Giuseppe Baldacci, Biologiste - Professeur émérite à l'université Paris-Diderot
"Immunothérapie : l'avenir des traitements anti-cancer"
"Immunothérapie : l'avenir des traitements anti-cancer"
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00:00Une personne sur trois, voire sur deux, sera un jour touchée par le cancer au cours de
00:13sa vie.
00:14Un chiffre inquiétant, mais contrebalancé par un taux de survie en constante augmentation.
00:19La recherche progresse, avec notamment l'arrivée de l'immunothérapie.
00:22On fait le point avec vous, M. Baddaci.
00:25Bonsoir.
00:26Bonsoir.
00:27Vous êtes biologiste, professeur émérite à l'Université Paris d'Hydro et administrateur
00:32de la Ligue contre le cancer.
00:33Vous êtes de passage en Touraine pour une conférence.
00:36Giuseppe Baddaci, le mot cancer, on l'entend aujourd'hui de partout et depuis très longtemps.
00:40On pense connaître exactement ce que c'est, mais est-ce que vous pourriez donner une définition
00:45de ce mot cancer ?
00:46La définition la plus simple, la plus générale, c'est que le cancer est dû à la multiplication
00:55en contrelai des cellules anormales qui diffusent dans le corps.
01:00Avec ça, on couvre tous les aspects, disons, des différents cancers, que ce soit les cancers
01:06du son ou les cancers solides et on caractérise leur puissante méchanceté, si j'ose dire,
01:17par cette capacité de diffuser dans le corps, d'aller là où il ne devrait pas être,
01:22de se remplacer, voire, les cellules résidentes et par cela même, in fine, les cancers peuvent
01:31tuer les individus.
01:32Alors le cancer en France, c'est la première cause de décès chez l'homme, la deuxième
01:36chez la femme, environ 150 000 décès chaque année en France, ce sont des chiffres qui
01:41effraient.
01:42Est-ce que selon vous, aujourd'hui, on a atteint un seuil, un plateau ou est-ce que
01:45ça va encore continuer à augmenter ?
01:47Les problèmes du nombre absolu, du nombre total de cas de cancer est lié à deux phénomènes.
01:54D'une part, les vieillissements de la population et d'autre part, l'augmentation de la population.
01:59Et la moyenne d'âge du diagnostic, c'est 67 ans pour les hommes, 65 pour les femmes,
02:03c'est ça ?
02:04Oui, oui.
02:05Donc c'est une maladie.
02:06Les facteurs de risque, on peut dire, les plus importants, c'est l'âge et donc c'est
02:11une maladie qui est liée justement au fait que la population dans les pays développés
02:17vieillit de plus en plus.
02:19Et donc, il y a, selon une étude récente effectuée aux Etats-Unis, publiée au mois
02:26de décembre dernier, entre 40 et 42 % de cancers qui seraient évitables, ce qui veut
02:33dire qu'il y en a 60 % qui ne le sont pas et qui se manifestent surtout avec les vieillissements
02:41de l'individu.
02:42Moi, je pense que l'allongement de la vie, pour le moment, ralentit et en même temps,
02:49les techniques de dépistage et de traitement des cancers deviennent très efficaces.
02:56Et donc, si on associe aussi un peu de prévention, c'est-à-dire une hygiène de vie, parce que
03:03c'est essentiellement ça, je dirais que…
03:06Pas d'alcool, pas de tabac ?
03:07Pas d'alcool, pas de tabac, d'accord, mais surtout beaucoup d'activités physiques.
03:12Il faut voir aussi l'aspect positif, c'est ludique pour ceux qui peuvent jouer au foot,
03:17courir, faire de la natation, c'est-à-dire faire bouger son corps, le maintenir en bonne
03:23forme de la sorte à que les systèmes immunitaires soient efficaces et puissent chaque jour éliminer
03:29des milliers de cellules altérées dont certaines ont un potentiel cancérigène.
03:35Simple, mais efficace.
03:37Je l'espère.
03:39Alors, vous le disiez, les traitements se sont améliorés.
03:43On parle notamment de l'immunothérapie.
03:45L'immunothérapie, c'est quoi ? On va apprendre au corps humain à reconnaître et détruire
03:49lui-même les cellules cancéreuses ?
