un anesthésique local.
03:35 Moi, j'ai l'impression que c'est plutôt le rituel qui marche plutôt que le...
03:38 Il y a les deux, parce que dans la douleur,
03:40 il y a le côté un peu effet placebo.
03:41 Quand on dit effet placebo, on a l'impression que c'est rien du tout.
03:44 Mais non, l'effet placebo, c'est utile aussi.
03:46 Mais il y a vraiment de la Lidocaïne, il y a vraiment de l'anesthésiant.
03:48 Ça se pose une heure avant, avant les ponctions lombaires, par exemple.
03:51 Et puis, il y a des gaz aussi anesthésiants ou des gaz hilarants.
03:54 Le protoxyde d'azote, qui est souvent détourné,
03:56 mais il est surtout utilisé par les dentistes.
03:58 Regardez, avant le soin dentaire, par exemple,
04:01 ça permet de déconnecter un peu, de diminuer la douleur
04:03 et de faire ça dans la bonne humeur.
04:04 Eh bien, merci beaucoup, docteur.

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