L'interview d'Alexis Corbière

  • l’année dernière
Le député LFI de Seine-Saint-Denis, Alexis Corbière, était l’invité de Laurence Ferrari dans #LaMatinale sur CNEWS.

Category

🗞
News
Transcript
00:00 Laurence, vous recevez ce matin Alexis Corbière.
00:02 Bonjour Alexis Corbière.
00:03 Bonjour Laurence.
00:04 Bienvenue dans la matinale de CNews.
00:05 C'est aujourd'hui que débute à l'Assemblée nationale
00:07 l'examen du projet de réforme des retraites.
00:08 Seulement 11 jours de débat avant que le texte ne parte automatiquement au Sénat
00:12 et plus de 18 000 amendements de l'ANUPS, dont 15 000 de la France insoumise.
00:17 Vous voulez faire obstruction ?
00:18 Vous voulez éviter qu'on aille dans le cœur du débat,
00:20 qu'on étudie l'article 7, le fameux article 7 ?
00:24 Non.
00:25 Et précisément, je crois que si obstruction il y a,
00:27 il vient du gouvernement qui va utiliser une procédure particulière
00:32 que je ne connaissais pas, que vous sans doute vous ne connaissiez pas,
00:34 que les Français ne connaissaient pas parce qu'elle n'avait jamais été utilisée.
00:38 C'est l'utilisation d'un article, le 47.1 de la Constitution,
00:41 qui fait que quel que soit le moment où on est dans le débat,
00:43 ça va s'arrêter, vous l'avez dit.
00:45 C'est-à-dire aujourd'hui le 6, ça commence au moins jusqu'au 17, 11 jours.
00:48 On va travailler sans doute samedi et dimanche et c'est tant mieux.
00:51 Et puis ça s'arrêtera même si on a l'article 3, 7, 8, que sais-je, il y a 21 articles.
00:55 Et il ne fallait pas vous adapter, vous dire bon ben on est dans un peu de contraintes,
00:59 on va réduire le nombre d'amendements, puis on va aller à l'article 7,
01:01 le fameux article qui pose problème.
01:03 Peut-être qu'on va y arriver d'ailleurs, ce serait intéressant.
01:05 Oui, non, mais moi je n'ai pas de souci avec ça.
01:07 Et sachez d'ailleurs une chose, je ne veux pas être trop technique,
01:09 qu'on a dépassé beaucoup d'amendements,
01:10 mais il est possible qu'il y en ait beaucoup qui tombent, comme on dit,
01:13 c'est-à-dire qu'ils ne sont pas jugés recevables.
01:14 Deuxièmement, il est possible aussi que parfois le gouvernement
01:16 re-rédige un article, donc tous les amendements qui sont liés à cet article tombent.
01:20 Il est possible que nous-mêmes, il y a des moments où on lâche un peu la bride,
01:23 si je puis dire, pour aller plus vite,
01:24 parce que sans doute que nous voudrons insister sur certains articles.
01:27 Vous avez pointé le fameux article 7 dans lequel tout se concentre.
01:31 Notre stratégie, elle n'est pas celle de ne pas discuter des sujets importants.
01:35 Maintenant, qu'on revienne à l'essentiel.
01:37 Actuellement, tout un pays est mobilisé contre cette réforme.
01:41 C'est inédit, à titre personnel, j'ai rarement vu une telle opposition.
01:46 Tout gouvernement confondu depuis que je suis en état,
01:50 si je puis dire, de suivre la vie politique à une réforme.
01:52 Ce n'est jamais simple de faire passer une enquête de retraite.
01:54 J'entends bien.
01:55 Il y a toujours des oppositions dans la rue.
01:56 J'entends bien, mais tout de même, 93% des actifs nous dit l'Institut Montaigne
02:00 avec je ne sais plus quel institut de sondage.
02:03 68-70% des Français.
02:05 Tout le monde a compris, je veux dire de manière un peu inquiète,
02:09 qu'il faudrait travailler plus longtemps et tout le monde trouve ça injuste.
02:11 Donc c'est le moment où le Parlement joue tout son rôle.
02:14 Moi, je défends le Parlement.
02:16 Je défends le débat parlementaire pour que les Français,
02:19 et je pense que c'est une news, vous allez aussi suivre ça.
02:22 Je sais que la chaîne parlementaire va le faire, qu'on suive ce débat.
