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00:00 l'image que donnent en particulier elle et FI est absolument effrayante.
00:04 Pourquoi ?
00:05 Je veux dire, transformer l'Assemblée nationale en camp de gitan,
00:10 ce n'est pas les Saintes-Maries de la mer.
00:12 Je veux dire, il faut arrêter de donner ce spectacle
00:14 et de dégrader cette République au point que maintenant,
00:18 tous les jours, sur les radios, à la télé, on vous dit
00:21 "Regardez, il y a du monde dans la rue, donc il faut tout arrêter."
00:24 Ce n'est pas ça la démocratie.
00:25 C'est mon pote.
00:27 Je l'adore.
00:27 Ça va mon édoque ? Et toi ?
00:29 Observez-toi mon frérot, Enoch Cortez, artiste, gitan et mon ami.
00:32 - Choqué.
00:33 - Ça va mon frère ?
00:33 - Impeccable, la vérité on a en fraîcheur.
00:35 Bien reçu à chaque fois.
00:36 Qu'est-ce que tu veux ?
00:37 - La vérité on a en fraîcheur.
00:38 - C'est important la fraîcheur.
00:39 Jean Messiaen, comment ça va Jean ?
00:41 - Très bien.
00:42 - Vous avez un peu d'oseille ?
00:43 - Tu parles de quoi ?
00:45 - On m'a mis 3,5 millions d'amende.
00:47 - Je sais.
00:48 - Tu n'as pas un peu d'oseille ?
00:49 Donne-moi ta bague.
00:50 - Oui, on va la prendre.
00:51 - Donne-moi ta chaîne.
00:53 - BAM !
00:55 - Ça commence.
00:56 - T'avoues ou pas ?
00:57 Alors Enoch, on a revu l'extrait.
00:59 Pour toi, tu as été blessé ?
01:01 - Tu peux être que blessé.
01:02 Tu as entendu les propos.
01:04 - Parce qu'il y en a qui disent que c'est une expression.
01:06 - Elle est belle l'expression.
01:07 Que je fasse l'erreur, moi c'est possible.
01:09 Pas lui.
01:10 Tu comprends, son métier c'est de parler mon frère.
01:11 Il ne fait que ça.
01:12 Ils sont payés une tonne à parler.
01:13 Et ce n'est pas des gens du plat.
01:14 Tu te rends compte de ce qu'il vient de dire ?
01:16 C'est stigmatisant à mort pour toute une communauté.
01:18 Il nous parle de nous comme si on était une sous-catégorie.
01:22 Est-ce que tu as vu ?
01:23 C'est-à-dire qu'il a juste avant dit "c'est effrayant".
01:25 Tu imagines ?
01:26 - Alors il parlait de l'Assemblée.
01:27 Moi je suis d'accord avec toi.
01:28 Tu sais pourquoi ?
01:29 Moi je me suis amusé à remplacer "gitan" par un autre mot.
01:33 - Juif, homosexuel.
01:34 - Franchement.
01:35 Non mais tu imagines ou pas ?
01:37 - Mais tu imagines ce qu'il a dit.
01:38 Mais je crois que les gens...
01:39 - Mais lui je pense qu'il n'a pas voulu...
01:41 Alors sans vouloir le défendre.
01:42 Je pense que lui, il s'est dit "c'est une expression commune".
01:45 Mais il n'a pas vu le...
01:46 En fait, ce qui se passe, c'est que les expressions comme ça,
01:48 c'est devenu du racisme ordinaire.
01:50 Et que les gens les reprennent comme ça,
01:51 sans se rendre compte que c'est une expression qui peut,
01:53 mine de rien, blesser énormément de gens.
01:55 - Alors ça veut dire quoi ?
01:56 Ça veut dire que tu...
01:57 Alors, t'as la télé quand même.
01:58 Ton métier c'est de parler.
01:59 Tu peux dire "les Juifs font de l'argent, les machin d'essai,
02:02 les re-blessés, les musulmans c'est des terroristes, les machin...".
02:05 Mais c'est des malades ces gens.
02:06 C'est des grands malades.
02:07 Et il faut vous dire que nous, on est victimes du racisme à mort.
02:11 - Je sais.
02:12 - Ça veut dire que tu peux pas...
02:13 Et je pense qu'on est une des communautés
02:15 les plus victimes du racisme en France.
02:18 Et aujourd'hui, quand je suis devant ma télé,
02:21 je suis devant mes trucs et je vois ce truc-là,
02:23 mais ça me donne envie de vomir.
02:25 Tu comprends, mon frère ?
02:26 Parce qu'il faut savoir que ça touche des travailleurs.
02:29 - Bien sûr.
02:30 - Il faut savoir que nous, dès qu'on est gitant,
02:32 des fois on va pour travailler ici.
