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00:00 [Musique]
00:14 She's the music a été créée par Alicia Keys et son ingé son productrice s'appelle Anne.
00:20 Elle s'est rendue compte que parmi les gens qui écrivaient des chansons,
00:25 parmi les gens qui produisaient les morceaux,
00:28 il y avait un pourcentage très très très très faible de femmes, c'est-à-dire moins de 20%.
00:32 À partir de ce constat-là, c'était de dire à quels endroits on peut pouvoir agir.
00:39 [Musique]
00:52 J'ai commencé à écrire beaucoup pour d'autres personnes
00:54 et je me suis retrouvée en studio avec quasiment exclusivement que des hommes.
00:58 Ce sont des jeunes femmes.
00:59 Il y a une espèce d'idée, beaucoup beaucoup d'hommes qui écrivent pour elles
01:02 et donc qui ont une vision de ce qu'elles devraient chanter.
01:04 Par exemple, moi je me souviens vraiment d'une amie à moi en étant en studio
01:07 et puis elle écrit un texte en gros en anglais mais elle dit
01:11 "je suis ambitieuse et toi t'es intomptable"
01:15 et vraiment le garçon la regarde comme ça et il dit
01:17 "je pense qu'on va changer parce que l'ambition c'est quand même plus un truc de mec".
01:21 Si on ne se pose pas la question, on se retrouve toujours presque la seule fille
01:24 au milieu de douze gars dans un tourbus par exemple.
01:27 Et ça moi je l'ai fait, première tournée c'était ça, j'ai dit "jamais, plus jamais".
01:31 Au-delà des mauvaises blagues, qui n'ont aucun garde-fou, on se sent seule.
01:38 Parfois c'est plus facile de rentrer et puis de ne pas avoir à faire de la pédagogie, je pense.
01:43 Je pense que ça se tient à ça.
01:46 Aussi de devoir se mettre une armure parce que tu te dis "est-ce que je vais me recevoir des remarques ?
01:49 Est-ce que va falloir que je fasse un peu attention à ce que je dis ? Comment je vais m'habiller ?"
01:54 C'est vraiment une question de réussir à enlever un élément perturbateur quelque part
01:59 et l'élément perturbateur c'est le fait que la société fonctionne via ce qu'on appelle le regard masculin.
02:06 C'est aussi un truc de "safety" parce qu'il y a un des angelites qui est venu dans ma couchette
02:16 essayer de coucher avec moi, j'avais 22 ans.
02:19 Je l'ai recroisé la semaine dernière à La Cigale, il ne se souvenait pas de moi.
02:22 Et quand tu es entouré par des femmes techniciennes, bon après peut-être qu'il y a des petits francs-cons,
02:29 mais tu n'as pas en général, entre femmes, on n'a pas, encore une fois, la "rape culture"
02:34 qui fait que c'est OK pour les hommes de faire ça.
02:36 Non, je ne suis pas du tout convaincue.
02:41 Tu sais quoi, ce n'est pas grave, on comprend les accords.
02:43 Dans un seul enregistrement, il y a deux ingénieurs, une ingénieure, un ingénieur.
02:48 A-t-il en fait demandé un café ?
02:50 Eh bien, la femme peut l'avoir.
02:52 C'est-à-dire que l'ingénieur, avec un "e", est l'assistant de son corps au final.
02:56 Il faut vraiment être passionné, passionné et patiente.
03:00 En permanence, il faut faire ses preuves alors qu'on ne devrait pas les faire, pas plus qu'un homme.
03:05 Souvent on peut entendre, moi ça m'est arrivé, c'est plus un métier d'homme, c'est le côté mathématique.
03:12 Nous les femmes, on est plus littéraires.
03:14 Donc comment ça se fait qu'on fait un métier de technique et de mathématiques ?
03:17 Ce qui est complètement absurde.
03:18 On se rend compte, nous, en tant que D.A. femmes,
03:21 parfois que c'est dur de trouver des artistes qui ont assez confiance en elles pour vouloir signer.
03:25 Parce qu'il y en a parfois qui sentent, parce qu'elles ont un manque de confiance,
03:29 qu'elles ne sont pas encore prêtes.
03:31 Et rien que pour ça, on essaie de les guider, pour essayer de leur montrer
03:34 qu'elles sont aussi prêtes que n'importe qui d'autre.
03:37 Mais rien que ça, on voit que c'est un travail.
03:38 On n'a pas ce travail-là à faire avec les hommes.
03:40 Mais en général, si on s'intéresse à eux,
03:42 eux, pour le coup, ils ne nous disent jamais qu'ils ne sont pas prêts.
03:44 Ils le sont toujours.
03:45 Je pense que c'est un rôle à jouer de la part des professionnels de la musique,
03:49 des labels, des éditeurs, de tout le monde.
03:52 Parce que je pense que c'est aussi à nous de mettre en avant aussi
03:56 beaucoup plus nos artistes féminines.
03:57 C'est à nous d'essayer de beaucoup plus en chercher.
04:00 Je pense que si je suis une femme dans la musique, il faut que je serve à ça.
04:03 Aussi.
04:04 Pardon, je suis un peu émue.
04:07 Après, humainement, de toute façon, il peut y avoir des problèmes avec n'importe quel genre.
04:11 Et les hommes avec qui on travaille d'habitude, en général,
04:13 sont des personnes super bienveillantes.
04:16 Il n'y a pas de souci là-dessus.
04:17 Je pense que c'est juste une recherche d'équilibre et de justice.
04:21 Et plus largement d'inclusivité aussi, bien sûr.
04:23 Il se crée quelque chose d'assez protecteur et assez safe, quoi.
04:27 Et plus facile peut-être.
04:29 Et toujours, en fait, c'est des rencontres assez incroyables.
04:31 C'est se voir comment on travaille, je pense.
04:33 C'est voir aussi qu'on vit les mêmes choses.
04:35 Pouvoir en parler.
04:37 Mais au-delà de ça, vraiment le noyau, c'est pouvoir créer de la musique et faire de la musique.
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04:46 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org