Cet axe mortifère coupe Boulogne-Billancourt (92) en deux. La D 910 est une autoroute urbaine qui relie une grande partie de la banlieue ouest à Paris. 100 000 véhicules y transitent par jour faisant de ce boulevard un danger permanent. L’équipe municipale affirme qu’il est très difficile de transformer cette infrastructure héritée d’une époque où la voiture était reine.
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00:00 On dirait qu'on traverse le périph' ou voilà.
00:02 C'est pas une route normale.
00:04 Connaissez-vous le boulevard de la mort ?
00:06 Ici c'est une fois sur deux, on risque de se faire renverser.
00:15 Alors non, je ne parle pas du film de Tarantino,
00:17 mais bien de cet axe, la D910,
00:20 qui coupe Boulogne-Biancourt en deux,
00:22 une véritable autoroute urbaine en plein centre-ville.
00:24 En moins de 10 ans, sur cette avenue,
00:26 6 piétons ont trouvé la mort, de 2010 à 2019.
00:29 Et 22 autres ont été grèvement blessés.
00:31 Les voitures forcent beaucoup le passage.
00:33 Ça arrive très très vite et le feu est rouge.
00:35 Moi j'ai appris qu'il y avait eu un décès d'une petite fille
00:41 renversée par un camion, un poids lourd.
00:43 D'ailleurs là on vient de se faire frôler.
00:45 Oui moi je trouve ça assez dangereux.
00:49 Il faut trouver une solution, parce qu'on ne peut pas traverser, on est en peur.
00:51 Alors dans ce Biclou, on va essayer de comprendre
00:53 pourquoi Boulogne-Biancourt est si peu accueillante
00:55 pour les mobilités actives comme la marche ou le vélo.
00:57 Comment vous la trouvez cette avenue ?
00:59 Bruyante, polluée, dangereuse.
01:05 Toute la journée ça va et vient.
01:07 Maintenant je fais très attention,
01:09 parce que j'ai vu des gens se faire shooter.
01:11 Au cœur de Boulogne-Biancourt, à l'ouest de Paris,
01:13 il y a la D910.
01:15 C'est un axe majeur qui permet de connecter
01:17 la banlieue ouest jusqu'au périphérique parisien.
01:19 50 000 véhicules l'empruntent tous les jours dans chaque sens,
01:22 soit 100 000 véhicules par jour.
01:24 En à peine plus d'un kilomètre sur la partie de l'avenue du général Leclerc,
01:28 entre le pont de Sèvres et le carrefour Marcel-Samba,
01:31 6 piétons ont trouvé la mort entre 2010 et 2019.
01:35 Ça ne m'étonne pas que les véhicules arrivent à 70 km/h de la 118.
01:40 Regardez cette carte.
01:42 En juin 2010, en novembre 2010,
01:44 une petite fille meurt sur la place Marcel-Samba
01:46 après avoir été renversée par un camion.
01:48 En avril 2012, elle est décédée.
01:51 Elle est renversée par un camion.
01:53 En avril 2012, en juillet 2012,
01:55 de nouveau sur la place Marcel-Samba,
01:57 une jeune femme est renversée par un automobiliste.
02:00 En novembre 2016, sur le pont de Sèvres,
02:02 et en octobre 2019.
02:04 Aménager une départementale de cette importance,
02:07 avec 100 000 véhicules par jour,
02:09 c'est quelque chose de compliqué,
02:11 sur lequel nous sommes en train de travailler.
02:13 Jean-Claude Marquez, l'adjoint au maire de Boulogne,
02:15 le concède, cette avenue n'est pas adaptée à un trafic apaisé.
02:18 Ça ne se fait malheureusement pas d'un claquement de doigts,
02:20 parce qu'il y a beaucoup de paramètres à intégrer dans cette réflexion.
02:23 D'abord, aménager cette avenue,
02:25 c'est plusieurs dizaines de millions d'euros à prévoir dans des budgets,
02:28 évidemment, puisque c'est un travail d'importance.
02:30 Donc il faut prévoir un projet qui, à la fois,
02:33 ne congestionne pas cette avenue,
02:35 et qui garantisse la sécurité, notamment des cyclistes.
02:38 Troisième problématique à intégrer,
02:41 les places de stationnement.
02:43 Si on veut faire des aires supplémentaires pour les vélos, bien sûr,
02:45 il va falloir élargir cette voie.
