"On a réussi à mettre fin à cette pollution majeure."
Ces activistes avaient déversé des tonnes de boues rouges toxiques devant le ministère de la Transition écologique pour dénoncer l'inaction de l'État. Quatre ans plus tard, le résultat de cette action, c'est ça.
Ces activistes avaient déversé des tonnes de boues rouges toxiques devant le ministère de la Transition écologique pour dénoncer l'inaction de l'État. Quatre ans plus tard, le résultat de cette action, c'est ça.
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00:00 Là, il y a quelques temps, ça aurait été impossible de marcher
00:01 parce que c'était un lac de brouche.
00:03 C'est des déchets qui sont toxiques
00:06 puisque chargés à la fois en métaux lourds
00:08 et avec une radioactivité naturelle renforcée.
00:10 Ils ont juste rajouté un géotextile, de la terre,
00:14 et ça a permis aussi d'invisibiliser la pollution.
00:16 On est juste devant le ministère de la Transition écologique.
00:26 Images en direct ici.
00:27 Ça, c'était l'action qu'on a menée en 2019,
00:29 c'est une action de désobéissance civile.
00:30 On s'est introduit chez l'industrie L,
00:35 on a pris les bouts rouges
00:36 et on a décidé d'aller les déverser
00:38 devant le ministère de la Transition à Paris
00:40 et devant le Fonds d'investissement américain
00:42 qui était propriétaire d'Alteo.
00:43 On ne comprend pas l'inaction de l'État.
00:45 Il y a des gens qui inhalent ces déchets,
00:47 il y a des gens qui potentiellement peuvent les ingérer.
00:49 Cette action, en fait, c'est celle qui a permis
00:51 de mettre fin à ce combat.
00:52 Et aujourd'hui, on est contents qu'il n'y ait plus de bouts rouges
00:54 sur ce territoire, même si la pollution reste.
00:56 Donc ça reste qu'une victoire en demi-teinte.
00:59 Mais on peut constater qu'il n'y a plus de bauxite,
01:02 qu'il n'y a plus de trains.
01:03 Pour faire de l'alumine, on a besoin de bauxite.
01:04 À forte température, on extrait l'alumine
01:06 et on génère un déchet qui s'appelle les bouts rouges.
01:08 L'alumine, ça sert notamment dans l'industrie de l'armement,
01:11 surtout sur des blindages.
01:13 Ça sert dans certains écrans.
01:14 Quand on était là en 2019, il y avait des trains
01:16 qui étaient ici, dans cette usine,
01:17 et qui généraient des déchets qu'on retrouvait
01:19 aussi bien sur les collines de Manche-Garry
01:22 qu'en Méditerranée.
01:23 Donc on a réussi, au bout d'une douzaine d'années de combat,
01:27 à mettre fin à cette pollution majeure.
01:28 L'usine de Gardanne, elle est juste derrière.
01:35 Là, on est dans les vallons de Manche-Garry,
01:37 sur Bouc-Belaire.
01:38 Et on voit comment ils faisaient, historiquement,
01:40 remonter les bouts rouges, par ces canalisations,
01:43 qui se déversaient soit ici, dans un lac,
01:46 par une canalisation en face,
01:47 et qui progressivement étaient déshydratées
01:49 et stockées ici, à terre.
01:50 Là, tu as les différents matériaux de couverture,
01:52 dont tu as cette espèce de géotextile,
01:55 les bâches plastiques, les graviers, la terre.
02:00 On voit qu'il y a, bien sûr, des résidus de bouts rouges
02:02 qui, de temps en temps, affleurent.
02:03 Et ce millefeuille, en fait,
02:05 qui a réussi à invisibiliser la pollution.
02:07 Sinon, on a l'impression d'être sur un site naturel.
02:10 S'il n'y avait pas ces petites excroissances,
02:12 on ne s'en rendrait pas compte.
02:13 Donc c'est bien de garder la mémoire, justement,
02:15 que c'est un site pollué.
02:16 Donc il faut qu'il y ait à nouveau une activité
02:18 et puis des registres qui consignent le fait
02:21 qu'il y a des millions de tonnes de bouts rouges
02:23 qui sont présentes ici,
02:24 comme dans le fond de la Méditerranée.