02:25 Et il n'y a aucune raison que j'aide ceux qui veulent faire travailler les Français plus longtemps
02:29 dans un débat qui est réduit à 11 jours.
02:31 Sur un tel sujet, on peut prendre le temps de la discussion.
02:33 Non, mais est-ce qu'il y a des amendements qui ne sont pas inutiles ?
02:34 Je pense à un amendement des verts pour changer le nom du projet de loi,
02:38 l'appeler projet de loi contre le temps libre.
02:40 Mais ce n'est pas sérieux.
02:41 Les Français s'en fichent.
02:42 Ils veulent qu'on parle de l'âge de départ légal.
02:44 Mais on va en parler.
02:44 Donc il faut les faire sauter ces amendements.
02:46 Je ne sais pas d'ailleurs s'ils seront retenus, mais on va en parler.
02:48 Rassurez-vous, tous nos amendements ont pour vocation soit de défendre des situations
02:53 qui sont déjà conquises par les salariés, d'amélioration,
02:56 soit améliorer aussi le système des retraites.
02:58 Le problème, le système actuel des retraites, il n'est pas satisfaisant.
03:01 Ça arrive trop tard et c'est trop peu à l'heure actuelle.
03:03 Mais la singularité…
03:04 C'est trop peu quoi ?
03:05 C'est trop peu les retraites.
03:07 Ah d'accord, oui, oui.
03:07 Quand je dis trop tard, trop peu.
03:08 C'est trop peu le départ à 74 ans.
03:10 Non, non, pardon.
03:10 Ce que je veux dire, les Français déjà, quand on discute avec eux,
03:13 alors pas vous, pas moi si je puis dire, parce que vous et moi,
03:16 nous avons, enfin je ne vous connais pas assez pour en juger,
03:18 mais j'ai le sentiment que vous vous réalisez dans votre travail
03:21 et j'en suis heureux pour vous.
03:22 Mais pour beaucoup de gens, c'est plus compliqué.
03:24 Donc les gens se disent, mais pourquoi devrais-je muser psychologiquement,
03:27 muser physiquement ?
03:29 Et puis surtout, c'est quelque chose qui touche quasiment la manière dont on veut vivre.
03:33 Il y a le temps de la formation, très bien.
03:36 Il y a le temps du travail, très bien.
03:37 Mais la retraite n'est pas qu'un temps, comment dirais-je, second.
03:41 C'est important, on va pouvoir se consacrer soit à ses petits-enfants,
03:45 soit aux associatifs, au mouvement sportif.
03:49 Je vois dans ma circonscription, mais le mouvement sportif,
03:51 il est souvent animé par des jeunes retraités.
03:53 Et paradoxalement, on va prendre les deux meilleures années de la retraite,
03:56 qui sont ces deux premières années,
03:58 on va les transformer en les deux pires années de travail.
04:00 Pourquoi les deux pires années ?
04:02 Parce que c'est les plus durs.
04:03 Parce que souvent autour de 62, 63, 64, c'est là où on est les plus fatigués.
04:07 On a le droit de dire que bon, on en a ras le bol,
04:10 qu'on est usé, qu'on a mal aux genoux, qu'on a mal aux bras,
04:13 qu'on a mal à la tête tout simplement,
04:14 du bruit que suscite ou qu'on encaisse sur notre lieu de travail.
04:18 Parce qu'on n'en peut plus et qu'on se dit,
04:20 bon sang, j'aimerais bien maintenant, c'est bon, j'ai travaillé.
04:22 Mais il y en a qui veulent continuer à bosser.
04:24 Mais qui continuent.
04:25 Non mais qui continuent.
04:26 Attendez, merci Laurence Fiori de le dire.
04:28 Parce qu'il y a des gens qui aiment le boulot, qui aiment travailler.
04:30 Mais il n'a jamais été interdit.
04:31 Non mais il n'a jamais été interdit de travailler dans aucune réforme.
04:34 On peut continuer.
04:35 Après on accumule.
04:36 Non mais on a le sentiment que certains dans votre parti font l'éloge de la paresse.
04:40 Alors ça c'est intéressant.
04:42 Premièrement, c'est intéressant, je ne vais pas répondre à vous,
04:44 mais à travers vous, avec ceux qui ont porté ça,
04:46 je l'ai entendu en commission et même de la part de M. Darmanin.
