Syrie : pourquoi Poutine corrige le tir

  • il y a 9 ans
Pourquoi le Kremlin a changé ses positions après le crash d'un avion d'une compagnie russe dans le Sinaï

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Si la Russie a accepté de se coordonner avec le reste de la coalition internationale contre Daech en Syrie, c’est parce que, tout comme la France, elle a été touchée au cœur après l’attentat perpétré contre l’Airbus des touristes dans le ciel du Sinaï égyptien. Mais pas seulement…

Lorsque Daech a revendiqué l’explosion à bord du vol Metrojet qui reliait Sharm el Scheik à St Petersbourg, la ville natale de Vladimir Poutine, les services russes ont eu quelques moments de flottement. Reconnaitre immédiatement l’authenticité de cette revendication revenait en fait à accepter une première et lourde défaite depuis le début de leurs opérations militaires en Syrie. Mais, il est vrai également que, sur le terrain, les Russes ont constaté que leurs frappes, n’ont pas donné de résultats majeurs. Que ce soit sur le front des provinces de Lattaquié ou d’Idlib, elles étaient dirigées essentiellement sur les groupes armés de l’opposition, y compris sur le Front djihadiste al-Nosra. Non seulement les katibas rebelles n’ont pas été anéanties mais l’armée syrienne n’en a pas profité pour reprendre des positions stratégiques vitales.

Dès lors, présenter la stratégie française d’après les attentats de Paris comme un changement de cap majeur par rapport à la Russie est inexact. En fait, Paris dès le mois de septembre puis Moscou depuis une quinzaine de jours considèrent désormais que Daech est leur cible Numéro 1.

Cela dit, cette inédite coordination militaire entre français, russes et américains n’aura pas à court terme de traduction politique ou diplomatique sur la suite du conflit syrien. D’autant que l’Iran est un peu une pièce à part dans ce puzzle. Le régime de Téhéran est en effet, bien plus que la Russie, attaché à la survie politique de Bachar el-Assad. Et ses milliers de combattants en Syrie ont toujours pour mission principale de défendre le clan du dictateur et la profondeur stratégique de l’Iran vers le Liban. Est-il possible d’avancer de front sur le plan militaire et sur le plan politique pour accélérer l’avènement de la phase post-Bachar ? A priori, cet objectif est devenu secondaire pour les principaux acteurs, ce qui pose la question du soutien que les américains et les français vont continuer d’accorder à l’opposition syrienne et aux Kurdes. Rien ne serait pire que d’en faire la victime collatérale de la nouvelle phase qui s’engage contre Daech, devenu le seul ennemi commun.

Un autre acteur clef est attendu au tournant, c’est la Turquie. Si elle veut, elle aussi, rentrer dans cette coalition anti-Daech avec les Russes, il faudra qu’elle cesse toute ambiguïté dans complaisance avec les djihadistes et accepter de mettre au second plan sa lutte contre les Kurdes. Ce qui est loin d’être acquis.

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