En Normandie, l'épopée des Terre-neuvas
Pendant cinq siècles, des marins ont quitté au péril de leur vie les côtes normandes pour pêcher la morue dans les eaux glacées du Canada. Dans les ports de Fécamp et de Granville, on appelait ces hommes les Terre-neuvas. Leurs longues traversées, leurs départs et leurs retours ont pendant longtemps rythmé la vie de ces cités et leur ont assuré une économie florissante.
Les phares, anges gardiens du Finistère
A l'extrémité ouest de la France, entre l'île d'Ouessant et la Chaussée de Sein, là où la Manche et l'Atlantique s'opposent, on compte la plus grande concentration de phares au monde. Les courants exceptionnels ont poussé les hommes à ériger au 19ème siècle treize phares et une trentaine de balises dans ces eaux déchaînées. Des géants de pierre, témoins de ces prouesses architecturales et techniques qui veillent encore fièrement sur ces côtes.
Année de Production : 2022
Pendant cinq siècles, des marins ont quitté au péril de leur vie les côtes normandes pour pêcher la morue dans les eaux glacées du Canada. Dans les ports de Fécamp et de Granville, on appelait ces hommes les Terre-neuvas. Leurs longues traversées, leurs départs et leurs retours ont pendant longtemps rythmé la vie de ces cités et leur ont assuré une économie florissante.
Les phares, anges gardiens du Finistère
A l'extrémité ouest de la France, entre l'île d'Ouessant et la Chaussée de Sein, là où la Manche et l'Atlantique s'opposent, on compte la plus grande concentration de phares au monde. Les courants exceptionnels ont poussé les hommes à ériger au 19ème siècle treize phares et une trentaine de balises dans ces eaux déchaînées. Des géants de pierre, témoins de ces prouesses architecturales et techniques qui veillent encore fièrement sur ces côtes.
Année de Production : 2022
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TVTranscription
00:00 (Générique)
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00:33 (Cri d'oiseau)
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00:50 -Parmi les épopées maritimes,
00:52 il en est une qui résonne avec éclat en Normandie,
00:55 dans les ports de Fécamp et de Grandville.
00:59 C'est l'aventure d'Eterneva.
01:01 ...
01:09 Pendant 5 siècles, ces marins quittaient les côtes normandes,
01:12 traversaient l'Atlantique pour aller pêcher la morue
01:15 dans les eaux glacées du Canada.
01:17 Ces longues campagnes, qui pouvaient durer jusqu'à 9 mois,
01:21 ont enrichi ces cités maritimes.
01:23 Mais elles ont surtout nourri une immense fierté.
01:26 ...
01:29 Chaque année, la procession de la Saint-Pierre des marins à Fécamp
01:32 rappelle cette époque où les hommes du pays risquaient leur vie
01:36 pour la gagner.
01:37 ...
01:43 Ces vieux marins sont les derniers Terneva.
01:46 ...
01:50 -Pour être un bon Terneva, il faut d'abord aimer la mer.
01:53 -Nous, on avait choisi d'aller à la mer,
01:56 mais il fallait l'endurer, endurer son métier.
01:59 Une fois qu'on est enmariné,
02:01 après, il faut être courageux, tout simplement.
02:03 ...
02:09 -Au XVIIe siècle,
02:10 Grandville s'impose comme le 1er port morultier de France.
02:14 C'est le fruit de cette pêche lointaine
02:16 qui lui a permis de se parer richement.
02:18 Les belles maisons d'armateurs qui dominent le port depuis la Haute-Ville
02:23 rappellent que ce sont ces marins qui firent la fortune de la cité
02:27 sous Louis XIV.
02:28 ...
02:35 Aujourd'hui, les retours de pêche
02:37 offrent un ballet coloré de chalutiers.
02:39 Ils ne débarquent plus de la morue.
02:42 Désormais, c'est essentiellement coquilles Saint-Jacques,
02:45 bulots et autres fruits de mer.
02:47 Grandville est devenu le 1er port coquillé de France.
02:51 -Autrefois, ils pêchaient les bulots à Terre-Neuve
02:54 pour abattre les lignes, pour pêcher la morue.
02:57 ...
02:59 -Parmi les chalutiers du port,
03:01 le marité a été fabriqué selon le modèle
03:04 des terneviers à voile du XIXe siècle.