04:50 Attention à ce que ce thème de soi-disant ceux qui défendent
04:53 les conditions de travail des salariés, le droit à la retraite,
04:55 sont jugés comme des paresseux.
04:56 C'est une vieille question.
04:58 Je suis prof d'histoire et je sais, en 1936,
05:01 quand le Front populaire a mis en place notamment le droit au congé payé,
05:04 il y avait un ministre en sous-secrétaire, Léo Lagrange,
05:06 qui s'occupait des loisirs, qui était par l'extrême droite et la droite
05:09 traité comme le ministre de la paresse.
05:11 Depuis toujours, quand nous, le peuple, on veut avoir
05:15 de meilleures conditions de travail, de temps de repos,
05:17 on est jugé comme paresseux.
05:18 Ce n'est pas le droit à la paresse.
05:20 Ce n'est pas la paresse que de dire au bout d'un moment,
05:22 quand on a un certain âge, qu'on a beaucoup travaillé,
05:24 qu'on peut faire autre chose, qu'il y ait encore du travail,
05:28 mais qu'il n'y ait pas du temps marchandisé.
05:30 Parce que faire vivre un club sportif, faire vivre une association,
05:33 s'occuper de ses petits-enfants, qui permet à ce que nos enfants
05:36 puissent travailler, etc.
05:37 C'est utile socialement, mais ce n'est pas rémunéré.
05:40 Donc, ce n'est pas de la paresse.
05:41 Et je termine là-dessus, c'est extrêmement péjoratif.
05:43 Et c'est une forme de mépris, de mépris social.
05:46 Quand des gens disent bouh, on considère qu'au bout d'un moment,
05:48 on a droit à ce moment particulier de la vie,
05:51 qui est ce droit à la retraite, et on ne veut pas qu'on soit usé.
05:53 Le temps à la retraite, il se réduit.
05:55 Sous M. Sarkozy, 2010, 25 années et demie de retraite en moyenne,
06:00 à partir du moment où ça se déclenchait, jusqu'à la mort.
06:01 C'est passé aujourd'hui à 24 ans, et on estime qu'avec cette réforme
06:04 de la retraite, ce sera seulement 23 ans.
06:06 Ces deux années et demie depuis 2010, c'était il n'y a pas longtemps,
06:09 c'était il y a 13 ans.
06:10 C'est des années volées, c'est des années précieuses.
06:12 Ça ne s'achète pas, vous savez, tout s'achète dans ce pays,
06:14 sauf une chose, la durée de vie.
06:16 - Et l'allongement de la durée de la vie, vous ne la prenez pas en compte ?
06:19 - Vous savez qu'elle stagne depuis des années.
06:20 Et si elle s'est améliorée, l'allongement de la durée de la vie,
06:24 c'est précisément lié au fait, sur ces dernières années,
06:27 du fait qu'on travaillait moins.
06:28 C'est toujours ça, vous savez, depuis le siècle dernier.
06:30 Si les gens meurent plus tard, entre guillemets,
06:33 c'est parce que les conditions de travail se sont améliorées,
06:34 c'est parce que l'usure au travail était moindre,
06:36 parce qu'il y a un droit à la retraite, un droit à la santé.
06:38 Ce n'est pas deux mondes différents.
06:40 Mais par contre, la productivité, elle a augmenté.
06:42 Les Français ont produit plus de richesses, mais l'usure aussi au travail.
06:45 Regardez les études, ne croyez pas que le travail...
06:47 Enfin, vous le savez, mais le travail n'est pas cette espèce de paradis
06:51 qu'on veut nous faire croire.
06:52 J'ai entendu certains, parfois du gouvernement, nous expliquer
06:55 qu'aujourd'hui, il y aurait des exosquelettes pour les déménageurs.
06:57 Vous avez déjà vu un déménageur qui travaille avec un exosquelette ?
06:59 Moi, je vois des types, c'est souvent des hommes,
07:01 qui font ça à bout de bras et qui en ont plein le dos.
07:03 Il nous a expliqué que les carleurs travaillent tous aujourd'hui
07:04 avec des genouillères, des techniques.
07:06 On en en a eu un, il y a quelques instants, sur le CNE aux assaintes aux mères.
07:09 Excellent témoignage, métier de carleur.
07:10 À genoux, on se fait mal, mal au dos.
