Aux assises, les larmes de Bilal Taghi, après des années au service du djihad

  • il y a 5 ans
Bilal Taghi, 27 ans, passe en jugement pour avoir tenté d’assassiner deux surveillants de la prison d’Osny (Val-d’Oise) en septembre 2016. La première journée de ce procès aux assises de Paris s’est tenue ce mardi.

Longtemps, son seul regret fut de n’avoir pas réussi à tuer un gardien de prison au nom de Daech. Aux assises de Paris, face à ses anciens surveillants, le détenu radicalisé Bilal Taghi a tenté ce mardi 19 novembre de formuler des excuses, secoué de sanglots.

« C’est ça qui me travaille, ce que j’ai fait… Putain j’suis vraiment désolé », dit-il d’une voix étranglée.Il se tourne vers les surveillants qu’il a violemment poignardés le 4 septembre 2016 dans un couloir de la prison d’Osny (Val-d’Oise), hésite, réprime un sanglot, puis repousse brusquement le micro devant lui et s’assoit dans le box.

« Il n’y a pas lieu de s’énerver »
La présidente de la cour d’assises spéciale de Paris, Emmanuelle Bessone, le ramène aux débats qui portent, en ce premier jour d’audience, sur sa personnalité, lui qui est l’auteur du premier attentat djihadiste en prison en France.

« M. Taghi, dit la magistrate, on peut avoir une discussion tranquille, il n’y a pas lieu de s’énerver. On aura le temps d’aborder les faits plus tard ».

Car pour comprendre le geste de Bilal Taghi, analyser pourquoi la dangerosité de ce détenu, pourtant placé dans l’aire de « déradicalisation » d’Osny, n’a pas été décelée, il faut replonger dans la trajectoire personnelle et familiale du gamin de Trappes (Yvelines) devenu jihadiste.

Le Franco-marocain, 27 ans, n’est guère prolixe sur son enfance. Ses parents, marocains, se sont séparés - le père battait la mère et « un peu » les enfants - et il se construit au milieu d’une fratrie de onze.

Deux frères aînés ont été tués en Syrie. Deux autres ont été expulsés en août 2017 vers le Maroc « en raison de leurs liens avec la mouvance salafiste radicale ». Un de ses cadets a été privé de son droit de visite parental du fait de sa « radicalisation ».

« Je cherchais à donner un sens à ma vie »
Bilal grandit dans l’ombre de son aîné Abdelhafid. C’est ce grand frère qu’il admire, donné pour mort en Syrie début 2015, qui lui envoie des vidéos de propagande du groupe État islamique, et forge son engagement dans l’extrémisme. « Je cherchais à donner un sens à ma vie », tempère l’accusé aujourd’hui.

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