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L'actualité vue par les témoins du quotidien, présenté par Clélie Mathias dans #LaParoleAuxFrancais

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00:00:00 Il est 14h, bonjour à tous et bienvenue sur CNews.
00:00:03 Aujourd'hui, troisième journée de mobilisation contre la réforme des retraites
00:00:06 alors que les débats ont commencé à l'Assemblée Nationale.
00:00:09 Alors qu'il y a un peu moins de grévistes, on verra les chiffres
00:00:12 si l'on compare en tout cas aux deux précédentes journées.
00:00:15 Et nous sommes en direct des manifestations à Paris.
00:00:18 Le cortège s'est réuni Place de l'Opéra, vous le voyez,
00:00:21 et ne va pas tarder à partir direction Place de la Bastille.
00:00:25 On sera en direct dans La Parole aux Français,
00:00:27 on vous donnera la parole, que vous soyez pour ou contre cette réforme des retraites.
00:00:31 Mais avant cela, le journal, Mickaël Dorian. Bonjour Mickaël.
00:00:35 Bonjour Clélie, bonjour à tous.
00:00:37 Le bilan des séismes qui ont tragiquement frappé la Turquie.
00:00:41 Et la Syrie ne fait que s'alourdir, plus de 5000 morts ont été recensés pour le moment
00:00:46 et les recherches se poursuivent.
00:00:47 Ce mardi, regardez les images incroyables de ce bébé sauvé,
00:00:51 miraculeusement des décombres.
00:00:54 En Turquie à présent, les secours français sont arrivés en renfort.
00:00:59 Je vous propose d'écouter l'un d'entre eux.
00:01:02 On va donc devoir faire toutes les formalités de coordination internationale.
00:01:06 Coordination d'abord avec les autorités turques, bien sûr,
00:01:09 avec le mécanisme européen et l'ONU.
00:01:12 Une première zone avait été envisagée, puis une deuxième,
00:01:15 là on nous parle d'une troisième qui devrait être accessible par voie routière
00:01:17 à deux heures de route d'ici.
00:01:19 Donc notre objectif pour remplir la lettre de la mission,
00:01:21 on va aller au plus vite faire des reconnaissances sur ce lieu.
00:01:25 Troisième ronde des mobilisations contre la réforme des retraites dans la rue,
00:01:28 dans les transports et aussi dans les facs.
00:01:31 Selon une source policière, neuf sites universitaires et 24 lycées
00:01:34 sont perturbés en ce moment en France, avec au total 14 blocages.
00:01:38 À l'université de Tolbiac, notamment, écoutez la présidente de l'UNEF,
00:01:43 l'Union Nationale des étudiants de France.
00:01:46 Alors depuis ce matin, il y a un blocage des ascenseurs
00:01:48 sur le campus de Tolbiac de l'université Paris 1.
00:01:51 L'objectif c'est de pouvoir bloquer l'accès aux salles de cours
00:01:55 sur l'ensemble du bâtiment.
00:01:57 Aujourd'hui, notre quotidien en tant qu'étudiant à 20 ans,
00:01:59 c'est de faire la queue dans des distributions alimentaires pour se nourrir.
00:02:02 Et ce qu'on ne veut absolument pas, c'est à 67 ans,
00:02:05 Rebelote continue à faire la queue dans des banques alimentaires
00:02:08 pour pouvoir manger à la fin du mois.
00:02:10 Et donc c'est pour ça que les jeunes sont mobilisés aujourd'hui
00:02:12 et qui rejoindront l'ensemble des cortèges à travers la France
00:02:15 pour faire entendre la voix de la jeunesse.
00:02:17 Dans les transports parisiens, à présent,
00:02:20 la grève est moins suivie que le 31 janvier dernier,
00:02:23 surtout dans les bus et les tramways.
00:02:25 Et même si certains usagers ont anticipé et se sont levés plus tôt,
00:02:29 ils sont dans l'ensemble beaucoup moins impactés.
00:02:33 Ça prend du temps.
00:02:34 Là pour aller au travail, il faut que je me réveille 7 heures du matin.
00:02:37 Donc c'est très compliqué en fait.
00:02:38 Alors j'ai changé d'itinéraire, j'ai abandonné les métros.
00:02:40 Mais autrement, je ne suis pas parti vraiment plus tôt que d'habitude.
00:02:43 Les transports extérieurs ne sont pas trop affectés.
00:02:45 J'ai d'autres routes pour me rendre à mon université,
00:02:48 donc ce n'est pas vraiment un problème.
00:02:49 Honnêtement, je n'ai pas eu trop de problèmes aujourd'hui pour arriver.
00:02:53 Là, je vais au travail, c'est juste que la station où je descends d'habitude est fermée.
00:02:57 Pour le travail, ils ont dit.
00:02:59 Du coup, j'ai préféré venir prendre le tram pour aller à mon travail.
00:03:03 Je suis partie plutôt de chez moi pour faire face à la grève.
00:03:06 Je m'attendais à pire, donc ça va.
00:03:10 Dans le reste de l'actualité, le maire d'Île-Kirch,
00:03:13 Grafenstaden, dans le Barin, est poursuivi en justice
00:03:16 pour avoir refusé de célébrer un mariage.
00:03:18 En octobre 2022, Thibaut Philips avait décidé d'annuler la cérémonie
00:03:23 après de multiples incidents au sein du cortège.
00:03:26 Joint par la rédaction de CNews, il est revenu sur cet événement.
00:03:29 Et en fait, pendant ce cortège-là, il y avait eu un certain nombre d'infractions
00:03:35 au code de la route, plus des coups de feu avec un pistolet d'alarme.
00:03:41 Donc ça a épaillé la population.
00:03:44 Et puis une appropriation du domaine public puisqu'ils avaient
00:03:47 carrément barré certaines rues pour pouvoir y pratiquer des accélérations
00:03:50 à forte vitesse.
00:03:52 Il y a des habitants qui, à un moment, ont essayé de demander aux invités
00:03:57 de ralentir un petit peu leur véhicule.
00:04:00 Les invités faisaient semblant, pour certains, d'aller les renverser,
00:04:04 de les écraser.
00:04:05 Et un mot des soldes pour terminer.
00:04:07 Si vous voulez en profiter, dépêchez-vous parce que ça se termine ce soir
00:04:10 avec une bonne nouvelle tout de même.
00:04:11 Les soldes d'hiver affichent de meilleurs résultats qu'en 2022.
00:04:15 L'Alliance du commerce enregistre 6% de chiffre d'affaires supplémentaires
00:04:19 par rapport à l'année dernière.
00:04:21 Voilà, c'est la fin de ce journal.
00:04:22 La parole aux Français à présent avec Lélie Mathias et ses invités.
00:04:26 Bonne après-midi sur CNews.
00:04:27 Merci, Mickaël.
00:04:27 On se retrouve à 15h.
00:04:29 Mes invités, justement, Jean-Michel Fauvergue.
00:04:31 Bonjour, soyez le bienvenu.
00:04:32 À vos côtés, Éric de Ritmaten, le spécialiste des questions économiques.
00:04:36 À CNews, on va évidemment parler des retraites et de cette réforme.
00:04:39 Mélodie Huchard du service politique de CNews,
00:04:42 parce que les débats, je le disais, ont commencé aussi dans l'hémicycle.
00:04:45 Et à vos côtés, Yvan Rioufol.
00:04:47 Soyez le bienvenu.
00:04:49 Vous allez voir des images.
00:04:50 On est en direct des manifestations en région, mais aussi celles de Paris.
00:04:55 Le cortège s'est réuni place de l'Opéra et ne va pas tarder à s'élancer.
00:05:02 Le parcours, il a changé par rapport au 31 janvier dernier,
00:05:07 où il était sur la rive gauche.
00:05:08 Là, il est plutôt sur la rive droite, c'est-à-dire que,
00:05:10 parti de l'Opéra, ils vont rejoindre la place de la Bastille en fin de journée.
00:05:16 En région aussi, les manifestations et les défilés étaient nombreux.
00:05:20 On va écouter quelques Français qui manifestaient contre cette réforme des retraites à Avignon.
00:05:27 Moi, je pense qu'on est un pays riche et qu'il y a d'autres moyens de trouver des fonds
00:05:32 pour pouvoir laisser les gens partir avec une retraite convenable.
00:05:36 Déjà, on est fatigué à notre âge, donc s'il faut faire deux ans de plus,
00:05:41 la fatigue, se lever le matin tôt, la douleur, la pénibilité du boulot, c'est tout ensemble.
00:05:46 Un sacrifice, oui, quand même, parce que c'est des jours de perdus,
00:05:51 des heures de perdus et de l'argent de perdus.
00:05:55 Mais un sacrifice, non, parce que je le fais volontiers pour me défendre
00:05:58 et pour défendre surtout mes enfants.
00:06:01 Nos équipes étaient également à Brest, où là aussi, il y avait du monde dans le cortège.
00:06:06 Écoutez.
00:06:08 Je ne pense pas que la mobilisation va suffire.
00:06:11 Je pense que le gouvernement est borné et qu'il restera sur sa réforme.
00:06:17 Je pense qu'on va attendre les réponses du gouvernement suite à cette mobilisation d'aujourd'hui.
00:06:23 Et puis, on va voir quelles sont les réponses qu'ils apportent.
00:06:26 Et on va essayer de continuer notre mobilisation jusqu'à un retrait de cette réforme.
00:06:30 Je suis arrêtée pour élever mes enfants, mais là, je me sens pénalisée.
00:06:34 J'ai une carrière complète, mais aujourd'hui, on ne me laisse pas partir.
00:06:38 Voilà, des cortèges un peu partout en France et à Paris, je vous le disais.
00:06:42 Le cortège ne va pas tarder à s'élancer depuis la place de l'Opéra.
00:06:46 Au niveau des grèves par rapport aux deux précédentes journées,
00:06:49 le nombre de grévistes est en baisse, de manière générale,
00:06:52 que ce soit à la SNCF, chez EDF ou même dans l'enseignement.
00:06:56 Vous allez voir les chiffres, les comparatifs surtout,
00:06:58 parce que c'est ça qui est intéressant, entre le 19 janvier, le 31 janvier
00:07:02 et aujourd'hui, par exemple pour EDF, 30,3% de grévistes aujourd'hui,
00:07:08 40,3% le 31 janvier et 44,5% de grévistes le 19 janvier.
00:07:15 Et à la SNCF, 25% de grévistes aujourd'hui, contre 36% le 31 janvier, 46% le 19 janvier.
00:07:23 On va voir les chiffres, je pense, pour l'éducation nationale.
00:07:24 Voilà, dans l'enseignement, il y a 14,17% d'enseignants grévistes aujourd'hui,
00:07:29 25,92% le 31 janvier, 42,35% le 19 janvier dernier.
00:07:36 On verra bien sûr à l'issue de cette journée le nombre de manifestations
00:07:40 et si la mobilisation s'est poursuivie dans la rue,
00:07:43 sachant bien sûr qu'il y a une journée de manifestations prévue également samedi
00:07:48 et que l'on suivra particulièrement pour voir si les cortèges sont fournis ou non.
00:07:53 Autre différence avec les autres journées,
00:07:56 elle se passe du côté de l'Assemblée nationale,
00:07:58 parce que la dernière fois, le 19 janvier, le 31 janvier,
00:08:00 les débats n'avaient pas commencé.
00:08:02 Là, Elodie Huchard, les députés se sont enfin emparés du texte depuis hier.
00:08:08 C'est houleux.
00:08:09 C'est houleux, effectivement.
00:08:11 C'est le moins qu'on puisse dire.
00:08:12 Un président de groupe disait quelques jours avant le début des débats
00:08:15 « ça va être infecte comme ambiance ».
00:08:17 Eh bien, la journée d'hier, en tout cas, lui donne raison.
00:08:20 Beaucoup de broids, de rappels aux règlements,
00:08:22 de demandes de suspension de séance, parfois d'ailleurs,
00:08:25 qui sont demandées légitimement par l'opposition.
00:08:27 Mais on voit bien que c'est une Assemblée qui ne va pas avancer rapidement.
00:08:31 Il y a d'un côté ce qu'on peut appeler l'obstruction parlementaire de l'ANUPS,
00:08:35 qui a déposé plus de 18 000 amendements.
00:08:36 Alors d'ailleurs, c'est une stratégie, parce qu'ils expliquent que
00:08:39 si le gouvernement lâche un peu, s'ils sentent un gouvernement constructif,
00:08:42 eux-mêmes pourraient retirer certains amendements pour aller plus vite.
