Racisme : "Tu m'as heurtée, tu m'as blessée et tu m'as humiliée"
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00:00 et remettre les choses d'équerre, c'est redire à une personne
00:02 ce que tu viens de faire, ce que tu viens de dire.
00:05 Tu m'as heurté, tu m'as blessé et tu m'as humilié surtout.
00:10 Et cette forme de condescendance dont tu fais acte,
00:14 dont tu penses être drôle, c'est du racisme, ni plus ni moins.
00:18 Je suis comme toi, j'ai passé le même concours de la fonction publique.
00:22 Je l'ai reçu, je suis reçu, pardon.
00:25 J'ai réussi mon concours de la fonction publique.
00:28 Je suis lauréate de la fonction publique, je suis proviseure,
00:31 envoyée par l'académie pour faire un travail dans un établissement scolaire.
00:36 -Il s'excuse, ce monsieur ? -Et tu n'as pas à dire ça.
00:39 L'excuse ne vient pas tout de suite.
00:42 C'est comme tu prends des choses toujours à cœur.
00:46 Voyez, on banalise.
00:48 Tu n'as pas à dire ça, je n'ai pas voulu dire ça, etc.
00:52 Mais l'excuse, non, pas tout de suite, parce que c'est le bien entendu.
00:55 Ça, c'est du racisme, c'est de la condescendance.
00:58 Même si ça n'avait pas l'intention d'être raciste.
01:01 Et ça blesse surtout l'autre en face, donc ça diminue.
01:04 C'est-à-dire que je suis réduite,
01:07 mais complètement réduite à mon épiderme, à mon épiderme noir.
01:11 Et donc, mon identité de proviseur, mes autres identités,
01:16 parce que je suis comme tout le monde, j'ai de multiples identités.
01:20 Nous en avons tous plusieurs.
01:24 Et donc, me réduire à cette portion,
01:26 c'est effectivement m'assigner dans une fonction que lui voulait.
01:30 C'est tout. Je ne suis plus son alter-ego.
01:33 Je suis juste celle qui vient du Mali,
01:36 dans un lieu, un pays où, effectivement, il y a de la violence,
01:41 où il y a de la guerre.
01:42 Et lui, bien évidemment, il fait de l'humanitaire,
01:45 puisqu'il est bon seigneur, il l'accueille.
01:47 - Maïtre Auret, ça me fait vraiment mal de dire ça.
01:50 Mais est-ce que la patrie des droits de l'homme est devenue interraciste ?
01:53 - La France n'est pas un pays... Je ne peux pas dire ça.
01:56 Raciste.
01:57 Mais qu'il y ait des personnes racistes en France,
01:59 ah oui, ça, c'est indéniable.
02:01 C'est une vérité, il ne faut pas mettre ça sous le tapis.
02:04 Il y a des personnes racistes, fondamentalement racistes,
02:08 qui refuseront toujours de vous voir là où vous ne devez pas être, selon eux.
02:14 Leur...
02:16 - Leur étiquette. - Leur étiquette, leur cadre.
02:22 À eux, à partir du moment où vous débordez un petit peu,
02:26 ça leur donne des boutons de fièvre.
02:27 Mais qu'ils aillent se soigner, qu'ils aillent prendre des pilules.
02:30 Ou alors qu'ils souffrent de nous voir,
02:32 et de voir toutes les minorités, toutes les personnes qui n'aiment pas arriver.
02:37 Parce que ce qu'ils oublient, ces personnes,
02:39 c'est que nous sommes tous pareils.
02:41 Nous sommes tous différents, mais nous sommes tous pareils.
02:44 Et il n'y a absolument rien d'autre à voir
02:47 que de voir la compétence de la personne au poste qu'elle occupe,
02:50 mais ne pas voir d'abord sa couleur de peau, son genre,
02:54 en disant "c'est une femme, elle n'y arrivera pas".
02:56 Mais si, elle y arrivera. Parce que d'abord, elle a envie.
02:58 Je parlais de volonté tout à l'heure, on parlait de la volonté, de l'envie.
03:02 Moi, je cite du Johnny dans les textes, c'est-à-dire l'envie d'avoir envie.
03:06 C'est-à-dire, à la ligne, il faut absolument se dire le matin,
03:09 "je me lève pourquoi ? Je me couche pourquoi ?"
03:11 Alors, ce n'est pas si facile que ça.
03:13 Je ne dis pas "y'a qu'à foucon",
03:14 parce que chacun a des parcours différents et des parcours de vie.
03:18 On a des hauts, des bas, on a des obstacles,
03:21 des obstacles propres qu'on se met,
03:23 et des obstacles que la société et que les gens vous mettent.
03:26 Donc, ces racistes-là, ils existent malheureusement partout
03:30 et dans toutes les sociétés.
03:31 Il faut juste les combattre et les combattre fermement.
03:34 Mais ne jamais leur donner la chance de vous atteindre.
03:37 Et c'est cette volonté-là qui est importante d'avoir.
03:41 Et se dire "tu as voulu me blesser, mais je ne te donnerai pas le change".
03:45 Boomerang, ça revient vers toi.