07:11 Et à juste raison, les gens ne sont pas des feignants
07:13 quand ils disent "j'ai 55 ans, 56, 57, j'ai pas envie de tirer plus".
07:18 Et d'ores et déjà, la situation était rude, la lourdure encore plus est intolérable.
07:23 Un mot de la Première ministre Elisabeth Borne,
07:24 qui a dévoilé hier quelques concessions qu'elle va faire,
07:27 notamment sur les carrières longues, l'index senior ou la clause de revoyure.
07:30 Est-ce que ça va suffisamment loin ou est-ce que c'est uniquement
07:33 en direction des Républicains, donc de la droite, pour que la droite vote le texte ?
07:39 Si c'est en direction des Républicains, je dirais caramba, encore raté.
07:42 Parce que j'ai vu que les Républicains, du moins les figures parlementaires,
07:46 M. Pradié, M. Dumont, qui sont les moins favorables,
07:49 si je puis dire, à éventuellement voter cette réforme,
07:51 ont dit "il n'y a pas le compte".
07:52 Parce qu'en vérité, c'est un peu technique, mais il y a un tour de passe-passe.
07:56 Pour ceux qui ont commencé à travailler autour ?
07:57 Oui, mais pour déclencher ce qu'on appelle le dispositif carrière longue,
08:00 il faudrait avoir au moins cinq trimestres avant 20 ou 21 ans.
08:05 Et ce qu'elle dit, ce n'est pas le cas.
08:08 Donc en vérité, les gens ne gagnent strictement rien.
08:10 Et à juste raison, ces parlementaires de droite, je trouve, ont raison.
08:13 Et sans doute que ça démontre quoi ?
08:15 Qu'il y a aussi, pour l'homme de gauche que je suis,
08:17 un électorat populaire de droite, qui vote à droite,
08:20 et je ne suis pas d'accord, mais qui, évidemment, travaille dur aussi,
08:23 et qui ne l'approuve pas, ça.
08:25 Et ces gens, ils existent.
08:26 Et je comprends qu'ils se tournent vers leurs députés pour dire
08:28 "mais vous n'allez pas voter quelque chose ?"
08:30 qui dégrade encore plus nos conditions de travail.
08:32 Donc les élèves sont partagés, évidemment, sur ces questions.
08:34 Alors c'est intéressant, parce que ça nous montre un sujet
08:36 qui est, au-delà du sujet social qu'on a abordé, le sujet démocratique.
08:39 C'est-à-dire que j'ai le sentiment,
08:41 non seulement les études d'opinion nous le démontrent,
08:43 qu'il n'y a vraiment deux tiers des Français, voire plus, qui sont opposés,
08:46 mais même d'un point de vue des formes de la démocratie
08:50 telles qu'elles sont aujourd'hui organisées,
08:51 il n'y aura peut-être même pas de majorité au sein de l'Assemblée nationale.
08:54 Et je reviens à l'introduction de notre échange.
08:56 La procédure utilisée par la Première ministre
08:59 ouvre la possibilité que, même s'il n'y a pas de majorité à l'Assemblée,
09:02 paf, article 47.1, et la discussion s'arrêtera,
09:05 et ça pourra être imposé par ordonnance.
09:07 Ce n'est pas tolérable.
09:08 J'invite les Français à rester républicains et à dire
09:10 "La République, c'est la démocratie, c'est la souveraineté du peuple."
09:13 Et quand un gouvernement veut imposer au peuple quelque chose qu'il ne veut pas,
09:16 alors on n'est peut-être plus en démocratie, ce qui est assez inquiétant.
09:18 Pourquoi ne pas poser la question aux peuples ?
09:20 Pourquoi ne pas faire voter une motion référendaire ?
09:24 Vous êtes vent debout contre cette réforme
09:26 et vous n'allez pas voter la motion référendaire,
09:28 au motif que c'est le Rassemblement national qui va l'apporter.
09:30 Comment vous allez expliquer ça à vos électeurs ?
09:32 Madame Ferrari, je serai franc du colis.
09:34 Je suis face à une difficulté et vous avez pointé un problème.
09:37 Nous avons été les premiers à déposer une demande de motion référendaire.
09:40 Il y a eu tirage au sort, M. Corbière.
09:42 Oui, voilà. Nous étions les plus nombreux et les premiers.
09:44 Normalement, ça aurait été notre motion référendaire qui donne le ton.
