Test de dépistage d’autisme en une minute, signes cachés de la dépression ou encore des troubles de l’attention... Des internautes, dont la plupart ne sont pas des professionnels de la santé mentale, s’auto-diagnostiquent certaines de ces maladies sur les réseaux sociaux et plus particulièrement sur TikTok.
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00:00 "Baisse un doigt si t'oublies tout tout le temps"
00:01 "Baisse un doigt si t'es fatigué même quand t'as bien dormi"
00:03 *bruit de l'eau*
00:04 "Tu es peut-être TDAH"
00:05 Tests d'autisme en une minute,
00:07 signes cachés de la dépression ou encore des troubles de l'attention,
00:10 des internautes s'autodiagnostiquent certaines de ces maladies sur les réseaux sociaux
00:14 et plus particulièrement sur TikTok.
00:16 Problème, il semble que la plupart des créateurs de ces vidéos
00:19 ne soient pas du tout des professionnels de la santé mentale.
00:21 Conséquence, il semble que certaines informations et la manière dont elles sont présentées
00:25 puissent être trompeuses, voire dangereuses.
00:27 On parle ici de vidéos à plusieurs millions de vues et de partages uniquement sur TikTok.
00:31 Le TDAH par exemple, le trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité,
00:37 est l'un des sujets les plus populaires sur TikTok.
00:39 Aujourd'hui, avant même de consulter un médecin,
00:41 la plupart des personnes se tournent vers internet pour avoir des informations liées à leur santé.
00:45 Et les maladies mentales n'y échappent pas.
00:47 Bien qu'elles soient sans aucun doute destinées à être utiles,
00:50 ces informations semblent avoir des conséquences involontaires, voire perverses.
00:53 Et la croyance en l'autodiagnostique en fait partie.
00:56 Le problème de l'autodiagnostique, c'est aussi de s'enfermer dans une case
00:59 et de se tromper, de se persuader qu'on a un trouble qu'on n'a pas.
01:03 Ça peut aussi retarder un vrai diagnostic.
01:05 Un des autres dangers est le suivant, l'effet de contagion sociale.
01:08 5 signes que tu as de trouble de l'attention.
01:10 5 signes que tu es probablement autiste asperger.
01:12 5 signs you may have ADH.
01:14 Besoin d'oie spécial dépressif.
01:16 Le fait que certaines maladies deviennent tendances
01:18 peut conduire à une déformation même de la définition de certains troubles.
01:21 Si on prend cet exemple du trouble de l'attention,
01:24 quand on fait la liste des symptômes, tout le monde peut s'y retrouver.
01:28 C'est-à-dire que tout le monde peut avoir des petits oublis, des inattentions.
01:32 Tout le monde peut être un peu impulsif parfois, etc.
01:35 Tout le monde peut se dire "oui, mais moi j'ai ça".
01:37 Mais en fait non, parce que c'est vraiment une question de répercussion dans la vie,
01:41 de fréquence et d'intensité.
01:43 C'est-à-dire que oui, moi je peux perdre mes clés.
01:46 Et si on souffre vraiment de TDAH,
01:47 on va perdre ses clés 10 fois par jour et pas une fois par semaine.
01:50 Et c'est en ça qu'il faut vraiment passer par un diagnostic avec un professionnel de santé.
01:56 Parce que ça, en tant qu'individu lambda,
01:59 on a du mal à comprendre qu'est-ce qui va être normal
02:01 et qu'est-ce qui va être pathologique en fait.
02:02 Certains experts, comme Delphine P,
02:04 alertent par ailleurs sur la popularité de certains troubles.
02:07 Je pense qu'il y a certains diagnostics qui ont une certaine désirabilité sociale.
02:12 C'est-à-dire que c'est plus valorisant aujourd'hui de dire qu'on a un trouble de l'attention
02:15 plutôt que de dire qu'on souffre d'un trouble de la personnalité borderline par exemple.
02:20 À l'inverse, le prisme des réseaux sociaux tend à décrédibiliser certaines de ces maladies.
02:25 Certains termes qui ensuite passent dans le langage courant,
02:28 et ça c'est problématique.
02:29 Par exemple, c'est complètement schizo, il est bipolaire, elle est border.
02:33 Ça peut stigmatiser et rendre moins crédibles en fait les troubles.
02:39 Paradoxalement, la multiplication de ces vidéos
02:42 peut parfois permettre de lever le voile sur certains tabous
02:45 liés aux maladies mentales.
02:46 Le fait que le TDAH soit à la mode,
02:47 moi je pense qu'on peut s'en féliciter
02:49 parce que ça a été vraiment sous-diagnostiqué pendant très longtemps.
02:53 Et encore aujourd'hui, il y a très peu de spécialistes du TDAH,
02:57 donc plus on en parle et mieux on est pris en charge en fait.
03:01 Cette tendance permet également aux personnes souffrant de troubles mentaux
03:04 de discuter ensemble des symptômes ou encore des conséquences sur leur vie.
03:07 D'une manière générale, c'est vraiment pour essayer de se comprendre.
03:10 Et ce que je ressens beaucoup aussi chez les jeunes,
03:12 c'est faire partie d'un groupe, appartenir à une communauté,
03:16 être soutenus et validés.
03:17 Et avec les réseaux sociaux, on retrouve pas mal ça.
03:20 C'est-à-dire qu'on peut discuter avec des personnes
03:23 qui ont les mêmes problématiques que soi
03:25 et on se sent plus soutenus dans son quotidien.
03:28 Enfin, ces vidéos permettent de déconstruire des stéréotypes
03:31 sur les professionnels de santé.
03:32 J'ai eu énormément de messages de jeunes sur les réseaux
03:36 qui me disent que grâce à mes vidéos,
03:39 ils ont pu faire la démarche parce que ça leur faisait peur.
03:42 Avant, ils avaient une image du psy, un petit peu comme dans les films,
03:45 qui fait "hmm hmm", qui ne les écoute pas vraiment.
03:48 Ça les aide aussi à envisager de prendre soin de leur santé mentale.
03:52 Si l'autodiagnostic peut parfois constituer une première alerte,
03:55 il doit toujours être confirmé par un professionnel de santé.
03:57 Par ailleurs, pour éviter de tomber dans la désinformation,
04:00 il faut privilégier les vidéos faites par des experts.
04:02 Ils sont de plus en plus nombreux sur les réseaux
04:04 et ils sont, eux, habilités à délivrer des informations fiables.
04:07 [Musique entraînante diminuant jusqu'au silence]