L'invité du 16/09/06

  • il y a 8 ans
06/09/2016

Category

🗞
News
Transcript
00:00En France, 7% de la population souffre d'illettrisme, soit plus de 2,5 millions de personnes.
00:09Un problème encore trop souvent sous-estimé parce qu'invisible.
00:13Focus ce soir sur ce sujet encore tabou dans les cadres des journées nationales d'action contre l'illettrisme.
00:18Pour en parler avec nous sur ce plateau, Anne Touchard-Pelletier, bonsoir.
00:22Bonsoir.
00:23Vous êtes la responsable du centre de ressources informations accompagnement
00:26pour le développement des compétences de base en Indre-et-Loire.
00:29Oui, tout à fait.
00:30Alors, je le disais à l'instant, ces chiffres d'après, c'est le dernier recensement de l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme.
00:372,5 millions, ça fait beaucoup, beaucoup trop.
00:41Ça fait beaucoup trop de personnes, effectivement.
00:44Et vous avez utilisé le mot qui souffre.
00:46Ces personnes sont en souffrance, effectivement.
00:482,5 millions de personnes, c'est à peu près la population de Paris intramuros.
00:53Donc, c'est une problématique sur laquelle il faut s'arrêter.
00:57Il faut vraiment mettre un focus.
00:59Mais malheureusement, c'est vrai que ce sujet reste tabou.
01:01Donc, il faut en parler.
01:02Merci de me donner cet espace de parole ce soir.
01:06Par ces personnes, il y en a évidemment en Indre-et-Loire.
01:09Peut-être avant de rentrer dans les différents profils, etc.
01:13Est-ce qu'on peut peut-être donner deux définitions ?
01:16Puisque beaucoup de gens ne font pas la différence entre analphabète et illettrisme.
01:22Oui, tout à fait.
01:23Alors, un alphabète, je dirais, c'est quelqu'un qui n'a pas ou qui a été très, très peu à l'école.
01:29Voilà, un parcours vraiment dansi et pas dans la durée.
01:34Donc, que l'on soit français ou d'origine étrangère, on peut être un alphabète.
01:38Mais vraiment, une personne en situation d'illettrisme,
01:40c'est une personne qui a été scolarisée en France, en langue française
01:44et qui, malgré tout, à l'âge adulte, ne maîtrise pas des compétences de base
01:48telles que la lecture, l'écriture, le calcul.
01:52Se repérer aussi dans l'espace et dans le temps.
01:54Voilà, ce sont des notions à lesquelles on ne pense pas forcément lorsqu'on dit compétences de base.
02:00Bref, l'environnement est compliqué, voilà.
02:03Et au quotidien, ce public est vraiment dans une souffrance et dans une honte
02:07et bien qu'il faut lever, justement.
02:09Alors justement, vous, votre mission au sein du CRIA, c'est ça, justement.
02:13C'est de rencontrer ces personnes et d'identifier les différents profils puisqu'il y en a différents.
02:18Quelles sont vos actions, vos missions concrètes au sein du CRIA ?
02:22Alors, vous parliez de profils, effectivement, donc profil illettrisme, profil analphabète.
02:27Nous accueillons aussi le public étranger qui doit maîtriser la langue française pour s'insérer.
02:33Je dirais que nos actions sont multiples.
02:35C'est effectivement de pouvoir identifier ce public en situation d'illettrisme qui se cache.
02:42Parce qu'il y a une certaine honte, il faut l'avouer.
02:44Il y a une honte, il y a une souffrance, exactement. Donc ce public se cache.
02:47Donc à nous de former, nous sommes organismes de formation.
02:50Non pas que nous accueillons chez nous les personnes qui ont besoin d'apprendre ou de réapprendre,
02:54mais nous formons des médiateurs illettrismes.
02:57Vous êtes médiateur illettrisme.
02:59En fait, dès lors que vous avez dans votre activité personnelle,
03:02mais surtout professionnelle, l'accueil d'un public,
03:05comment vous pouvez identifier, justement, des personnes en difficulté sur ces compétences ?
03:10Donc le CRIA vous aide à mieux identifier ce public,
03:13à prendre la parole avec les personnes concernées sur ces difficultés.
03:16Et surmonter sa peur et sa honte.
03:18Exactement. Mettre en confiance, surmonter la peur, la honte,
03:22et pouvoir dire à ces personnes,
03:23écoutez, vous n'êtes pas tout seul, 2,5 millions de personnes, la preuve.
03:27Ces personnes, justement, ces profils,
03:30donc c'est entre 18 et 65 ans, c'est la tranche d'âge qu'on donne.
03:35Et ils ont des profils variés.
03:37Oui, tout à fait. 18-65 ans, effectivement,
03:41et lorsque l'on rencontre les jeunes lors des journées défense citoyenne,
03:47je peux vous donner un chiffre concret sur l'Indre-et-Loire,
03:49donc 3,1% de nos jeunes sont identifiés en difficulté.
03:53Alors, bien sûr, à des degrés divers.
03:55Des profils très différents, mais je dirais que
03:58les classes d'âge les plus impactées sont les classes d'âge un petit peu plus élevées.
04:01Comment vous l'expliquez, ça ?
04:03Parce que je dirais, voilà, on est à l'école,
04:07on a un cursus plus ou moins chaotique, effectivement.
04:10Les compétences de base sont assimilées plus ou moins bien,
04:14mais en tout cas, elles le sont en général.