09:47 Bon, ce n'est pas le cas.
09:47 Le président de l'Assemblée nationale a utilisé une procédure que je trouve baroque,
09:51 qui était celle d'un tirage au sort, et c'est le Rassemblement national.
09:53 Je ne veux pas participer à la confusion à l'heure actuelle,
09:56 parce que nous sommes dans un moment de confusion et de colère,
09:58 qui consiste à faire croire que c'est le Rassemblement national
10:00 qui donnerait le ton de la protestation contre cette réforme,
10:03 parce qu'en vérité, il dépose très peu d'amendements.
10:04 Idéologie, donc, posture idéologique.
10:06 Non, clarté.
10:06 Vous défendez les intérêts des Français, vous dites "ah non, on ne vote pas avec le RN".
10:09 On verra. D'ailleurs, cet après-midi, nous allons déposer une autre motion
10:13 et nous verrons, nous demanderons à la présidente de l'Assemblée nationale,
10:15 notamment avec le groupe Lyot, si ça ne peut pas être autour de cette motion que c'est faite.
10:18 Vous dites "idéologie". Je vous prends au mot.
10:20 Je vous prends au mot.
10:21 L'idéologie, oui.
10:22 C'est un moment.
10:22 Non, non, c'est un moment.
10:23 Les Français, ils attendent que vous les défendiez sur leur point.
10:25 Eh bien, je le fais, Madame.
10:26 Je manifeste et je pense que ça participe à cela.
10:28 Vous ne voterez pas la motion référendaire.
10:30 Madame Le Pen n'est pas, elle, pour les manifestations et elle dépose très peu d'amendements.
10:33 Pourquoi, si Madame Le Pen est vraiment opposée ?
10:35 71, elle estime que c'est raisonnable.
10:36 Eh bien, moi, j'estime que c'est déraisonnable.
10:38 Et j'estime que ça aide le gouvernement.
10:39 Ah, elle a tous les droits.
10:40 Elle a tous les droits.
10:41 Mais j'estime qu'elle ne participe pas à la protestation populaire qui, elle, sera efficace.
10:45 Donc, c'est une fausse amie du peuple.
10:47 Je ne veux pas donner l'impression, parce que c'est tout le jeu à l'heure actuelle qui est fait.
10:50 Qu'est-ce que c'est que je suis en train d'essayer ?
10:51 Parce que le moment, il est politique.
10:53 Qu'est-ce que va faire le gouvernement ?
10:54 Dire "Regardez, M. Corbière, Madame Le Pen, tout ça, c'est la même chose".
10:57 Parce que, dans ce pays, il y a une protestation saine, aussi, contre l'extrême droite.
11:01 Je veux de la clarté.
11:02 Je suis dans le camp social.
11:03 Celui du partage des richesses, ce n'est pas le cas de Madame Le Pen.
11:05 Je suis pour augmenter les salaires, ce n'est pas le cas de Madame Le Pen.
11:08 Je suis pour la retraite à 60 ans, 40 ans de cotisation, ce n'est pas le cas de Madame Le Pen.
11:12 Et si je me range derrière le drapeau de Madame Le Pen,
11:14 tout à l'heure, pour déposer cette motion référendaire,
11:16 immédiatement, Madame Borne et tous les différents clercs de la cléricature...
11:22 Non, non, non, on verra ce qu'on fait.
11:23 Mais je dis que nous cherchons à sortir de ce piège qui nous a été tendu,
11:27 qui est une pure manœuvre de la part des macronistes,
11:29 pour essayer de donner la main à Madame Le Pen,
11:31 alors que c'est le camp social, populaire des syndicats, aujourd'hui, qu'il a.
11:35 Je ne participerai pas à la confusion, sinon, à la fin, personne n'y comprendra rien.
11:38 Et la seule qui pourrait l'emporter, ce serait l'extrême droite,
11:40 ce qui serait terrible, parce qu'ils sont toujours opposés au droit à la retraite.
11:43 C'était eux qui critiquaient, en 1936, déjà, le ministère de la Paresse.
11:48 Allez, Gérald Darmanin, à Jean-Luc Mélenchon,
11:50 après vous avoir accusé de bordéliser le pays.
11:52 Il dit "moi, je ne suis pas de la famille de M. Mélenchon.
11:54 Il est propriétaire d'un patrimoine, il est millionnaire.
