Nucléaire : un village à l’assaut du secret d’État
Franchir les grillages du site militaire de Pontfaverger est passible de 6 mois de prison. Le site, près de Reims, 500 hectares classés secret défense où furent testés, pendant des décénnies, les détonateurs de la bombe atomique.
Aujourd’hui,des caméras continuent de surveiller le site désaffecté.
La colline appartient au CEA, Commissariat à l’Energie Atomique. L'ancien terrain militaire fait tâche, juste en face des vignes de Champagne. Des centaines de tirs y ont eu lieu jusqu’en 2013 et Damien Girard, maire de Pontfaverger, rappelle qu'ils ont laissé des traces sur la colline : “Dans ces tirs, il y avait de l’uranium, du tritium et même des traces de plutonium”.
Des substances radioactives que le CEA reconnait avoir utilisées. Le maire craint qu’elles aient contaminé les lieux : “C’est hors de question que j’accepte qu’on laisse des déchéts radioactifs dans le village. Pendant 50 ans, les élus ont fait confiance, aujourd’hui on s’aperçoit qu’on a été floués et ça c’est inacceptable”.
Après des années de silence, le CEA a reconnu que 2,7 tonnes d’uranium sont encore présentes sur le terrain militaire. Mais, secret défense oblige, aucune expertise indépendante n’est possible. Un employé qdit avoir vu de l’uranium sur le terrain. Depuis, il craint une pollution à long terme : “Dans peu de temps plus personne n’en parlera, tout le monde se baladera sur le site, mais c’est dangereux. C’est un cadeau empoisonné pour les futures générations”.
Quels risques pour les populations et l’environnement ?
Contacté, le CEA se veut rassurant sur ce qu’il appelle le marquage, soit la pollution radioactive de l’eau : “On a marqué la nappe mais à des niveaux qui sont relativement faibles. Dans les eaux des rivières, il n’y a aucun marquage de notre part et ça, depuis toujours”.
La CRIIRAD est sceptique : “Cet uranium risque d’être relargué dans les eaux souterraines. C’est une substance qui est radioactive pendant des milliards d’années donc on ne peut pas banaliser la présence de 2,7 tonnes d’uranium dans le sol et les sous-sols de Moronvilliers”; s’inquiète Bruno Chareyrond, ingénieur à la Criirad.
Face au secret défense, la maire fait appel à Corinne Lepage. Ils attaquent l’Etat et le CEA au tribunal administratif et demandent que le site soit remis en état. "Il y a les règles de droits du secret défense, mais il y a aussi les règles de droits liées à la réparation du préjudice écologique, qui est une règle de droit communautaire qui s’applique au CEA comme aux autres. Donc je demande que le CEA répare ce préjudice en remettant le site en état", demande Corinne Lepage, ancienne ministre de l'environnement.
Le CEA assure que des études vont être menées sur la dangerosité des quelques tonnes d’uranium toujours là. Mais il faudra croire le CEA sur parole, aucune contre-expertise n’est pour l’instant autorisée sur le site.
Franchir les grillages du site militaire de Pontfaverger est passible de 6 mois de prison. Le site, près de Reims, 500 hectares classés secret défense où furent testés, pendant des décénnies, les détonateurs de la bombe atomique.
Aujourd’hui,des caméras continuent de surveiller le site désaffecté.
La colline appartient au CEA, Commissariat à l’Energie Atomique. L'ancien terrain militaire fait tâche, juste en face des vignes de Champagne. Des centaines de tirs y ont eu lieu jusqu’en 2013 et Damien Girard, maire de Pontfaverger, rappelle qu'ils ont laissé des traces sur la colline : “Dans ces tirs, il y avait de l’uranium, du tritium et même des traces de plutonium”.
Des substances radioactives que le CEA reconnait avoir utilisées. Le maire craint qu’elles aient contaminé les lieux : “C’est hors de question que j’accepte qu’on laisse des déchéts radioactifs dans le village. Pendant 50 ans, les élus ont fait confiance, aujourd’hui on s’aperçoit qu’on a été floués et ça c’est inacceptable”.
Après des années de silence, le CEA a reconnu que 2,7 tonnes d’uranium sont encore présentes sur le terrain militaire. Mais, secret défense oblige, aucune expertise indépendante n’est possible. Un employé qdit avoir vu de l’uranium sur le terrain. Depuis, il craint une pollution à long terme : “Dans peu de temps plus personne n’en parlera, tout le monde se baladera sur le site, mais c’est dangereux. C’est un cadeau empoisonné pour les futures générations”.
Quels risques pour les populations et l’environnement ?
Contacté, le CEA se veut rassurant sur ce qu’il appelle le marquage, soit la pollution radioactive de l’eau : “On a marqué la nappe mais à des niveaux qui sont relativement faibles. Dans les eaux des rivières, il n’y a aucun marquage de notre part et ça, depuis toujours”.
La CRIIRAD est sceptique : “Cet uranium risque d’être relargué dans les eaux souterraines. C’est une substance qui est radioactive pendant des milliards d’années donc on ne peut pas banaliser la présence de 2,7 tonnes d’uranium dans le sol et les sous-sols de Moronvilliers”; s’inquiète Bruno Chareyrond, ingénieur à la Criirad.
Face au secret défense, la maire fait appel à Corinne Lepage. Ils attaquent l’Etat et le CEA au tribunal administratif et demandent que le site soit remis en état. "Il y a les règles de droits du secret défense, mais il y a aussi les règles de droits liées à la réparation du préjudice écologique, qui est une règle de droit communautaire qui s’applique au CEA comme aux autres. Donc je demande que le CEA répare ce préjudice en remettant le site en état", demande Corinne Lepage, ancienne ministre de l'environnement.
Le CEA assure que des études vont être menées sur la dangerosité des quelques tonnes d’uranium toujours là. Mais il faudra croire le CEA sur parole, aucune contre-expertise n’est pour l’instant autorisée sur le site.
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