00:08:46 Et puis, on l'a vu ce matin, la porte de l'Assemblée qui a été taguée,
00:08:49 la statue qui est à proximité de l'Assemblée aussi.
00:08:52 Et puis, à noter, hier soir, le Rassemblement national,
00:08:54 un certain nombre de députés, en tout cas, qui ont reçu des appels
00:08:58 indiquant que certains de leurs proches étaient hospitalisés.
00:09:00 Le but, évidemment, est de faire sortir ces députés de l'hémicycle.
00:09:03 - Des manœuvres qui ont été dénoncées.
00:09:05 - Des manœuvres dénoncées. Ils vont porter plainte, effectivement.
00:09:08 Mais on voit bien dans quelle ambiance, sans compter en plus, malheureusement,
00:09:10 les menaces de mort reçues par un certain nombre de députés de tout groupe
00:09:13 autour de cette réforme des retraites.
00:09:15 Voilà un peu l'ambiance dans laquelle l'Assemblée travaille en ce moment.
00:09:18 - Yvan Rioufol.
00:09:18 - Oui, on est un peu cul par-dessus tête.
00:09:20 C'est-à-dire que jusqu'alors, c'était les manifestations qui dégénéraient très rapidement.
00:09:24 - Là, c'est dans l'hémicycle.
00:09:25 - Et là, c'est l'hémicycle.
00:09:26 Les manifestations se tiennent remarquablement bien pour l'instant,
00:09:29 en tout cas, avec un aspect bon enfant que tout le monde reconnaît,
00:09:32 surtout en province. À Paris, on le verra bien.
00:09:34 Et on voit que c'est la nupèce qui, à l'Assemblée,
00:09:36 est en train de bordéliser.
00:09:38 Je reprends le terme qui avait été celui de Gérald Darmanin,
00:09:41 mais il l'a peut-être assez bien choisi.
00:09:42 Et ce que l'on voit, ce que l'on commence à voir apparaître, dans le fond,
00:09:46 c'est à travers cette épui...
00:09:47 Il y avait une apparente résurrection, naturellement, de la puissance syndicale,
00:09:52 mais il y a également un essoufflement du mouvement
00:09:54 et donc peut-être une tendance à la radicalisation
00:09:57 pour ceux qui ne veulent pas, naturellement, perdre ce combat-là
00:10:01 et singulièrement tous ces syndicats,
00:10:03 la CGT et tous les autres syndicats plus extrêmes que la CFDT.
00:10:07 Donc, en effet, il y a ce paradoxe de voir qu'aujourd'hui,
00:10:10 la rue se tient mieux que certains parlementaires,
00:10:14 mais la rue pourrait également, me semble-t-il,
00:10:16 prendre prétexte maintenant de ce mauvais exemple donné par les députés,
00:10:20 pourrait également...
00:10:21 - On verra. - On le verra bien.
00:10:22 Mais la rue parisienne, j'en entends,
00:10:24 parce que les rues provinciales se sont calmes,
00:10:26 mais la rue parisienne, il faudra observer de près
00:10:28 ce qui va se passer aujourd'hui et dimanche.
00:10:30 Mais on sent bien, malgré tout, que cette radicalisation
00:10:33 devient presque un cri de désespoir,
00:10:35 dans la mesure où, il me semble que, malgré tout,
00:10:37 les jeux sont faits, que les dés sont jetés
00:10:39 et que cette réforme passera.
00:10:41 - On va être en direct d'un instant à l'autre,
00:10:43 depuis la manifestation et le cortège parisien.
00:10:46 Avant cela, Eric, il y a eu des petites concessions
00:10:48 faites de la part du gouvernement,
00:10:49 notamment sur les carrières longues, récemment.
00:10:51 - Pas que des petites, parce que si vous faites l'addition
00:10:53 de tout ce qui a été fait depuis plusieurs jours,
00:10:55 on arrive, voire on dépasse les 6 milliards.
00:10:58 J'appelle ça les mesures adoucissantes
00:10:59 pour faire passer la pilule plus facilement.
00:11:02 Et effectivement, là, sur les carrières longues,
00:11:03 ça pourrait bouger,
00:11:06 puisqu'il y aura possibilité de partir plus tôt,
00:11:09 si vous avez commencé à travailler à 20, 21 ans.
00:11:12 Donc on sent que ça bouge, mais il y a un moment
00:11:14 où on atteint la limite extrême.
00:11:15 Voilà, donc je pense que le gouvernement aura du mal
00:11:18 à aller au-delà, puisque les gestes sont tellement énormes
00:11:20 déjà aujourd'hui que le bénéfice financier de la réforme
00:11:23 risque vite de disparaître ou de fondre au soleil.
00:11:25 - La parole aux Français, on est en direct du cortège parisien
00:11:28 avec Sylvie, bonjour.
00:11:30 Bonjour Sylvie, vous m'entendez ?
00:11:35 Oui, ça y est, je vous vois même.
00:11:40 Bonjour Sylvie, vous êtes enseignante,
00:11:42 vous avez 62 ans,
00:11:44 vous travaillez encore ?
00:11:46 Je crois que Sylvie ne m'entend pas.
00:11:51 - Non.
00:11:52 - Tellement de monde et tellement de bruit que j'entends pas en fait.
00:11:55 - Eh oui, c'est ça le problème.
00:11:57 C'est ça le problème, vous êtes en plein dans le cortège parisien.
00:12:00 On va revenir, le temps d'essayer de...
00:12:02 Le temps d'essayer de régler ces problèmes de son.
00:12:06 On vous voit bien, Sylvie, je sais pas si vous m'entendez,
00:12:08 mais on vous voit bien, on va essayer de régler les problèmes de son
00:12:11 pour vous donner la parole et pour vous nous expliquer pourquoi
00:12:13 vous avez tenu à manifester aujourd'hui.
00:12:15 C'était donc une enseignante de 62 ans
00:12:17 et j'espère qu'on va la retrouver d'ici un instant à l'autre.
00:12:19 Mais c'est vrai que, en plein milieu comme ça du cortège,
00:12:22 parfois on a du mal à entendre, surtout quand on n'est pas habitué
00:12:25 à fonctionner avec une oreillette.
00:12:27 Jean-Michel Fauverg.
00:12:29 - Oui, sur l'Assemblée, je voudrais rebondir sur l'Assemblée.
00:12:34 - Bien sûr, oui.
00:12:36 - La manière de faire aujourd'hui, c'est une manière de faire
00:12:39 qui a été rodée sur le quinquennat précédent.
00:12:42 - Quelle manière de faire ?
00:12:44 - Les interruptions de séance, les rappels aux règlements,
00:12:48 le nombre important d'amendements.
00:12:52 - Oui, c'est connu.
00:12:54 - Ça a été fait à plusieurs reprises.
00:12:56 - Ça a été fait de façon artisanale dans le précédent quinquennat
00:12:58 et c'est en train de se professionnaliser.
00:13:00 On a vu, effectivement, hier, des rappels aux règlements incessants
00:13:05 qui, dès le départ, moi, je me rappelle d'avoir vécu ça
00:13:09 sur la réforme des institutions qui correspondait, malheureusement,
00:13:13 avec l'affaire Benalla.
00:13:15 Là, il y a eu des rappels aux règlements incessants
00:13:17 qui ont fait qu'on n'a jamais avancé.
00:13:19 - Mais ce n'est pas le problème aussi, justement, pour démocratique,
00:13:22 puisqu'on dit, voilà, dans la rue, on manifeste, on fait grève.
00:13:25 Dans l'hémicycle, on est censé débattre, poser argument contre argument.
00:13:29 Est-ce que ça ne va pas à l'encontre du débat démocratique ?
00:13:34 - Normalement, le Parlement est là, et en particulier l'Assemblée nationale,
00:13:38 pour échanger, pour échanger des arguments,
00:13:41 pour enrichir le texte, si c'est possible, avec des amendements intéressants.
00:13:46 En fait, on s'aperçoit véritablement que sur les textes importants,
00:13:49 ça ne se passe jamais comme ça.
00:13:51 D'un côté, on a un gouvernement qui a un projet
00:13:54 et qui veut le faire amender, peut-être,
00:13:57 et de l'autre côté, des radicalités.
00:13:59 - Il semble qu'on aurait retrouvé Sylvie, qu'elle puisse nous entendre.
00:14:01 Sylvie, en direct du cortège parisien, place de l'Opéra.
00:14:04 - Oui ? Bonjour. - Vous m'entendez ?
00:14:06 - Ça y est ? - Je vous entends.
00:14:09 - Ah, on est content de vous avoir. - Oui, oui, c'est bon.
00:14:11 - Bonjour à vous, vous avez 62 ans, vous êtes enseignante.
00:14:14 Est-ce que vous travaillez encore, alors qu'il est ?
00:14:17 - Voilà, je travaille encore, pour des raisons personnelles.
00:14:21 Je pourrais être à la retraite, mais je ne la prends pas tout de suite.
00:14:24 Mais, donc, je manifeste par solidarité.
00:14:28 Et, voilà, je suis enseignante dans un collège parisien.
00:14:32 - Vous enseignez quoi ? Quelle est la matière que vous enseignez ?
00:14:35 - Voilà. L'anglais.
00:14:38 - Ne me dites pas ça comme ça. L'anglais.
00:14:41 Et alors, pourquoi vous avez choisi... Je vais vous poser quelques questions, quand même.
00:14:44 Mais vous, vous pourriez partir à la retraite et vous ne le faites pas.
00:14:47 Alors, la question, ça me sent bizarre que vous soyez dans cette...
00:14:50 - Pour des raisons personnelles. - Voilà, mais ça me sent bizarre
00:14:52 que vous soyez dans la rue contre cette réforme des retraites.
00:14:55 Si vous, vous pensez que vous pouvez pousser un peu plus loin, pour X ou Y raisons,
00:14:59 vous ne semblez pas vouloir les dire. Est-ce que...
00:15:02 - Moi, pour des raisons... - Elle a besoin de gagner sa vie.
00:15:05 - Moi, pour des raisons personnelles.
00:15:08 Mais je pense qu'il y a d'abord beaucoup de gens qui ont d'autres conditions de travail que les miennes.
00:15:13 Ensuite, moi, je me suis un petit peu arrêtée dans ma vie.
00:15:16 Donc, même si j'ai mes annuités, voilà.
00:15:19 Mais il y a des gens qui n'ont pas de respiration de toute leur vie
00:15:22 et qui ne peuvent pas continuer aussi longtemps.
00:15:24 - Mais vous, par exemple, pour parler des enseignants,
00:15:27 est-ce que vous pensez que deux ans de plus, c'est vraiment pas faisable pour les enseignants ?
00:15:31 - Ça dépend des conditions de travail. Et donc, oui, il y a beaucoup d'enseignants.
00:15:37 Il y a d'abord... Moi, je ressens... Vous voyez, j'ai 62 ans, je suis dans la 63e année.
00:15:41 Eh bien, je trouve que chaque année, c'est un petit peu différent.
00:15:45 Donc, oui. Ensuite, il y a l'image qu'on a auprès des petits,
00:15:51 le "generation gap". Voilà.
00:15:54 Donc, au-delà de ça, est-ce qu'elle est juste, cette réforme ?
00:15:58 Est-ce qu'elle est juste ?
00:15:59 - Et vous, vous pensez qu'elle est injuste ?
00:16:01 - Voilà.
00:16:02 - Vous étiez dans les manifestations...
00:16:03 - Elle est injuste, c'est les petits qui vont payer, c'est les plus précaires.
00:16:06 - Est-ce que vous étiez dans les manifestations le 19 janvier et le 31 janvier ?
00:16:09 - Oui, j'étais dans les manifestations précédentes.
00:16:11 - Oui.
00:16:12 - Oui, vous y étiez.
00:16:13 - Oui.
00:16:14 - Et le samedi, vous y serez...
00:16:15 - Et le samedi, pour les jeunes, et voilà.
00:16:16 - Et vous y serez encore, donc, pour samedi ?
00:16:17 - Et samedi, j'y serai.
00:16:18 - Je vais vous donner la parole à Yvan Rioufol, qui brûle de vous poser une question.
00:16:21 - Non, j'aurais voulu avoir votre sentiment, puisque vous êtes au cœur de la foule,
00:16:25 pour savoir si vous pressentez que le mouvement pourrait se rédire, se radicaliser,
00:16:30 si, effectivement, le gouvernement persistait à ne plus vouloir négocier,
00:16:34 ayant déjà lâché beaucoup depuis ces dernières semaines.
00:16:38 Est-ce que vous sentez cette possible radicalisation du mouvement ?
00:16:41 - Lâcher beaucoup, je ne suis pas sûre.