02:33 Ils apprennent qu'on est gitant, ils arrêtent.
02:34 - Je sais, c'est un truc de fou.
02:35 - Tu comprends ? C'est un truc de fou.
02:36 Et tu peux pas laisser des mecs comme ça,
02:38 arriver dire ce qu'ils veulent.
02:40 Tu imagines ?
02:41 Non mais est-ce que tu as vu les propos ?
02:42 Vous les avez entendus ?
02:43 - Ouais.
02:44 - C'est honteux.
02:45 - Moi, je vais te dire,
02:46 moi j'ai beaucoup, beaucoup de potes gitans.
02:48 Vraiment, j'en ai plein.
02:49 Et c'est vraiment des mecs d'une droiture,
02:51 d'une fidélité incroyable.
02:53 Vraiment, c'est...
02:54 - Et puis le racisme, c'est plus la mode depuis 92.
02:56 C'était la mode, mon frère.
02:57 - Non, mais c'est pas ça.
02:58 C'est que c'est une expression qui est rentrée dans les médias
03:00 et les mecs la sortent comme ça,
03:01 comme si de rien n'était.
03:02 En fait, c'est ça, hein, Valérie ?
03:04 - Oui, c'est ça, c'est le problème.
03:05 C'est qu'effectivement, comme vous disiez,
03:06 c'est du racisme ordinaire
03:07 parce qu'il y a énormément d'expressions
03:09 dans la langue française comme ça
03:10 qu'il faudrait éradiquer
03:11 parce qu'elles sont quasiment vidées de leur sens.
03:14 On oublie ce qu'elles disent, en fait.
03:16 Et elles disent des choses d'une grande violence.
03:18 Et donc, il faudrait...
03:19 En plus, effectivement, les politiques,
03:21 leur métier, c'est de parler.
03:22 Donc, il faut qu'ils fassent attention à leurs propos.
03:24 Parce que leurs propos ne sont pas anodins.
03:25 Ils ne sont pas au bistrot.
03:26 On n'est pas au comptoir en train de discuter entre amis.
03:28 - Bien parlé.
03:29 - Est-ce qu'elle est au bistrot ?
03:31 Vous n'êtes pas choqués ?
03:32 - Non, moi, je ne suis pas choqué
03:33 parce que je n'ai pas vu ça comme une insulte à la communauté gitane.
03:36 - Le touche pas, déjà. Le touche pas, c'est un problème.
03:38 - C'est amical.
03:39 C'est amical.
03:40 J'ai des copains gitans.
03:42 Je n'en ai pas parlé parce que...
03:43 - Parce que tu t'en tapes.
03:44 - Non, je ne m'en tape pas du tout.
03:46 Mais parce qu'on reproche tout le temps aux politiques
03:48 d'avoir un langage technocratique.
03:49 On ne comprend rien.
03:50 - Mais lui, je pense qu'il n'a pas fait exprès.
03:51 - Là, il faut imager...
03:53 - Moi, j'ai compris tout ça dans son discours.
03:54 Le reste, je ne l'ai pas compris.
03:55 - Mais "camps de gitans", ça veut dire que c'est un peu...
03:57 Pour moi, c'est genre...
03:58 C'est le brouhaha.
03:59 Ça parle fort.
04:00 Ça parle dans tous les sens.
04:01 Un camp de gitans, c'est...
04:02 On ne peut pas dire "fuck les gitans".
04:04 Un camp de gitans, ce n'est pas le salon du rangement.
04:06 - Non, mais sauf qu'il y a gitan.
04:08 - Il y a gitan.
04:09 - En fait, quand tu remplaces "gitan" par un autre mot,
04:12 tu le dis, c'est grave.
04:13 - Il dit "noc".
04:14 - C'est ça que tu es en train de...
04:15 - Ben si, c'est ce que tu viens de dire, mon ami.
04:16 - "Noc".
04:17 Réponds-lui.
04:18 - C'est ce qu'il vient de dire.
04:19 Il dit que le camp de gitan, ça représente un problème.
04:21 Mais tu te rends compte que même lui, sans le vouloir...
04:23 Même lui, sans le vouloir...
04:24 Parce que je ne pense pas que tu le veuilles.
04:26 Tu ne te rends pas compte de ce que tu dis.
04:27 - Oui.
04:28 - Ça veut dire que les gens s'imaginent après.
04:30 C'est-à-dire, dès qu'ils voient un truc...
04:31 - Mais chez moi, ils vont me le dire.
04:32 - Oui, mais toi, je n'ai pas dit que toi.
04:34 Sans le vouloir, tu viens de faire l'amalgame aussi.
