• l’année dernière
"Le soutien qu'on vous apporte, c'est 50 % de la guérison. On a tous une responsabilité."
Patron de Publicis, Arthur Sadoun a appris qu'il était atteint d'un cancer et a décidé de ne pas le cacher. Pour briser le tabou du cancer au travail, il a créé #WorkingwithCancer, une initiative visant à garantir que les entreprises soutiennent leurs employés face à la maladie.

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Transcription
00:00 Bonjour Brut, je suis Arthur Sadoun, président de Publicis Group.
00:03 Je suis là aujourd'hui parce que j'ai été diagnostiqué avec un cancer au mois de mars
00:08 et je vais vous en parler même si j'aime pas trop parler de moi.
00:11 Ce cancer c'est ce qu'on appelle de l'HPV, c'est le papillomavirus.
00:14 En fait cette affaire elle s'est passée en deux temps.
00:16 Je me suis fait opérer, on s'est rendu compte que c'était donc de l'HPV
00:19 et on m'a dit aussi qu'il fallait que j'ai un traitement préventif qui était fait de radio et de chimio.
00:23 Je savais que mon corps allait changer, je savais que j'allais plus pouvoir voyager
00:26 et donc j'ai décidé de le rendre public.
00:28 Ça n'a pas pris très longtemps mais ça a été une décision très difficile.
00:31 D'abord parce que j'avais beaucoup de gens qui me disaient "il faut surtout pas en parler
00:35 parce que c'est un acte de faiblesse et tu peux pas te le permettre
00:37 quand t'es à la tête d'une boîte comme publiciste".
00:39 Sachant qu'en plus mon mandat s'arrêtait quelques mois plus tard.
00:42 Et puis mon épouse, ma famille, mes amis proches m'ont dit "écoute, non, je pense que t'as raison,
00:47 il faut le dire" donc je l'ai fait.
00:49 Moi j'ai eu énormément de chance.
00:50 D'abord on a détecté mon cancer très tôt, ensuite le pronostic était excellent
00:53 donc la probabilité que je meure était quand même très faible.
00:55 Après j'ai eu un traitement très dur mais je suis passé à travers,
00:58 j'ai eu le soutien de ma famille, le soutien de mes collaborateurs, le soutien de mon conseil.
01:02 Et puis j'ai 51 ans, le plus gros de ma vie professionnelle en réalité est derrière moi.
01:06 Ce qui était vachement frappant, moi ce qui m'a touché le plus, c'est deux cas.
01:11 C'est les gens notamment aux Etats-Unis qui se disent "waouh, j'ai un cancer,
01:16 si demain je suis viré et vous pouvez être viré en une semaine aux Etats-Unis,
01:19 non seulement je vais perdre mon salaire mais en plus je vais perdre mon assurance maladie".
01:23 Là c'est la fin, quand vous connaissez le prix d'un traitement c'est vraiment très difficile.
01:26 Et puis le deuxième cas qui touche notamment les jeunes,
01:29 parce que vous pouvez l'avoir à tout âge, il y a beaucoup d'hommes et de femmes,
01:33 beaucoup de femmes en l'occurrence avec des cancers du sein,
01:36 qui ont 30-35 ans et qui se disent "mais si on sait que j'ai eu un cancer à 35 ans,
01:40 ça va m'empêcher de progresser dans ma carrière".
01:43 C'est pas acceptable ça.
01:44 Je prends un peu d'eau parce que j'ai plus de glandes salivaires en fait,
01:47 la radio m'a fait un peu de mal donc j'ai toujours besoin d'un peu d'eau.
01:49 Je ne fais pas de pub pour aucune marque.
01:52 En fait, il s'est passé un truc vraiment très fort en réalité,
01:59 c'est que quand j'ai envoyé mon film interne pour expliquer à l'ensemble de mes collaborateurs
02:04 qu'une fois de plus j'avais eu ce cancer, qu'il allait falloir que je reste à Paris
02:07 et que je fasse un traitement préventif,
02:09 j'ai commencé à recevoir des centaines puis des milliers de témoignages
02:13 de gens de Publicis et puis de gens extérieurs à Publicis après parce que c'est devenu viral.
02:17 Et au fond ils me disaient tous la même chose,
02:19 ils me disaient "merci pour votre transparence,
02:21 on a entendu ces quatre mots très difficiles,
02:24 vous avez un cancer, pour nous, pour notre frère, pour notre soeur,
02:27 pour notre femme, pour notre mari".
02:29 Et à chaque fois, après avoir eu peur pour notre vie,
02:32 parce que évidemment la première question que vous vous posez c'est ce que j'ai survivre,
02:35 on a eu peur pour notre travail.
