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00:00 On y va ?
00:02 Action !
00:04 Je suis Alex Ogou, je suis réalisateur et producteur et aussi acteur.
00:10 Je vous invite à me suivre sur le tournage de ma prochaine série qui s'appelle Niabla.
00:15 C'est la quatrième série d'Alex Ogou avec Canal+.
00:19 Chaque épisode de Niabla coûte plus de 65 millions de francs CFA, 120 000 euros.
00:26 Du jamais vu ici en Côte d'Ivoire.
00:30 Des productions au budget en constante augmentation qui trouvent leur public dans toute l'Afrique francophone.
00:35 Il y en a de plus en plus.
00:37 Alors quelle est la recette de cette réussite ?
00:40 Et comment Abidjan est devenu un hub de séries à succès ?
00:44 Ça tourne !
00:46 Ah non !
00:47 C'est plus un trois, c'est quatre, c'est dix, c'est un premier.
00:50 Action !
00:51 Pourquoi est-ce que tu blanches des personnes si vous ne m'en parlez pas ?
00:54 Autre tournage, autre ambiance.
00:57 Nous voici sur le plateau des Coups de la Vie.
00:59 Une série qui depuis 2018 reprend chaque semaine une nouvelle du roman éponyme d'Anzara Ouattara.
01:06 A l'origine de ce succès, l'acteur devenu réalisateur et producteur, Frank Vley.
01:12 Au début du projet, je voulais faire 26 épisodes de 52 minutes.
01:17 Mais cette année, je me suis dit que je voulais remplacer les télés-nouvellas qui ont du volume par des productions ivoriennes.
01:26 Donc nous, on est intéressé par des sous-pupéras, à partir de 100 épisodes.
01:31 Alice, dans le quartier ici, nous tous, on sait que toi tu es fan du monsieur qui ne salue pas les gens.
01:37 Mais ce n'est pas une raison aussi de te promener de court en court chaque jour quand les gens sont fatigués.
01:42 Ils sont chez eux tranquillement.
01:43 Vous venez leur dire que oui, la femme l'a fait si, la femme l'a fait ça.
01:47 La saison 3 compte à elle seule pas moins de 150 épisodes.
01:50 Comme ces télés-nouvellas sud-américaines, asiatiques ou turques qui alimentent les chaînes africaines depuis la fin des années 80.
01:58 Voilà que Michel aussi, il va encore demander le divorce pour pouvoir installer Marou chez lui à la maison.
02:03 Ça, jamais. Je ne laisserai pas Marou s'installer chez toi à la maison. Je ferai tout pour l'empêcher.
02:08 Des sagas familiales, des histoires d'amour compliquées et des intrigues qui s'étendent.
02:15 Ces ingrédients-là, la Côte d'Ivoire les a intégrés dans ses productions dès le début des années 2000.
02:21 Ce type, c'est notre ennemi. Il cherche à voler papa.
02:25 On aurait dit que tu cherches à te placer en première dame.
02:27 Quand vas-tu grandir ? Quand tu arrêteras de passer derrière les hommes qui me plaisent ?
02:31 On aime les histoires qui durent un petit peu, avec des rebondissements, mais qui durent un petit peu.
02:38 Et on cherche surtout des histoires qui sont ancrées dans le quotidien des Africains.
02:41 Beaucoup de choses culturelles, des choses parfois un peu mystiques.
02:45 On va essayer de sortir aussi de la hennième histoire, de deuxième bureau, troisième bureau,
02:49 pour essayer d'avoir des choses un petit peu plus croustillantes à l'image.
02:52 N'allez pas croire, n'allez pas imaginer un instant qu'on va vous laisser détruire tout notre travail et notre patrimoine.
02:59 Quel est l'intérêt pour les microbes de venir foutre la pagaille dans ton magasin, comme tu le dis ?
03:02 Ils sont utilisés ! Et je soupçonne que ça les fait du goût de la rue.
03:06 En 2018, la série "Invisible" marque un tournant.
03:10 Co-produite par Canal+ International et réalisée par Alex Ogou,
03:14 elle relate le quotidien des microbes, les jeunes délinquants d'Avid Jean.
03:18 Ce qui m'intéresse, ce sont les sujets sociétaux et de mettre le doigt, en tout cas, là où ça fait mal,
03:24 pour pouvoir donner des explications et un panorama aux gens.