04:37 Ça veut dire que tu vois un truc dérangé,
04:39 "Oh, mais ça, c'est un gitan."
04:40 "Oh, il est sale, on dirait un petit manouche."
04:41 - Je n'ai jamais dit ça.
04:42 - Non, tu n'as pas dit ça.
04:43 - Ben merci.
04:44 - Non, mais je n'ai pas dit...
04:45 Je crois que j'ai été clair dans mes propos
04:47 quand je parlais avec lui.
04:48 Je t'ai dit que sans le vouloir, tu ne te rends pas compte.
04:51 Je vais te donner un exemple.
04:52 Ma petite, elle va à l'école.
04:53 Ma petite, elle va à l'école.
04:54 C'est le carnaval.
04:55 Tu sais ce qu'on lui dit à ma petite ?
04:56 Elle avait toujours peur, tu sais, de ne pas avoir de déguisement.
04:58 Je te jure, je ne te mens pas, Cyril, c'est une vérité.
05:01 Donc, elle dit à la maîtresse,
05:02 "Je peux avoir... Comment je fais un déguisement ?"
05:04 Tu vois, la femme, elle lui dit, "Écoute..."
05:06 Regarde ce qu'elle lui dit.
05:07 Elle lui dit, "Découpe des rideaux, des vieux rideaux,
05:09 "on va dans une friperie, tu te déguises en gitan."
05:11 Elle dit ça à ma fille.
05:12 Ma fille, elle rentre de l'école toute contente.
05:13 Mon père n'achète pas de costume.
05:15 Elle me dit, "J'ai failli la maîtresse,
05:16 "ça m'a donné une bonne idée."
05:17 Elle me dit ça, "Oh, j'ai envie de vomir,
05:19 "j'ai appelé la maîtresse."
05:21 Je me suis mis hors de moi.
05:23 Tu te rends compte, mon frère ?
05:24 Oh non, 2023, s'il vous plaît, s'il vous plaît,
05:28 un peu de respect pour ma communauté,
05:29 un peu de respect pour toutes les communautés.
05:31 Oh, on est dans le vivre-ensemble ou pas ?
05:33 C'est quoi ces gens diviseurs ?
05:35 C'est des diviseurs, ça.
05:36 Tu vois pas ? Ils veulent pas qu'on s'aime.
05:38 Ils veulent diviser pour mieux régner.
05:40 -Moi, je suis désolé de t'en prendre,
05:42 mais déguiser en gitan, pour moi, c'est pas une insulte.
05:44 C'est Esmeralda, c'est toutes les autres...
05:46 -Arracher des vieux rideaux.
05:47 T'as pas écouté ?
05:48 -Arracher des vieux rideaux, d'aller dans une friperie.
05:50 -D'accord, ça, d'accord.
05:51 -Les mots sont faits pour être écoutés.
05:53 Jean-Mécien.
05:54 -Bon, moi, de toute façon, je suis par principe
05:58 contre toute forme de stigmatisation,
06:00 de racisme, d'essentialisation des gens.
06:03 Maintenant, est-ce que ce sénateur a commis un propos raciste
06:08 pour lequel il devrait être sanctionné ?
06:11 Je ne le crois pas.
06:12 S'il avait dit, quand on rentre à l'Assemblée nationale,
06:14 on est dans le souk, est-ce qu'on aurait dit
06:16 c'est un propos stigmatisant à l'égard des communautés maghrébines ?
06:19 Je ne pense pas.
06:20 -Non, mais ça aurait été déjà plus général.
06:22 -Et déjà...
06:23 -Quand il t'a traité de chameau, ça t'a mixé ou pas ?
06:26 -C'est différent, là.
06:27 -Comment ?
06:28 -C'est différent, là.
06:29 -Pourquoi ? Parce que ça te touche à toi ?
06:31 -Non, pas du tout.
06:32 -Voilà, revient le contexte.
06:33 -Non, non, non, pas du tout.
06:34 Une chose est de s'attaquer à un individu,
06:37 de l'animaliser, là, c'est du racisme.
06:39 -D'accord.
06:40 S'attaquer à tous les individus, c'est du racisme.
06:42 -Ce que je ne supporte pas, c'est cet espèce de terrorisme intellectuel
06:46 au nom duquel on n'a plus le droit de rien dire.
06:48 -C'est un diviseur.
06:49 -Le pro-diviseur de la tête, c'est le monstre.
06:51 -C'est pas ça.
06:52 En France, on a normalement, et les hommes publics,
06:57 les communicants encore plus, une liberté d'expression.
07:00 Evidemment, la liberté d'expression n'autorise pas tout.
07:03 Je suis d'accord.
07:04 Donc, s'il y a effectivement des gens qui se sentent blessés,
07:07 ce que je comprends tout à fait,
07:09 c'est que le propos, à mon avis, était maladroit.