03:51Ça, c'est une voie.
03:53Ce n'est pas la voie, disons, la plus simple aujourd'hui pratiquée.
03:58Ça, c'est la voie, disons, par exemple, de la vaccination.
04:02Alors, on sait aujourd'hui qu'il y a six cas certains d'infection qui peuvent induire
04:09des cancers, soit d'origine virale, soit d'origine bactérienne.
04:14Pour certains de ces virus, d'ailleurs, les vaccins existent déjà.
04:18C'est le cas de l'hépatite B, c'est le cas de l'hépatite C, c'est le cas du papillomavirus
04:24qui donne des cancers du col de l'utérus contre lesquels on peut vacciner les jeunes femmes.
04:31Mais une technique qui se développe de plus en plus, c'est celle de produire industriellement
04:38des grandes quantités d'anticorps.
04:41Qu'est-ce que c'est un anticorps ?
04:43C'est une protéine, donc c'est un outil fabriqué par notre corps, normalement,
04:49pour tuer les bactéries, les virus ou les cellules anormales qui circulent.
04:55Alors, grâce à deux éminents scientifiques qui faisaient de la recherche fondamentale
05:00et qui n'ont pas breveté leur découverte, il est possible de produire des anticorps
05:05industriellement et si on les oriente contre des molécules spécifiques qui existent
05:13sous la surface des cellules cancéreuses, on peut, par ces anticorps, rendre inefficace
05:20la capacité qui ont certaines cellules cancéreuses, nombreuses, de se déguiser
05:28et d'éviter les systèmes immunitaires.
05:31Donc on rend, quelque part, de nouveau les systèmes immunitaires capables
05:36de tuer les cellules cancéreuses.
05:38Mais plus il est actif, plus il est en bonne forme, plus on fait du sport et du mouvement,
05:44mieux encore on se portera.
05:46Aujourd'hui, cette immunothérapie, où est-ce qu'elle en est dans la recherche ?
05:50Par exemple, il y en a même en application déjà contre le mélanome.
05:55C'est des anticorps monoclonaux et le mélanome est un cancer de la peau particulièrement méchant
06:01et difficile à soigner.
06:03Et maintenant, les espoirs de guérison, au moins à 5 ans, sont de nouveau importants.
06:10Il y a de nombreux autres types d'anticorps monoclonaux humains.
06:16Excusez-moi le terme barbare, monoclonaux, ça veut dire qu'il a une seule cible.
06:21Et la cible est spécifiquement celle liée au cancer, qu'on veut tuer.
06:28Et qui sont un essai thérapeutique de deuxième et de troisième phase.
06:35Alors, vous êtes administrateur de la Ligue contre le cancer.
06:37Des associations comme la vôtre financent des projets.
06:41En Indre-et-Loire, on va voir ces 12 projets de recherche pour un montant total de 300 000 euros.
06:46Et vous avez 7 000 donateurs.
06:49Vous avez été président du Comité technique national de la Ligue contre le cancer.
06:54Comment ces projets sont sélectionnés aujourd'hui ?
06:56Alors, au Conseil scientifique national, nous recevons beaucoup de demandes
07:01pour différents types de financements.
07:04Le programme phare du Conseil scientifique national concerne les équipes labellisées Ligue contre le cancer.
07:12On en reçoit un bon nombre.
07:16Normalement, les taux de sélection correspondent à 25%.
07:201 sur 4 retenus.
07:22Les dossiers sont distribués à 3 collègues.
07:26On se réunit tous ensemble, on est plus de 30.
07:29C'est ultra sélectif.
07:30Oui, c'est très sélectif parce que malheureusement, l'argent n'est pas extensible.
07:35Mais je tiens quand même à remercier les donateurs de la Ligue et tous les bénévoles.
07:40Parce que sans eux, de nombreux laboratoires français d'excellence n'auraient pas les moyens d'effectuer leurs recherches.
07:47Merci Giuseppe Baldacci d'être venu ce soir sur notre plateau.
07:51C'est moi qui vous remercie.
07:53Bonsoir.
07:54Bonsoir à vous.
07:55Voilà, c'est la fin de ce journal.
07:56Merci à vous de nous avoir suivis.
07:58Passez une très bonne soirée sur Tv Tour Val-de-Loire.
08:00A demain.