Georges Haddad, barbier - OLJ

  • il y a 5 ans
On les croise au détour d'une rue dans leur boutique, enracinés tels des arbres dans la terre de Beyrouth. Derrière eux, des décennies passées à pratiquer un métier, souvent artisanal, parfois en voie de disparition. Autour d'eux, la valse des nouvelles enseignes qui n'en finissent plus de tourner, bars et restaurants succédant aux petits commerces, magasins de vêtements chassant barbiers, charpentiers et autre couturières. Certains résistent encore. Lorientlejour.com est parti à leur rencontre pour recueillir leur mémoire et leurs histoires.

Le premier d'entre eux s'appelle Georges Haddad. Il est coiffeur et barbier dans le quartier de Gemmayzeh, à Beyrouth, depuis 46 ans. La tondeuse bien en main, le coup de ciseau sûr, le rasoir à l'ancienne affûté, Georges Haddad passe au moins 45 minutes sur chaque tête, fignolant le moindre détail pour que la coupe soit parfaite.
Il avait 10 ans quand son père, tailleur dans le souk el Franj, l'a placé comme apprenti chez un coiffeur pour dames à l'hôtel Normandy à Zeitouneh. Plus tard, Georges Haddad travaillera dans un salon pour hommes près du célèbre restaurant Ajami. Le gratin politico-médiatique de l'époque passera sous ses ciseaux. En 1965, George, grâce à ses économies, a pu ouvrir son propre salon. Il n'en a plus bougé.