03:07 Ce trois-mât, dernier témoin de bois de cette grande pêche,
03:12 est désormais un bateau de croisière.
03:14 Il fallait compter environ un mois de traversée
03:18 pour gagner les bancs de Terre-Neuve à des milliers de kilomètres.
03:22 -Bienvenue à bord du marité.
03:24 -Là, on trouvait des bancs de poissons grouillants de morue.
03:29 ...
03:34 -Il faut savoir que la morue était un élément essentiel
03:37 de la vie quotidienne des Français et d'autres pays, d'ailleurs,
03:41 puisque c'était l'aliment qui était consommé,
03:45 en particulier pour tous les jours de jeûne, de carême, etc.
03:49 Donc, elle avait une importance absolument capitale.
03:52 ...
03:55 -Chaque année, le départ en février des Ternevats
03:58 coïncidait avec le carnaval.
04:00 ...
04:03 Les marins s'emparèrent peu à peu de cette fête,
04:06 si importante à leurs yeux
04:08 qu'elle conditionnait le départ pour le Canada.
04:11 ...
04:13 -Quelquefois, les armateurs décalaient le départ
04:16 pour que les marins participent au carnaval.
04:19 Pour eux, c'était manifester leur désir de vivre,
04:22 alors qu'ils allaient vivre difficilement,
04:25 voire ne pas revenir.
04:27 Ils ont tellement donné d'importance à cette fête
04:31 que le carnaval de Grandville a subsisté.
04:34 Donc, c'est grâce à eux que le carnaval existe encore.
04:38 ...
04:42 -Dans les coulisses du port, les Grandvillais
04:45 préparent toujours avec la même passion ce carnaval.
04:48 ...
04:51 Ils se retrouvent les week-ends pour construire les chars
04:54 qui défileront au début du mois de mars.
04:57 Les descendants des Ternevats
04:59 ont troqué leur filet pour des pinceaux.
05:02 -Ha, ha, ha !
05:04 Ha, ha, ha !
05:06 C'est la Grandvilleuse, le chanteur de la falaise !
05:10 Ha, ha, ha ! Ha, ha, ha !
05:13 C'est la Grandvilleuse !
05:17 ...
05:21 -Plus au nord, sur la côte d'Albâtre,
05:24 Fécamp supplante Grandville au début du XXe siècle
05:27 et devient à son tour le 1er port morutier français
05:31 et la nouvelle capitale des Ternevats.
05:34 ...
05:37 Les chalutiers remplacent les bateaux à voile,
05:40 et la mondialisation aura raison de la grande pêche
05:43 à la fin des années 80.
05:45 ...
05:54 Mais si les Terneviers ne prennent plus la mer,
05:57 ils ont façonné l'identité de Fécamp.
06:00 ...
06:04 Le pardon populaire de la Saint-Pierre
06:07 rend hommage aux disparus en mer.
06:10 ...
06:18 Après la messe du souvenir en l'église Saint-Étienne,
06:21 le cortège traverse les rues de la ville
06:24 au rythme des pas cadencés des marins
06:27 jusqu'au port de la cité.
06:29 ...
06:33 A l'extrémité nord de la ville,
06:35 les maisons des pêcheurs
06:37 se tenaient bien serrées les unes contre les autres,
06:40 leur façade traditionnelle de briques silexes
06:43 faisant face à une mer aussi nourricière que redoutable.
06:47 -Au départ, quand on est jeune,
06:50 14-15 ans, 17 ans pour moi, parce que j'étais mécano,
06:54 le plus dur, c'est de quitter maman.
06:57 Et eux, parce qu'il y a des jeunes de 14 ans,
07:00 ils partent en mer, ils sont contents, au départ.
07:03 Ils sont contents.
07:05 Mais au bout de 3 mois,
07:07 ils se disent que le jour passe,
07:09 qu'ils leur manquent quelque chose en mer.
07:12 -Laisser les parents,
07:14 laisser à 14 ans, bon, ben...
07:16 -On n'est pas encore à Nome. -Non, c'est très dur.
07:19 -Mais au bout de 3 mois,
07:21 on commence déjà à montrer les dents.
07:24 Ca devient beaucoup plus sérieux, disons.
07:27 -Ces jeunes marins étaient des matelots,
07:30 mais aussi des ouvriers de la mer
07:32 qui devaient, selon leur poste,
07:34 être des novices avant sa salaison.