02:26 Et voilà, il ne faut surtout pas l'oublier
02:28 parce que dans les activités futures,
02:30 on ne sait pas ce qui se passera.
02:32 Ce que j'étais en train de te dire,
02:32 on le voit vraiment là.
02:34 Les plastiques, on voit vraiment la couverture plastique,
02:40 en contrebas, la terre qui a été rajoutée.
02:43 Si on se place sur le point de vue,
02:45 on va dire, de l'envolement des poussières,
02:47 ben c'est bien.
02:47 Les gens ne se retrouveront plus,
02:49 pour ceux qui vivent à proximité,
02:51 dans la situation d'inhaler ces poussières
02:53 ou d'en retrouver dans leur potager ou leur champ.
02:57 Ils cultivent, mais dans le fond,
02:59 c'est là où c'est préoccupant,
03:00 c'est qu'on ne sait pas du tout
03:00 comment est-ce que ça interagit,
03:02 notamment avec la nappe phréatique,
03:03 c'est-à-dire que les nappes sont certainement impactées.
03:05 Comme il n'y a pas d'études sur la question,
03:06 on ne saura jamais à quelle hauteur,
03:08 mais vu les millions de tonnes de bouts rouges
03:10 qui sont donc stockés,
03:12 d'un point de vue à la fois géologique et scientifique,
03:14 ben on en retrouve dans l'eau.
03:15 Donc là, on voit bien pourquoi on appelait ça des bouts rouges.
03:17 Ça a toujours été un lieu qui a été pratiqué par les locaux,
03:21 soit pour promener leurs chiens,
03:22 soit pour faire du VTT,
03:23 puisqu'il y a des pistes qui sont faites là-bas
03:25 avec des buts justement faits en bouts rouges.
03:28 Donc déjà, c'était très compliqué
03:29 pendant la période d'exploitation et de production de bouts rouges
03:32 de prévenir le public de la dangerosité de ces produits.
03:35 Maintenant que c'est invisibilisé,
03:36 ça va être d'autant plus compliqué,
03:38 c'est-à-dire que ça risque de tomber dans l'oubli.
03:39 L'idéal, ce serait que le site soit vraiment protégé.
03:42 Alors, ils ont commencé à mettre des grillages,
03:44 mais les grillages sont encore ouverts,
03:47 ils ne sont pas fermés.
03:47 C'est relativement encore facile de rentrer sur ce site.
03:50 Et ça, c'est problématique.
03:51 Il faut vraiment que le public ne puisse pas y avoir accès
03:55 et que ça reste un lieu d'activité ou pas.
03:58 Dans tous les cas, que ce soit protégé,
04:00 puisque la pollution est toujours impactante.
04:02 Donc là, il y a à peu près 30 hectares
04:05 sur lesquels on pourrait avoir une autre activité.
04:09 Celle qu'on préconise depuis bien longtemps,
04:11 c'est qu'à la place justement de ces bouts rouges,
04:13 on puisse avoir un parc solaire qui permette de produire de l'énergie
04:18 d'équivalent de la consommation des deux villes à côté,
04:20 c'est-à-dire Gardanne et Bouc-Véler.
04:21 Et il se trouve que finalement, l'industriel actuel
04:24 a validé cette proposition et a décidé
04:27 de faire un parc solaire sur ce site.
04:29 Donc finalement, on ne peut pas vraiment parler d'une victoire,
04:32 puisqu'on se retrouve avec une pollution majeure
04:34 aussi bien à terre ici qu'en mer en Méditerranée.
04:37 Mais au bout de quelques décennies de combat,
04:40 et en ce qui me concerne une douzaine d'années ou onze ans,
04:44 on a réussi à mettre fin à cette pollution
04:46 et à trouver un avenir pour ce territoire
04:49 et un avenir aussi pour les pêcheurs
04:51 qui se sont bien mobilisés là-dessus,
04:53 puisque sinon on serait toujours dans la même situation,
04:55 c'est-à-dire qu'on aurait encore des rejets et en mer et à terre
04:58 et on continuerait à combler ces collines avec des déchets toxiques.
05:02 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
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