07:11 Je n'aurais pas utilisé ce propos-là.
07:13 Il était maladroit, au pire outrancier.
07:15 Est-ce qu'il est raciste ? Je ne crois pas.
07:17 Je ne crois pas que ce soit de la cyganophobie.
07:19 -Il ne le dirait pas.
07:20 -Non, mais voilà.
07:21 -Je ne pense pas qu'il ait...
07:23 C'est ce que tu as dit.
07:24 Je pense que c'est du racisme ordinaire.
07:26 C'est-à-dire qu'on se rend même pas compte.
07:28 C'est une expression.
07:29 Il s'est dit que c'était du racisme décomplexé.
07:31 Je ne pense pas qu'il ait voulu...
07:33 -D'autant plus, attendez, mais qui parle ?
07:35 -C'est-à-dire que cette mousse a été montée par l'Hélephy,
07:39 par la France insoumise.
07:41 Excusez-moi, c'est l'hôpital qui se fout de la charité.
07:44 Les gens de l'Hélephy qui ont traité Elisabeth Borne
07:47 de rescapée au moment où elle fait son discours
07:49 de politique générale, où elle rappelle
07:51 que sa famille est rescapée de la Shoah.
07:54 Mathilde Panot le dit, que vous êtes une rescapée.
07:57 Ensuite, vous avez Daniel Obono et Daniel Simonet
08:00 qui invitent un antisémite notoire, Jérémy Corbine.
08:03 La France...
08:05 Ce n'est pas moi seulement qui ai été choqué.
08:07 Tous les bords politiques ont été choqués,
08:09 sauf la France insoumise.
08:11 Et maintenant, la France insoumise vient donner des leçons.
08:14 Ne vous trompez pas de protecteur
08:16 et ne vous trompez pas d'adversaire.
08:18 La France insoumise, ce n'est pas vos amis.
08:20 -Enoch n'en a rien à carrer de la France insoumise.
08:23 Je le connais un peu.
08:25 En fait, c'est la France insoumise
08:27 qui a voulu politiser le truc.
08:29 Je suis d'accord avec Jean-Mésiard.
08:31 Il s'en carre le cul.
08:33 -Il pense à lui, à ce qu'il vit toute la journée
08:36 et à ce qu'il vit au quotidien.
08:38 Il ne pense pas à la récupération politique.
08:40 Mais c'est vrai qu'ils ont voulu faire de la récupération politique.
08:43 Mais lui, il a parlé plus avec son cœur
08:45 qu'il a pensé à Mathieu Panot ou à Clémentine Autain
08:48 ou à la LFI qui accueille en grande compte
08:51 des antisémites notoires
08:53 et qui nous donne des leçons après.
08:55 Je suis d'accord avec toi.
08:57 -Je suis d'accord pour une fois avec Jean-Mésiard
09:00 et je suis d'accord avec lui.
09:02 Il a voulu faire de la récupération politique hors de propos.
09:05 Mais revenons à Candjitan qui s'accompagne d'eux.
09:08 Ce n'est pas les Saintes-Maries de la mer.
09:11 Donc là, l'expression passe partout.
09:13 Non, parce que ce n'est pas les Saintes-Maries de la mer.
09:16 -Le gâteau et la souris, tu sais.
09:18 -Exactement.
09:20 Donc, Jean, excusez-moi,
09:22 mais nous sommes là littéralement dans une injure raciste
09:25 qui stigmatise, qui est méprisante
09:27 envers toute une communauté.
09:29 Est-ce que le racisme se décrète simplement parce que je suis choqué ?
09:33 Est-ce que c'est le ressenti qui fait que c'est raciste ?
09:36 -La définition du racisme, c'est outrageant, méprisant.
09:39 -Est-ce que c'est pour vous ou pour vous ?
09:41 -J'ai cru comprendre.
09:43 -Est-ce qu'ils sont méprisants pour toi ?
09:45 -Je ne les aurais pas utilisés.
09:47 -Est-ce qu'ils sont méprisants ?
09:49 -Méprisants, je ne sais pas.
09:51 Ils sont autres aussi, ils sont maladroits.
09:53 -Hervé Marseille, lui, il le fait.
09:55 -Quand Gérald Darmanin dit qu'ils ont bordélisé le pays,
09:58 c'est-à-dire qu'ils sont des travailleurs du sexe ?
10:01 -Non, mais là, j'en suis.
10:03 -C'est un mauvais exemple.
10:05 Juste, il s'est excusé, Hervé Marseille.
10:08 "L'instrumentalisation de mes propos par LFI est nauséeuse.
10:11 "J'ai sûrement fait preuve d'imprudence verbale
10:14 "et je n'ai voulu blesser personne.