07:36 -Ici, vous avez les gens qui ébrouillaient le poisson,
07:41 qui le vidaient.
07:43 Ici, vous aviez les gens, les décolleurs,
07:46 qu'on appelait les décolleurs, qui enlevaient la tête.
07:49 Et ici, ce sont les trancheurs qui enlevaient l'arrêt central.
07:53 Et derrière, vous aviez les novices qui lavaient le poisson.
07:57 On appelait ça "gratter la carotte".
08:00 Rires
08:02 -Il y a une superbe vue, ici.
08:04 Le musée. Le musée, on le voit très bien.
08:09 -Il est bien là, le musée des pêcheries
08:15 sur la presqu'île du Grand Quai,
08:17 aménagé dans une ancienne sécherie de poissons.
08:20 A peine la morue débarquait des navires,
08:24 elle était entreposée, traitée et stockée entre ces murs,
08:28 offrant du travail à toute une population.
08:32 Au sommet de cette sécherie, un belvédère domine la ville.
08:35 Il offre une vue à 360 degrés,
08:38 surfécant ses ports de commerce, de pêche et de plaisance.
08:42 Un paysage maritime qui évoque de vifs souvenirs.
08:46 -Les Ternevas étaient tous trois quarts du bateau,
08:53 des très jeunes gens.
08:55 Quand le bateau part comme ça, je me le revois,
08:59 je me revois, bon, surtout toute seule, après, sur le quai.
09:02 On dit, bon, ben, va falloir refaire des croix, ce calendrier,
09:07 compter les jours, compter les semaines, compter les mois.
09:11 -On imagine les familles et toute la ville
09:17 attendre avec impatience le retour des Ternevas.
09:20 C'était une joie immense, doublée d'une renaissance économique.
09:24 Un Terneva en mer, c'est 4 à 5 emplois à terre,
09:28 disait l'adage, et l'argent coulait à flot.
09:30 Les belles maisons d'armateurs fécampoises
09:36 sont les témoins de cette époque, tout comme les Boukhanes,
09:40 ces bâtisses où l'on fumait l'eau-poisson
09:43 et que l'on reconnaît sur les quais, à leur façade rouge
09:47 et leur multiple cheminée de briques.
09:50 -Le fécamp, de toute façon, ça vivait que par les Ternevas.
09:55 C'était le chamboulement dans la ville,
09:57 la pression qui montait, je sais pas,
10:00 il y a tout qui vivait, le port, autour des bateaux.
10:04 C'est une ambiance fabuleuse.
10:06 -Et à l'sûr, c'est de la morue,
10:20 et à l'dans, c'est du flé-toc-toc,
10:24 et c'est du courage, pour faire ce long voyage.
10:27 -Tous les commerces bénéficiaient de cette manne.
10:34 -Les commerçants se régalaient,
10:40 parce qu'ils attendaient que les pêcheurs rentrent
10:43 pour mettre du bon dans leur magasin,
10:45 parce qu'il y avait des achats, des bijoux.
10:48 Les pêcheurs, ils compensaient en faisant plaisir à leur famille
10:53 et à leurs enfants.
10:54 Les Ternevas, pour Fécamp,
10:57 c'était le coeur, les poumons et l'âme de Fécamp de l'époque.
11:02 -Avant de quitter Fécamp, il faut gravir la côte de la Vierge
11:11 jusqu'à Notre-Dame-du-Salut,
11:13 affronter les sentiers escarpés,
11:16 admirer les falaises et le panorama sur la longue plage de Galet
11:21 d'un gris sans cesse changeant.
11:23 C'est ici que les marins et leurs femmes
11:31 venaient implorer la protection de la Vierge Marie.
11:35 Dans l'église, les ex-votos rappellent les Ternevas disparues,
11:39 mais aussi la gratitude des familles épargnées.
11:43 -On montait à pied,
11:49 on montait à chaque départ des Ternevas.
11:51 On ne pouvait pas faire autrement que de venir.
11:54 Tous les marins, en principe, le faisaient.
11:57 On s'accrochait trop à Notre-Dame-du-Salut.
12:00 C'était dans les espérances.
12:03 C'est vrai que c'est ce qui faisait tenir aussi.
12:06 C'est un très beau paysage.
12:13 C'est une belle mer
12:17 qui donne beaucoup à ses marins.
