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Transcription
00:00 il y a eu Alain Françon, qui a dirigé les plus grands théâtres nationaux
00:03 et qui vous a fait jouer le répertoire classique comme par exemple Tchékov
00:06 et le répertoire contemporain comme Edward Bond.
00:09 Mais pour affronter glorieusement la scène,
00:12 il y a eu un travail de rééducation que vous avez fait tout seul.
00:15 Alors ça, ça m'a surprise, parce qu'on ne joue pas les grands textes
00:18 avec même un tout petit cheveu sur la langue,
00:21 même si on est parfaitement convaincant et juste dans ses répliques.
00:24 Mais comment vous vous êtes débarrassé seul de ce handicap ?
00:27 En fait, c'est vrai que si les gens, ça les amuse des fois de regarder
00:32 les premiers films que je faisais et tout ça, je zozotais.
00:35 Depuis ma naissance, enfin ma naissance, depuis que je parlais, je zozotais.
00:39 Réellement ou c'était un complexe ?
00:42 Parce qu'Alain Françon ne vous aurait pas engagé
00:44 si vous aviez un handicap aussi manifeste.
00:47 Ah si, si, je zozotais vraiment.
00:51 Voilà, c'était ma manière de parler.
00:53 Mais pour autant, dans le petit cours de théâtre,
00:56 enfin le petit cours de théâtre que j'avais fait pendant les six mois,
00:58 il y avait un prof qui était adorable et qui était très sympa et qui m'avait dit
01:02 "Peut-être ça serait bien que tu enlèves ce zozotement et tout ça."
01:04 Et j'étais tellement orgueilleux et tellement machin,
01:06 j'ai dit "Bah si c'est pour jouer comme vous, non."
01:09 Donc j'étais très fier de ce truc-là et en même temps très embêté,
01:13 mais je ne me l'avouais pas.
01:14 Mais Britannicus arrive !
01:17 Et en fait, j'ai joué au théâtre.
01:19 Donc le Mahabharata, je zozotais.
01:20 Après, j'avais joué aussi "Made in Britain", je zozotais.
01:25 J'ai joué plusieurs spectacles et je zozotais.
01:28 Et il me propose effectivement Britannicus.
01:32 Et je dis "OK", il ne me demande rien.
01:33 - Ça prouve quand même à quel point votre charisme était évident sur scène,
01:38 parce que vous proposez Britannicus alors que vous avez un cheveu sur la langue
01:41 et c'est quand même l'un des plus grands metteurs en scène qui existe dans ce pays.
01:45 - Ah oui, c'est clair.
01:46 Je pense, un gars d'une intelligence, enfin c'est un grand, grand, grand.
01:52 Et effectivement, il me propose Britannicus, il ne me demande rien.
01:56 Et puis, en fait, on fait une lecture avec les autres acteurs,
01:58 donc des grands tragédiens et tragédiennes,
02:01 Nada Stronckar et tout ça.
02:03 Et puis, on fait la lecture.
02:05 Et là, je me rends compte que ça ne va pas pour moi.
02:09 J'aime pas parler, quoi.
02:11 Parce que les premières phrases, c'était Narcisse,
02:14 "Tu sais si de la servitude je prétends faire encore mieux."
02:17 "Tu sais si pour jamais de ma chété..."
02:18 - Oh mon Dieu, rien que des "S" qui s'additionnent.
02:21 - Tu dis le truc et tu rentres chez toi et je suis en colère.
02:25 Contre moi, j'ai un truc, je me dis...
02:27 Et là, j'imagine, parce que les endroits où on jouait,
02:29 c'est Chaillot, c'est Nanterre, c'est les grandes salles,
02:33 t'as 1 000, 1 500 personnes qui vont se foutre de ta gueule.
02:36 C'est-à-dire que t'es un...
02:38 Je me dis, je suis un gag, quoi, en fait.
02:41 Et donc, j'ai un grand pote à l'époque qui fait beaucoup de voix,
02:44 d'ailleurs, qu'on a dû entendre pendant les pubs,
02:46 qui est une des stars de la Syncro, qui s'appelle Lionel Thua,
02:50 et qui est vraiment un grand, grand pote,
02:52 et puis il vient à la maison bouffer et je suis en colère, quoi.
02:56 Et je me dis, "Ah, bah là, là, j'ai pas parlé, j'arrive pas et machin",
02:59 il me dit "Attends, mais c'est...
03:01 On était en train de boire des canons et tout,
03:03 puis il cherche comment on fait le "S" et il commence à faire les...
03:09 Il dit "T'arrives à faire les grillons, là, les... ??"
03:12 Et j'y arrivais pas.
03:14 Il me dit "Mais alors, fais voir où tu mets ta langue."
03:16 "Ah, mais je la mets où je peux."
03:17 "Non, mais..."
03:18 Et puis, à un moment, dans la soirée, en train de boire des canons,
03:21 à un moment, je m'énerve et tout ça,
03:23 et puis j'arrive à faire "S".
03:26 Il me dit "Tu vois, ça doit marcher, à mon avis."
03:28 Et alors là, c'est devenu une obsession.
03:31 - De retravailler le son, de le retrouver.
03:34 - J'ai bossé comme un âne, mais vraiment toutes les nuits.
03:37 Donc, j'ai plus...
03:38 - Et "Britannicus", Alain Françon vous a vu arriver sur scène,
03:42 sans cheveux sur la langue, et en "Britannicus" magistral.
03:47 - Non, je me suis bien fait démonter, quand même, sur ce rôle-là.
03:51 Pour le coup, c'était pas de zozotement, quoi.
03:53 Je pense qu'il y avait un truc qui n'était pas assez chic, je pense.
03:57 Ça a été une aventure qui m'a construit à plein d'endroits.
04:00 - Oui, peut-être bien plus que des années dans un cours de théâtre.
04:03 - Ah bah non, ça c'est certain, mais surtout,
04:05 ça m'a construit parce que j'ai pris dans la gueule sur ce spectacle.

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