10:16 "Je regrette cette situation, mais regardez ce qu'ils font
10:19 "de l'Assemblée nationale."
10:21 Est-ce que vous acceptez ces excuses ?
10:23 -Dans la mesure où tu les excuses sincèrement,
10:26 je ne peux pas parler au nom d'une communauté.
10:29 -Toi, déjà. -Moi, j'accepte ces excuses.
10:32 Ma communauté, je ne sais pas.
10:34 On en a marre, on voudrait être représenté par quelqu'un
10:37 qui connaît notre vie.
10:39 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, ça, ça ne peut pas être...
10:42 -Pourquoi tu ne viens pas parfois autour de la table ?
10:45 -Fais-moi un contrat, papa. -Non, non.
10:47 C'est ça, ton problème. -Je veux manger.
10:50 -Non, mais franchement... -Je veux s'appuyer, mon frère.
10:53 -Toujours, c'est ça, ton problème.
10:55 On parle ensemble, après. -C'est un kiff.
10:57 Toujours, regarde, ça, c'est représentatif.
10:59 Ce n'est pas représentatif de la France.
11:01 -Il n'est pas libéral. -Pourquoi vous dites ça ?
11:04 -Vous êtes en déconnexion avec une ouf qu'on vit.
11:07 -Je ne suis pas un être humain ? -Non.
11:09 Vous êtes en déconnexion. Vous êtes sur un nuage
11:12 et vous ne vivez pas ce qu'on vit, nous.
11:14 -Au quotidien, c'est dur pour toi ?
11:16 -Bien sûr, mon ami. T'es obligé.
11:18 Alors, pour ne pas... Il faut se cacher, mentir.
11:21 Pas dire ce que tu es. -Oui.
11:23 -Mais il n'y a pas de moine. -Quelqu'un m'a dit aussi,
11:26 même au niveau des banques, des ouvertures de comptes,
11:29 pour les gitants, c'est très dur.
11:31 Les banques les refusent souvent.
11:33 -On dit que c'est très dur. Mais tu vois, il y a la DEAL.
11:36 -La Deal Ramy ? -Oui.
11:38 Non, je m'en rappelle.
11:40 C'est un truc qui fait des prêts.
11:42 Ils m'ont contacté il n'y a pas longtemps.
11:44 Ils nous ont dit qu'on voulait travailler avec eux.
11:47 Ils étaient les meilleurs payeurs.
11:49 Ils ont fait des prêts pour ouvrir des entreprises.
11:52 C'est un bon procédé.
11:54 Il est venu me voir et me dit que c'est mal collu chez les gens du voyage.
11:58 "Nous, on voudrait que des voyageurs
12:00 "parce que vous êtes les meilleurs rembourseurs."
12:03 Je vous jure que c'est vrai. C'est un truc de fou.
12:06 Aujourd'hui, je ne comprends pas qu'on ait aussi mal vu.
12:09 Mais qu'est-ce qu'on a pu faire à ce pays ?
12:12 Qu'est-ce qu'on a pu faire de grave
12:14 pour qu'on soit aussi détestés, mon ami ?
12:16 -Je voudrais qu'on écoute juste vous.
12:18 -Oui, l'expression est maladroite.
12:20 Mais j'en ai marre de cette démagogie à géométrie variable.
12:23 Des gens sont choqués, comme si c'était une cause.
12:26 Ils font juste ça pour se faire bien voir.
12:29 Il y a surtout un décalage entre la manière dont on parle
12:32 dans la vraie vie et sur les plateaux télé.
12:35 Il y a des expressions que l'on utilise tous dans la vraie vie
12:38 qui peuvent être perçues comme stigmatisantes.
12:41 L'expression est maladroite.
12:43 Est-ce que ça veut dire que ce monsieur a une haine
12:46 ou qu'il a une erreur ?
12:48 -Je ne pense pas. Il s'est excusé. Il a bien eu raison.
12:51 -Je ne l'espère pas. Je suis d'accord avec toi.
12:54 Nous, on peut faire l'erreur sur ce plateau.
12:57 Mais pas quand tu es sur un sénateur.
13:00 -Je pense qu'il n'a pas vu le truc partir.
13:03 -Il s'est excusé. Tout ce que tu veux.
13:06 On est bien d'accord.
13:08 Quand tu es chirurgien, tu te trompes,
13:11 tu fais une erreur de frappe, tu blesses quelqu'un.
13:14 -Moi, je...
13:16 -Toi, tu as fait 2-3 erreurs.
13:18 -Il m'a ajouté un testicule.
13:20 Après, il s'est excusé.
13:22 Je lui ai dit que c'était bon.
13:24 -Normalement, tu es sanctionné.