12:19 Il les nourrit.
12:21 Mais il est très méchant par moments quand il nous les prend.
12:25 -Les femmes ne guettent plus le retour de Terre-Neuve,
12:30 des pères, des fils, des frères.
12:33 Le dernier chalutier ternevier a été désarmé en 1987.
12:37 Mais le souvenir et l'histoire des Ternevas
12:41 est ancré à jamais ici, en terre de Normandie.
12:45 ...
12:59 A l'extrémité ouest de la France,
13:02 en mer d'Iroise,
13:04 13 phares et une trentaine de balises
13:07 sont plantés dans des eaux déchaînées.
13:10 Cet ici, entre l'île d'Huessant et la Chaussée de Sein,
13:14 concombre l'une des plus grandes concentrations de phares au monde.
13:19 Et ce n'est pas par hasard.
13:21 -La Manche s'oppose à l'Atlantique,
13:24 qui décharge dans la mer d'Iroise.
13:27 Ici, tout est danger.
13:29 Tout ça est traversé de courants qui se contrarient exceptionnellement.
13:34 -Un danger permanent qui poussa les hommes
13:37 à mettre en place au 19e siècle
13:40 cet impressionnant dispositif de signalisation maritime.
13:44 En 1835, à la pointe de Bretonne,
13:47 sur ces îles ou sur de simples roches en pleine mer,
13:51 des phares surgissent,
13:53 profitant des avancées technologiques de ce siècle.
13:57 Une épopée architecturale et scientifique sans précédent.
14:01 Ces édifices furent conçus par des ingénieurs des ponts et chaussées.
14:06 Mais ce sont des hommes d'ici qui les ont bâtis
14:10 au péril de leur vie et en sont devenus les gardiens.
14:14 Les guerrières et les marins du monde entier.
14:18 Musique douce
14:21 ...
14:24 A 20 km des côtes de Brest,
14:27 l'île d'Huessant se dresse, fière.
14:30 Cette île est le territoire français le plus à l'ouest du pays.
14:34 "Après Huessant, c'est l'Amérique", disent les îliens.
14:38 Sur Huessant, deux phares, le Stiff et le Créach.
14:43 Et dans ces eaux, trois autres géants.
14:46 La Jument,
14:48 Nividique
14:50 et Cairéon.
14:52 Cinq phares pour une seule île.
14:55 C'est dire les périls encourus par des marins naviguant en Iroise.
15:00 -Tout le trafic maritime qui monte ou redescend en Europe du Nord
15:05 passe par ici.
15:07 Trafic maritime, c'est énorme.
15:10 On consomme partout ici, dans notre pays.
15:13 Ca vient par la mer.
15:15 Et donc, il est évident, et depuis longtemps,
15:18 que ce virage, qui est un des endroits le plus dangereux du globe,
15:22 il était évident qu'il fallait sécuriser le passage des navires.
15:26 -Depuis le XVIe siècle,
15:28 les navires de commerce internationaux doivent emprunter cette mer
15:33 pour gagner l'un des pôles maritimes les plus importants du monde.
15:37 La mer du Nord, avec les ports de Rotterdam, Hambourg ou encore Anvers.
15:42 Mais avant 1850, aucun phare à l'extrémité ouest de l'île
15:46 pour guider les marins.
15:48 Le nombre des épaves autour de Ouessant rappelle cette absence
15:55 de signalisation et fait écho aux proverbes locaux.
15:58 "Qui voit Ouessant, voit son sang.
16:01 Qui voit saint, voit sa faim."
16:06 -Voilà, une carte qui répertorie tous les naufrages,
16:09 enfin, presque tous les naufrages
16:11 qui ont eu lieu autour de l'île, vraiment autour de l'île.
16:15 Il suffit de compter les carcasses de bateaux.
16:18 Une épave, c'est le témoignage on-ne-peut-plus-vivant
16:23 des dangers de la mer, voilà.
16:25 -Au nord-ouest de l'île de Ouessant,
16:34 on voit le stif, le doyen des phares de Bretagne.
16:37 Edifié sous Louis XIV en 1695,
16:40 il sera le premier et le seul phare de l'île
16:43 pendant plus d'un siècle.
16:45 Fierté patrimoniale pour les Ouessantins,
16:48 le stif n'avait pas à son origine la seule vocation
16:51 de diriger les bateaux.
