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00:00 Tout a commencé avec cette vidéo d'un retraité de 85 ans, piégé par le français Steven Moore, à la Réunion.
00:07 -Ca c'est bien vous monsieur ? -Monsieur *****, c'est bien vous ?
00:12 -Oui, c'est bien vous ? -Ouais.
00:14 -C'est bien vous ? -Est-ce que ça c'est votre sexe monsieur ?
00:16 -Ah non, c'est pas votre sexe.
00:18 A chaque fois la même technique, un coup d'éclat, avec souvent une enquête ouverte et une arrestation à la clé.
00:24 -Non mais 86 ans, vous vous rendez compte ? Non mais c'est sans charier, c'est incroyable. Alors qui est Steven Moore ?
00:29 -Alors Steven Moore, c'est un lanceur d'alerte sur la pédocriminalité depuis quelques années.
00:34 Par contre, je voudrais rebondir sur quelque chose, ce n'est pas lui qui a diffusé la vidéo, mais les médias locaux.
00:39 Nous, nous ne faisons pas ça. -D'accord, c'est important de le dire.
00:42 -C'est important de le dire. -Bien sûr.
00:44 -Et donc lui, il avait commencé à mettre en ligne un premier enfant virtuel, donc Alicia, et très vite, cet enfant virtuel a été contacté par des dizaines d'hommes.
00:53 Et du coup, moi je l'ai rejoint pour faire la même chose. Et même constat, lorsque j'ai mis en ligne mon premier profil d'enfant virtuel.
01:01 -Alors justement, votre méthode est simple, vous créez de faux profils de mineurs sur les réseaux sociaux, et ensuite, ça va très très vite.
01:07 -Oui. -Des mineurs de quel âge ?
01:09 -On est entre 12 et 14 ans. -Donc vous, c'était quoi votre profil ?
01:13 -Alors moi, c'était Lina, 13 ans. Donc il faut comprendre que pour faire un profil d'enfant, il y a des règles, il y a un protocole,
01:18 pour ne pas faire de mise de procédure. Donc on utilise les photos de notre propre visage, on applique un filtre rajeunissant pour ne pas être accusé
01:25 d'usurpation d'identité ou d'atteinte au droit à l'image. -D'accord.
01:29 -Ensuite, les cyberprédateurs entrent en contact avec nous, donc c'est eux qui font la première demande d'amis, pas nous,
01:34 pour ne pas être accusé d'incitation au délit ou de provocation. Dans les échanges, on les repousse, on dit tout de suite qu'on a 12-13 ans.
01:42 Et enfin, il ne faut surtout pas diffuser l'identité de l'auteur ainsi que les échanges obtenus, pour ne pas être accusé d'atteinte à la vie privée.
01:48 Donc c'est très important de respecter ces points-là pour ne pas faire de mise de procédure.
01:52 -Et donc vous leur dites tout de suite que vous avez vraiment 13 ans, etc. Voilà, donc c'est important.
01:58 Alors, vous avez rapidement des demandes d'amis, des messages, très vite ? -Oui, très vite, oui.
02:03 -D'hommes de quel âge ? -Des adultes, la plupart sont des hommes.
02:07 -D'accord, de quel âge ? -Selon la loi, ça commence à 18 ans jusqu'à 85 ans.
02:12 -85 ans. Certains sont immédiatement dans l'obiguité ou pire ou pas du tout ?
02:16 -Oui, en fait, nous, on les classe dans deux catégories distinctes. Donc on a ce que j'appelle les pervers.
02:22 Donc c'est ceux qui vont explicitement parler de sexualité ou de quelques lignes, qui vont faire des propositions sexuelles,
02:27 montrer des photos de leur sexe en érection, se masturber derrière l'écran.
02:31 Et les faux anges gardiens qui, eux, vont être dans une manipulation, ça va prendre des semaines et des mois,
02:37 mais toujours la même chose, ils veulent des photos nues de l'enfant, ils vont se masturber aussi,
02:42 envoyer des vidéos pornographiques, voir zoophiles aussi des fois. Donc ça va très très loin.
02:48 -Non mais c'est vraiment des taris, hein. Non mais excusez-moi, mais c'est...
02:53 Un mec de 86 ans, il faut vraiment être un tari, non mais sans rigueux.
02:56 Excusez-moi, ces personnes, elles pensent réellement parler à une mineure ?
03:01 -Ah oui, clairement, puisqu'on répète l'âge dans la conversation.
03:04 Quand ils nous envoient une photo de leur sexe, on le repousse en disant "mais pourquoi tu fais ça ?