13:26 Tu fais une erreur, c'est ton travail.
13:29 Il a fait une erreur.
13:31 Il mérite d'être sanctionné.
13:33 Pour pas que d'autres se mettent ça dans la tête
13:36 et disent qu'ils ne recommencent pas.
13:38 Après, il n'y a pas mort d'homme.
13:40 Personne ne l'est bien d'accord.
13:42 -Il s'est pris beaucoup d'invectives.
13:44 Je pense que les autres ne le referont pas.
13:47 -Ce qui peut paraître choquant,
13:49 c'est que ce monsieur sénateur
13:51 est un sénateur centriste.
13:53 Donc, évidemment, autoproclamé, humaniste, etc.
13:56 Et le fait qu'il se sente avec son idéologie
13:59 d'ouverture, de tolérance, etc.,
14:01 qu'il se sente autorisé à prononcer des paroles
14:04 qui sont à l'encontre de son logiciel idéologique,
14:07 là, ça peut poser question.
14:09 Et j'ajoute que le camp de Gitan, excusez-moi,
14:12 quand on voit l'historique de l'ancien patron de l'UDI,
14:15 Jean-Christophe Lagarde, qui a des affaires...
14:18 -Il veut plomber les autres.
14:20 -Il veut arriver, il veut défoncer.
14:22 -C'est toujours pareil.
14:24 -T'as fait une chaque chouquette.
14:26 -Qui parle ? Qui parle ?
14:28 -Dolphine ?
14:30 -On sait que la langue française est très fleurie
14:33 et qu'il y a plein d'expressions.
14:35 Mais j'aimerais plutôt réfléchir
14:37 pourquoi et d'où vient cette expression.
14:40 Est-ce qu'un jour, elle a eu une certaine légitimité
14:43 dans les faits pour pouvoir exister ?
14:45 Et je veux dire qu'il y a eu des débordements,
14:48 des communes, des maires qui ont été désemparés
14:51 dans une détresse incroyable parce que des gens
14:54 comme vous sont venus intégrer des lieux
14:56 et n'ont pas respecté les lois,
14:58 et sont partis en laissant aussi un bordel incroyable.
15:01 Et c'est de là que vient cette expression.
15:04 -Aujourd'hui, en 2023, faites en sorte
15:07 que cette expression n'existe plus.
15:09 -Je vais vous arrêter. C'est une expression,
15:11 je vais vous expliquer.
15:13 Ils ont transmis de génération en génération.
15:15 Ca veut dire qu'on est d'un peuple issu du malheur.
15:18 Ca veut dire que vraiment, on a été malheureux
15:20 toute notre vie. On vivait dans des conditions innommables.
15:23 On avait un carnet qu'il fallait faire signer
15:25 tous les 3 mois. Ca veut dire qu'on a été interdits
15:28 aussi d'avoir un logement, d'accéder à la propriété.
15:31 C'est vrai qu'à l'époque, on était des gens malheureux,
15:34 donc le malheur, la saleté.
15:36 J'ai acheté des maisons en Auvergne.
15:38 -Sartheud. -Sartheud, oui.
15:40 On a fait un kiff.
15:42 Il y avait beaucoup de maisons où il n'y avait pas de toilettes.
15:45 C'est pas pour ça qu'on dit, les Français,
15:47 que les gens sont sales.
15:49 -Ca veut dire qu'il faut savoir...
15:51 -Il y a l'expression "tu manges en juif".
15:53 -Oui, d'un grand bruit.
15:55 Si tu manges tout seul, t'es direct.
15:57 -A chaque fois que je mange tout seul,
15:59 je dis "Viens manger avec moi".
16:01 -C'est toi qui fais n'importe quoi.
16:03 Je veux dire que ça vient de là.
16:05 C'est des expressions d'il y a 100 ans
16:07 que les gens se transmettent de génération en génération.
16:10 Mais viens dans un terrain de gitan.
16:12 Il n'y a pas plus propre que nous.
16:14 Le goudron, parce qu'on est sur du goudron.
16:16 On lave le goudron, mon ami.
16:18 Venez manger chez nous.
16:20 -On peut venir à quelle heure ?
16:22 -On peut se faire un petit fringal.
16:24 -Donc ça veut dire qu'aujourd'hui,
16:26 il n'y a plus de débordement
16:28 entre la communauté gitane et les communes ?
16:30 -Bien sûr qu'il y en a. Vous savez pourquoi ?
16:32 -Pourquoi ?
16:33 -Parce que chaque commune de plus de 5 000 habitants
16:35 se doit d'avoir une place désignée.
16:37 C'est-à-dire un lieu d'accueil pour les gens du voyage.
16:39 -Dans chaque commune, il faut qu'il y ait ça ?
