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00:00 Si vous voulez, on va mettre le rire en pratique avec le retour.
00:05 Je ne vous mets pas la pression Constance, vous savez que vous êtes légèrement attendus.
00:08 Mais on est là, on est là autour de vous, on a hâte de vous réentendre.
00:11 Chers amis auditorices, voici Constance !
00:14 Oh là là mes amis, quel bonheur de vous retrouver.
00:19 Si vous saviez l'année de merde que je viens de traverser, si je chope le connard qui m'a
00:25 souhaité une bonne année en janvier, je l'encule.
00:28 Allez, je vous raconte un petit peu mon année sympathique.
00:32 Donc, octobre 2021, je fais un burn-out en plein milieu de ma tournée.
00:35 Je me retrouve à pleurer comme une femme fontaine dans ma chambre d'hôtel à Besançon.
00:39 Alors Besançon, Saint-Édienne ou Maubeuge, c'est comme les films des frères Dardenne,
00:44 si t'as pas le moral, n'y va pas.
00:46 Donc je me retrouve à chialer comme un veau sans pouvoir m'arrêter.
00:50 Dans ma tête, c'est l'ambiance du film série noire avec Patrick Devers qui se tape
00:54 la tête contre sa bagnole dans un terrain vague sous un crachat de pluie et Marie Trintignant
00:59 qui glisse dans la boue.
01:00 La fête quoi ! Me voici donc dans le cabinet d'un médecin généraliste que je supplie
01:06 de me faire une piqûre d'amphétamine ou de me dépanner un petit peu en cocaïne pour
01:10 pouvoir aller jouer le soir.
01:12 Je lui répète les yeux écarquillés « S'il vous plaît, je dois faire rire les gens,
01:17 je suis une personne extrêmement rigolote, les gens ont besoin de moi, ils m'attendent
01:24 et si ça tombe, ils ont fait garder les enfants ce soir, peut-être même il y en a des malades
01:30 incurables qui vont mourir et ils verront jamais de spectacle avant de mourir.
01:34 La culture est en danger, je dois la sauver ! » Et le docteur m'a répondu calmement
01:41 « Je pense que la culture va mieux que vous, madame, parce que vous êtes visiblement très
01:45 fatiguée.
01:46 Vous dormez la nuit ? Non, dormir c'est une perte de temps, je dois écrire des blagues
01:51 pour parcourir la France en Kangoo, pour sauver les gens du contexte général, les migrants,
01:57 la pénurie de moutarde, la tête de Madonna ! » Et le médecin, toujours très calmement
02:03 « Bon allez, je vais vous arrêter un petit peu, vous prescrire des anxiolytiques, des
02:07 antidépresseurs, parce que je vous trouve un petit peu confuses.
02:10 Et bim, faille spatio-sensorelle, je disparais un an.
02:15 C'est long sans vous, un an.
02:17 Mais j'avais besoin de vivre des nouvelles choses, rien que pour moi.
02:21 Comme par exemple, retrouver ma petite chienne Josette morte toute froide dans son panier
02:26 un matin, m'enfoncer dans une énorme dépression, prendre 15 kilos à cause des médicaments,
02:32 passer 4 mois en hôpital psychiatrique, faire 3 tentatives de suicide, passer 2 jours en
02:37 réanimation intubée, choper le Covid à 42 fièvres pendant une semaine et attraper
02:42 une mycose au pied.
02:43 Au début, j'ai pas compris qu'une mycose au pied, c'était une vraie maladie.
02:48 Je croyais qu'en lisant du Christophe André et en écoutant Petit Bambou, en méditouillant,
02:54 ça allait passer crème.
02:55 Mais la mycose gagnait de plus en plus de terrain, elle me dévorait de l'intérieur.
02:59 J'allais de plus en plus mal, et je voulais mourir tout le temps.
03:03 Saloperie de mycose.
03:04 Et dire qu'il y a plein de gens qui pensent que c'est pas une vraie maladie, il faut
03:07 se secouer, il faut pas se laisser aller.
03:09 Mais qu'ils meurent ces gens !
