Nigeria – Catastrophe humanitaire dans le nord-est

  • il y a 8 ans
Nigeria
L’état de Borno, dans le nord-est du Nigeria, est en proie depuis des années à un conflit opposant Boko Haram et l’armée nigériane.
Au moins 500 000 personnes déplacées et vivant dans des enclaves ont besoin d’une aide humanitaire en urgence, essentielle pour leur survie.

Maiduguri, capitale de l’état de Borno, est le refuge de plus d’un million de personnes déplacées. Avec la reprise de plusieurs localités de l’état par l’armée nigériane, les déplacés sont aujourd’hui toujours plus nombreux à rejoindre la ville…

Bright Mukhana, infirmier, MSF (en anglais)
Il y a beaucoup de cas de malnutrition à Maiduguri, à cause de Boko Haram. Les gens n’ont pas pu s’occuper de leurs cultures, ils n’ont pas pu retourner aux champs pendant un certain temps. A cause de ça, il n’y a pas assez de nourriture, et la malnutrition a fait son apparition.

Résultat, les structures sanitaires sont débordées, entre les habitants de la ville, les personnes déplacés, et celles référées depuis les autres villes de l’état comme Bama ou Dikwa.

Bright Mukhana, infirmier, MSF (en anglais)
Le nombre de gens qui ont été déchargés mais qui n’ont nulle part ou aller ne fait qu’augmenter. Nous ne pouvons pas les ramener à Bama ou à Dikwa, parce que là bas, la situation est catastrophique.

Ces villes ont été libérées il y a quelques mois, après avoir été parfois jusqu’à deux ans sous le contrôle de Boko Haram. L’insécurité reste présente, mais les équipes MSF peuvent s’y rendre avec des convois militaires. C’est le cas à Bama, la deuxième ville de l’état, où le taux de mortalité dépasse le seuil qui permet de qualifier une situation d’urgence. 15% des enfants de Bama souffrent de malnutrition aigue sévère.

Emat Mohammed Shuwa, infirmier en chef de l’hôpital de Bama (in english)
Derrière moi, comme vous pouvez le voir, il y a un cimetière où les morts ont été enterrés. La plupart sont morts à cause de la faim et à cause du manque d’eau. D’autres sont morts à cause du manque de médicaments. Avant que les ONG n’arrivent, personne ne nous aidait.

Aujourd’hui, les habitants de Bama sont regroupés dans l’enceinte de l’hôpital, où ils manquent de tout.

Jean Hervé Bradol, coordinateur d’urgence, MSF (en français)
Les interventions sur ces sites sont absolument essentielles parce qu’il y a un très grand nombre de personnes qui sont vraiment sur le fil, c’est à dire que s’ils ont pas un acte d’assistance médicale immédiat, leur survie à très court terme, quelques heures quelques jours, est menacée (…) Des cas comme ça, il y en a des milliers voir des dizaines de milliers sur les 500 000 à 800 000 personnes qui sont placées dans cette situation là sur une vingtaine de sites dans l’état de Borno.

Ces personnes peuvent être prise en charge et recevoir des soins en urgence. Mais dans l’état de Borno, il subsiste encore des zones complètement inaccessibles.

Isabelle Defourny, directrice des opérations, MSF (en français)
les quelques personnes qu’on voit sortir nous rapportent d’énormes difficultés pour trouver de la nourriture et une insécurité qui continue. Et on a pas accès à ces populations, on a aucune idée de combien ils sont. Mais voilà, on pense que les conditions peuvent être très dures, et qu’à un moment où à un autre on l’espère on aura accès à ces populations.

Une partie de ceux qui ont réussi à fuir les combats se sont réfugiés de l’autre côté de la frontière, au Cameroun.
La bas, les équipes MSF prennent en charge les victimes directes de la violence. Elles offrent aussi des soins aux enfants et aux femmes enceintes… Et des consultations de santé mentale.
Rahila Emos, réfugiée (en langue locale)
Les hommes de Boko Haram battaient et tuaient des gens, ils les égorgeaient. Quand ils arrivaient, ils commençaient à tuer les gens, ils les égorgeaient et ils demandaient aux femmes et aux enfants de regarder. Ils tuaient tous ceux qui avaient plus de 15 ans, les hommes et les femmes.
MSF est en train d’intensifier ses opérations auprès de la population de l’état de Borno.
Eau, nourriture, santé, abris… Les besoins de centaines de milliers de personnes sont immenses.

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