Alors que la série "Cœurs Noirs" est disponible sur Prime Video, Nicolas Duvauchelle et Marie Dompnier se sont confiées sur leur préparation intense en compagnie des Forces Spéciales françaises.
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00:00 Je joue Martin, qui est le chef de groupe du 45 sous les ordres de mon commandant Adel.
00:11 C'est un peu sa dernière mission sur le terrain.
00:14 Après, il doit partir normalement au COS, au commandement des opérations spéciales,
00:19 donc être en retrait du terrain.
00:21 Mais sa dernière mission ne va pas se passer comme prévu.
00:25 Il va peut-être devoir prolonger son mandat.
00:28 Moi, je suis Adel Brochner.
00:30 On travaille en étroite collaboration avec son personnage, Martin.
00:33 Elle est commandant, elle est dans le renseignement militaire, polytechnicienne, etc.,
00:38 donc qui vit armée, qui pense à armer, qui est issue d'une famille de militaires aussi.
00:44 Et elle va lancer le commando sur une mission,
00:48 puisqu'ils sont là, en fait, ces postes bataclans,
00:50 et pour récupérer les djihadistes français qui, pendant la chute de l'État islamique,
00:54 pourraient s'enfuir.
00:56 Et cette première mission, en effet, comme le vient de le dire Nicolas,
00:59 ne va pas se passer comme prévu.
01:00 Et ça va être tout l'enjeu de cette saison,
01:04 puisqu'ils vont mettre la main sur un des piliers de Daesh
01:07 et commencer à essayer de négocier avec lui.
01:10 Tu te laisses, toi, déjà ?
01:17 Ouais, un petit peu.
01:19 Mais là, d'avoir pu faire cette immersion,
01:21 parce qu'ils ont quand même ouvert leurs portes,
01:23 on est quand même allé faire un bootcamp au 13e RDP,
01:26 donc là, dans leur caserne et tout,
01:28 donc c'était assez jouissif de pouvoir les côtoyer,
01:31 de pouvoir voir comment ils vivaient, de comment ils s'entraînaient,
01:34 de pouvoir discuter avec eux, de voir comment aussi gérer leur vie de famille.
01:38 C'était super enrichissant et puis c'était primordial pour nous,
01:40 avant de se lancer là-dedans.
01:42 On n'aurait pas pu se lancer sans faire ça pour moi.
01:43 Donc c'était vraiment un passage obligatoire.
01:46 Moi, je ne connaissais pas, je ne connaissais très peu.
01:48 Enfin, je savais que ça existait, mais je ne connaissais très peu.
01:51 Et c'est vrai que, comme le dit Nicolas,
01:53 pour la préparation de ces rôles, on a été en immersion.
01:56 Je pense que sans ça, on aurait été incapable d'interpréter ces rôles-là.
01:59 Et donc, maniement d'armes, moi plus proche des officiers du renseignement,
02:02 eux plus proches des chefs de groupe, etc.
02:04 Mais, Nico le dit souvent et c'est vrai, ça a vraiment...
02:08 On est arrivé, nous, avec ces militaires-là,
02:10 qui nous ont offert leur service et surtout ouvert leurs portes.
02:13 Et ça a créé un groupe d'acteurs qui est devenu aussi
02:17 au service d'un groupe de militaires à l'image, en fait.
02:20 Et c'est très représentatif de la réalité.
02:22 Oui, c'est-à-dire qu'on s'attendait à ce que ça soit exigeant.
02:30 Oui, après, on n'a pas fait tout leur entraînement.
02:33 Il y a des trucs vraiment...
02:34 On ne pouvait pas tenir.
02:35 Ils ont leur sac, qu'on appelle le menhir, c'est un sac de 60 kilos et tout.
02:38 Ils sont parachutés de nuit et doivent faire tout un...
02:41 C'est genre 20 bornes en moins de je ne sais plus combien de temps.
02:43 Ils ont un timing pour le faire et tout.
02:46 Et c'est le mental qui joue beaucoup.
02:47 Donc, bon, après, voilà ce qui commence.
02:51 Ils ont plus de 20 ans que mon âge, quoi.
02:53 Donc, ça se sent aussi.
02:55 Mais il y a eu toute une prépa physique qu'on a continué pendant le tournage
02:58 avec tout le groupe, avec Toufique, Jérémy, Victor.
03:03 On était là vraiment en INA.
03:05 Tout le monde était à la salle de muscul matin pour courir ou faire...
03:09 C'est vrai qu'en plus...
03:10 Toujours avoir cette exigence.