16:41 -De plus de 5 000 habitants. C'est la loi.
16:43 C'est pas nous qui l'avons créée. C'est la loi.
16:45 -Est-ce que vous payez une taxe foncière ?
16:47 -On paye plein de choses. On paye l'emplacement,
16:49 l'électricité, l'eau à des tarifs...
16:51 Allez vous renseigner sur les tarifs.
16:53 Sans APL, ça veut dire que déjà,
16:55 c'est très cher. Enfin bref.
16:57 Tout ça pour vous dire que venez chez nous.
16:59 Venez voir chez nous la propreté des gens.
17:01 -Quand ? Quand ?
17:03 -Mais quand ça fait... J'aime pas.
17:05 Venez sur les places désignées.
17:07 Venez voir l'accueil que vous aurez.
17:09 Venez voir les gens propres.
17:11 Venez voir les gens qui travaillent.
17:13 -Ca va me faire du bien de voir un peu des gens propres.
17:15 -Et qui travaillent. -Exactement.
17:17 -Venez à 7h du matin, vous allez voir les camions en route.
17:20 Tous les matins, les camions en route qui préchauffent.
17:23 Vous allez voir tout, tout, tout.
17:25 Il faut préchauffer. On sait jamais les gazelles.
17:27 Je sais plus ce que c'était.
17:29 -Il y a tout dans toutes les communautés.
17:31 -Et puis pardon, mais c'est pas parce qu'il y a des débordements
17:33 qu'on doit essentialiser une communauté.
17:35 C'est pas parce qu'il y a parfois des brebis galeuses
17:37 comme à chaque fois ici, on dit, par exemple, pour la police.
17:39 Parfois, il y a des débordements avec la police.
17:41 -Non mais essentialiser, c'est bon.
17:43 La question est ta part. Pourquoi ?
17:45 -Moi, je considère que c'est insultant et dégradant.
17:47 -Je demande pourquoi est-ce qu'une expression existe.
17:49 Et je demande aussi pourquoi,
17:51 quand il y a des avis d'expulsion de la part de communes,
17:53 eh ben, vous ne partez pas.
17:55 Pourquoi est-ce que quand il y a la police qui vient,
17:57 vous ne partez pas et c'est là que ça fait des débordements ?
17:59 -Il n'y a pas d'autre camp pour partir.
18:01 -Il faudrait que ce soit régularisé.
18:03 -La commune ne respecte pas la loi.
18:05 C'est-à-dire que la commune, elle a le droit, elle a un maire.
18:07 Le maire doit respecter la loi.
18:09 Mais s'il ne la respecte pas, il est là pour montrer l'exemple.
18:11 À moi, le pauvre citoyen,
18:13 si tu ne la respectes pas, pourquoi tu vas m'obliger à la respecter ?
18:15 Fais ce que je te dis, fais pas ce que je fais, moi.
18:17 Tu comprends ce que je veux dire ?
18:19 Ce n'est pas normal.
18:21 -Il y a des gens qui demandent,
18:23 est-ce que vous n'utilisez pas des expressions,
18:25 parfois, voilà...
18:27 -Bien sûr, ça m'arrive.
18:29 Mais pas à la télé, je ne suis pas sénateur, mon ami.
18:31 Tu comprends la différence ?
18:33 Je ne suis pas sénateur, ça m'arrive de faire des erreurs.
18:35 Mais pas à la télé.
18:37 Moi, ce que je ne veux plus, je vais te dire la vérité,
18:39 ce que je ne veux plus que ça arrive,
18:41 c'est que ces gens-là, ils banalisent qu'on vit.
18:43 C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
18:45 il faut savoir qu'on vit vraiment une époque, pour nous,
18:47 et c'est de plus en plus dur,
18:49 avec le reportage "Enquête Exclusive",
18:51 qui banalise cette haine après le voyage.
18:53 Je ne veux plus qu'on puisse
18:55 pouvoir dire ce qu'on veut sur nous.
18:57 Je veux qu'il y ait des associations,
18:59 des gens qui nous représentent,
19:01 et qui décident, comme d'autres communautés,
19:03 qui décident...
19:05 Qu'est-ce que tu veux dire de mon frère ?
19:07 Tu veux séparer les musulmans ?
19:09 Qu'est-ce que tu veux dire, Jean ?
19:11 Il est sérieux, celui-là ?
19:13 - En France, il n'y a pas de haine de principe
19:15 envers une communauté ou envers une autre.
19:17 Je ne pense pas que les Français
19:19 essentialisent et propagent
19:21 une haine unidirectionnelle
19:23 et généralisée sur une communauté.