00:16:44 Lâcher beaucoup, je ne suis pas sûre.
00:16:45 Radicalisation, ce n'est peut-être pas le mot.
00:16:47 Mais que le mouvement soit de plus en plus populaire, oui.
00:16:51 Moi, j'ai des collègues qui n'avaient quasiment jamais fait grève qui le font.
00:16:55 Et pour votre information, dans mon collège, qui n'est pas compté,
00:16:59 parce qu'on ne compte que les établissements pilotes,
00:17:01 donc le nombre de grévistes n'est pas toujours exact,
00:17:03 dans mon collège, ce matin, il y avait, sur 18 profs attendus, 17 en grève.
00:17:09 - Ah oui, quand même.
00:17:10 - Voilà, un collège de Centreville, facile.
00:17:15 - Qui sont les gens que vous rencontrez dans le cortège ?
00:17:20 Est-ce qu'ils viennent tous de la fonction publique ?
00:17:22 Est-ce que vous avez rencontré des gens qui viennent du privé ?
00:17:24 Est-ce que vous avez eu le temps, d'ailleurs, peut-être,
00:17:26 de discuter, d'échanger un petit peu ?
00:17:28 - Non, là, je n'ai pas eu le temps parce que j'arrive,
00:17:32 mais dans les manifestations précédentes, oui,
00:17:35 il y a des gens qui n'avaient jamais manifesté,
00:17:37 alors qu'ils ont posé un jour de grève,
00:17:39 ou qu'ils ont même posé un jour de RTT ou de congé
00:17:42 pour pouvoir manifester leur opposition à cette loi.
00:17:46 - Jean-Michel Fauvert, une question au plateau.
00:17:48 - Oui, moi, je voudrais vous demander, Madame,
00:17:50 ce que vous pensez du chiffre des manifestants,
00:17:54 en particulier des enseignants, qui a beaucoup baissé
00:17:57 depuis le premier jour, donc il n'y a pas cette mobilisation-là.
00:17:59 Vous avez donné un début de réponse dans votre collège à vous,
00:18:02 ou dans votre lycée, je ne sais pas trop.
00:18:04 - Collège.
00:18:05 - Qu'est-ce que vous pensez de ce chiffre qui est en baisse ?
00:18:09 Et puis la deuxième question,
00:18:11 quelle est l'ambiance au sein de la manifestation ?
00:18:13 Est-ce que vous avez repéré des éléments perturbateurs,
00:18:16 genre Black bloc ?
00:18:18 - Ça, c'est l'ancien Duren qui parle.
00:18:20 - Il y en a forcément, mais je ne les ai pas repérés.
00:18:24 Et ensuite, quand vous dites la baisse des grévistes, etc.,
00:18:29 je vous dis le décompte, il est quand même très, très particulier.
00:18:32 Moi, je viens de passer 18 ans dans le Sud-Ouest,
00:18:35 mon petit collège d'une petite ville du Sud-Ouest,
00:18:38 c'est pareil, ils ont des chiffres de grévistes
00:18:41 et de manifestants qu'ils n'ont jamais eus.
00:18:43 Donc voilà, ce n'est pas de la propagande,
00:18:45 c'est moi, mon histoire.
00:18:47 - Quand vous voyez les autres pays européens
00:18:49 qui affichent des taux, des âges de départ à la retraite
00:18:52 qui avoisinent les 65, voire même 67 ans,
00:18:55 est-ce que vous ne pensez pas que la France devrait s'aligner aussi ?
00:18:59 - Alors écoutez, moi, j'ai beaucoup voyagé,
00:19:02 j'ai beaucoup d'amis dans beaucoup de pays,
00:19:04 européens et autres.
00:19:06 Et mes amis, ils disent "Tenez bon".
00:19:09 Mes amis australiens, mes amis italiens, "Tenez bon".
00:19:12 - Et pourtant, les Italiens, ils partent à 65 ans.
00:19:14 - Ce n'est pas sur eux qu'on doit s'aligner, c'est chez nous.
00:19:16 - Est-ce qu'on peut...
00:19:17 - Justement, ils n'en peuvent plus.
00:19:19 - Jean-Michel Fauvergne, une question au plateau.
00:19:21 - Oui, Madame. Est-ce qu'on peut généraliser le fait de dire
00:19:24 qu'à 65 ans, on ne peut plus, par exemple, enseigner
00:19:28 ou être policier ?
00:19:30 Est-ce que ça ne dépend pas juste des conditions de travail
00:19:33 des uns et des autres et de l'état de santé des uns et des autres ?
00:19:37 Est-ce qu'à 65 ans, on est vraiment foutus ?
00:19:40 - Bien sûr.
00:19:42 Non, on n'est pas foutus à 65 ans.
00:19:45 Il y a eu des progrès...
00:19:48 Entre le début de la mise en place de la retraite,
00:19:51 où les gens mouraient assez vite et où ils ne pouvaient plus,
00:19:54 ils étaient abîmés, ils ne pouvaient plus subvenir
00:19:57 à leurs besoins aujourd'hui, on peut imaginer quand même
00:20:00 qu'il y a eu des progrès sociaux.
00:20:03 On peut imaginer, par exemple, qu'avant, le travail des enfants
00:20:06 était normal, aujourd'hui, il ne l'est plus.
00:20:09 Donc on peut imaginer qu'on doit aller sur la voie du progrès
00:20:12 et donc permettre, grâce aux richesses produites
00:20:15 par tous les petits, on peut gagner des choses,
00:20:18 y compris en confort.
00:20:21 - Dernière question.
00:20:24 - On n'est pas tous foutus à 65 ans, loin de là.
00:20:27 - Je voulais savoir si vous pensiez que le thème
00:20:30 de la défense des retraites, telle qu'elle est tout à l'heure,
00:20:33 peut suffire pour faire adhérer l'ensemble de la population
00:20:36 à ce mouvement qui reste malgré tout un mouvement syndical
00:20:39 comme on en a connu beaucoup ces dernières années.
00:20:42 Il y a un côté conservateur, malgré tout,
00:20:45 dans ces grandes processions syndicales.
00:20:48 Est-ce que vous pensez que la colère française se résume
00:20:51 simplement à cet objet qui est important,
00:20:54 des retraites et de leur préservation ?
00:20:57 - Je pense que c'est fédérateur,
00:21:00 parce que ça peut concerner beaucoup de gens en puissance.
00:21:03 En revanche, moi, si je suis là,
00:21:06 c'est aussi pour tout le modèle social.
00:21:09 Je suis enseignante, je sais comment ça se passe,
00:21:12 je sais tous les reculs, le manque de moyens
00:21:15 dans l'éducation nationale.
00:21:18 Donc au-delà de ça, c'est notre modèle social qui est attaqué.
00:21:21 C'est au-delà de ça, mais c'est fédérateur.
00:21:24 C'est pour ça qu'il y a un grand mouvement,
00:21:27 parce que ça concerne tout le monde.
00:21:30 - Merci beaucoup, Sylvie.
00:21:33 - On vous laisse rejoindre le cortège.
00:21:36 Un grand merci à Simon Guillin et à Léo Marcheguet
00:21:39 pour la réalisation de ce duplex.
00:21:42 On va partir à Saint-Omer, dans le Pas-de-Calais.
00:21:45 On va retrouver un ancien légionnaire.
00:21:48 - Claude, bonjour.
00:21:51 Merci d'être en direct avec nous.
00:21:54 Autre question personnelle, quel âge avez-vous ?
00:21:57 - J'ai 75 ans.
00:22:00 - Vous êtes un ancien légionnaire et vous êtes contre
00:22:03 cette réforme des retraites. Expliquez-nous pourquoi.
00:22:06 - Bien sûr, tout simplement.
00:22:09 Je ne peux pas parler de ça pour mon compte personnel,
00:22:12 bien entendu, mais les gens qui manifestent
00:22:15 aujourd'hui ont tout à fait raison.
00:22:18 On est dans une société où, malheureusement,
00:22:21 on n'a même plus le droit de faire quoi que ce soit.
00:22:24 Les pauvres gens, si on peut appeler ça ça,
00:22:27 vous les voyez simplement dans les grandes surfaces faire les courses.
00:22:30 C'est malheureux. Il n'y a pas que les retraites.
00:22:33 Il y a tout le restant. Les augmentations de l'électricité,
00:22:36 qui est catastrophique. L'augmentation du gasoil,
00:22:39 on n'en parle même pas. On n'ose même plus monter dans sa voiture
00:22:42 pour dire que c'est quelque chose d'assez impressionnant.
00:22:45 - Si je comprends bien, votre colère est plus générale
00:22:48 contre l'état du pays, la manière dont il est gouverné,
00:22:51 je le présume. Vous avez manifesté aujourd'hui ?
00:22:54 Vous êtes descendu dans la rue ?
00:22:57 - Non, je suis mal placé pour venir manifester,
00:23:00 si vous voulez. Vu ma situation, ce n'est pas possible.
00:23:03 Mais je suis tout à fait avec les gens qui manifestent
00:23:06 parce qu'ils ont entièrement raison.
00:23:09 Ils manifestent gentiment, si vous voulez.
00:23:12 Ils ne sont pas là comme d'autres, malheureusement, casseurs.
00:23:15 Ils manifestent pour se faire entendre.
00:23:18 C'est très malheureux que personne ne les entende,
00:23:21 qu'on passe au-dessus de leurs besoins.
00:23:24 Ils n'ont pas que les retraites. Malheureusement,
00:23:27 c'est catastrophique. C'est ingénéral, tout simplement.
00:23:30 - Je suis un peu curieuse. Vous parliez de votre situation
00:23:33 qui était un peu particulière.
00:23:36 Quelle est-elle ?
00:23:39 Pourquoi vous vous sentez chanceux par rapport à d'autres ?
00:23:42 - Bien sûr, je suis chanceux par rapport à d'autres.
00:23:45 Avec une situation que j'ai faite,
00:23:48 j'ai bourlingué un peu partout.
00:23:51 J'ai une retraite qui est plus que raisonnable.
00:23:54 Je ne peux pas me permettre de manifester pour ce genre de choses.
00:23:57 - Et pourtant, vous êtes avec les manifestants ?
00:24:00 - Bien sûr. On ne peut pas faire autrement
00:24:03 que d'être avec eux.
00:24:06 C'est des gens qui sont là. Ils ont raison.
00:24:09 Il faut se rappeler des manifestations qui se sont faites
00:24:12 en 1936 pour avoir simplement nos congés payés.
00:24:15 Aujourd'hui, on est en train de diminuer.
00:24:18 Il n'y a plus rien.
00:24:21 Il faudra bientôt enlever deux mots au-dessus des mairies.
00:24:24 Il faudra bientôt enlever la liberté et l'égalité.
00:24:27 Il n'y a plus rien.
00:24:30 - Votre constat est sévère.
00:24:33 Jean-Michel Fauvergue en plateau.
00:24:36 - Bonjour Claude.
00:24:39 J'ai beaucoup de respect et d'estime pour ce que vous avez dit.
00:24:42 Et pour ce que vous avez sans doute fait en tant qu'ancien légionnaire.
00:24:45 Mais je voulais vous dire,
00:24:48 est-ce que ça ne vous semble pas important
00:24:51 à un certain moment d'essayer de prémunir
00:24:54 notre système de solidarité en trouvant des moyens
00:24:57 pour le financer ?
00:25:00 62 à 64 ans est un moyen de financer notre solidarité,
00:25:03 de la rendre pérenne.
00:25:06 Est-ce que ça, ça vous parle ?
00:25:09 - Oui, bien sûr.
00:25:12 62 ans, 60, 62, 64,
00:25:15 on peut aller jusqu'à 70 ans.
00:25:18 Tout dépend bien entendu de la forme de travail
00:25:21 que les gens ont fait dans leur vie.
00:25:24 Je ne veux pas m'attirer les foudres de guerre,
00:25:27 mais vous prenez quelqu'un qui conduit un train,
00:25:30 qui est assis dans sa cabine,
00:25:33 avec beaucoup de respect pour eux et beaucoup de responsabilité,
00:25:36 il n'a pas la même fatigue
00:25:39 que quelqu'un qui va être dehors toute la journée
00:25:42 à faire des travaux publics ou dans les mines.
00:25:45 - Merci beaucoup Claude d'avoir été en direct avec nous.
00:25:48 - La retraite à 62, voilà.
00:25:51 - Merci, on a compris.
00:25:54 Merci beaucoup Claude d'avoir témoigné aujourd'hui.
00:25:57 On a compris votre position.
00:26:00 Merci également à Thibault Marcheteau et Charles Baget pour le duplex.