03:12 Cette exigence, oui.
03:13 Exactement.
03:14 Mais on ne voulait pas les décevoir parce que c'est vrai que...
03:16 Bon, au-delà du projet génial, qui est un projet de fiction,
03:20 parce que ce projet n'est pas du tout demandé par l'armée.
03:22 Non, ce n'est pas une demande de l'armée de terre.
03:24 Non, mais ils ont été extraordinaires.
03:26 Je pense qu'on a tous été bluffés par les personnes qu'on a rencontrées.
03:29 On ne voulait pas les décevoir, quoi.
03:31 Ouais.
03:31 Oh, oui, on a fait beaucoup de...
03:40 Et au-delà du maniement, il y avait de la façon de se tenir quand on est...
03:44 De se déplacer.
03:44 À découvert, de se déplacer quand on est en petit groupe comme ça.
03:47 Il y a une façon aussi quand on investit les buildings,
03:49 de savoir des ouvertures, des choses comme ça.
03:51 Et tout ça, c'est le travail RDP.
03:52 Ouais, ouais. Et ça, c'est tout le travail qu'on a fait au bout de camp.
03:55 Et puis même, on s'entraînait aussi pendant le tournage avec le copain,
03:58 avec des armes factices.
03:59 Ah, c'est vrai que vous, vous n'avez pas lâché.
04:00 Non.
04:01 Parce que moi, je suis moins...
04:01 Je les ai vues parce que moi, j'ai plus de...
04:02 Oui, toi, tu n'as pas...
04:03 Je suis moins sur le terrain.
04:04 Tu n'as pas à aller tirer tout.
04:05 Bon, quelques-unes, quelques-uns, mais moins.
04:07 Et c'est vrai que sur ça, vous avez eu une exigence de précision, d'entraînement.
04:13 Voilà, très, très...
04:14 C'était très chouette, ça.
04:15 Parce que je pense que c'est pour ça, d'ailleurs,
04:17 qu'on a l'impression d'être immergé à ce point-là.
04:20 Oui, et puis, il fallait ça pour la crédibilité, pour l'authenticité.
04:22 Voilà, on ne pouvait pas arriver et faire une lecture la veille.
04:25 Et puis bon, voilà, c'est demain le tournage.
04:26 Bon, bah super, on y va.
04:27 Ça aurait été impossible.
04:28 Non, non, il fallait vraiment être dedans.
04:29 Et puis, tous les moyens qu'on a eus, même de pouvoir faire cette immersion,
04:34 c'était quand même...
04:34 Ça a tout changé.
04:35 Incroyable, ça a tout changé.
04:36 Oui, et puis on avait Redouane Loisizi aussi, qui était notre consultant,
04:38 on va dire, qui est un ancien du 13e RDP, qui était avec nous pendant tout le tournage.
04:41 Donc, c'est vrai que lui, quand il y avait une petite faute,
04:43 c'est vrai qu'avec la fatigue, parfois, on a peut-être le bras qui va se lever.
04:46 On se dit "Ah tiens, Nico, ok".
04:47 Donc, c'est vrai qu'on avait toujours ce garde-fou qui était Redouane,
04:51 qui était là pour nous.
04:52 Mais c'est vrai qu'après, on était vachement autonome avec le groupe.
04:55 Je parle du groupe d'intervention,
04:57 Sab, Toufique, Jerem, Victor et moi.
05:02 Après, Ziyad nous disait "Vous commencez là et vous allez à fond à B".
05:05 Après, on savait vraiment comment nous, comment descendre, à quelle allure.
05:09 Et tout le groupe était pareil, on avançait comme un seul homme.
05:12 Et ça, c'est pas en faisant de répètes,
05:14 ça c'est l'entraînement, l'entraînement, l'entraînement,
05:16 driller, driller, faire des exercices tout le temps.
05:18 Ce qui a été fou, c'est que des militaires ont vu arriver des acteurs
05:25 et des acteurs ont rencontré des militaires.
05:27 Ils étaient un peu...
05:28 Ils étaient pas froids au départ, mais ils ont dit "Les acteurs, on va avoir rien à prouver".
05:31 Mais chacun avait ses clichés en fait.
05:32 On va rien pouvoir leur faire faire.
05:33 Ils vont être là, dès qu'ils vont se toucher un peu,
05:34 ça va être "Oh mince, on a mal".
05:37 Et quand ils ont vu qu'on était à fond dedans,
05:38 non mais c'est vrai quoi, voilà.