03:08 Moi, ça me dégoûte, j'ai que 12 ans, je te rappelle. Mais non, tu dois apprendre, t'es une grande fille."
03:14 -Ils évitent même, Cyril, d'écrire pendant les périodes scolaires, pour bien montrer que vous êtes jeune, c'est ça ?
03:18 Quand vous, vous écrivez à l'entraîneur. -Oui, alors non, on est connecté à des heures auxquelles n'importe quel enfant est connecté.
03:23 Après l'école, le mercredi après-midi, les week-ends et les vacances scolaires, tout à fait.
03:27 -Alors on a des screens de conversation, nous avons choisi de ne pas mettre les plus trash, bien entendu.
03:31 Vous allez voir que c'est terrible.
03:33 Voilà, je ne dis pas "tu les caresses devant, en prenant la douche, je les lave comme tout le monde."
03:37 "Ça te fait quoi quand tu les caresses ? Rien pour quoi." Non mais sans riguer.
03:42 -Alors je vous ai donné les plus soft. -Bien sûr. Regardez-moi ces abrutis.
03:47 Voilà, donc c'est bon. Donc on va revoir. Ils utilisent différentes méthodes sur les réseaux sociaux pour vous faire passer pour des jeunes mineurs.
03:54 Vous avez notamment une méthode pour la voix. Regardez.
03:57 Quand un individu insiste pour voir ou entendre l'enfant, le collectif a mis en place une base de données de voix pour le garder dans ses filets.
04:06 Ils ont 83 réponses type.
04:10 -Coucou. Il ne faut pas que mes parents m'entendent.
04:14 -On a une membre de l'équipe, une adulte bien évidemment, qui a le pouvoir d'avoir une voix enfantine.
04:22 Et en fait, elle nous a fait plusieurs phrases qu'on se sert uniquement en cas d'urgence.
04:27 -Rémy, quand tu vois ça, c'est un truc...
04:30 -D'abord, je suis content que ça existe, des gens comme vous. Moi, je vous dis bravo.
04:34 Il faut les traquer. Si on peut en attraper même 10, 5, le peu qu'on peut attraper, il faut vraiment qu'après, il soit puni.
04:40 Moi, j'adore ce que vous faites. C'est génial. Moi, je suis vraiment content parce que ces mecs-là, c'est des ordures.
04:44 Toi, tu dis que c'est des abrutis. Ce n'est pas des abrutis, c'est des monstres, c'est des ordures, c'est des porcs et c'est des merdes.
04:49 Et je suis content de ce qu'ils font, leur boulot. Je suis content de ce qu'ils font et d'attraper les mecs au plus vite.
04:54 C'est horrible, les textos qu'on a vus.
04:56 -Vous avez le droit de le faire ou pas ?
04:58 -Nous, on se base sur l'article 227-221 du code pénal qui dit clairement que le fait d'un majeur qui fait des propositions sexuelles à un mineur de 15 ans
05:05 ou à une personne se présentant comme telle est vassible de deux ans d'emprisonnement.
05:09 -Voilà. Donc, vous, vous pouvez... Parce qu'il y a des gens qui vous substituez à la police.
05:15 -Oui. Alors, on a eu Mme Béchuet et M. Béraud, donc les chefs de la police, qui ont dit au départ que nous étions des hors-la-loi,
05:22 que nos éléments étaient irrecevables. Mais si ça avait été le cas, nous n'aurions pas permis autant de condamnations.
05:27 Donc, dans ces cas-là, ce sont les magistrats qui sont hors-la-loi s'ils condamnent les individus sur la base de nos éléments.
05:32 -D'accord. Donc, vous continuez.
05:34 -Bien sûr. Et ça fonctionne.
05:36 -D'accord. Donc, vous avez... Aujourd'hui, vous ne risquez rien.
05:38 -Ah non.
05:39 -D'accord. Non, mais c'est un parlement.
05:41 -Vous vous rendez compte qu'ils sont obligés de faire pour se protéger ? Ils sont obligés de changer leur visage,
05:45 de faire attention que ce soit eux qui aillent faire les choses ? Ils sont obligés de se protéger, eux, sinon ils sont hors-la-loi.
05:49 Et là, on leur dit encore "Non, ce que vous faites, vous êtes hors-la-loi". La cellule qui s'occupe de la pédocriminalité,
05:54 il y a combien ? Il doit y avoir 30 ou 40 personnes qui s'occupent pour des millions de pédophiles qui traînent.