02:47 Donc prendre sur des places de stationnement,
02:49 qui aujourd'hui sont toutes occupées,
02:51 soit par les employés de bureaux,
02:52 soit par les commerçants ou les clients des commerces.
02:54 Et donc, il faut imaginer un dispositif
02:56 qui permet de déporter ces places de stationnement.
02:58 À Boulogne-Biancourt, en moyenne,
03:00 depuis 15 ans, un piéton est tué tous les ans.
03:02 Et en 2021, deux cyclistes, deux jeunes cyclistes, ont trouvé la mort.
03:06 Ça fait mal à tout le monde, bien évidemment.
03:09 C'est un sujet pour monsieur le maire et pour toute son équipe
03:12 qui est prioritaire, la sécurité des boulonnais,
03:15 et plus largement des citoyens qui traversent la ville.
03:20 C'est une ville qui est dense, Boulogne-Biancourt.
03:22 C'est la deuxième ville d'Île-de-France.
03:24 Donc les statistiques doivent être ramenées,
03:26 aussi douloureuses soient-elles, à l'importance de la ville.
03:30 120 000 habitants, deux voies départementales très chargées,
03:34 qui sont des zones d'accès de l'A13, de l'A14, de l'AN118.
03:38 On a 130 000 emplois sur la ville.
03:40 On a autant d'emplois que d'habitants.
03:42 Ça veut dire des flux de gens qui viennent travailler tous les jours.
03:45 À titre de comparaison, à Montreuil,
03:47 qui est une ville à peu près similaire à Boulogne-Biancourt
03:49 en termes d'habitants et d'axes traversants,
03:51 il y a deux piétons morts en 10 ans et aucun cycliste.
03:54 La seule ville qui fait pire que Boulogne-Biancourt en Île-de-France,
03:57 c'est Saint-Denis, dans le 93.
03:59 Alors ici, on est près du pont de Sèvres.
04:01 On est près d'un terminal pour les bus.
04:03 Et alors, chose incroyable, regardez, il n'y a aucun passage piéton
04:06 pour rejoindre les bus.
04:08 Le prochain passage piéton, il est là-bas, très loin,
04:10 au moins 200 mètres.
04:12 Je pense que je n'ai jamais vu un endroit aussi dangereux depuis que je fais Biclou.
04:14 Les gens font comme cette dame, c'est-à-dire qu'ils traversent
04:17 ces trois voies voitures, où les voitures vont très très vite.
04:20 Alors je vais faire comme les gens, je vais me tenter de traverser.
04:23 En plus, il y a des bus qui arrivent juste en face.
04:25 C'est hyper dangereux, il n'y a pas de passage piéton pour traverser.
04:27 C'est toujours galère en fait, effectivement.
04:29 À chaque fois, on est obligé de passer par là
04:31 parce qu'il n'y a pas d'autre solution.
04:33 Tentez votre vie ici.
04:35 Tout le monde fait ça en fait.
04:36 Tout le monde fait ça, depuis des années, c'est comme ça.
04:38 Ils viennent ici et paf, ils traversent.
04:40 Alors qu'il y a deux grands axes routiers qui se mélangent à cet endroit-là.
04:44 Tous les jours, moi de chez moi, je vois des gens
04:47 qui risquent leur vie à traverser là pour attraper un bus.
04:52 Donc c'est anormal.
04:54 Moi je l'avais signalé à la mairie et bon, ils n'ont rien fait.
04:58 Le problème de Boulogne-Biancourt, c'est que la voiture, il y est reine
05:01 et les conducteurs font un peu ce qu'ils veulent.
05:03 C'est très compliqué.
05:05 [Bip]
05:06 [Bip]
05:10 La dame vient de se faire klaxonner par une voiture
05:12 parce qu'elle voulait aller à gauche et prendre la piste cyclable.
05:15 Bonjour, la piste cyclable.
05:17 La piste cyclable.
05:18 Donc vous me mettez en danger, mon passager aussi, et vous enfichez.
05:22 Et voilà.
05:24 Et voilà.
05:25 Il y a encore trop de place donnée à la voiture à Boulogne selon vous ?
05:29 Pour moi, oui.
05:31 C'est une évidence.
05:32 Toutes les infrastructures sont pensées pour les voitures en priorité.
05:35 Éric habite un quartier de la ville littéralement envahi par les voitures des parents
05:39 qui viennent déposer leurs enfants à l'école.