03:28 Là, Nia Blain met le doigt sur un autre phénomène qui est connu ici,
03:31 qui est les gireuses de Bizi, qui est cette prostitution qui ne dit pas son nom.
03:35 Je vais plus précis. Tu as de l'argent ?
03:38 Il manque encore beaucoup, mais je vais gérer le reste bientôt.
03:41 Pour une série premium comme Nia Blain, Canal+ finance la totalité du budget, 120 000 euros par épisode.
03:48 Pour les coûts de la vie, il faut compter 4000 euros par épisode.
03:52 La chaîne A+ ne finance pas l'intégralité.
03:55 La production doit miser sur les partenariats pour les décors ou du placement de produits.
04:03 L'implication des chaînes internationales a marqué un tournant dans le paysage télévisuel ivoirien,
04:09 car les chaînes locales ont très peu d'argent à investir.
04:13 Régulièrement, d'ailleurs, elles n'offrent que le temps d'antenne.
04:16 Alors les producteurs font appel aux rares aides à la création,
04:20 celles de l'Organisation internationale de la francophonie.
04:23 À ce jour, une série centrafricaine a eu la dotation maximale de 135 000 euros pour l'intégralité de la production.
04:32 Et celle du Fonds de la jeune création francophone.
04:36 Maximum, 30 000 euros.
04:38 Avant qu'on tourne un truc, je veux dire, vous n'êtes pas arrêté que sur le texte, il y a des actions à faire.
04:49 Prenez l'habitude de, soit vous savez ce que vous allez faire comme mécanique, ou bien de me demander.
04:55 D'accord, oui.
04:56 Vous avez affaire à un vivier de talents qui ne peuvent pas tellement montrer leur talent.
05:01 Ils sont bons à la base, mais certainement ils ont moins d'opportunités pour travailler.
05:05 C'est le travail qui amène aussi à se professionnaliser.
05:07 En Côte d'Ivoire, pas encore d'école pour former les acteurs, les réalisateurs ou les techniciens.
05:13 Certains viennent des écoles marocaines, du nouveau centre de formation sénégalais Yénenga, du réalisateur Alain Gomis,
05:20 ou de l'Institut de l'image et du son, du Burkina Faso, pays à forte tradition de cinéma.
05:26 Mais beaucoup apprennent encore tout sur le tas.
05:29 Chaque année, on essaye, soit à travers du programme court, soit à travers des séries très courtes, de trouver des nouveaux producteurs.
05:35 Ce n'est pas évident, parce que parfois, ils ont des manques de moyens techniques, des manques de moyens humains.
05:41 Et là, pareil, on essaie de les accompagner un petit peu sur la partie formation,
05:45 avec Canal+ University qui nous file un bon coup de main là-dessus.
05:48 Tout le monde me juge à cause de toi.
05:49 Qui ça tout le monde ? Tu n'as pas vu les regards des gens ?
05:52 MTV Sugar Baby est la première série ivoirienne à entrer dans le catalogue Netflix.
05:57 Paola Audren Dong s'est battue pour ça.
06:00 Les séries ivoiriennes restent encore quand même relativement lisses.
06:04 Ça reste encore très, très lisse.
06:06 Et c'est d'autant plus lisse qu'on parle à un public qui voit les séries d'ailleurs.
06:09 Et forcément, ça change un peu leur regard et leur niveau d'exigence par rapport à ce qui se fait localement.
06:14 Donc, il y a quand même de l'attente à ce que ces séries-là prennent un peu plus de risques, en fait.
06:18 Comme tu peux le constater, ça n'a pas marché.
06:21 J'en ai marre d'essayer de la pâter et de la mettre en vin.
06:25 Paye-moi mon argent et casse-toi.
06:28 Des risques, la série sénégalaise maîtresse d'un homme marié en a pris
06:33 en abordant les thèmes de la sexualité et de la polygamie.
06:36 Un pari gagnant à la fois en Afrique francophone et dans la diaspora.
06:41 Prochaine étape en Côte d'Ivoire, attirer les plateformes de streaming
06:46 et rivaliser avec les productions sud-africaines et nigérianes.
06:51 [Musique]
07:05 [SILENCE]