05:59 Ce n'est pas assez, en fait. On ne donne pas les moyens, en fait. On ne donne pas les moyens pour arrêter la pédocriminalité.
06:04 Il n'y a vraiment pas assez. C'est une cellule qui s'occupe à la fois de pédocriminalité et aussi de trafic de drogue
06:09 ou je ne sais pas quoi. C'est la même cellule qui s'occupe de ça. Donc, il faut s'occuper du trafic de drogue,
06:13 des gens qui fraudent je ne sais quoi et de la pédocriminalité.
06:16 -Qui a explosé avec les dernières...
06:18 -Ce n'est pas possible. Ce n'est pas possible.
06:19 -L'objectif, c'est de piéger ces pédophiles lorsqu'ils proposent des rendez-vous aux faux mineurs.
06:22 Regardez le profil d'un de ces prédateurs.
06:25 -Leur cible est un homme qui drague un enfant, Jade, 12 ans, sans savoir que c'est un faux profil de Neyla.
06:32 -En fait, il veut absolument faire un bébé avec l'enfant. Donc, elle lui répond que ce n'est pas possible.
06:37 Elle lui dit "Je vais te forcer alors, te baiser jusqu'à un bébé. Un bébé où je te tue. Ok, je te tue."
06:45 -Je savais que faire ta première fois, c'est du détournement sur mineur, donc un viol.
06:50 Il use le terme viol. Il sait qu'il est hors la loi. Il assume en fait.
06:57 -C'est violent. C'est incroyable.
06:59 -Il faut être solide.
07:00 -C'est incroyable.
07:01 -Ce qui est édifiant, c'est que dans votre livre, vous expliquez que lorsque vous faites ces profils,
07:05 c'est à peine parfois quelques minutes avant que ce type n'arrive.
07:09 Donc, c'est vraiment extrêmement flippant pour les parents quand ils imaginent que leurs enfants,
07:13 parce qu'on n'est pas derrière les réseaux sociaux des enfants et des plus jeunes.
07:17 Et aujourd'hui, les plus jeunes, même si on dit qu'on n'a pas le droit de s'inscrire à moins de 16 ans sur les réseaux sociaux,
07:22 on sait bien qu'à 10, 11, 12 ans, ils sont déjà sur les réseaux.
07:24 -Il faut comprendre que ces prédateurs sont à la fois sur les réseaux sociaux, ils sont derrière les gens en ligne.
07:28 En fait, du moment qu'il y a un moyen de tchat, ils sont là. Et beaucoup se font passer pour des enfants.
07:32 Donc, il faut vraiment instaurer un dialogue avec son enfant. Il faut faire de la prévention auprès des parents aussi.
07:38 -Gilles, en regardant vos publications, vous avez expliqué qu'un enfant, le chiffre m'a effrayé,
07:44 un enfant sur 10 va être une cible sexuelle. -C'est les chiffres du repos.
07:49 -C'est carrément une cible sexuelle. C'est même pas être confronté à, va être ciblé par des prédateurs.
07:54 10% des enfants qui utilisent Internet sont ciblés par les prédateurs.
07:58 -C'est effroyable, oui. -C'est incroyable comme chiffre.
08:01 -Et vous expliquez aussi qu'il y a de plus en plus de jeunes, de jeunes adultes qui vont vouloir commettre des actes pédophiles ou en tout cas cibler les enfants.
08:10 -Oui, c'est un phénomène. -A quoi c'est dû, ça ?
08:12 -Alors pour moi, c'est dû à la génération porno. Littéralement, pour des adultes qui tombent dans la pornographie très tôt,
08:20 qui sont dépendants, qui vont commencer par de la pornographie soft, ensuite un petit peu plus trash,
08:25 ensuite ils vont tomber dans la zoophilie et ensuite ils vont tomber dans la pédopornographie.
08:29 On a énormément de prédateurs sexuels qui nous contactent, qui ont entre 20 et 25 ans, qui sont déjà accro à la pédopornographie.
08:35 -C'est d'accord, c'est accroyant, l'accès à la pornographie.
08:38 -Donc ça fait peur dans le sens où, qu'est-ce qui va se passer, comment vont évoluer ces personnes-là dans 10-15 ans ?
08:46 -Alors, quand le rendez-vous est fixé, les membres du mouvement s'y rendent pour le piéger,
08:50 vous allez voir que certains prédateurs n'ont pas forcément de regrets. Regardez la vidéo d'une arrestation.
08:55 -Pourquoi justement vous vous prenez pour des filles de 12 ans, 13 ans ? Vous avez 22 ans, vous croyez ça normal ?