02:37 On a eu peur de le perdre, on a eu peur de ne plus pouvoir progresser
02:40 ou on a simplement eu peur de ne plus être au niveau et de décevoir les uns et les autres.
02:44 Et pour beaucoup d'entre eux, beaucoup trop en tout cas,
02:47 il y a eu cette décision de le cacher.
02:50 Et donc au fond, de se dire "bon ben, je vais aller faire ma radio le matin
02:53 et puis après je vais aller au travail,
02:55 et puis si je suis un peu patraque j'inventerai une excuse,
02:57 je vais prendre une semaine pour me faire opérer du sein sans le dire à personne".
03:01 Ou pire encore, il y avait des parents qui avaient décidé de cacher le cancer de leurs enfants
03:06 juste pour pas donner un signe de faiblesse sur le lieu de travail.
03:09 Et ça, j'ai trouvé ça absolument inacceptable.
03:12 La détresse de ces gens, alors qu'une fois de plus,
03:15 on doit tous être là pour soutenir les gens qui sont malades,
03:18 et particulièrement sur le lieu de travail,
03:20 m'est apparu comme insupportable.
03:22 Et donc on a décidé de créer Working with Cancer, qui est une grande initiative.
03:25 On dit 1) il y a grosso modo 50% des gens
03:28 qui ont peur de dire à leur patron qu'ils ont le cancer.
03:31 Ça, on va demander aux plus grands CEOs mondiaux,
03:36 on a Wal-Mart, Carrefour, Bank of America, Citi, Google, Facebook,
03:41 enfin on a tout le monde,
03:43 on va leur demander de s'engager
03:45 pour que leurs entreprises soient à un endroit
03:48 où on se sente en sécurité quand on a une maladie chronique.
03:51 La deuxième chose qui est vachement importante,
03:53 et peut-être encore plus en France ou dans les pays justement
03:56 où on a moins de problèmes de sécurité de l'emploi quand on est malade,
03:59 c'est du coaching individualisé pour vous dire
04:01 que ce n'est pas parce que vous avez un cancer
04:03 que vous êtes au bout de votre carrière.
04:05 Et en réalité, au contraire.
04:07 Parce que je pense que quand on passe par des moments comme ça
04:09 et qu'on a la chance de s'en sortir,
04:11 on en sort plus fort.
04:13 Et puis après, il y a un troisième point,
04:15 c'est qu'on va aider aussi de manière individualisée
04:17 ce qu'on appelle les aidants.
04:18 C'est-à-dire les gens qui soutiennent des gens avec un cancer.
04:20 Des parents, des épouses, des époux, des frères, des sœurs.
04:24 Parce que eux aussi, ils ont besoin d'aménager leur temps.
04:26 On veut que toutes les grandes entreprises mondiales lèvent la main
04:28 et disent "on va appliquer cette charte",
04:30 que derrière, évidemment, ça se développe sur les petites entreprises,
04:32 ce qui est en train de se passer, avec des actions concrètes.
04:34 J'ai deux messages en réalité.
04:36 Le premier, il vient de mon expérience personnelle.
04:38 Faites-vous vacciner contre le papillomavirus.
04:41 Hommes et femmes, 80% d'entre vous vont avoir ce virus dans leur vie
04:45 et le nombre de cancers sur ce virus ne va faire qu'augmenter.
04:48 Ce que j'ai vécu, je ne le souhaite à personne
04:50 et c'est quelque chose que tout le monde ici peut éviter.
04:52 Le deuxième message, il est plus sur ce qu'on est en train de faire sur Working with Cancer.
04:55 C'est qu'on a tous une responsabilité ici.
04:59 S'il y a une personne sur deux dans sa vie qui va être atteinte par un cancer,
05:03 ça veut dire qu'on va tous vivre avec le cancer
05:05 et qu'on va tous travailler avec le cancer.
05:07 La bonne nouvelle, c'est que les gens meurent moins du cancer qu'avant.
05:10 C'est-à-dire que depuis une trentaine d'années,
05:12 on a réduit d'un tiers les morts du cancer.
05:14 Mais ça veut dire aussi qu'il y a plein de gens et plus de gens,
05:16 et tant mieux, qui vont vivre encore des décennies avec le cancer.
05:19 Et beaucoup d'entre vous, hélas, en feront partie.
05:21 Et donc, on a tous une responsabilité pour aider tous ces gens qui souffrent
05:26 et pour l'avoir vécu.
05:28 Le soutien qu'on vous apporte, c'est 50% de la guérison.
05:31 Et on a tous une responsabilité.
05:33 [Générique]
05:35 [SILENCE]

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