00:26:03 On se retrouve dans quelques instants, juste après la pub.
00:26:06 On fera le point évidemment et on sera en direct des manifestations.
00:26:09 On vous donne la parole, que vous soyez pour ou contre
00:26:12 cette réforme des retraites. A tout de suite.
00:26:15 Avant de rejoindre les cortèges en région et à Paris,
00:26:18 un point sur l'actualité. Mathieu Deveze.
00:26:22 - Le bilan s'aggrave en Turquie et en Syrie.
00:26:25 Plus de 5000 personnes sont mortes après un séisme de magnitude 7,8 lundi.
00:26:28 Il s'agit du séisme le plus meurtrier depuis 1999.
00:26:31 Les recherches de rescapés se poursuivent aujourd'hui.
00:26:34 Selon l'Organisation mondiale de la santé,
00:26:37 23 millions de personnes sont potentiellement exposées.
00:26:40 Des baisses de production d'électricité
00:26:43 constatées dans les centrales d'EDF.
00:26:46 Dans le cadre de la mobilisation contre la réforme des retraites,
00:26:49 l'ACGT confirme que des grévistes ont procédé dans la nuit
00:26:52 à des baisses de la production.
00:26:55 Elles ont atteint 4120 MW en fin de matinée,
00:26:58 soit l'équivalent de 4 réacteurs nucléaires.
00:27:01 Le taux de grévistes chez EDF s'élève à la mi-journée
00:27:04 à 30% de l'effectif global.
00:27:07 Et puis un contrôle routier a mené les gendarmes
00:27:10 à un fromage de chèvre de cocaïne lors d'un banal contrôle
00:27:13 de véhicule vendredi dernier sur Lavins.
00:27:16 Le prix est de 1,50 g, ressemblant à un simple fromage de chèvre.
00:27:19 Une valeur marchande estimée à 25 000 euros.
00:27:22 Une enquête a été ouverte et confie à la brigade de recherche de Brilve.
00:27:25 - La parole au français.
00:27:28 Je suis toujours en compagnie d'Yvan Rufold, Elodie Huchard,
00:27:31 Eric de Ritmaten et Jean-Michel Fauvergue.
00:27:34 Troisième journée de mobilisation contre la réforme des retraites.
00:27:37 Que vous soyez pour ou contre cette réforme des retraites.
00:27:40 Nous sommes en ligne avec Marcel Turbo.
00:27:43 - Vous m'entendez ?
00:27:46 - Oui, je vous entends très bien.
00:27:49 - Super. Vous avez 52 ans, vous êtes agriculteur céréalien.
00:27:52 On vous voit dans un de vos champs.
00:27:55 Vous travaillez dans les Hauts-de-France.
00:27:58 Vous êtes pour cette réforme. Vous n'allez pas manifester.
00:28:01 Vous ne faites évidemment pas grève.
00:28:04 Et vous, vous la défendez, cette réforme. Expliquez-nous pourquoi.
00:28:07 - La réforme de la retraite, l'agriculteur a longtemps été
00:28:10 en train de faire des différentes réformes.
00:28:13 Aujourd'hui, s'il y a une avancée pour le monde agricole,
00:28:16 on a eu la décision, l'amendement de Julien Dive la semaine dernière
00:28:19 qui permet déjà de prendre sur 25 unités.
00:28:22 C'est déjà une avancée. Il y a les 1 200 euros qu'on nous promet.
00:28:25 Pour l'instant, on ne sait pas encore si les femmes sont admises.
00:28:28 Il y a des avancées. On donne confiance au gouvernement
00:28:31 pour que l'équilibre se refasse entre le monde agricole
00:28:34 et le monde de la ville.
00:28:37 - Vous comprenez les gens qui manifestent aujourd'hui ?
00:28:40 Pour la troisième fois, même parfois ?
00:28:43 - Malheureusement, j'ai l'impression qu'il y a un petit peu de...
00:28:46 Vu de l'extérieur, nous, on ne voit pas de manifestation dans la campagne.
00:28:49 Et on voit plus l'impression des gens qui sont un petit peu favorisés.
00:28:52 C'est ça le problème. On a l'impression que les retraites,
00:28:55 les systèmes spéciaux un petit peu...
00:28:58 - Les régimes. - Voilà. Donc nous, à l'agriculteur,
00:29:01 aujourd'hui, à 700, 800 euros, face à des gens qui sont interviewés
00:29:04 pour 700 euros, c'est quand même...
00:29:07 C'est quand même un petit peu gênant d'entendre ça.
00:29:10 - Et vous, vous allez travailler jusqu'à quel âge ?
00:29:13 - De toute façon, un agriculteur, aujourd'hui,
00:29:16 même quand il prend sa retraite à 64, 65, 67 ans,
00:29:19 il est obligé d'accompagner son fils pendant la reprise.
00:29:22 Il n'a pas la trésorerie nécessaire. Son fils n'a pas la trésorerie nécessaire
00:29:25 pour pouvoir le financer. C'est pour ça que je suis agriculteur,
00:29:28 mais je suis aussi à l'origine d'un nouveau projet, Turbo Céréales,
00:29:31 qui est justement d'apporter de la trésorerie aux jeunes agriculteurs
00:29:34 pour laisser partir leurs parents en retraite plus tôt.
00:29:37 - Alors vous, justement, quand même, on entend beaucoup de gens dire
00:29:40 "Moi, je fais un métier pénible, je voudrais partir à la retraite plus tôt".
00:29:43 Vous, vous venez nous le dire, vous partez à la retraite très tard,
00:29:46 alors que vous faites vous-même un métier pénible.
00:29:49 - Alors c'est vrai que c'est pas aussi pénible qu'il y a 40, 50 ans,
00:29:52 mais c'est pénible dans le sens où il y a beaucoup de nouvelles technologies,
00:29:55 beaucoup d'informations, beaucoup de choses à assimiler pour les agriculteurs.
00:29:59 Et donc ça crée une pénibilité intellectuelle qu'on n'avait pas il y a 50 ans.
00:30:02 Donc on a moins le côté "aller labourer, retourner à la terre manuellement",
00:30:06 mais il y a le côté intellectuel qui fatigue les agriculteurs.
00:30:09 Donc c'est pour ça qu'il faut quand même les aider aussi à partir plus tôt.
00:30:12 Et voilà. Et donc c'est un effort vers cette transition, même si c'est pas encore.
00:30:18 Il faudra voir dans 4 ans encore améliorer cette loi,
00:30:20 mais c'est un effort déjà qui est fait.
00:30:23 - Alors la parole en plateau, Eric de Ritmaten est avec nous.
00:30:25 - Oui, est-ce que finalement vos terres, votre ferme, ça n'est pas votre retraite par capitalisation en fin de compte ?
00:30:32 - Alors tout à fait. C'est une forme de retraite, mais comme je disais tout à l'heure,
00:30:36 malheureusement, mon fils qui a 8 ans, quand il va vouloir reprendre dans 15 ans,
00:30:41 il n'y aura pas forcément la trésorerie nécessaire pour moi.
00:30:43 Donc je vais devoir l'accompagner et continuer à travailler, tout en n'étant pas forcément payé.
00:30:48 Donc il y a vraiment une problématique dans la filière agricole,
00:30:51 c'est déjà la trésorerie et le manque d'argent, le manque de cash.
00:30:54 Et c'est pour ça qu'on fait appel aux citoyens retraités d'aller mettre l'argent dans la filière agricole
00:30:59 pour essayer de développer et maintenir un tissu local agricole.
00:31:04 - Une question d'Yvan Rioufol.
00:31:06 - Vous vous êtes félicité qu'il y ait moins de différences entre le monde rural et le monde urbain,
00:31:11 si je vous comprends bien, en tout cas entre le monde rural défavorisé
00:31:15 et le monde plus protégé, notamment par les syndicats.
00:31:19 - J'aime pas.
00:31:20 - Ma question était, quelles étaient ces grandes disparités auparavant
00:31:24 qui vous semblaient plus contestables et qui auraient été réparées ?
00:31:29 - Ils commencent à être réparés.
00:31:31 Je veux dire, il y a une première étape avec les 25 ans de travail,
00:31:35 de cotisation, donc des meilleures années, ça, ça va déjà permettre une avancée.
00:31:39 Il y a le salaire minimum de 1 200 euros.
00:31:42 Il faut savoir qu'aujourd'hui, c'est plutôt 7-800 euros,
00:31:44 donc ça va faire une bouffée de gène pour les agriculteurs.
00:31:48 Il y a des bonnes avancées, alors on veut toujours plus,
00:31:51 mais je pense que ce sera la prochaine étape dans 4 ans,
00:31:53 quand il y aura la révoyure, qu'on pourra encore améliorer la loi.
00:31:57 Mais il faut y aller étape par étape.
00:31:58 Il y a une différence qui a l'air de se corriger un petit peu vers les agriculteurs.
00:32:03 La ville fait un effort pour les agriculteurs et pour le monde rural.
00:32:06 Et dans 4 ans, il y aura encore des améliorations.
00:32:10 - Est-ce que vous pensez que ce mouvement syndical
00:32:13 puisse être fédérateur de toutes les autres frustrations sociales,
00:32:17 culturelles et identitaires qui pourraient en effet faire en sorte
00:32:20 que le monde rural vienne rejoindre ce mouvement-là ?
00:32:24 Ou est-ce que ce sont deux mouvements à part ?
00:32:26 Est-ce que ce sont deux mondes à part ?
00:32:28 - Malheureusement, c'est un peu deux mondes à part.
00:32:30 Je veux dire, le monde rural est peut-être plus solidaire,
00:32:33 il y a plus d'entraide entre les gens, les voisins qui s'entraident,
00:32:36 tandis qu'en ville, malheureusement, on est un peu égoïste
00:32:38 et on met en avant ses problèmes personnels.
00:32:41 Et je pense que c'est une réforme qui, malheureusement, est inévitable.
00:32:45 Et donc, il faut vraiment recréer du lien, recréer de l'entraide.
00:32:48 Certaines personnes vont être défavorisées,
00:32:50 mais la majorité des gens, même ceux qui sont dans la rue,
00:32:52 vont avoir quand même un avantage.
00:32:54 Donc, il faut y aller étape par étape.
00:32:56 C'est une construction à long terme, c'est une première étape.
00:32:58 Je pense qu'il faut faire confiance à nos élus.
00:33:01 On fait une première loi et dans 4 ans, on améliorera la loi.
00:33:04 - Et alors, quand vous parlez, on voit les images de Paris
00:33:07 où le cortège s'était lancé depuis la place de l'Opéra.
00:33:10 Une question de la part de Jean-Michel Fauvergue, à vous Marcel.
00:33:14 - Oui, Marcel, vous nous avez décrit dans votre vie de tous les jours
00:33:19 une solidarité d'abord intergénérationnelle
00:33:22 et ensuite une solidarité avec l'ensemble des agriculteurs
00:33:25 qui se trouvent autour de vous et qui sont capables
00:33:27 de se porter main forte en cas de pépins.
00:33:31 Est-ce que, que pensez-vous dans les manifestations d'aujourd'hui,
00:33:37 en particulier de l'argument de ne pas vouloir travailler jusqu'à 64 ans
00:33:47 et qui serait un argument contre la solidarité générale de ce système-là
00:33:52 et qui serait apte à financer le système si les gens l'acceptaient ?
00:33:57 - Après, dans le monde de l'école, je vous dis, on a l'habitude de travailler
00:34:01 jusqu'à 67, 68 ans, 69 ans, même en étant retraité.
00:34:05 Donc le travail, c'est quand même malgré tout la santé,
00:34:07 c'est la force, c'est l'équilibre intellectuel.
00:34:09 Donc il faut trouver une solution pour peut-être aménager
00:34:13 la façon de travailler pour les plus de 60 ans.
00:34:15 Mais il faut pouvoir continuer à travailler.
00:34:17 Moi, c'est ma conviction personnelle, c'est le travail,
00:34:19 ça permet de vivre plus longtemps.
00:34:21 Donc si on travaille jusqu'à 64 ans, mais en aménageant,
00:34:24 peut-être en ayant une semaine ou deux semaines de congés supplémentaires annuels,
00:34:27 c'est peut-être une idée pendant quatre ans,
00:34:30 aller rajouter deux semaines de congés pour les plus de 60 ans.
00:34:32 - Une transition en fait, quelque chose d'un peu plus doux.
00:34:35 - Oui, avec une valeur travail rehaussée.
00:34:38 - Qui est maintenue. Un grand merci pour...
00:34:40 - Et capitaliser...
00:34:41 - Oui, je vous laisse conclure, Marcel.