16:53 Il n'avait même pas le nom de phare, d'ailleurs,
16:56 mais celui de tour de guet.
16:58 -Le phare du stif a été dessiné par Vauban.
17:02 C'est vrai, c'est un phare militaire,
17:05 un phare qui avait vraiment la vocation
17:08 de surveiller le littoral de l'approche des Anglais.
17:12 Et donc, ici, c'était un ouvrage militaire
17:19 tenu par des guetteurs,
17:21 dont le seul travail était vraiment
17:24 la surveillance des alentours,
17:26 et surtout du côté nord des parages de l'île.
17:30 -La tour stif est alors éclairée par un simple feu de bois
17:34 alimenté par les Ouessantins.
17:36 Mais par manque de combustible,
17:38 le feu demeure souvent éteint des mois entiers.
17:41 -Très tôt, on s'est rendu compte
17:46 que sa fonction de tour défensive
17:49 allait être dépassée par celle d'aide à la navigation.
17:53 Les nuits où la tour à feu du stif était éteinte,
17:56 et ça durait parfois 6 mois dans l'année,
17:59 eh bien, il y avait plus de naufrages que les nuits où elle était allumée.
18:03 -Et c'est en 1831 qu'une innovation va changer le destin du stif
18:09 et de tous les phares.
18:11 Une lentille inventée par un jeune physicien
18:14 va révolutionner la signalisation maritime.
18:27 -L'autre bout de l'île, sur sa pointe ouest,
18:29 le Créac'h domine la mer d'Iroise, du haut de ses 54 m.
18:33 Edifié entre 1861 et 1863,
18:36 il est le second phare à être construit à Ouessant.
18:40 Mais c'est surtout l'un des phares les plus puissants du monde
18:44 avec une portée d'éclairage de plus de 50 km.
18:47 Un record qui n'aurait pas été atteint
18:50 sans cette fameuse lentille de Fresnel
18:54 qui, comme son type, a tout naturellement trouvé refuge à son pied
18:57 dans le musée des phares et balises.
19:00 -Le génie d'Augustin Fresnel a été de se dire
19:08 qu'on peut faire autrement.
19:10 Il a inventé la lentille à échelon.
19:12 C'est ce principe-là d'enfermer la lumière
19:15 et de capter toute son énergie de manière à la propulser
19:19 le plus loin possible en mer
19:22 pour que l'on gagne contre l'obscurité,
19:24 qu'on puisse sauver des vies.
19:26 -Fresnel présente au début des années 1920 son prototype
19:30 et teste son système sur l'Arc de Triomphe.
19:33 Les performances impressionnent.
19:35 Elles sont trois fois plus importantes
19:38 que celles des systèmes antérieurs.
19:40 -Toutes ces techniques et technologies
19:43 ont été exportées partout dans le monde.
19:46 Cette révolution de l'éclairage,
19:48 et avec les travaux d'Augustin Fresnel,
19:51 ça a été un défi en entier.
19:53 Voilà.
19:54 -Dès 1831, encouragée par l'invention de Fresnel,
20:00 la commission des phares et balises lance la construction
20:04 d'une dizaine de phares en mer d'Iroise.
20:07 Ainsi, en un siècle,
20:09 entre l'île d'Houesson au nord et l'île de Sein au sud,
20:13 un collier lumineux et protecteur vient parer la mer d'Iroise.
20:17 Parmi ces phares, un géant va se distinguer.
20:20 Pour le construire, les ingénieurs civils parisiens
20:24 et les bâtisseurs finistériens
20:26 se livreront à des prouesses humaines et techniques
20:29 sans précédent.
20:31 Pour tenter d'approcher ce géant,
20:39 il faut se rendre à 8 km de la pointe du Rhin.
20:47 Là-bas, l'île de Sein semble poser sur l'eau comme un radeau.
20:52 Sa vulnérabilité face à la mer tempétueuse
20:58 a développé chez ses habitants, les Seinans,
21:01 un esprit des plus solidaires.
21:03 Marins pêcheurs et gardiens de phares
21:06 sont unis pour le meilleur et contre le pire.
21:09 -Salut, Franche. -Salut. Ca caille.
21:12 -Tu fais ton tour d'île ? -Oui.
21:14 Il y a quelques huîtres, là, en bas.