05:39 À un moment, on avait fait un footing, au bout de 10 km,
05:41 il y en a un, il y a le mec qui nous faisait l'entraînement,
05:43 qui s'est jeté dans une lagune.
05:45 Il était 8h du matin, franchement il était très tôt.
05:47 Et puis il avait été fraîche.
05:48 Il avait été fraîche et quand il a vu qu'on y est tous allés,
05:50 bon on sait rien, on n'est pas genre "Ouais super, on a des hauts".
05:52 Non mais après, il y avait 5 bords d'inter derrière, tout mouillé avec le treillis et tout ça.
05:56 Quand ils ont vu qu'on était à fond dedans,
05:57 ils ont pu nous faire aussi monter la barre plus haut
06:00 et nous faire faire des trucs qu'ils ne nous auraient peut-être pas fait
06:01 si on avait été un peu réticents au début.
06:04 Et ils nous ont fait confiance aussi,
06:05 après par rapport à ce qu'ils nous ont livré d'eux.
06:07 C'est ça aussi, petit à petit.
06:08 Et c'est vrai que ce qui a été assez fort,
06:11 c'est que comme tu dis au début, il y avait une pudeur.
06:12 Et petit à petit, je pense que nous on avait des clichés sur eux,
06:15 eux avaient des clichés sur nous, c'est normal.
06:17 Et là, tout, tout, ouais.
06:19 Et puis on s'est retrouvés.
06:20 Et c'est vrai que ce qui était génial, comme vous en parliez,
06:22 c'était de pouvoir échanger avec eux,
06:23 surtout le côté off, pas sur le terrain en fait.
06:27 On a échangé avec leurs femmes aussi, avec des femmes de militaire,
06:29 savoir comment ça se passait quand elles partaient en mission.
06:32 Il y avait des enfants aussi qui sont venus.
06:35 Mais ce qui est dingue aussi, c'est de voir comme nous,
06:37 on travaille avec l'émotion parce qu'on est des acteurs.
06:39 Et comment ça aussi, au bout d'un moment, pour eux, c'était difficile
06:41 parce que c'est des gens qui encaissent, qui a du...
06:43 Tu vois, l'émotion, c'est...
06:45 Et donc quand ils ont eu le courage un peu de nous faire part de leur émotion,
06:49 ça les a bougés quoi aussi.
06:50 On sait que c'est des histoires vécues quoi.
06:54 Il y a des trucs vraiment...
06:56 Déjà au 13e RDP, c'est fou parce que...
07:04 Donc j'ai rencontré quelques femmes.
07:05 Elles ne sont pas nombreuses, mais il y en a.
07:07 Tous les dirigeants du 13e RDP nous disaient qu'ils voudraient avoir
07:11 plus la possibilité de recruter des femmes,
07:13 notamment dans le renseignement à l'arrière.
07:15 Et après, moi, ce que j'ai notamment aimé dans la série,
07:17 comme elle a été écrite, c'est que dans notre relation,
07:20 on est vraiment le prolongement de l'un et de l'autre entre le haut et le terrain.
07:25 Il se trouve qu'elle est supérieure à hiérarchique, mais c'est un non-sujet.
07:28 Et ça, j'ai bien aimé.
07:30 Et après, par contre, c'est vrai que je pense que le corps militaire
07:34 aimerait vraiment recruter plus de femmes.
07:36 Parce qu'il faut quand même le dire, elles sont moins nombreuses que...
07:39 Surtout sur le terrain, sur tout ça quoi.
07:42 Puis quand ils partent quand même en mission,
07:43 quand même des... Parfois cinq, six mois à l'ensemble.
07:46 Ouais, c'est quelque chose, c'est un sujet, on va dire, polémique.
07:50 Je pense qu'il y a des militaires très ouverts à ça.
07:53 D'autres qui sont plus craintifs de ça, notamment pour le terrain.
07:55 Je parle pas pour l'arrière du renseignement.
07:57 Pas pour l'arrière du tout, ça c'est complètement intégraire.
07:58 Il y en a beaucoup.
08:00 Oui, oui, tout à fait.
08:01 Mais sur le terrain, c'est autre chose, surtout dans les unités d'élite comme ça,
08:04 où ils partent, où ils sont en basse-clos, même.
08:06 Ils peuvent rester un mois comme ça enterrés.
08:10 On a vu des mecs comme ça sur des trucs de 3 mètres sur 3 mètres.
08:13 Donc ouais, ça pose d'autres questions sur les relations comme ça.
08:17 Et c'est en train de bouger.
08:18 Ouais, c'est en train de bouger.
08:19 Ouais.
08:20 [Musique]