00:34:43 - Non, je dis capitaliser durant ces 40 annuités,
00:34:46 ça donne droit à deux, trois semaines de vacances supplémentaires
00:34:49 à partir de 60 ans, qui sont finissées par un système...
00:34:52 Ça peut être une idée pour pouvoir continuer à travailler
00:34:54 tout en profitant de sa retraite.
00:34:56 - On va téléphoner à Borde.
00:34:58 - On est arrivé à peut-être quelques hypothèses.
00:35:03 Une dernière question.
00:35:05 - Quand vous entendez les syndicats parler au nom des travailleurs
00:35:10 et au nom du peuple, comment vous entendez ces appropriations ?
00:35:15 - Ça, c'est pas d'aujourd'hui. Je pense qu'on l'entend dans les médias.
00:35:19 Je pense que les syndicats, c'est 1% des travailleurs.
00:35:22 Donc, je ne ferai pas de commentaires.
00:35:24 - Merci beaucoup, Marcel Turbot.
00:35:26 Merci de nous avoir accordé ce témoignage.
00:35:28 Depuis, en plus, votre champ, il faisait un temps magnifique.
00:35:31 On va rejoindre le cortège notamment parisien.
00:35:34 On va retrouver Loïc.
00:35:36 Loïc, 25 ans, étudiant, et déjà à manifester contre la réforme des retraites.
00:35:41 Expliquez-nous, vous êtes tout jeune.
00:35:43 - Oui, tout à fait.
00:35:47 Je pense d'abord à mes parents, qui déjà à l'âge de 50 ans
00:35:50 me disent qu'ils ne pourront pas ou très difficilement aller
00:35:53 jusqu'à 62 ans, voire plus.
00:35:55 Aujourd'hui, on se dit qu'on va casser des vies avec cette réforme.
00:35:59 Je crois aujourd'hui que c'est très important de pouvoir manifester
00:36:03 et de pouvoir dire que les gens sont déjà usés par le travail
00:36:07 et que 2 ans de plus, aujourd'hui, c'est injustifié.
00:36:11 - Est-ce que je peux vous demander quel travail font vos parents ?
00:36:14 - J'ai des parents.
00:36:19 J'ai une mère qui est dans la fonction publique territoriale,
00:36:22 qui est assistante maternelle.
00:36:24 J'ai un père qui est chef d'une toute petite entreprise dans le BTP.
00:36:27 Ce sont des métiers qui sont physiques et qui, aujourd'hui,
00:36:30 ont des pénibilités qui, en plus, ne sont plus prises en compte.
00:36:34 Je pense à eux, notamment, aujourd'hui, en manifestant.
00:36:37 Je pense que c'est très important de se mobiliser pour nos parents,
00:36:41 également pour nous, et c'est pour ça qu'on est là.
00:36:44 - Et eux-mêmes, ils n'ont pas voulu descendre dans la rue ?
00:36:47 Ou faire grève, d'ailleurs ?
00:36:49 - Si, très certainement.
00:36:51 Pour tout vous dire, moi, je suis étudiant à Paris.
00:36:54 Eux, ils sont plutôt du côté de Montpellier.
00:36:57 Mais bien sûr, ils soutiennent le mouvement.
00:37:00 Et je suis sûr qu'ils sont, évidemment, en grève, aujourd'hui.
00:37:03 - Et vous, vous êtes étudiant...
00:37:05 Je peux vous demander dans quelle spécialité,
00:37:07 à quoi vous vous prédestinez, en fait ?
00:37:09 - Bien sûr.
00:37:11 Donc, moi, je suis étudiant en sciences politiques à la Sorbonne.
00:37:14 Et donc, notamment dans la communication.
00:37:17 Donc, c'est plutôt vers ces métiers-là que je vais m'orienter.
00:37:20 Et voilà.
00:37:22 Mais quoi qu'il arrive, c'est aussi important d'être dans la rue aujourd'hui,
00:37:25 en fait, tout simplement, en tant qu'étudiant, futur travailleur.
00:37:28 Et de pouvoir aussi, en tant que futur aidant pour ces aînés,
00:37:35 de pouvoir dire aujourd'hui non à cette réforme.
00:37:37 - Mais justement, vous, qui va payer votre retraite
00:37:40 quand vous aurez l'âge ? Vous avez le temps, hein ?
00:37:43 Mais est-ce que vous ne pensez pas que cette réforme peut sauver ce système
00:37:47 et qu'elle vous permettra d'avoir une retraite à terme ?
00:37:51 C'est l'argument du gouvernement, en tout cas.
00:37:53 - Bien sûr, bien sûr.
00:37:56 Mais la question aujourd'hui, et on le voit ces derniers temps,
00:37:59 c'est toujours la même. C'est le partage des richesses.
00:38:02 On nous dit que cette réforme, elle peut être faite que de cette façon.
00:38:05 Alors, évidemment, on pourrait discuter de faire une réforme.
00:38:08 Peut-être qu'une réforme est nécessaire.
00:38:10 Mais en tout cas, pas celle-là.
00:38:12 On voit que si on donne l'égalité salariale entre les femmes et les hommes,
00:38:15 il y a plus de cotisations, donc on peut financer la réforme des retraites.
00:38:18 Si on enlève des cadeaux fiscaux aux entreprises,
00:38:20 on peut financer la réforme des retraites.
00:38:22 Si on pense le partage des richesses, on peut financer cette réforme des retraites.
00:38:25 Et je crois qu'aujourd'hui, on est surtout là pour dire non à cette réforme.
00:38:28 Et c'est le plus important.
00:38:30 Et le débat, au fond, c'est toujours le même.
00:38:32 Le partage des richesses.
00:38:34 Et aujourd'hui, dans une société qui a besoin de sobriété,
00:38:37 eh bien, je crois qu'il faut aussi de la sobriété
00:38:40 dans nos modes de consommation
00:38:42 et dans nos façons de répartir les richesses,
00:38:45 alors qu'elles ne le sont pas du tout aujourd'hui.
00:38:47 Une question au plateau de Jean-Michel Fauvergue.
00:38:49 Oui, bonjour Loïc.
00:38:51 Vous...
00:38:53 On a entendu que vous faisiez la manifestation
00:38:58 un peu par procuration pour vos parents.
00:39:02 Mais c'est sur la deuxième partie de votre discours, moi, que je voudrais vous interroger,
00:39:05 concernant le partage de richesses,
00:39:07 qui est une notion un peu vaste et un peu vague.
00:39:09 Vous êtes étudiant en sciences po,
00:39:12 donc vous êtes destiné à avoir un beau boulot,
00:39:15 sans doute que vous allez avoir une brillante carrière
00:39:18 et vous n'allez pas toucher le SMIC, sans doute.
00:39:22 Donc le partage de richesses, vous allez peut-être être concerné par ça,
00:39:26 non pas pour récupérer, mais peut-être pour partager.
00:39:29 À quel niveau vous situez le partage des richesses ?
00:39:35 En tout cas, on voit déjà qu'entre les 1% les plus riches
00:39:39 et le reste de la population, il y a des écarts énormes.
00:39:41 Donc ne serait-ce que de s'attaquer à ce 1% des plus riches,
00:39:44 ce serait déjà beaucoup.
00:39:46 Oui, mais...
00:39:48 Oui, allez-y Jean-Michel.
00:39:49 Oui, mais d'accord, ça c'est un discours entendu, politique,
00:39:52 qu'on entend souvent, les 1% des plus riches.
00:39:56 Donc vous n'incluez pas dans celui qui, dans l'avenir,
00:39:59 devra partager sa richesse pour payer les retraites des autres.
00:40:03 Après, on peut toujours discuter jusqu'où peut aller le partage des richesses.
00:40:08 Moi, je sais qu'aussi, en tant que futur salarié,
00:40:11 je vais payer des impôts et je le fais avec un grand consentement
00:40:15 parce qu'en fait, il faut aussi penser à nos services publics.
00:40:18 On a l'impression dans nos quotidiens que souvent,
00:40:21 les choses ne nous reviennent pas,
00:40:23 que ce soit dans nos services publics du quotidien
00:40:25 et pourtant, ça leur permet de fonctionner.
00:40:27 Et d'une façon ou d'une autre, que ce soit dans le secteur de la vie,
00:40:31 que ce soit dans les hôpitaux ou quoi que ce soit,
00:40:35 en fait, c'est hyper important et donc on finira toujours
00:40:38 par pouvoir en bénéficier d'une façon ou d'une autre,
00:40:41 dans l'éducation aussi, notamment, j'y pense.
00:40:43 Donc moi, je ne vois pas de problème particulier au partage des richesses,
00:40:46 surtout que quand on s'intéresse un peu à la façon
00:40:49 dont on pourrait répartir les richesses,
00:40:51 on ne demande pas à tout enlever.
00:40:53 En tout cas, je ne crois pas que ce soit l'objectif.
00:40:55 Question d'Yvan Rioufol.
00:40:57 Non, mais je vois bien, malgré tout,
00:40:59 que vous êtes très emprunt d'une idéologie, me semble-t-il,
00:41:02 de l'idéologie de la répartition et de l'égalité.
00:41:05 Et il a bien le droit, d'ailleurs.
00:41:07 Et vous avez bien le droit, mais simplement,
00:41:09 cette idéologie empêche de voir les choses,
00:41:11 et empêche de voir les réalités.
00:41:13 Est-ce que vous n'êtes pas ébranlé, malgré tout,
00:41:15 sur des exemples étrangers où l'on voit que les gens partent à la retraite,
00:41:18 encore une fois, à 65 ans, à 67 ans parfois,
00:41:20 et que cela a l'air de se passer bien
00:41:22 et que la France est tout de même une exception
00:41:24 dans ce refus qu'elle a de vouloir toujours travailler davantage ?
00:41:28 Oui, on peut aussi être fier d'être une exception.
00:41:31 Et puis, il faut aussi savoir faire les bonnes comparaisons.
00:41:34 Est-ce qu'ils ont le même système de santé que nous ?
00:41:37 Est-ce qu'ils ont la sécurité sociale ?
00:41:39 Il faut aussi être fier de nos exceptions.
00:41:41 Et prendre des exemples ailleurs, c'est bien,
00:41:44 mais ça peut être pour le bien comme pour le mal.
00:41:46 Et je crois qu'aujourd'hui, quoi qu'il arrive,
00:41:49 les gens qui sont dans la rue, ils ont aussi le courage
00:41:52 de poser le débat de la répartition des richesses.
00:41:55 Et je pense que c'est très bien qu'on l'ait en France,
00:41:57 quoi qu'il arrive en fait.
00:41:59 Et Éric de Riedmanten ?
00:42:00 Je pense que le partage des richesses,
00:42:02 bon, ça c'est votre avis,
00:42:04 on paye déjà suffisamment d'impôts en France,
00:42:06 c'est le pays le plus imposé au monde.
00:42:08 Maintenant, c'est plutôt la redistribution de l'argent public,
00:42:11 parce qu'aujourd'hui, vous savez, vous qui faites Sciences Po,
00:42:14 sur 2,3 milliards de richesses créées par la France,
00:42:17 c'est le PIB, 2,3 milliards,
00:42:19 2,3 milliards, il y en a 800 qui sont destinées aux sociales,
00:42:22 donc un tiers pratiquement.
00:42:24 C'est un programme assez extraordinaire quand même
00:42:26 pour un pays qui fasse autant et qui a autant de mécontents.
00:42:29 Oui, effectivement, mais si on regarde les dernières politiques,
00:42:35 on remarque aussi qu'en fait la redistribution,
00:42:38 elle se fait aussi de manière indirecte envers les entreprises.
00:42:41 On a supprimé l'ACVAE, qui est un cadeau fiscal
00:42:44 de quasiment 10 milliards d'euros, en tout cas, on pourrait l'estimer.
00:42:47 Donc en fait, ça se discute, et on voit notamment
00:42:50 dans les derniers chiffres que la répartition
00:42:53 ou en tout cas les aides aux entreprises
00:42:56 par des cadeaux fiscaux ou par des aides indirectes de l'Etat,
00:42:59 en fait, elles sont toutes aussi, voire plus importantes
00:43:02 que les politiques sociales.
00:43:05 Donc de nouveau, en fait, c'est un débat important
00:43:09 et je crois qu'il faut aussi regarder chaque chose
00:43:12 de manière tout à fait clairvoyante.
00:43:15 Merci beaucoup, Loïc. On vous laisse rejoindre le cortège
00:43:18 qui avance petit à petit. On voit sur ces images en direct
00:43:21 du défilé parisien, encore une fois, qui s'était lancé
00:43:24 depuis la place de l'Opéra pour rejoindre la place de la Bastille
00:43:27 en fin de journée. Sur ces news, on vous donne la parole.