11:56 Moi, je ne suis pas millionnaire et je n'ai pas de patrimoine.
11:59 Ce que m'ont légué mes parents, c'est le culte du travail, du mérite et de l'effort".
12:03 Il vise juste le ministre de l'Intérieur ou pas ?
12:05 C'est bizarre que les parents lui ont légué ça, mais alors qu'est-ce qu'il veut faire ?
12:08 Parce qu'il n'arrête pas de parler de sa maman qui était concierge,
12:10 et je la salue, cette brave dame,
12:11 mais il veut, M. Darmanin, qu'elle travaille deux ans de plus ?
12:13 Sa maman ? Il n'aime pas sa maman.
12:15 - Non. - Normalement, un fils, il doit défendre sa maman.
12:17 Il dit "M. Mélenchon, millionnaire".
12:18 - Jean-Luc a un patrimoine, il n'est pas millionnaire.
12:21 Il a un appartement à Paris.
12:23 - C'était dans les déclarations de... - Oui, très bien.
12:25 - Il est transparent, il est dans la vie publique. - Lui, au moins, il déclare des choses claires.
12:27 - Et comme par hasard, il serait... - Ah oui, mais c'était le plus riche des candidats.
12:30 - Celui qui a un patrimoine... Non, ça, c'est pas vrai.
12:32 - Ah oui, un patrimoine. - Madame Pécresse avait un patrimoine plus important.
12:34 Et Madame Pécresse était nettement au-dessus, il avait d'autres candidats.
12:36 Vous savez, M. Darmanin, il est jeune,
12:38 et vu que, je vois, il a une carrière d'homme politique,
12:41 je ne sais pas ce qu'il a fait à part faire de la politique,
12:43 apparemment, il n'a pas fait grand-chose.
12:44 Mais enfin, c'est pas grave.
12:45 - C'est pas honteux ? - Non.
12:47 Mais comme il parle beaucoup de sa vie comme étant un exemple,
12:50 je lui fais observer que peut-être qu'il devrait être un petit peu plus modeste,
12:53 parce qu'il veut parler sur le camp du travail.
12:55 Je ne sais pas s'il a beaucoup exercé d'autres métiers
12:57 que celui soit d'être élu, collaborateur, etc.
13:00 Ça ne lui donne... C'est pas honteux,
13:02 mais ça lui... Peut-être qu'il devrait être un petit peu plus modeste.
13:05 Ce que je veux dire après, c'est que,
13:07 vu qu'il utilise sa situation un peu de fils du peuple
13:10 pour, en quelque sorte, me dire "taisez-vous, Corbière",
13:13 parce que moi aussi, je suis son hominieux modeste.
13:14 Mais moi, précisément, parce que je vois l'usure des gens de ma famille.
13:17 Je n'ai pas envie qu'ils travaillent deux ans de plus.
13:19 Donc, il est curieux de se réclamer du peuple pour dire
13:21 "Puisque je suis fils du peuple,
13:22 travaille plus le peuple, parce que tu devrais donner un peu plus".
13:25 Moi, quel que soit le milieu social dont on vient,
13:27 et même si on vient d'un milieu social aisé,
13:29 à partir du moment où on prend le parti du peuple,
13:30 eh bien je dis "bravo".
13:32 Donc, je préfère un riche aujourd'hui qui me dit
13:34 "j'observe la souffrance des milieux populaires,
13:36 je ne suis pas pour qu'ils travaillent deux ans de plus",
13:37 plutôt qu'un fils du peuple qui se range du côté
13:39 de ceux qui veulent les faire travailler plus.
13:40 Un tout petit mot, le ministre du Travail Olivier Dussopt,
13:43 qui est en première ligne sur la réforme des retraites
13:45 et qui fait l'objet de soupçons de favoritisme
13:46 retenus par le parquet national financier
13:48 dans le cadre de l'enquête concernant deux lithographies
13:50 offertes en 2017 lorsqu'il était maire.
13:52 C'est une boule puante, on se rappelle,
13:54 Eric Gwerth, pareil, qui a eu des affaires
13:56 au moment où il défendait la réforme des retraites,
13:58 il a été blanchi dans toutes ces affaires.
13:59 C'est ça la politique ?
14:01 - Moi, écoutez, là, c'est la justice qui travaille,
14:04 j'en sais rien, je ne me saisis pas de ce sujet,
14:06 il a droit, comme tout le monde, à la présomption d'innocence.