03:11 Attends, à l'HP, ils ont essayé plein de médicaments sur moi, dont moi qui me faisais
03:15 péter tout le temps.
03:16 Et du coup, je pleurais et je rigolais en même temps, tout en pétant.
03:20 Mais j'avais quand même envie de mourir tout le temps.
03:24 En fait, vivre et respirer, c'était devenu difficile, douloureux.
03:28 Je voulais mourir, pour arrêter de souffrir.
03:30 Du coup, ils m'ont donné des médicaments encore plus forts, qui me faisaient baver
03:34 et parler comme si j'avais bu une bouteille de whisky.
03:36 Tout ça pour que j'oublie de me suicider.
03:38 Et ils m'ont mis dans une piscine, où je devais faire des rotations avec une frite
03:42 en mousse, entourée d'autres dames avec des regards vides, toutes très grosses et
03:47 très poilues, qui agitaient leur frite de piscine, comme moi, en pensant à la mort,
03:51 mais avec une odeur de chlore en guise d'ambiance.
03:54 Moi aussi, je suis devenue grosse et poilue à cause des traitements qui faisaient leur
03:59 effet, mais j'agitais toujours ma frite de piscine.
04:02 Sauf que j'étais plus dans l'eau.
04:05 Au cours de l'expression corporelle, parce qu'on avait d'autres cours, on mimait
04:09 des arbres, des oiseaux, comme on voulait.
04:12 Moi, j'aimais mimer une crotte.
04:14 Et c'est là que je me suis fait une copine qui mimait un cadavre de corbeau sur le bord
04:18 de la 1.
04:19 Et elle m'a bien confirmé que les paumes de douche dans les salles de bain, c'était
04:23 des caméras installées par la Corée du Nord.
04:25 Mais il ne fallait pas en parler, sinon ils viendraient nous faire une coloscopie du cul
04:28 pour voler notre âme.
04:30 Ma chambre, elle était dans l'unité.
04:32 Et demi-Claudel, ça m'a rassurée, c'était mieux que Dalida.
04:36 A l'atelier dessin, j'ai dessiné un nain pédophile avec une grosse bite, qui attirait
04:42 les enfants grâce à une marrelle maléfique.
04:44 Et Martine, ma voisine de table, elle avait dessiné un cheval au galop sur la plage,
04:48 pour symboliser son divorce.
04:50 Et elle a voulu changer de place, elle ne voulait plus être à côté de moi Martine.
04:55 Quelle grosse pute cette Martine ! Moi je dis ça en toute bienveillance parce que je
04:59 suis une bonne personne.
05:00 Et oui, parce qu'on avait des cours comme ça, de confiance en soi, et je devais dire
05:05 que j'étais gentille et des choses positives tout le temps sur moi.
05:08 La mycose, c'est la pire chose que j'ai dû affronter dans ma vie.
05:11 Je me suis noyée dans ma propre boue.
05:13 Et pendant un an, j'étais comme un coquillage vide.
05:16 Mais sans l'odeur de fruits de mer qui puent la bite.
05:20 Parce que Michel, lui, il avait arrêté de prendre des douches et personne ne voulait
05:24 manger à côté de lui à la cantine.
05:25 Il sentait le fromage de bite Michel.
05:27 Et pour tous ceux qui vivent ce cauchemar de la mycose, je pense très fort à vous.
05:32 Profitez du trancsène, du prozac, du xanax, comme des petites béquilles, le temps d'avoir
05:38 envie de remplir à nouveau votre petit coquillage.
05:41 Et si ça vous fait du bien de dessiner des chevaux au galop ou des nains à grosses bites,
05:45 faites-le, voilà.
05:46 *Rires*
05:56 Merci Constou !
05:58 Merci à vous !
05:59 Et nous avons suivi quelques-uns de ces épisodes cette année.
06:03 C'est pour ça qu'on se permet de rire beaucoup aussi.
06:05 Parce qu'on est tellement soulagés de vous les entendre dire, pas qu'au téléphone,
06:08 mais maintenant ça y est au micro, vous êtes de retour.
06:11 Bravo Constance !
06:12 Vous êtes beaucoup plus courageuse que ce que vous dîtes.