09:01 Face aux évidences, l'homme essaye de fuir.
09:05 -Restez là, restez là, monsieur.
09:07 Impensable pour Matt.
09:09 -Monsieur, restez là, restez là. Je vous tape pas, je vous maintiens.
09:13 -Non, si je fais ça, c'est pas pour moi. -C'est pour qui ?
09:15 -C'est pour mon petit frère. -J'ai les screens, donc ne dites pas que c'est pour votre petit frère.
09:19 -Non. -Voilà.
09:22 -C'est pas pour vous.
09:25 -Voilà, ben il est finit.
09:29 -En fait, à la base, c'est pas vos métiers, en fait, à toutes ces personnes ?
09:33 -Non, non, moi, à la base, je suis femme de ménage dans la ville.
09:36 -Et donc, il y a des mamans, il y a des papas. Comment est-ce que, émotionnellement, vous faites le soir pour vous retirer de tout ça ?
09:41 Parce que toute la journée, vous avez œuvré, quoi.
09:44 -Au départ, quand on a commencé, effectivement, c'était difficile. C'était une activité qui prenait énormément de temps.
09:49 On voyait des choses horribles au quotidien. Et puis, à force, on va dire qu'on s'habitue à voir l'horreur, en fait.
09:56 -Et si des gens ont envie de rentrer dans votre team et de faire partie ? Parce que je pense que plus on est nombreux, plus on arrivera à faire...
10:03 -Oui, alors après, on peut pas prendre tout le monde. Donc déjà, pour rentrer chez nous, il y a quand même beaucoup de conditions.
10:10 Mais en décembre 2019, on a créé un mouvement dans le sens où on a permis la création de plusieurs collectifs et d'associations
10:18 qui utilisent notre méthode, qui ont des résultats aussi. Et ce mouvement réuni, plus les résultats de notre groupe, on est à plus de 200 arrestations.
10:25 -Très bien. -Ça, c'est atypique.
10:27 -On parle souvent de la justice. Moi, ce qui me rend fou, c'est quand on vous entend, de penser qu'on peut vous reprocher un vif de procédure dans ce que vous faites.
10:34 Ça me paraît hallucinant. En fait, on devrait vous remercier. Je pense que l'État devrait vous donner une médaille et même travailler avec vous.
10:41 C'est invraisemblable que vous risquiez, vous, d'être pratiquement plus punis que ces salopards qui font des horreurs.
10:46 -Ils le font déjà. -Mais c'est aberrant. Je trouve ça scandaleux.
10:50 Et quand j'entends le ministre de la Justice qui dit chacun à sa place « Excusez-moi, monsieur le ministre, la vôtre, c'est de protéger nos enfants ».
10:56 Et ce n'est pas ces gens-là, en théorie. Donc ça me choque vraiment profondément. C'est un scandale épouvantable. Je pourrais pleurer, je vous dis.
11:04 -Alors il faut expliquer quand même que si le ministre continue de vociférer et si les autorités, les hautes autorités policières vous ont critiqué,
11:11 au niveau du travail concret, ça se passe beaucoup mieux. C'est-à-dire qu'il y a beaucoup de policiers et de gendarmes qui vous remercient de votre travail.
11:17 Comme vous l'avez dit, vous ne publiez pas. Vous envoyez tout de suite les documents. Vous avez un cadre juridique blindé, j'ai regardé, totalement irréprochable.
11:25 Donc vous aidez. Vous n'êtes pas des auxiliaires, vous n'êtes pas des justiciers, mais vous travaillez. Et puis après, vous laissez les autorités prendre le relais.
11:32 C'est bien ça, votre méthode. -Oui, c'est exactement ça. Tout à fait.
11:35 -Jean-Marie. -Oui, j'étais dans mes pensées parce que je me disais qu'évidemment on pourrait nous reprocher de dire si on fait la publicité à ce que fait cette dame,
11:44 on va inciter aussi les gens à jouer les enquêteurs et les policiers. Et que si ça, ça se généralise, ça va être un joli bordel aussi.
11:54 Encore une fois, je répète, la réunion de copropriétaires de tout à l'heure. Quand tout le monde donne son avis, si tu veux...
12:01 -C'est pour ça que j'ai voulu expliquer aussi comment on faisait un profil justement. Quand j'ai donné les clés, c'est pour pas que le premier individu qui veut le faire fasse n'importe quoi et qu'il se retrouve à la place de l'accusé.
12:09 [Musique]