• il y a 3 ans
Le 27 avril 1848, l’esclavage est aboli dans les colonies françaises (Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion et Saint-Louis du Sénégal). Près de 250 000 personnes sortent de la servitude. Les anciens propriétaires d’esclaves reçoivent une indemnité, payée par le contribuable, d’un montant total de 126 millions de francs or, soit 27 milliards d’euros aujourd’hui.
Pourquoi l’Etat a-t-il décidé de verser une compensation aux colons plutôt qu’aux esclaves ? Comment cette indemnité a-t-elle été calculée ? Qui en a bénéficié ? Jessica Balguy, doctorante en histoire à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), apporte des éléments de réponse dans ses travaux publiés sous le titre Indemniser l’esclavage en 1848 ?, à l’automne 2020, aux éditions Karthala.

La chercheuse qui a collaboré avec une équipe d’universitaires, a exhumé des archives jusque-là peu étudiées et a identifié près de 10 000 bénéficiaires. Ses travaux inédits révèlent la complexité des sociétés esclavagistes. Ainsi, parmi les bénéficiaires de l’indemnité coloniale apparaissent un nombre significatif de femmes, veuves de colons ou célibataires qui possédaient des esclaves. Les registres révèlent également la présence d’abolitionnistes et de « libres de couleur », une expression désignant les individus affranchis ou leurs descendants.

Depuis le vendredi 7 mai, une base de données consultable en ligne répertorie les noms et les profils des bénéficiaires. Gratuit et collaboratif, ce fichier inédit en France, fruit d’un travail de deux ans sur des milliers d’archives, pourrait relancer le débat sur les réparations.

Category

🗞
News

Recommandations