14:10 Maintenant, j'aurais préféré qu'il fasse,
14:14 à l'occasion du débat parlementaire, plus de clarté.
14:17 Moi, ce que je lui reproche, c'est de la politique.
14:19 Après, si c'est vrai, c'est piquant,
14:22 mais je ne veux pas utiliser ça, honnêtement,
14:24 dans le débat qui vient.
14:25 J'ai une claire opposition à M. Dussault,
14:27 qui est par ailleurs un homme plutôt,
14:29 comment dirais-je, à géométrie variable.
14:31 Si on pouvait produire de l'énergie
14:34 avec la veste qui tourne de M. Dussault,
14:36 on pourrait, à mon avis, éclairer les studios de CNews
14:38 pendant une bonne année.
14:39 - Allez, un dernier mot, parce que ça m'a beaucoup choqué,
14:41 le tweet de Clémentine Autain
14:43 à l'annonce de l'annulation de l'élection de Meyrabib,
14:45 députée de la 8e circonscription des Français de l'étranger.
14:47 Elle a tweeté ce mot "Mazel tov".
14:49 C'est quoi, à part de l'antisémitisme, M. Corbière ?
14:52 - Non, ça n'est pas de l'antisémitisme.
14:53 C'est maladroit. Elle l'a retiré.
14:55 - Mais elle ne s'est pas excusée ?
14:57 - Oui, il me semble qu'elle a dit que...
14:59 - Mon propos a heurté certains d'entre vous de bonne foi.
15:01 Je préfère retirer mon tweet et éviter...
15:03 Ce n'est pas des excuses.
15:03 - "Mazel tov", c'est une expression en hébreu
15:05 qui célèbre l'histoire, parce que c'est une bonne nouvelle.
15:08 Elle le prenait au mot, vous savez,
15:10 souvent M. Meyrabib a même eu des propos en hébreu
15:14 au sein de l'hémicycle.
15:15 Et ça n'a rien d'insultant d'utiliser un mot en hébreu.
15:18 Mais honnêtement...
15:19 - Si un député Rassemblement national disait ça
15:22 à propos d'un député musulman, disait...
15:25 - Non, mais c'est pour ça...
15:26 Je pense que Clémentine a compris que ce tweet,
15:29 qui se voulait être une réponse à M. Habib,
15:32 c'est quoi ? M. Habib a traité Clémentine Autain
15:34 de petite conne, d'accord ?
15:35 - Non, mais attendez.
15:37 Le mot, c'est "Mazel tov".
15:38 - Oui, mais le mot est maladroit, doit être retiré.
15:40 Ça n'emprunte pas en antisémitisme, franchement.
15:43 Mais c'est maladroit parce qu'effectivement,
15:44 vous avez pointé exactement ce à quoi je voulais arriver,
15:47 c'est que je ne souhaite pas que...
15:49 - On réduit quelqu'un à sa religion ?
15:51 - Oui, bon...
15:51 - On l'essentialise ?
15:52 C'est ce que vous défendez ?
15:54 - Oui, enfin, je veux dire, s'il y en a un qui,
15:56 précisément, M. Meyrabib évoque souvent
15:59 ses convictions spirituelles,
16:01 il a tout à fait le droit, elles sont légitimes.
16:02 Je pense que quand on est parlementaire
16:03 attaché à la laïcité, on ne doit pas en permanence
16:06 l'évoquer, mais ce n'est pas le sujet.
16:07 Ce tweet n'avait pas lieu d'être, Clémentine l'a retiré.
16:10 Et effectivement, là, vous avez parfaitement raison,
16:12 c'est qu'il y a eu, c'est un peu aussi,
16:14 ça fait quoi ce que je dis sur M. Dussaut,
16:15 un affrontement politique, idée contre idée,
16:17 et d'aucune manière, d'aucune manière,
16:20 d'autres éléments qui doivent être utilisés.
16:22 - Merci.
16:22 - Par ailleurs, je connais Clémentine Autain
16:24 qui est depuis toujours engagée dans la lutte contre l'antisémitisme.
16:26 - Merci beaucoup Alexis Corbière d'être revenu ce matin
16:28 dans les matinales de CNews.
16:29 À vous Romain Désarbe pour la suite.
16:30 (Générique)

Recommandée