Alexis Landot, jeune grimpeur urbain de 22 ans, a escaladé la tour Franklin à la Défense sans aucune aide matérielle. Alice Dourlen, journaliste BFMTV.com l’a suivi pendant son ascension de 115 mètres.
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00:00 *Musique*
00:09 Je m'appelle Alex Hilando, j'ai 22 ans et je suis grimpeur urbain.
00:13 Plus précisément, j'escalade la façade des gratte-ciels, donc c'est du free solo urbain, on peut appeler ça comme ça.
00:17 Et dans quelques minutes, je vais escalader la tour Franklin qui se trouve derrière moi, sans aucune sécurité ou équipement.
00:23 C'est énorme, je ne la grimperai pas. C'était une blague.
00:25 *Musique*
00:34 Ah la la, c'est déjà mal au pied.
00:36 Je me sens extrêmement anxieux, l'adrénaline monte, je ne me sens pas super bien.
00:40 J'ai les épaules lourdes, j'ai la pâteuse, je ne suis pas du tout dans mon état le plus naturel on va dire.
00:46 Mais dès que je commence à grimper, je me sens beaucoup mieux, je sais que je maîtrise ce que je fais, je sais que je suis préparé pour ce que je fais.
00:52 Et c'est ça qui me permet de garder mon sang froid pour arriver en haut en un seul morceau.
00:56 Pour grimper, je n'ai pas de matériel qui va m'aider à grimper.
00:59 Je n'ai pas de corde, je n'ai pas de mousqueton, je n'ai pas de coinceur, je n'ai pas de gris-gris, je n'ai rien du tout.
01:03 J'ai juste des chaussons d'escalade, un peu de strap pour mes doigts, des bandelettes adhésives que je vais mettre au bout de mes doigts pour éviter de me les couper.
01:09 Ah oui, il y a un peu de magnésie aussi, donc une sorte de tac qui permet d'éponger la moiteur des mains pour toujours garder les mains sèches.
01:15 Rien ne me retient, rien ne m'aide à grimper.
01:17 Et en cas d'erreur, c'est évidemment la chute. Et en cas de chute, c'est évidemment la mort.
01:23 Mais les mouvements sont assez physiques, assez intenses.
01:25 Heureusement, je peux lâcher un bras à tous les étages pour me reposer.
01:29 Et c'est ça qui va faire que je vais pouvoir arriver en haut bien en sécurité.
01:33 Parce qu'autrement, c'est vrai que ce sont des mouvements extrêmement exigeants.
01:35 Je suis dans une toute petite fissure verticale qui ne s'arrête pas jusqu'en haut de la tour.
01:40 Et je vais mettre mes mains et mes pieds à l'intérieur de cette fissure.
01:43 Mais là, c'est vraiment, on parle d'un centimètre au niveau des pieds et des mains.
01:46 Donc c'est vraiment une fissure assez exigeante.
01:48 C'est très compliqué d'expliquer ce qui motive vraiment à grimper des gratte-ciels comme ça.
01:55 J'étais un gamin toujours anxieux dans mon enfance.
01:59 Et je suis toujours quelqu'un d'assez anxieux.
02:00 Là, je trouve une sensation de contrôle que je ne trouve nulle part ailleurs,
02:04 en l'occurrence quand je grimpe des gratte-ciels.
02:06 C'est vraiment ça qui me fait sentir bien.
02:08 Évidemment, c'est un peu compliqué par rapport à mes proches.
02:11 J'évite de les prévenir parce que je n'ai pas envie de leur infliger cette souffrance-là.
02:14 Par contre, c'est vrai que je vis ma vie pour moi.
02:17 Et ça peut paraître un peu égoïste, mais même si mes proches sont très inquiets,
02:21 ils sont quand même fiers de moi et c'est ce qui compte pour moi.
02:24 Une fois que j'ai fini l'escalade de la Tour, je peux enfin me permettre de sentir des émotions à nouveau.
02:28 Toutes ces émotions que j'ai réprimées, toute cette angoisse que j'ai arrêtée pendant l'escalade,
02:33 je peux enfin tout ressentir d'un coup.
02:35 Du coup, je me sens angoissé, je me sens heureux, je me sens joyeux.
02:39 Toutes ces choses-là en même temps, c'est un sentiment assez incroyable.
02:42 Je ne ressens cette concentration extrême qu'en grimpant des gratte-ciels.
02:45 Je ne ressens aussi que cette joie extrême et ces émotions exagérées que quand j'arrive en haut.
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02:54 [Applaudissements]
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