Quinze ans après le départ de Patrick Poivre d'Arvor de TF1, des anciennes figures de la chaîne continuent de le couvrir selon le journaliste Romain Verley. Il était invité dans "C à Vous" sur France 5 ce jeudi 9 février 2023.
Category
📺
TVTranscription
00:00 Il y a un an et demi, je me suis lancé dans cette enquête folle et vertigineuse
00:04 d'essayer de déconstruire le mythe PPDA.
00:08 Et donc, effectivement, j'ai réalisé un premier sujet pour complément d'enquête
00:12 et après ce sujet, j'ai continué à être appelé par des femmes
00:18 qui se présentent comme victimes, mais aussi par des anciens de TF1.
00:21 Et en fait, j'ai remarqué ce qui est très intéressant, c'est que
00:24 pour mon complément d'enquête, j'ai eu un mal épouvantable à faire ce sujet,
00:27 tellement la chape de plomb est encore très très présente à TF1.
00:31 Et après le sujet, des anciens de TF1 m'ont appelé en disant
00:35 "finalement, je veux bien parler, je veux bien raconter 30 ans d'impunité,
00:40 30 ans de déni et 30 ans de silence un peu coupable".
00:43 Comment vous expliquez justement ce décalage ?
00:47 Quand vous interrogez l'ancien PDG de TF1, Nance Paolini,
00:50 il était à l'époque DRH du groupe, il vous assure que les femmes
00:53 qui témoignent aujourd'hui se sont tuées à l'époque.
00:55 Idem pour Michèle Cotta, directrice de la formation.
00:58 Aucune femme n'était venue se plaindre auprès d'elle.
01:00 Et pourtant, la phrase que vous avez le plus entendue durant votre enquête,
01:03 c'était "tout le monde savait, mais tout le monde continue à se taire".
01:08 – En fait, c'est ça qui est très effarant.
01:09 Je pensais modestement qu'en étant un ancien de TF1,
01:13 les gens allaient beaucoup plus me parler.
01:15 Pendant un an et demi, j'ai bu des Perriers avec mes anciens camarades de TF1,
01:19 c'était fort sympathique.
01:19 Par contre, quand il s'agit de passer devant la caméra,
01:22 quand il s'agit de s'afficher avec un nom, avec un prénom,
01:24 avec une fonction pour dire "moi je suis un ancien de TF1,
01:26 je n'ai rien vu, voilà pourquoi je parle", là il n'y a plus personne.
01:29 Et c'est ça qui est quand même sidérant.
01:30 Et je trouve qu'aujourd'hui, Patrick Pavlodaro qui ne présente plus
01:33 le 20h depuis 2008, c'était une éternité, c'était une autre époque, un autre siècle.
01:37 Et bien encore aujourd'hui, il est protégé par un silence un peu coupable.
01:40 Par exemple, Robert Namias, pour le citer, il a été son rédacteur en chef.
01:46 – Le directeur de l'information.
01:48 – Le directeur de l'info, c'était le big boss de TF1.
01:50 Il a été prévenu par Cécile Timoreau, qui se plaint d'avoir été agressée par PPDA,
01:57 qui est une plaignante.
01:58 Elle appelle Robert Namias et elle lui dit "mais tu sais ce qui s'est passé dans le bureau ?"
02:02 Et Robert Namias lui dit "mais non, mais ce n'est pas possible, il a encore fait ça".
02:06 Robert Namias, je l'ai appelé.
02:07 – Il dit qu'il ne s'en souvient pas.
02:09 – Dit-il. Robert Namias, je l'ai appelé.
02:11 Et en fait ce qui est important, c'est que les anciens de TF1,
02:14 aujourd'hui, finalement, continuent à protéger PPDA.
02:17 Et c'est très grave.
02:18 Robert Namias, pendant la conversation que j'ai eue au téléphone,
02:21 il était furieux que je l'appelle.
02:22 Il dit "mais ce n'est pas des méthodes, pourquoi vous m'appelez ?"
02:26 Et donc à 11 reprises, il me dit "je n'ai pas à vous répondre".
02:30 Et en fait, je trouve ce qui est très intéressant dans cette enquête et dans ce système,
02:34 c'est que dans cette histoire, il y a des femmes hyper courageuses,
02:39 qui pendant 20 ans se sont tues,
02:41 qui ont le courage d'aller témoigner devant la police, puis après dans la presse.
02:46 Ces femmes, ce sont des inconnues.
02:49 Et elles ont eu le courage de dénoncer l'homme le plus connu de France.
02:52 Et aujourd'hui, il y a dans notre profession des gens qui sont bien installés,
02:58 qui sont directeurs d'une grande radio, qui sont patrons de Gambala,
03:02 qui sont des gens connus et qui aujourd'hui ne sortent pas du bois
03:06 et ne sortent pas du silence. Et c'est ça qui est grave.