• il y a 17 ans
Adieux l'abbé,
la vie d'un ecclésiaste engagé
En ce 1er février 1954, au cœur d'un des hivers les plus rigoureux du siècle, une voix de baryton suppliante, énergique et chaleureuse va émouvoir la France. L'abbé Pierre s'était imposé dans les studios de Radio Luxembourg pour lire d'un trait cet appel au journal de 13 heures.
“Mes amis ! Au secours ! Une femme vient de geler cette nuit, à 3 heures, sur le trottoir du boulevard de Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel on l'avait expulsée, avant-hier. Chaque nuit, ils sont plus de deux mille, recroquevillés sous le gel, sans toit, sans pain, plus d'un presque nu. Écoutez-moi : en trois heures, deux centres de dépannage viennent de se créer. Ils regorgent déjà. Il faut en ouvrir partout. Il faut que ce soir même, dans toutes les villes de France, dans chaque quartier de Paris, des pancartes s'accrochent sous une lumière, dans la nuit, à la porte des mieux lotis, où il y ait des couvertures, paille, soupe, et où on lise : ¨Centre fraternel de dépannage. Toi qui souffres, qui que tu sois, entre, dors, mange, reprends espoir. Ici, on t'aime.Il nous faut pour ce soir, et au plus tard pour demain, cinq mille couvertures, trois cents grandes tentes américaines, deux cents poêles catalytiques. Déposez-les vite à l'hôtel Rochester, 92, rue La Boétie...”
Dans les minutes qui suivent, le standard de la station explose. À 14 heures, la rue La Boétie est fermée à la circulation.
Adieux l'abbé

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