Véro de la Madrague

  • il y a 16 ans
Parfois, je crois que les lieux sont neutres, qu'on peut neutraliser le souvenir. Cela ne marche pas. Une longue balade en vélo de location, samedi dernier, m'a mené jusqu'au petit port de la Madrague de Montredon, au bout de Marseille. Le hasard, direz-vous. Non, juste un salut à un deuil, à mon amie disparue. Après l'enterrement de ma girl, le 7 janvier 2002, c'est là qu'avec toute sa famille, ses proches, mes amis, nous sommes allés déjeuner dans un restaurant qui s'appelle maintenant "Au bord de l'eau". C'était un étrange banquet, pas triste, auquel il manquait juste une invitée. Devant l'avancée en bois du restaurant, une sorte de paillotte améliorée, il y a une petite plage. J'y suis allé avec un enfant du groupe, pour m'échapper un peu. Je portais au poignet gauche le bracelet d'hôpital de Véronique, avec le code barre qui m'avait choqué. Comme ces bracelets brésiliens, "l'embrasado do senor do bonfil da bahia" qu'il faut enterrer à l'endroit où ils se détachent à forte d'usure, le bracelet hospitalier s'est cassé là et je l'ai laissé aller au fil de l'eau, assez ému. Pourquoi je n'aime pas que l'on me dise qu'il y a toujours de la tristesse en moi?