Martin Py est illustrateur et au travers de sa bande dessiné "L’homme pénétré", il aborde le sujet de la pénétration anale et déconstruit les clichés autour de cette pratique sexuelle encore stigmatisée.
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00:00 La pénétration anale chez les hommes, elle est encore hyper taboue,
00:02 alors que pourtant il y en a plein qui aiment ça,
00:03 qu'ils soient homosexuels ou hétérosexuels.
00:06 Et donc aujourd'hui, on va déconstruire quelques clichés ensemble.
00:08 Dans la BD que j'ai faite, on a recueilli des sondages,
00:11 il y avait à peu près 600 réponses.
00:12 Au niveau des réponses des hommes qui n'avaient jamais eu de rapport sexuel
00:15 avec d'autres hommes, donc uniquement avec des femmes,
00:17 il y en avait au moins plus d'un sur deux
00:19 qui avaient déjà eu des rapports sexuels
00:21 où ils se faisaient pénétrer avec sa compagne.
00:23 Ça, c'était en 2019.
00:23 Au niveau de l'échantillonnage, c'était des personnes jeunes,
00:26 donc entre 15 et 35 ans pour la majorité,
00:29 des personnes binaires, donc soit des hommes, soit des femmes.
00:31 Et pourtant, sur ce ratio-là de toutes les personnes qui se sont fait pénétrer,
00:34 il n'y en a que 4% qui étaient capables de s'exprimer publiquement sur le sujet.
00:37 Il y a un réel tabou par rapport à nos pratiques.
00:39 Alors, il faut être bien conscient que la pénétration anale
00:44 n'a aucun rapport avec l'orientation sexuelle.
00:46 Par contre, ce qui se passe, c'est qu'on vit dans une culture
00:48 où on a des dogmes par rapport à nos rapports sexuels,
00:51 par rapport à notre orientation sexuelle, à notre genre
00:53 et à notre origine culturelle.
00:54 Et on peut très bien aussi être homosexuel
00:56 et ne pas aimer la pénétration anale.
00:58 Je crois qu'on vit dans une culture où la pénétration
01:01 est un peu le centre des rapports sexuels,
01:02 quels qu'elles soient.
01:03 Donc, elle passe soit par une pénétration vaginale,
01:05 soit par une pénétration anale.
01:06 En réalité, il y a toute une sexualité qui peut être abordée autour de ça.
01:10 Dans la communauté gay, il y a maintenant un terme
01:12 qui est apparu depuis quelques années,
01:14 qui est le mot "side",
01:15 qui incorpore du coup les hommes gays
01:17 qui ont des rapports sexuels sans pénétration anale.
01:20 Non, moi je considère que non.
01:24 Mais je pense que qu'est-ce qu'on considère comme étant contre nature,
01:27 c'est propre à chacun.
01:28 Ça vient d'une culture, de là d'où on vient, d'une époque.
01:31 Par exemple, je sais que 800 ans après Jésus-Christ,
01:34 dans les régions catholiques, notamment en France,
01:36 prendre du plaisir dans des rapports sexuels
01:38 était considéré comme contre nature.
01:39 Donc finalement, tout ce carcan-là de qu'est-ce que c'est
01:41 le naturel et le non naturel,
01:43 il passe par des prismes et par des dogmes
01:45 de gens qui ont du pouvoir, notamment.
01:47 Alors, en plus de ça, au niveau de notre corps à nous,
01:50 quand on est un homme cisgenre, on a une prostate.
01:53 C'est une petite glande à l'intérieur de nos fesses
01:56 qui, en fait, quand on va la titiller,
01:58 va pouvoir nous procurer énormément de plaisir.
02:00 Donc, est-ce que finalement, ce ne serait pas quelque chose de naturel
02:02 vu que c'est déjà présent dans notre corps
02:04 et qu'on pourrait l'utiliser pour avoir du plaisir ?
02:05 D'un point de vue culturel, on assimile très fortement
02:10 les personnes qui se font pénétrer
02:11 comme des femmes ou des homosexuels ou des sous-hommes.
02:15 Ça, ça vient d'une domination, comme quoi les hommes doivent prendre
02:18 et les femmes doivent recevoir.
02:19 Et on le retrouve notamment chez les personnes homosexuelles
02:22 avec les passifs, donc qui reçoivent
02:24 et qui sont souvent considérés comme des personnes plus féminisées,
02:27 et les actifs qui pénètrent et qui sont considérés
02:29 comme des hommes plus virils.
02:31 D'un point de vue de l'hétéronormativité,
02:32 on a très souvent voulu caser les homosexuels dans des cases.
02:36 C'est pour ça que, par exemple, il y avait des clichés
02:37 comme "qui fait la femme dans les deux couples ?"
02:39 "Qui fait l'homme dans les deux couples ?"
02:40 En fait, c'était juste une histoire de qui va pénétrer l'autre.
02:43 Et ça, c'est hyper important parce qu'on s'imagine
02:45 que c'est des choses qui relèvent de l'intime,
02:47 alors qu'en fait, elles viennent codifier des identités,
02:49 des personnalités, des représentations.
02:51 Ça peut être sale et ça peut faire mal.
02:56 Ça, c'est une réalité.
02:56 Il faut aussi prendre des mesures
02:58 pour que ça ne puisse pas être douloureux
03:00 et que ça ne puisse pas être dégoûtant.
03:01 Très simplement, pour éviter que ce soit sale,
03:03 si on n'a pas envie d'aller aux toilettes,
03:04 en fait, ça ne va pas être sale.
03:05 Et au pire, si on veut être vraiment sécure et plus à l'aise,
03:07 là, on peut faire des lavements.
03:08 Petite peau à lavement dans les fesses.
03:10 Ça ne coûte pas cher à la pharmacie.
03:11 Et de l'autre côté, au niveau de la douleur,
03:13 il faut le faire en en ayant envie,
03:15 en étant avec des partenaires qui aussi prennent le temps.
03:18 Si jamais on débute là-dedans,
03:20 c'est potentiellement de commencer seul.
03:21 Ça permet aussi d'apprendre à se connaître
03:23 et du coup, pouvoir après guider les partenaires là-dedans.
03:25 Toujours en ayant évidemment du consentement à chaque étape.
03:27 Et ça, c'est le point le plus important.
03:29 Je n'ai pas écrit cette BD
03:29 pour que les hommes se mettent à se pénétrer les fesses.
03:31 Ce n'est pas le but de ce projet-là.
03:33 Je ne fais pas du prosélytisme sur la pénétration anale.
03:34 L'idée, c'est de permettre aux lecteurs et lectrices
03:37 de déconstruire leur sexualité
03:38 et de pouvoir se la réapproprier à leur juste mesure
03:41 de ce qu'ils ont envie de faire.
03:43 Et si on n'a pas envie, on n'a pas envie.
03:44 Et c'est hyper ok aussi, il n'y a aucun souci là-dedans.
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