• l’année dernière
Transcription
00:00 Cette actrice, le grand plaisir, le grand privilège, c'est qu'on est du bâtiment.
00:10 Il n'y a pas besoin de parler.
00:12 Un acteur, on dit moteur, à la seconde, l'autre lui donne la réplique, c'est photographié.
00:19 C'est comme les animaux, c'est comme les chevaux.
00:22 Je vais te raconter une anecdote rapide.
00:25 Le grand bonhomme de chevaux s'appelait monsieur François Nadal et il avait organisé tous
00:31 les combats de Bénure.
00:33 Il expliquait que quand on s'approche d'un cheval, à la première seconde où tu le touches
00:41 pour monter sur la selle, il sait exactement le niveau du mec qui monte sur lui.
00:47 Il sait s'il va le virer, il sait s'il ne pourra pas le virer et il sait si ça va être
00:53 agréable ou désagréable.
00:54 Il sait son espace de pouvoir ou pas.
00:57 Les acteurs, c'est des êtres instinctifs.
01:00 Si dans la première scène, l'acteur est avare, c'est-à-dire qu'il veut exister plus qu'elle.
01:10 Si l'acteur n'est pas généreux, c'est un terme excessif, mais soucieux de l'altérité,
01:17 soucieux de l'autre, du miracle que représente l'autre.
01:20 C'est là dans la maturité, quand tu as pu dire "je veux que ça soit moi, moi".
01:25 Quand tu es au début, tu as tellement peur, mais plus tu vieillis, plus tu donnes.
01:30 Et à la seconde où il y a la première scène, tu sais ce qui va se passer.
01:35 Ça dure 35 secondes.
01:36 Tu sais le moment où tu vas passer, ça va être bien ou pas bien.
01:41 Et la fille, l'actrice Catherine Fraud va sortir en disant "ça y est, je sais" et moi
01:46 je dis "je sais".
01:47 Et on a su tous les deux que nous étions du théâtre, que tous les soirs nous sommes
01:52 sur une scène de théâtre, que nous pratiquons notre métier avec l'espoir de cette science
02:00 du comique et de produire l'effet pour que le public soit heureux.
02:04 [Musique]
02:07 [SILENCE]