21:18 -Le grand phare a été construit en 1839
21:21 sur la pointe ouest de l'île
21:23 pour veiller sur la chaussée de Sein,
21:26 constituée d'une multitude d'écueils.
21:29 Ce phare est aussi le point de vue idéal
21:32 pour qui veut apercevoir Armen, l'enfer des enfers,
21:35 un géant de pierres légendaire
21:37 qui ne serait jamais sorti des eaux sans les hommes de cette île.
21:41 -On le voit bien, aujourd'hui.
21:43 -On est à peu près 10 km, même, pas 10 km.
21:46 -10 km, moins... -9,9 km.
21:48 -9,9 km. -9,9 km de phare à phare.
21:51 -Ah, oui.
21:52 -Son éloignement des côtes françaises
21:55 et les conditions épiques de sa construction
21:58 donnèrent au phare d'Armen une renommée mondiale.
22:01 Oeuvre impressionnante de 37 m en pleine mer d'Iroise,
22:05 il nécessita près de 12 ans de travaux.
22:08 La première pierre de la tour fut posée en 1869,
22:12 le phare allumé en 1881.
22:16 Pour la réalisation de ses fondations sur le rocher d'Armen,
22:20 qui lui donna son nom,
22:22 les ingénieurs des ponts et chaussées s'en remirent aux marins de Seine.
22:26 Ces hommes étaient les seuls à pouvoir s'aventurer sur ce caillou
22:30 et à pouvoir y planter cette sentinelle.
22:33 -Tous les roches ne peuvent pas recevoir des phares en Bretagne.
22:37 Donc l'Armen faisait partie de ceux-là.
22:40 Le problème de l'Armen, c'est qu'elle était sous l'eau.
22:44 -Il fallait la connaissance du coin.
22:47 C'était des costauds.
22:49 Ils bossaient une demi-heure, trois quarts d'heure.
22:53 -Oui, mais autrefois, ils avaient peur de rien.
22:56 Et puis, ils avaient peur de rien et ils faisaient les choses bien.
23:00 L'île de Seine a eu cette chance-là.
23:07 La construction du phare d'Armen a permis à consolider l'île.
23:11 Pendant que les ouvriers ne pouvaient pas travailler sur le phare d'Armen,
23:16 ils travaillaient sur l'île.
23:18 Et ça a permis de faire énormément de digues et de quais
23:22 qui protègent l'île depuis.
23:24 -Sur l'île de Seine, Armen et le grand phare
23:27 incarnent à jamais la solidarité et le respect
23:30 qui existent entre les îliens constructeurs, marins et gardiens de phare.
23:35 Jusqu'à la fin du XXe siècle,
23:37 toute une vie s'organisait autour de ces géants de pierre
23:41 qui étaient à la fois des vigies et des lieux de partage.
23:45 -Moi, j'ai pris ma première douche au phare.
23:49 Il n'y avait pas de douche chez moi parce que l'eau était tellement rare.
23:54 Et...
23:56 Et copain au gardien de phare, j'allais prendre ma douche, moi.
24:01 -Mais ces temps sont révolus.
24:05 En France, un programme d'automatisation
24:08 débuté dans les années 90
24:10 s'est achevé en 2004.
24:12 Désormais, la mise en route des phares
24:15 et leur surveillance se font à distance.
24:18 Plus de gardiens à leur cime pour entretenir leur belle mécanique
24:22 et pour veiller sur les marins à leurs pieds.
24:25 -La phare a été pénible. On a mal vécu ça.
24:28 Il y a un lien fort, très fort.
24:30 J'étais chez moi, ici. C'était mon phare, on était fiers de son phare.
24:34 Je sais pas si on peut dire ça
24:36 de tous les administrations, tous les édifices publics.
24:40 Les gardiens sont attachés à leur phare.
24:42 Je me suis aperçu que les gens de l'île aussi.
24:45 C'est leur phare.
24:47 Musique douce
24:50 ...
24:52 -Les phares sont devenus
24:54 des monuments historiques classés pour la plupart.
24:57 Et du haut de leur pinacle,
24:59 ces sentinelles de la mer d'Iroise
25:01 lancent aux femmes et aux hommes de la pointe Finistère
25:05 un défi majeur. Préserver cet héritage
25:09 et entretenir la flamme de l'histoire de ces géants de pierre.
25:12 ...
25:22 ...
25:31 [Musique]