04:18Et puis, je dirais que si on n'entretient pas ces savoirs de base,
04:22on les oublie, c'est un peu comme une langue étrangère.
04:24Oui, il faut les stimuler, finalement.
04:25Il faut les stimuler, voilà, exactement.
04:28Il faut les stimuler.
04:29C'est vrai, quelquefois, on me dit, mais on ne peut pas oublier.
04:32C'est notre langue, notre langue maternelle.
04:34Si, on peut oublier.
04:35Regardez, quelquefois, il faut passer par l'écrit
04:37pour se remémorer l'orthographe d'un mot.
04:39Donc, voilà, c'est un peu comme votre physique chimie de troisième.
04:44Vous n'en avez pas eu besoin, vous l'avez oublié.
04:46Eh bien, pour peu que ces compétences ne soient pas stimulées au quotidien,
04:51soit dans votre cadrement personnel ou professionnel,
04:54eh bien, on peut oublier, effectivement,
04:57et se retrouver en difficulté à l'âge adulte,
05:00à ne pas pouvoir, je dirais, comprendre les écrits du quotidien,
05:03les écrits professionnels lorsqu'on a la chance d'être dans l'emploi,
05:07mais aussi des écrits beaucoup plus simples,
05:10comme, je dirais, une notice de médicaments,
05:13ou comment s'orienter dans la ville, lire un plan.
05:16– Est-ce que aussi, ce tabou, ce sujet tabou de l'illettrisme,
05:20c'est aussi un, comment dire, il y a beaucoup de, comment dire,
05:24c'est un, ça favorise le chômage aussi,
05:27les gens ont du mal à retrouver de l'emploi parce qu'ils sont illettrés ?
05:30– Exactement, c'est une grande fragilité, oui.
05:32Comment accéder à l'emploi, justement,
05:35lorsqu'on est dans ces difficultés, c'est compliqué.
05:38Comment s'y maintenir aussi, c'est compliqué.
05:41Et le processus de travail évolue tellement vite,
05:43et les nouveaux outils informatiques…
05:44– Alors justement, vous faites bien de le dire,
05:47on parle aussi beaucoup de cette fracture numérique.
05:50Cette fracture numérique, expliquez-nous en quoi ça consiste.
05:52Beaucoup de choses, maintenant, on est envahi par le monde numérique.
05:55– Je dirais que l'informatique est un outil formidable,
06:00qu'auparavant, il y a encore quelques temps,
06:02c'était vraiment un outil formidable de traitement de textes,
06:05de calculs, de mise en page, etc.
06:09Mais que maintenant, nous sommes dans une véritable révolution
06:12dans notre quotidien.
06:13– Parce que le moindre papier, ce qu'il fait…
06:15– Parce que la moindre démarche administrative, maintenant…
06:16– La déclaration d'impôt, etc., la recherche d'emploi.
06:19– Exactement, déclaration d'impôt, votre parcours de demandeur d'emploi,
06:22eh bien voilà, il faut passer par des plateformes dématérialisées.
06:27Un rendez-vous, ne serait-ce qu'à la caisse d'allocation familiale,
06:30vous devez aussi passer par l'outil internet.
06:31– L'écrit est partout, finalement.
06:33– Donc l'écrit est partout, et vraiment, ce public rencontre des difficultés
06:37dans les axes du quotidien, voilà, pour aller à la banque,
06:41comprendre les documents de la banque, faire ses démarches.
06:44– C'est une source d'exclusion aussi, finalement.
06:45– C'est une véritable source d'exclusion.
06:48Et comme je le disais, lorsqu'on est salarié, eh bien, les procédures de travail,
06:52les procès s'évoluent tellement vite que l'on peut vite se retrouver en difficulté,
06:56ne plus pouvoir se maintenir, effectivement, dans l'emploi.
06:59– Alors il y a quand même, on va conclure là-dessus, une note plutôt positive.
07:03– Bien sûr.
07:04– Quand on est illettré, il y a une solution.
07:07– Bien sûr, il y a une solution puisque nous formons des médiateurs,
07:10mais nous formons aussi des formateurs qui accueillent donc sur des ateliers
07:15ce public qui a besoin d'apprendre ou de réapprendre.
07:18– On peut réapprendre, Alia, ça c'est pas impossible.
07:21– Non, non, c'est pas impossible du tout, et nous avons des très beaux exemples,
07:25des gens qui pourraient témoigner de leur parcours.
07:28Et cette grande cause nationale, maintenant, qui a lieu chaque semaine
07:33aux alentours de la rentrée, depuis 2013, puisque 2013,
07:37la lutte contre l'illettrisme était grande cause nationale,
07:40voilà, fait qu'il y a quand même une émulation.
07:42Il se passe des choses sur notre département,
07:44et là, nous proposons donc, en tant que CRIA, une porte ouverte
07:48à tout public intéressé par cette problématique.
07:51Voilà, peut venir nous rejoindre jeudi matin, 3 places Raspail au CRIA,
07:57nous accueillons toute personne intéressée,
07:59nos partenaires de travail, bien sûr, nos financeurs.
08:02Certaines personnes qui voudraient aussi s'engager dans un bénévolat,
08:05puisqu'on peut devenir formateur bénévole,
08:07pour justement accompagner ces publics dans les apprentissages.
08:11– Merci beaucoup d'avoir été avec nous sur ce plateau, merci beaucoup.
08:15C'est la fin de ce journal, merci à vous de l'avoir suivi.
08:17Je vous souhaite une excellente soirée sur TV2 Val-de-Loire.

Recommandée