00:43:30 C'est la parole aux Français. Que vous soyez pour cette réforme
00:43:33 des retraites, que vous soyez contre cette réforme des retraites,
00:43:36 que vous soyez mobilisés dans les manifestations, dans les cortèges
00:43:39 par exemple, ou immobilisés par les grèves.
00:43:42 On va aller à Saint-Omer. On va retrouver Stéphane Cariste
00:43:45 qui est contre la réforme des retraites. Bonjour Stéphane, merci
00:43:48 d'être en direct avec nous. Est-ce que vous avez manifesté aujourd'hui ?
00:43:52 Oui.
00:43:55 Aujourd'hui je suis en grève.
00:43:58 Et vous êtes en grève. Alors c'est la troisième journée ou c'est la première journée de grève ?
00:44:02 Oui.
00:44:05 J'ai participé à la première manifestation.
00:44:08 Oui.
00:44:11 Et vous n'avez pas eu peur de perdre une journée de salaire ? Vous pensez que c'est plus important
00:44:14 de venir manifester et que c'est ça qui compte aujourd'hui ?
00:44:17 C'est d'être là, de faire grève et de se mobiliser contre cette réforme.
00:44:20 Expliquez-nous pourquoi.
00:44:23 Ben, perdre une journée de salaire ou perdre deux ans, je préfère
00:44:26 perdre une journée de salaire.
00:44:29 Vu comme ça. Expliquez-nous votre travail. Vous êtes Cariste, c'est ça ?
00:44:32 Je suis Cariste.
00:44:35 J'ai 33 ans d'équipe volante.
00:44:38 Je travaille les week-ends. Je suis maintenant en 3-8, 5-8.
00:44:41 Et tout en travaillant en équipe volante,
00:44:44 je touche quand même la prime pour l'emploi.
00:44:47 Et c'est un métier pénible. Jusqu'à quel âge vous...
00:44:50 Je peux vous demander d'ailleurs votre âge et jusqu'à quand vous estimez pouvoir tenir
00:44:53 et faire ce métier ? 53 ans. Vous avez 53 ans.
00:44:56 Vous aimeriez arrêter à quel âge ?
00:44:59 Au plus tard 60.
00:45:02 Là, physiquement, vous êtes en forme ?
00:45:05 Je suis en forme...
00:45:08 Je suis en forme là, aujourd'hui.
00:45:11 Et quand je me lève à 3h30 au matin,
00:45:14 quand je finis à 5h au matin, c'est plus compliqué.
00:45:17 Eric de Rivemadelle, la pénibilité, elle est quand même prise en compte
00:45:20 pour des gens comme Stéphane, qui sont Caristes,
00:45:23 qui ont longtemps des horaires décalés très durs, notamment un travail de nuit.
00:45:26 C'est ça. Cariste, il faut rappeler que c'est la découpe
00:45:29 des viandes, c'est ça ? Vous êtes dans les abattoirs, si je ne me trompe, c'est ça ?
00:45:32 Non, non, non, non.
00:45:35 Pas du tout. Je travaille à Arc International.
00:45:38 Je conduis un chariot élévateur.
00:45:41 Vous savez qu'Arc, on est à Saint-Omer,
00:45:44 et qu'Arc est un gros bassin d'emploi.
00:45:47 Mais c'est bien d'avoir posé la question, Eric.
00:45:50 C'était la prévision pour les téléspectateurs, qui n'ont peut-être pas forcément compris.
00:45:53 Alors, il y a beaucoup de questions.
00:45:56 Je vais vous répondre, Stéphane.
00:45:59 Vous allez pouvoir y répondre, mais juste avant, ce que beaucoup de questions
00:46:02 en plateau concernent votre métier exactement. Cariste, ça consiste en quoi ?
00:46:05 Que faites-vous, monsieur ?
00:46:08 J'ai un chariot élévateur et je transporte des palettes
00:46:11 d'un point A à un point B.
00:46:14 Voilà, d'accord. Alors maintenant, je vous laisse répondre. Merci, Stéphane.
00:46:17 Cariste, c'est aussi celui qui découpe les viandes, si je ne me trompe.
00:46:20 Vous avez commencé à quel âge ?
00:46:23 Parce que c'est ça qui compte dans le projet de réforme. Il y a l'âge qui compte énormément.
00:46:26 Si vous avez commencé à 16 ans, vous n'irez pas jusqu'à 64 ans.
00:46:29 C'est ce que j'ai compris dans la loi.
00:46:32 Moi, j'ai démarré par un contrat d'apprentissage à 16 ans.
00:46:35 Je suis rentré dans l'entreprise Erc en CDD.
00:46:38 Après, j'ai fait mon service militaire.
00:46:41 Et là, j'ai 33 ans de CDI.
00:46:44 C'est ça. Donc, vous n'avez pas forcément tous les trimestres, comme on dit.
00:46:47 Il en faut 72.
00:46:50 Il faut avoir travaillé... 172. Il faut avoir travaillé 43 ans.
00:46:53 Donc, effectivement, quand on a eu des interruptions de carrière,
00:46:56 ça a été votre cas. Vous avez dû interrompre à un moment votre carrière ?
00:46:59 J'ai interrompu ma carrière pour mon service militaire.
00:47:02 C'est tout.
00:47:05 D'accord. Mais donc, ça veut dire que là, vous espérez partir à quel âge ?
00:47:08 Ben, moi, le plus vite possible, à 60 ans.
00:47:11 C'est pour ça que j'avais signé.
00:47:14 Oui, on comprend.
00:47:17 Oui, Jean-Michel, très rapidement.
00:47:20 Oui, Stéphane, je ne veux pas du tout contester ce que vous nous dites,
00:47:23 mais en quoi conduire un chariot élévateur, c'est un métier dur ?
00:47:26 Il est en horaire de nuit.
00:47:29 Ah, vous êtes en horaire de nuit, d'accord. Je ne savais pas.
00:47:32 C'est ça qui est surtout le plus difficile.
00:47:35 C'est essentiellement ça. Les horaires de nuit, non ?
00:47:38 En fait, les horaires postés, parce que je peux travailler un samedi,
00:47:41 un dimanche de nuit, un jour férié.
00:47:44 J'ai travaillé le jour du réveillon de Noël, le réveillon de Nouvel An.
00:47:47 Oui, c'est les horaires décalés, notamment le travail de nuit.
00:47:50 Un grand merci, Stéphane, d'avoir témoigné sur ces news.
00:47:53 On va se retrouver juste après le journal de 15h.
00:47:56 On sera de nouveau en direct des cortèges.
00:47:59 Merci à Thibault Marcheteau et Charles Baget pour cette mise en duplex à Saint-Omer.
00:48:02 A tout de suite.
00:48:05 15h, tout pile sur ces news. C'est la parole aux Français.
00:48:08 On va rejoindre les cortèges dans une minute,
00:48:11 juste après le journal de Michael Dorian.
00:48:14 Rebonjour, Kelly. Bonjour à tous.
00:48:17 La mobilisation en région contre la réforme des retraites.
00:48:20 23 000 personnes selon la police dans les rues à Toulouse.
00:48:23 15 000 sur le Vieux-Port à Marseille, comme vous le voyez sur ces images.
00:48:26 A Paris, le cortège s'était lancé de la place de l'Opéra,
00:48:29 direction celle de la Bastille.
00:48:32 Le leader de la CGT, Philippe Martinez, qui s'est exprimé juste avant le départ,
00:48:35 a appelé à des grèves plus dures.
00:48:38 Les syndicats agissent en fonction des débats qu'ils ont avec les salariés de leur secteur.
00:48:45 C'est ça, la réalité.
00:48:48 Tout ne dépend pas de nous.
00:48:51 Si le gouvernement continue à s'entêter malgré les mobilisations,
00:48:54 il faudra passer à la vitesse supérieure,
00:48:57 avec des actions plus marquées, plus longues dans le temps.
00:49:02 Si le gouvernement persiste à ne pas écouter,
00:49:05 il faudra monter d'un cran.
00:49:08 D'ailleurs, il y a des salariés qui nous le disent déjà.
00:49:11 C'est-à-dire ?
00:49:14 Des grèves plus dures, plus nombreuses, plus massives et reconductibles.
00:49:17 Pour ce qui est de la grève, dans les transports,
00:49:20 pour le moment, le trafic est perturbé à la SNCF.
00:49:23 Mais semble-t-il moins que les deux journées d'action précédentes.
00:49:26 Regardez les chiffres des syndicats.
00:49:29 25% de grévistes aujourd'hui contre 36 le 31 janvier.
00:49:32 Et 46% le 19, les syndicats qui ont proposé ce matin l'idée d'une grève reconductible à compter du 8 mars.
00:49:39 Les précisions.
00:49:41 Gare de Lyon avec Clémence Barbier.
00:49:43 A la gare de Lyon, les syndicats de cheminots ont évoqué la possibilité d'une grève reconductible à partir du 8 mars.
00:49:50 Aucun vote n'a été fait aujourd'hui.
00:49:53 Pour les syndicats de Sudrat, conserver l'opinion publique en leur faveur est primordial.
00:49:57 Voilà pourquoi cette éventualité d'une grève reconductible après les vacances scolaires a été évoquée.
00:50:03 Les syndicats se sont accordés sur cette stratégie l'urgence d'une mobilisation massive.
00:50:09 Et particulièrement ce samedi, il faut qu'il y ait une déferlante.
00:50:13 Et donc pas de problème de transport.
00:50:15 On veut une manifestation populaire en famille partout en France.
00:50:18 On ferme les syndicats pour la CGT.
00:50:21 Le gouvernement inflexible pour le moment finira par céder face à la pression de la rue.
00:50:26 Demain, une nouvelle assemblée générale aura lieu pour affiner la stratégie des syndicats de cheminots dans les prochaines semaines.
00:50:33 Clémence Barbier, gare de Lyon à Paris.
00:50:36 Les images sont de Marion Bercher pour CNews.
00:50:39 Les stations de ski mobilisées également.
00:50:41 Certains agents des remontées mécaniques sont en grève.
00:50:44 Aujourd'hui, c'est le cas dans la station de la Gourette dans les Pyrénées-Orientales.
00:50:48 Contrainte de fermer ses portes aujourd'hui.
00:50:50 Écoutez la réaction des vacanciers forcément très déçus.
00:50:54 On s'est adapté grâce aux locations de ski.
00:50:57 Parce qu'autrement c'était journée sans rien.
00:51:00 C'est toujours ceux qui bossent vraiment, qui n'ont aucun privilège, qui ne font pas grève.
00:51:05 C'est tout.
00:51:07 Donc on voit les SCF et autres, les premiers à faire grève.
00:51:10 C'est sûr qu'il faut se battre mais bon, il faut aussi réfléchir par rapport aux autres.
00:51:13 Oui c'est décevant, déjà parce qu'on a levé nos filles et les habillées, ça prend du temps.
00:51:17 Donc les amener ici pour rien.
00:51:19 Moi je n'ai pas mon ski.
00:51:20 Voilà, toi tu n'as pas tes skis.
00:51:22 Je n'ai pas des skis.
00:51:23 Voilà.
00:51:24 Dans le reste de l'actualité, le Rassemblement national porte plainte contre les manœuvres d'intimidation dont ont été victimes certains de ses députés.
00:51:32 Marine Le Pen a précisé que certains de ses élus avaient reçu un message vocal leur indiquant qu'un de leurs enfants était hospitalisé dans le but de les pousser à quitter l'hémicycle.
00:51:41 En plein examen de la réforme des retraites, la présidente de l'Assemblée nationale, Yael Brom-Pivet, a également condamné ces actions. On l'écoute.
00:51:48 C'est vraiment la représentation nationale qui peut être en danger par ces agissements.
00:51:55 C'est très grave, je ne sais pas si vous vous rendez compte, pour un parent d'être appelé de façon fausse en vous indiquant que vous avez un enfant qui est hospitalisé.
00:52:07 C'est gravissime. C'est gravissime, c'est honteux et c'est indigne.
00:52:12 Et c'est la raison pour laquelle je pense que collectivement il ne faut pas laisser passer ces agissements.
00:52:17 À Toulon, deux hommes ont été placés en garde à vue. L'un a été incarcéré après avoir violemment agressé trois policiers.
00:52:24 Ça s'est passé samedi soir. Les policiers qui n'étaient pas en service sortaient d'un bar quand ils ont été interpellés par un groupe d'individus.
00:52:31 Ils les ont frappés à coups de bouteilles et de ceintures. Un des agents s'est vu prescrire 30 jours d'ITT, 10 jours pour les deux autres.
