• l’année dernière
Une personne sur quatre est atteinte d’un trouble psychique à un moment de sa vie. Et la pandémie de Covid-19 a encore renforcé ces troubles. Pour briser le tabou, personnalités et anonymes se confient au micro de Yahoo dans "Tourments", le nouveau format de Yahoo.Victime d’anorexie mentale à l’adolescence, Anaïs Nighoghossian a réussi à se sortir de cette dangereuse spirale après avoir vécu de multiples traumatismes. Extrêmement vulnérable face au regard des autres, la jeune femme a accepté, pour Yahoo, de se livrer sans tabou sur son histoire et a notamment raconté la manière dont elle a vécu sa première hospitalisation dans une clinique privée à Lyon. Elle raconte avoir dû faire face à un "isolement thérapeutique", une pratique psychiatrique qui vise à isoler complètement le patient de son environnement naturel.L’anorexie mentale est un trouble du comportement alimentaire essentiellement féminin qui apparait le plus souvent à l’adolescence. Il entraîne une privation alimentaire stricte et volontaire pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. Cette maladie touche 1 à 2% des 12-20 ans, soit environ 40 000 jeunes en France.

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Transcription
00:00 Mon anorexie mentale se déclenche à l'âge de 14 ans
00:02 et elle va s'aggraver et se poursuivre jusqu'à mes 17 ans,
00:06 qui correspond à l'âge de ma première hospitalisation
00:09 dans une clinique privée à Lyon.
00:11 À 17 ans, je découvre ce qu'on appelle l'isolement thérapeutique,
00:18 qui revient à isoler complètement l'individu, le patient,
00:21 de son environnement naturel.
00:23 Et je me retrouve isolée dans une petite chambre
00:26 d'à peine 8-10 m², insalubre et vétuste,
00:31 sans salle de bain, sans toilette.
00:34 Les fenêtres ont des barreaux, la porte est condamnée,
00:38 et pendant 4 mois et demi, je n'ai pas le droit de sortir de cette chambre.
00:41 Vous êtes à la merci du personnel soignant
00:43 pour qu'on vide le seau en plastique qui fait office de toilette dans votre chambre,
00:48 pour aller prendre une douche deux fois par semaine.
00:51 Votre pensée devient circulaire, on vous prive de tous vos effets personnels,
00:54 si ce n'est un carnet, un carnet canson et deux feutres.
00:58 La spécificité de cette hospitalisation réside sur le contrat de poids
01:02 que vous signez avec l'institution.
01:05 C'est-à-dire, si vous prenez du poids,
01:08 on ouvre la porte de la chambre au bout de quelques semaines.
01:12 Si vous stagnez ou que vous perdez du poids, elle reste fermée.
01:15 Si je prends du poids, au bout de deux mois,
01:17 j'ai le droit d'envoyer une ou deux lettres par semaine à quelques-uns de mes proches.
01:22 Si je ne prends pas de poids, je n'ai plus le droit au courrier.
01:25 Comment est-ce qu'on reprend du poids ?
01:27 J'allais dire, la renutrition, elle est à la fois violente, radicale et artificielle.
01:34 Pourquoi ? Parce que dans mon cas personnel,
01:36 moi, je ne me faisais pas vomir, j'avais simplement cessé de m'alimenter.
01:40 Donc du jour au lendemain, on vous apporte trois plateaux repas plus des collations,
01:45 donc cinq repas par jour.
01:48 Et vous avez une aide-soignante, généralement, qui vous assiste pendant le repas,
01:52 qui reste en face de vous jusqu'à ce que vous terminiez votre assiette,
01:56 jusqu'à la dernière miette.
01:58 Pour moi, c'est du gavage.
01:59 Et donc, je sors au bout de quatre mois et demi de cette institution,
02:02 pour plusieurs raisons.
02:03 La première, c'est que j'ai repris 10 kilos.
02:06 J'ai retrouvé mes règles alors que j'étais en aménorée depuis plusieurs mois.
02:11 Donc, il y a des symptômes cliniques qui confortent le psychiatre
02:14 dans le fait que j'ai rempli le contrat.
02:17 Sauf que, à ma sortie, je suis à nouveau livrée à moi-même.
02:21 Je n'ai aucun accompagnement.
02:22 Je suis déscolarisée.
02:23 Je n'ai aucun repère alimentaire.
02:27 Donc, évidemment, je repère, en l'espace de quelques mois,
02:31 tout le poids gagné à la clinique.
02:34 Donc, je rechute.
02:35 [Générique]
02:37 Merci.

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