Silence

  • il y a 18 ans
S-21 : centre génocidaire
La vidéo ci-jointe a été réalisé dans la banlieue de Phnom Penh, dans la camp d’extermination S-21. J’ai hésité à filmer, puis j’ai choisi de la faire, car je ne pense pas qu’ignorer les choses soit une bonne façon d’avancer (je n’aime pas bien les autruches). Nous nous sommes donc rendus dans ce camp après avoir visité la prison de Tuol Seng, lieu de torture, temple de la cruauté (Cf le poste précédent d’Axel sur le sujet, et les commentaires sur le film du réalisateur cambodgien. On pourra aussi voir « The Killing fields », de Roland Joffe). Lieu de cauchemar. Idéologie aveugle, instrumentalisation, mensonge, massacre, cruauté gratuite. Néant.
Sentiments qui s’opposent à ce que l’on voit sur ce lieu qui semble calme, bordé de rizières, abritant des arbres centenaires et des palmiers immenses. Des gamins qui font l’aumône, dans un anglais impeccable –quelques phrases apprises par coeur-, des vaches en bordure des charniers découverts. Le contraste entre ce qui s’est passé en ce lieu, il y a maintenant plus de 30 ans et le calme qui y règne désormais est saisissant, et c’est uniquement grâce aux pancartes de bois que l’on comprend ce qui s’est réellement passé.
On constate cependant que si Angkor accueille plus d’un million de touristes chaque année, seuls 15 000 environ se rendent dans l’enceinte de S-21, comme pour faire abstraction de l’Histoire. Certes, Phnom Penh n’est pas un point de passage pour l’intégralité de ce million de visiteurs, mais force est de constater que le musée national et la pagode d’argent ont plus de succès. Mais c’est tellement plus simple de réduire le Cambodge à Angkor, si majestueux ! L’erreur inverse ne doit cependant pas être commise, comme me l’a dit un étudiants cambodgiens résident en France, « Il ne faut pas non plus réduire la Cambodge à 5 années d’autodestruction. » Face aux beautés d’Angkor (mais combien d’esclaves ont laissé leur vie dans la construction des 4000 km carré de temples?), aux kilomètres de rizières aménagée, aux Boudhas magnifiques exposés dans les musés, on parvient en effet à adopter un point de vue moins obtus.

En écrivant ces lignes, et depuis que je suis au Cambodge, j’ai une pensée pour mon ami Huy.

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