00:52:38 Écoutez le secrétaire national d'Unité SGP Police, Bruno Bartossetti.
00:52:42 Ils ont été pris à partie, mais très violemment, très violemment, puisqu'on a trois policiers très sérieusement blessés.
00:52:49 Deux avec 10 jours d'ITT et le troisième avec, à ma connaissance, 30 jours d'ITT, ce qui est énorme.
00:52:55 Donc ça démontre la violence avec laquelle ils ont été pris à partie.
00:52:59 Ils ont été pris à partie avec des bouteilles, des coups de ceinture.
00:53:06 Et vous imaginez ce que ça peut donner lorsque vous avez une dizaine d'individus autour de trois policiers hors service, sans armes, sans moyens de défense, bien évidemment.
00:53:18 Et puis la suite du procès de la rue Erlanger à Paris. Il y a quatre ans, quasiment jour pour jour, l'incendie d'un immeuble du 17e arrondissement avait fait 10 morts.
00:53:27 Noémie Schultz, vous suivez ce procès pour C News.
00:53:30 Depuis hier, une femme est jugée devant la cour d'assise de Paris.
00:53:33 Elle est suspectée d'avoir mis le feu en raison d'un différent avec un voisin.
00:53:36 Et Noémie, sa famille est entendue aujourd'hui.
00:53:39 Oui, une famille dont on a d'abord entendu le désarroi.
00:53:43 Cette famille a tout fait pour aider l'accusé Michel, sa mère, qui date à 7 ou 8 ans, l'âge où sa cadette a commencé à aller mal, sans pouvoir expliquer pourquoi.
00:53:53 L'addiction au sucre depuis des 13-14 ans, l'addiction à l'alcool, à la drogue, une hypersensibilité, l'impossibilité pour Essia de travailler, de s'occuper de son fils que Michel élève d'ailleurs depuis sa naissance.
00:54:04 Je voudrais rappeler que mon mari, moi-même, toute notre famille avons fait tout ce que nous pouvions faire, insiste cette ancienne professeure d'université à la retraite,
00:54:12 à confier aux victimes, penser à elle tous les jours.
00:54:15 Et puis, il y a la colère aussi de ses proches face aux lacunes du monde médical.
00:54:20 La drogue, l'alcool, c'est la partie émergée de l'iceberg.
00:54:23 Nous, on savait qu'il y avait une vraie maladie, on voulait savoir laquelle.
00:54:26 On a entendu qu'elle pouvait être polytoxicomane, bipolaire, borderline, mais on n'a jamais eu de diagnostic prononcé clair avec une injonction de soins.
00:54:33 S'étonne la grande sœur de l'accusée qui aujourd'hui encore ne comprend pas comment Sainte-Anne a pu laisser Essia sortir quelques jours seulement avant l'incendie.
00:54:42 J'avais quelqu'un en face de moi qui était barré, qui était ailleurs, qui n'était pas dans la réalité.
00:54:46 Elle disait que les chamanes lui parlaient, je n'avais jamais vu ça.
00:54:49 Pour moi, il fallait qu'elle reste à l'hôpital, à jusqu'à l'ampleur.
00:54:53 Merci beaucoup Noémie Schultz en direct de la Cour d'Assise de Paris.
00:54:57 Fin de ce journal, bon après-midi sur C News en compagnie de Clélie Mathias.
00:55:01 La parole aux Français continue.
00:55:03 Merci beaucoup Mickaël. Je suis toujours en compagnie de Jean-Michel Fauvergue, d'Érythrite Maten, Elodie Huchard et Yvan Rioufol.
00:55:10 Nous sommes en direct des cortèges en région, mais aussi à Paris où il est parti depuis la place de l'Opéra pour rejoindre la place de la Bastille.
00:55:17 C'était il y a une heure environ. Nous sommes en direct avec Nicole.
00:55:21 Nicole, bonjour. Vous êtes en plein milieu du cortège. Vous êtes retraitée depuis dix ans.
00:55:25 Vous n'êtes pas forcément concernée par ce changement de réforme.
00:55:28 Quel métier faisiez-vous et pourquoi avez-vous voulu venir manifester aujourd'hui ?
00:55:36 Je manifeste depuis déjà quatre ans. J'ai fait des métiers un peu différents parce que suite au travail de mon époux, j'ai été obligée de changer.
00:55:47 Donc j'ai fait beaucoup de travail. Mais je suis aujourd'hui ici, pas forcément pour moi, mais pour mes enfants et surtout pour mes petits-enfants.
00:55:55 Je pense que c'est eux qui sont les plus en danger avec cette réforme.
00:55:59 Moi, ça fait dix ans que je suis à la retraite. Je profite encore à peu près de la retraite.
00:56:05 Mais pour combien de temps ? Vu que l'électricité augmente, vu que les achats de première nécessité augmentent, que tout augmente.
00:56:12 Comment on va faire ? Déjà, nos enfants ont du mal à s'en sortir. Alors, nos petits-enfants, comment ils vont faire ?
00:56:18 C'est ça qui m'inquiète le plus.
00:56:20 Vous dites qu'il faut repousser l'âge de départ légal à la retraite de deux ans pour pouvoir financer ce système.
00:56:25 Qu'est-ce que vous répondez ? Pour que vos enfants et vos petits-enfants aient une retraite, justement.
00:56:31 Non, ce n'est pas possible. De l'argent, il y en a. Et on sait très bien où il est, cet argent.
00:56:38 Monsieur Macron dit qu'on est pauvre. Ce n'est pas vrai. Il faut simplement rediriger l'argent là où on en a besoin.
00:56:44 Dans les hôpitaux, dans les écoles et les retraités aussi.
00:56:47 Ce n'est pas parce qu'on a la retraite qu'on a une belle vie. Il y a des retraités qui n'ont rien.
00:56:51 Le 15 du mois, ils sont obligés de faire les poubelles. Et ça se voit de plus en plus, malheureusement.
00:56:56 Vous étiez également dans les cortèges le 19 janvier et le 31 janvier, lors des deux précédentes journées de mobilisation ?
00:57:02 Tout à fait, madame. Je suis régulièrement, que ce soit ici ou chez monsieur Filippo, je suis régulièrement dans les manifs.
00:57:10 Alors, ça veut dire que tant que...
00:57:12 Parce que si on reste derrière nos...
00:57:14 Tant que le gouvernement ne cèdera pas, finalement, vous serez encore dans les manifs, dans les manifestations.
00:57:20 Mais, vous... Sur quel point est-ce que vous voudriez que le gouvernement cède ?
00:57:26 Mais surtout, madame, on peut céder sur tout. On a besoin de tout remettre à plat et de tout redistribuer.
00:57:34 On peut le faire, mais seulement il faut vouloir le faire. Et ce gouvernement ne peut pas le faire.
00:57:39 Je vais distribuer la parole en plateau. Éric de Ritmatin.
00:57:42 Madame, j'entends un discours un peu politique, mais vous parlez de monsieur Filippo et en même temps vous avez la faucille et le marteau, je ne comprends pas.
00:57:49 Oui, non, mais c'est pas grave, c'est une personne qui me l'a donné et je prends tout, vous savez, monsieur.
00:57:55 Je suis apolitique. Si vous suivez mes lives, parce que j'en ai aussi quelques-uns, je suis apolitique.
00:58:01 Alors, moi, tous ceux qui sont dans la rue, c'est des gens qui ont quelque chose à dire.
00:58:06 Il n'y a pas que moi qui peux parler. Tout le monde a le droit de dire.
00:58:08 Tout le monde a le droit de parler et tout le monde a le droit de manifester.
00:58:11 Donc, la politique, moi, je mets ça de côté.
00:58:13 Mais je vais, d'abord, j'étais chez les Gilets jaunes, ça fait 4 ans qu'on est dans la rue, les Gilets jaunes.
00:58:18 Ça fait 4 ans qu'on se fait poursuivre, que ce soit par les gendarmes ou par les policiers, on est toujours poursuivis.
00:58:23 Monsieur Filippo, il rassemble. Alors, moi, je suis allée chez monsieur Filippo, j'ai été à côté de lui, il ne m'a pas parlé politique, il rassemble les gens.
00:58:31 Maintenant, si tout le monde se rassemblait en une seule fois, je pense que le gouvernement serait obligé de céder.
00:58:37 Vous êtes quand même un petit peu engagé, si je comprends bien, politiquement, malgré tout.
00:58:41 Yvan Rioufol a une question.
00:58:43 Les syndicats, les syndicats les plus représentatifs ont exclu, en tout cas, des manifestations, les représentants du Rassemblement national.
00:58:50 Et je présume, je n'en suis pas certain, mais également, sans doute, monsieur Filippo lui-même,
00:58:54 qui est plutôt de cette famille politique que les syndicats classent à l'extrême droite.
00:58:59 Est-ce que, malgré tout, vous qui, si je comprends bien, êtes plutôt Gilets jaunes de la première mouture,
00:59:05 est-ce que vous voyez auprès de vous d'autres sympathisants qui pourraient être issus de ces mouvements
00:59:12 qui ont été qualifiés de populistes, ou est-ce que vous comprenez que le syndicalisme s'oppose précisément au populisme
00:59:19 avec une sorte de contradiction dans la représentation des colères françaises ?
00:59:22 Moi, ici, aujourd'hui, je ne suis pas venue, comme je vous dis, pour faire de la politique.
00:59:29 Je suis venue parce que les gens ont besoin de se faire entendre.
00:59:33 Peu importe la raison pour laquelle les gens ont besoin de sortir, mais il faut sortir.
00:59:37 Il faut faire voir à ce gouvernement qu'on peut tous se réunir, peu importe la raison pour laquelle on sera dans la rue.
00:59:43 Une question de Jean-Michel Fauvergue.
00:59:45 Oui, je voulais vous demander, vous manifestez aujourd'hui pour la réforme des retraites.
00:59:50 Si, par hasard, le gouvernement retirait son projet de loi, est-ce que vous arrêteriez de manifester, tout simplement ?
00:59:59 Non, monsieur, parce qu'il n'y a pas que les retraites. Ils veulent nous faire manger des insectes, maintenant.
01:00:04 Après, on fera quoi ? Dites-moi, qu'est-ce qu'on va faire ?
01:00:07 Alors que l'agriculture en France, elle est très bien, on a de très bons produits.
01:00:13 Pourquoi ils veulent nous faire manger des insectes ?
01:00:15 Une question qu'on peut se poser.
01:00:17 Et bien d'autres, de toute façon, il y a tellement de choses qui ne vont pas dans ce pays,
01:00:21 mais il faudrait au moins des jours et des jours pour en parler.
01:00:24 Oui, c'est une colère générale, c'est un mécontentement global.
01:00:29 Jean-Michel Fauvergue dit que vous êtes une manifestante professionnelle. Vous acceptez cette dénomination ?
01:00:34 Non rémunérée.
01:00:36 Oh, peu importe, vous savez, monsieur, moi je prends tous les indicatifs, moi je ne me sens pas comme ça, donc peu importe.
01:00:42 Je prends tout avec le sourire et je vais en musique, croyez-moi.
01:00:46 C'était en totale bienveillance que je disais ça, madame.
01:00:52 Je ne sais pas si vous m'entendez encore.
01:00:54 J'ai juste une petite question, je suis un peu curieuse quand même aussi.
01:00:57 Là, vous nous parliez des insectes.
01:00:59 Qu'est-ce que c'est que cette histoire d'insectes qu'on voudrait nous faire manger ?
01:01:04 Je n'ai pas suivi.
01:01:06 Oui, mais vous savez que du côté de chez nous, il y a une usine à insectes.
01:01:11 Bon, du côté d'Amiens, il y a une usine à insectes.
01:01:13 Et vous savez très bien qu'ils veulent mettre de la poudre d'insectes dans les aliments.
01:01:17 Ils en parlent déjà et c'est déjà en cours.
01:01:19 Je sais bien que vous êtes des journalistes, donc vous savez très bien qu'à Nancy,
01:01:23 il y a une boulangerie qui met déjà de la farine d'insectes dans leur pain.
01:01:27 Mais l'usine d'insectes à côté d'Amiens, ce ne serait pas pour les animaux, surtout ?
01:01:33 Pour les nourrir ?
01:01:35 Oh, allez, on va dire ça comme ça, si vous le voulez.
01:01:39 Vous, vous êtes très inquiète à ce propos-là, en tout cas.
01:01:41 Ça ne m'intéresse pas.
01:01:43 Nicole, vous, vous êtes très inquiète sur ce sujet.