19:25 Par contre, il y a effectivement parfois
19:27 des comportements de rejet,
19:29 lorsque un certain membre
19:31 de certaines communautés
19:33 entrave la loi,
19:35 ou s'en remet au jambe des hannes de délinquance,
19:37 de criminalité, etc.
19:39 En France, on ne rejette pas quelqu'un pour ce qu'il est.
19:41 On le rejette pour ce qu'il fait.
19:43 - Écoute-moi, dans ma communauté, il y a très peu de génocides.
19:45 Quand je vois quelqu'un qui n'est pas de ma communauté
19:47 et que je passe à la rue avec un enfant,
19:49 ce n'est pas pour ça que je le traîne vers moi.
19:51 J'ai l'espérance que ce n'en n'est pas un.
19:53 Tu comprends ce que je veux te dire ?
19:55 - Aujourd'hui, il y a des gens chez les gitans
19:57 du voyage...
19:59 - Gitan voleur !
20:01 Où il est passé mon vélo ?
20:03 - Il y a des gens qui violent la loi comme partout.
20:05 - Je vais juste dire que là,
20:07 tout le monde parle à tort et à travers.
20:09 Le sujet qui nous intéresse,
20:11 c'est un mec qui représente
20:13 dans la République un député.
20:15 - C'est la loi.
20:17 - À l'Assemblée nationale, on ne doit pas se priver
20:19 d'utiliser même une expression millénaire
20:21 sur le vœu.
20:23 Il n'a pas le droit de le faire.
20:25 - Oui, c'est vrai.
20:27 - Il s'en est excusé. C'est bien.
20:29 Et que les autres en prennent de la graine.
20:31 - Il s'est excusé.
20:33 - Je voudrais juste l'avis de Géraldine.
20:35 - Je l'ai déjà donné, mais il ne devait pas être très intéressant.
20:37 - Non, mais si ce sénateur...
20:39 - Tu l'as déjà donné ?
20:41 - Non, parce que j'ai interpellé tout à l'heure.
20:43 - Ah oui, c'est vrai, tu as raison.
20:45 - Si ce sénateur avait dit par exemple,
20:47 tout à l'heure vous avez utilisé l'expression "manger en juif".
20:49 S'il avait utilisé cette expression,
20:51 ou s'il avait dit par exemple "je ne vais pas débattre en juif".
20:53 Alors là, on aurait trouvé ça extrêmement...
20:55 - La France insoumise n'aurait pas réagi pour le coup.
20:57 - On aurait trouvé ça très choquant.
20:59 - La France insoumise n'aurait pas réagi pour le coup.
21:01 - Donc il n'y a pas des communautés plus importantes que d'autres.
21:03 - Je vais m'excuser, je trouve qu'il ne faut plus qu'on entende ça.
21:05 Parce que des camps de visitants, ils sont peut-être beaucoup plus propres
21:07 que ce qui se passe à la France.
21:09 - Après j'ai entendu "dépressif" comme un raimou, j'ai dit "c'est quoi ça ?"
21:11 - Non, mais c'est très grave, parce que tu ne peux pas...
21:13 Après c'est eux sur toute leur vie qu'ils le payent.
21:15 - Bien sûr que non.
21:17 - Non, c'est pas comme au souk, parce que le souk c'est un marché.
21:19 - Oui, mais d'accord, c'est un moins rabe.
21:21 - C'est le bordel, parce que c'est les mecs qui mangent.
21:23 - C'est leur congé, c'est ça.
21:25 - C'est là où ils habitent, c'est là où ils vivent.
21:27 Derrière ils ne trouvent pas de banque.
21:29 Alors effectivement, il y a des fois des débordements.
21:31 Il y a des mecs qui foutent le bordel, ils partent s'en nettoyer.
21:33 On est d'accord, on est d'accord sur ça.
21:35 Mais il ne faut pas non plus stigmatiser.
21:37 Parce que si vous changez "camp de visitants", et on le dit là,
21:39 par une autre expression, je peux vous dire que ça fait plus de bruit que ça.
21:41 - On va voir ce qu'en pensent les téléspectateurs.
21:43 Merci Henri G... Ah, 0% partout.
21:45 Êtes-vous choqués ? Non, à 68%.
21:47 - Ah bah oui.
21:49 - Oui, à 31%.
21:51 - Mais parce que les gens...
21:53 - Les gens sont tapés.
21:55 - Les gens font du politiquement correct, c'est pour ça.
21:57 - Juste pour vous réconcilier, les chéris,
21:59 je vous ai imaginé avoir un enfant tous les deux.
22:01 - Ah !
22:03 - Regardez.
22:05 Voilà.
22:07 (Rires)
22:09 (Applaudissements)
22:11 - Merci Jean. Merci Hénode d'avoir été là.
22:13 - C'est vrai que là...
22:14 [Musique]