05:41 [Bip]
05:42 [Bip]
05:43 [Bip]
05:44 [Bip]
05:45 [Bip]
05:46 [Bip]
05:47 [Bip]
05:48 [Bip]
05:49 [Bip]
05:50 Il y a de plus en plus de véhicules.
05:51 Les véhicules sont de plus en plus gros comme celui que vous voyez passer là.
05:54 Face aux incivilités quotidiennes des conducteurs,
05:57 Éric dénonce l'inaccuracé de la voiture.
05:59 Face aux incivilités quotidiennes des conducteurs,
06:02 Éric dénonce l'inaction du maire de Boulogne.
06:04 J'ai entendu le maire, donc M. Baguet, dire
06:07 « Je souhaite un espace public partagé et apaisé,
06:10 ce à quoi je pense que tout le monde souscrit,
06:13 et dans la même réunion dire quelques minutes après
06:15 « Mais par contre, il faut qu'on soit tolérant pour les gens qui se garent en double file
06:18 parce que vous comprenez, c'est compliqué, etc. »
06:20 Non, ça ne peut pas fonctionner comme ça.
06:22 J'ai du mal à comprendre comment des enfants habitant dans le quartier,
06:25 en bas âge, ne peuvent pas être considérés comme une population prioritaire
06:28 par rapport à des gens qui viennent d'ailleurs pour déposer leurs enfants à l'école.
06:32 En fait, le problème principal qu'on voit ici, c'est qu'il y a trop de trafic.
06:35 Oui.
06:36 En fait, tout simplement, il y a trop de voitures.
06:37 Oui, c'est le principal problème.
06:40 Les enfants sont jeunes, les parents les déposent en voiture.
06:43 Donc, il me paraît difficile de diminuer le trafic.
06:48 La mairie a quand même répondu présente en accueillant volontiers
06:52 la mise en place de tous ces gendarmes couchés, les SVP, etc.
06:56 Alors, il y a sûrement des choses à parfaire,
06:59 mais il faut être aussi un peu mesuré sur...
07:03 Voilà, il y a déjà pas mal de choses qui ont été faites.
07:07 La priorité pour moi, ce serait de travailler sur les causes.
07:10 Et la cause principale aujourd'hui, c'est le trafic.
07:12 Alors, baisser la place de la voiture à Boulogne, mission impossible ?
07:15 Beaucoup de Boulonnais sont équipés de véhicules,
07:17 et donc la place de la voiture doit diminuer dans la ville, mais progressivement.
07:21 Contre toute attente, l'adjoint Homère est plutôt d'accord.
07:24 Nous, ce qu'on veut, c'est que les Boulonnais en aient conscience
07:27 et prennent leur disposition pour envisager d'autres modes.
07:31 Mais ça ne peut pas se faire du jour au lendemain.
07:32 Pour tenter de trouver une solution, la mairie a organisé depuis quelques mois
07:35 les états généraux de l'espace public.
07:38 Concrètement, on a questionné les Boulonnais via un questionnaire
07:43 qui a connu un bon succès, 10 000 réponses.
07:46 Donc, 10 000 Boulonnais nous ont répondu.
07:47 Et puis, en parallèle, on a mis en place des ateliers.
07:50 Les résultats doivent être dévoilés en avril, en attendant le temps presse pour Boulogne,
07:58 car tout autour, les municipalités organisent leur transformation aux mobilités actives.
08:03 Vous savez qu'il y a le RER Vélo qui est en train de se déployer dans toute l'île de France.
08:09 Et malheureusement, ce qu'on constate aujourd'hui, c'est que les plans qui sont en train d'être faits du RER Vélo
08:16 sont en train, non pas de passer par Boulogne, mais de contourner Boulogne.
08:20 Parce que ceux qui les mettent en place se rendent compte que c'est compliqué
08:23 avec une mairie qui refuse d'avancer sur le sujet.
08:26 Et ils préfèrent contourner la ville.
08:29 On est pas prêts d'avoir des pisciclabs sur les 4 scènes à Boulogne.
08:31 Alors monsieur, vous êtes sur un chasse-vélo.
08:34 C'est pas bien. C'est pas bien. C'est pas bien. Voilà.
08:37 Il bouge alors que...
08:38 Là, il est passé alors que la dame attendait sur le passage piéton.
08:42 Ça, ça a le don de m'énerver.
08:43 Et alors là, c'est terrible.
08:45 Il y a une énorme marche.
08:47 Alors je veux bien venir en vélo là.
08:49 Compliqué.