01:01:45 Ce n'est pas que ça.
01:01:47 Nicole, vous m'entendez ?
01:01:49 Oui, parce que je n'ai pas envie de manger des insectes sans le savoir.
01:01:53 En tout cas, c'est un sujet d'inquiétude.
01:01:55 On vérifiera, parce que j'avoue que même en étant journaliste,
01:01:57 je n'avais pas suivi forcément ce dossier, donc on vérifiera ce sujet-là.
01:02:02 Eric de Ritmaten.
01:02:04 Je voulais juste, madame, vous poser une question sur la valeur du travail.
01:02:06 Parce que c'est vrai qu'aujourd'hui, on parle toujours du travail qui fatigue.
01:02:09 Les gens n'ont plus envie de travailler.
01:02:11 Pourtant, vos petits-enfants ou vos enfants, vous leur avez bien dit,
01:02:13 il faut que tu travailles plus, il faut que tu travailles mieux à l'école
01:02:16 pour avoir un jour un meilleur métier.
01:02:18 C'est quand même ça la base de se battre pour avoir un bon travail et gagner sa vie.
01:02:22 Qu'en pensez-vous ?
01:02:24 Oui, gagner sa vie, comme vous dites, gagner sa vie.
01:02:27 Pas être obligé de faire des heures pour essayer de s'en sortir.
01:02:30 Parce que jusqu'à présent, un smicard, il fait quoi ?
01:02:33 Il a 1200 euros par mois.
01:02:35 Il paie son loyer, il paie son électricité, il essaye de nourrir ses enfants.
01:02:39 Et après de les rhabiller, je peux vous dire qu'à la fin du mois, il n'y a plus rien.
01:02:43 On ne peut pas aller au loisir, il n'y a pas de vacances, il n'y a rien.
01:02:46 Donc, il n'y a pas quelque chose à faire à ce niveau ?
01:02:48 Moi, je pense que oui.
01:02:50 Si M. Macron veut faire un effort, il y a beaucoup de choses à faire dans ce pays.
01:02:54 Il n'y a qu'à venir nous voir, nous, à ce niveau, à notre niveau,
01:02:57 et on lui donnera des leçons, vous verrez.
01:03:00 Merci beaucoup, Nicole. Merci.
01:03:03 On va vous laisser rejoindre le défilé.
01:03:05 En tout cas, merci à Augustin Donadieu et Charles Pousseau pour les images.
01:03:08 On est de nouveau en direct de la manifestation.
01:03:10 On va retrouver Boris.
01:03:12 Je crois que vous travaillez chez Alstom.
01:03:15 Et vous êtes syndiqué.
01:03:17 Vous êtes en plein cœur de la manif, on l'entend bien.
01:03:20 Effectivement, vous êtes cégétiste.
01:03:24 Oui, en plein milieu.
01:03:27 Quel âge avez-vous ?
01:03:29 Je suis ingénieur à la base.
01:03:31 Et aussi syndiqué chez Alstom. J'ai 41 ans.
01:03:36 Vous êtes ingénieur, vous allez partir à la retraite à quel âge ?
01:03:41 Je ne sais pas.
01:03:44 Mais avec la réforme que nous prévoit le gouvernement,
01:03:47 au mieux, je partirai à 67 ans,
01:03:50 si je n'ai pas à nouveau d'années d'interruption.
01:03:54 J'ai commencé à travailler à 24 ans.
01:03:57 J'ai eu une année de chômage.
01:03:59 J'ai passé un certain temps à l'étranger,
01:04:02 mais qui devrait être comptabilisé.
01:04:04 Donc, si on met tout ça l'un dans l'autre, au mieux.
01:04:07 Ça fait une retraite à 43 ans,
01:04:10 à 67 ans, nécessaire.
01:04:13 Ça ne fera pas des régimes complémentaires,
01:04:16 mais au mieux, ça ferait une retraite à temps plein.
01:04:19 Donc là, on va retourner à 67 ans.
01:04:23 Et ça, c'est inenvisageable pour vous ?
01:04:25 Vous êtes ingénieur chez Alstom, on pourrait dire,
01:04:27 vous avez peut-être envie de continuer,
01:04:29 vous êtes peut-être passionné par votre métier,
01:04:31 donc vous avez envie de continuer aussi,
01:04:33 au-delà de 64, 65, jusqu'à 67 ans.
01:04:35 Non, non, ce n'est pas possible pour vous ?
01:04:37 On n'est pas passionné, on est très intéressé.
01:04:45 C'est passionnant, le monde des enfants.
01:04:47 Premièrement, c'est dans quel état on sera à cet âge-là ?
01:04:51 Est-ce qu'on est toujours aussi efficace
01:04:55 au bureau d'études à 67 ans ?
01:04:58 On peut se le demander.
01:05:00 On peut aussi faire des choses en étant à la retraite,
01:05:03 et puis même, qui peuvent rester dans son milieu professionnel.
01:05:06 On a deux collègues qui, en arrivant les dernières années,
01:05:09 veulent profiter, par exemple, pour passer beaucoup de temps
01:05:12 dans des associations ferroviaires.
01:05:14 Là, en fait, le projet que nous prévoit le gouvernement,
01:05:17 c'est que j'arrive à la fin à mes 67 ans,
01:05:20 à la fin de ma période d'activité,
01:05:22 et après, je ne sais plus, on n'est pas en état de rien faire.
01:05:25 Ni de profiter de mes petits-enfants,
01:05:27 alors personnellement, je n'en ai pas encore,
01:05:29 ni de profiter de ces dernières années
01:05:31 où on est en bonne santé pour faire un travail,
01:05:34 pour faire de l'activité dans une association,
01:05:36 dans du milieu associatif.
01:05:38 Enfin, on sera bon pour aller directement à l'EPAD.
01:05:40 Mais non, mais non, vous êtes en pleine forme,
01:05:43 et vous savez que l'espérance de vie a quand même allongé.
01:05:46 Donc peut-être que vous aurez le temps de faire,
01:05:48 mais en fait, vous militez, surtout pour avoir du temps,
01:05:50 en fait, du temps pour vous, j'allais dire,
01:05:53 ou pour donner aux autres à travers une association.
01:05:55 Mais pour vous, voilà, la retraite,
01:05:58 c'est aussi un moyen d'avoir du temps pour soi.
01:06:00 Mais vous savez, l'espérance de vie,
01:06:03 l'espérance de vie, elle s'est allongée,
01:06:05 mais pas l'espérance de vie en bonne santé.
01:06:07 L'espérance de vie en bonne santé, elle s'est réduite.
01:06:10 Aujourd'hui, elle a 63 ans, en moyenne.
01:06:13 Et si je vous parle même des collègues
01:06:16 qui font des métiers pénibles, eux,
01:06:18 des chaudronniers, des bobineurs, des soudeurs,
01:06:22 eux, leur espérance de vie en bonne santé,
01:06:24 elle est encore plus réduite.
01:06:26 Et eux, ces collègues-là aussi,
01:06:28 ils auront du mal à aller aussi loin,
01:06:30 ils ne pourront pas aller aussi loin.
01:06:32 - Parce qu'ils font un travail très pénible, notamment.
01:06:34 - Oui, et des professions qui, on va dire,
01:06:37 sont moins pénibles ou ne sont pas pénibles,
01:06:39 effectivement, comme le travail au bureau d'études.
01:06:42 Mais il n'empêche que l'espérance de vie en bonne santé,
01:06:45 y compris pour des ingénieurs, des cadres,
01:06:48 même si elle dépasse, effectivement, les 63 ans,
01:06:51 mais elle ne va pas aller atteindre les 70 ans.
01:06:54 Et là, entre les trous de carrière,
01:06:56 les années incomplètes et tout ça,
01:06:58 en fait, c'est nous emmener directement du travail à l'EHPAD.
01:07:01 Et ça, ce n'est pas possible.
01:07:03 - Dans d'autres pays européens,
01:07:05 ils partent à la retraite à 65-67 ans.
01:07:08 Comment font-ils ?
01:07:10 Est-ce que ça ne vous semble pas un modèle à suivre ?
01:07:12 - Alors, attention, sur les âges,
01:07:16 dans des pays étrangers,
01:07:18 il faut comparer les choses aussi qui sont comparables.
01:07:21 Tout le monde n'a pas exactement
01:07:24 les mêmes définitions pour les âges,
01:07:27 les mêmes niveaux d'âge.
01:07:29 Et il ne faut pas forcément toujours prendre
01:07:31 les concepts français de la même manière
01:07:33 que les concepts étrangers.
01:07:35 Par exemple, on a vraiment une différence en France
01:07:37 entre l'âge légal et le nombre d'années de cotisation.
01:07:41 C'est pour ça que moi, même s'il y a un âge légal à 64 ans,
01:07:45 il ne s'appliquera pas, vu où j'ai commencé.
01:07:49 Et donc, dans les pays étrangers,
01:07:51 il y a ces choses-là qui sont très différentes,
01:07:54 si on va sur certains pays.
01:07:56 Après, si on va dans d'autres pays,
01:07:58 comme l'Allemagne ou certains,
01:08:00 c'est des fois un problème
01:08:02 quand on voit des salariés qui ont 69-70 ans,
01:08:06 qui sont obligés d'aller travailler,
01:08:08 faire des petits boulots dans des supermarchés.
01:08:10 Ça, ce n'est pas du tout aux États-Unis.
01:08:13 Ce n'est pas du tout notre projet de société,
01:08:15 en tout cas, nous, à la CGT.
01:08:17 C'est peut-être le projet de société du patronat.
01:08:19 C'est certainement le projet de société du gouvernement.
01:08:22 Tout projet de société de la CGT.
01:08:24 Si les anciens de la CGT ont créé la Sécurité sociale en 1945,
01:08:30 avec Ambroise Croizade, par exemple,
01:08:32 qui était de la CGT métallurgie, de mon métier,
01:08:35 le projet de vie qu'on avait,
01:08:37 ce n'était pas d'emmener tout le monde du travail au mouroir,
01:08:41 mais c'était que la retraite soit un nouvel âge de la vie
01:08:45 et qu'il soit profitable,
01:08:47 et pas que ce soit un mouroir.
01:08:49 Oui, on l'entend bien.
01:08:51 Vous voulez profiter de cette période-là.
01:08:53 Une rapide question de Jean-Michel Flauvergue en plateau.
01:08:56 Bonjour Boris.
01:08:58 Si j'ai bien compris votre situation,
01:09:00 vous allez prendre la retraite à 67 ans.
01:09:02 Mais avec la réforme Touraine qui était déjà en vigueur,
01:09:05 vous l'auriez prise de toute façon à 67 ans.
01:09:08 Qu'est-ce que ce texte de loi d'aujourd'hui
01:09:12 que vous contestez transforme pour vous ?
01:09:15 Qu'est-ce que ça change exactement ?
01:09:17 En fait, la réforme Touraine,
01:09:21 effectivement c'était déjà un souci.
01:09:26 C'est de l'addition au total.
01:09:29 Alors, sur ce que ça change exactement pour les cadres,
01:09:35 ce n'est pas forcément là où il y a le plus de changements.
01:09:44 On est d'accord.
01:09:46 Le projet de la CGT, ce n'est pas d'aller sur ça,
01:09:50 c'est d'aller sur les 60 ans avec les 37 années et demi de cotisation.
01:09:56 C'est pour s'approcher, c'est ça qu'on défend.
01:10:01 Il faut aller détricoter toutes les réformes
01:10:04 qui ont été mises en place depuis Juppé,
01:10:06 depuis Touraine, depuis tout le monde.
01:10:09 Et même du temps de Sarkozy.
01:10:10 Ah oui, c'est en général contre les réformes de retraite au pluriel.
01:10:13 Merci beaucoup Boris d'avoir été en direct avec nous,
01:10:17 d'avoir témoigné.
01:10:18 On vous laisse rejoindre le cortège alors que nous avons vu,
01:10:20 et si on pouvait revoir les images, de quelques tensions.
01:10:23 En tout cas, on a vu les policiers.
01:10:25 On est à Strasbourg-Saint-Denis, si je ne me trompe pas.
01:10:29 Et on voit les policiers en formation.
01:10:32 Vous allez voir les images avec peut-être quelques tensions
01:10:35 dans ce cortège qui s'était lancé depuis la place de l'Opéra
01:10:39 et qui va rejoindre la place de la Bastille.
01:10:41 La troisième journée de mobilisation contre la réforme de retraite.
01:10:44 C'était à suivre sur CNews.
01:10:45 Dans un instant, Nelly Dénac et ses invités.
01:10:48 Restez bien avec nous.
01:10:49 [Musique]

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