Kashgar Ville oasis

  • il y a 9 ans
Kashgar, ville oasis célébrée par Ella Maillard, Peter Fleming et bien d'autres grands voyageurs. Après plusieurs semaines au cœur du Pamir Tadjik et une traversée des plus hauts cols d'Asie Central, je m'apprêtais à traverser le désert du Taklamakan (à vélo). Kashgar était la ville étape essentielle. Autrefois ultra-majoritaires dans cette province du Xinjiang, les habitants de la ville, les Ouïghours, ne représentent plus aujourd’hui que 40% de la population pour 60% de chinois Hans, une conséquence directe de la politique de colonisation brutale menée par le gouvernement chinois, qui détruit peu à peu la culture ouïgoure et marginalise cette minorité turcophone musulmane. À cette époque, nous sommes en plein cœur des émeutes qui secouent la région ces dernières semaines, et je reste discret, posé dans certains endroits de la ville à regarder sa culture agonir. Sous prétexte de «modernisation», la vieille ville, trésor d'architecture musulmane de l'ouest de la Chine, disparaît sous les pelleteuses et les vieux quartiers de l'antique cité fument sous la poussière des chantiers. Là où l'on marchait à l'ombre des vieux murs de terre, des voies sans charme ont été créées. Les bulldozers achèvent le plus grand massacre du patrimoine de ce début de siècle.

Pour cette série de photo aux abords du grand souk, j'ai choisi un flou permanent (1/30s), je souhaitais rendre l'ambiance de cette ancienne cité caravanière de la route de la Soie intemporelle, rendre les habitants éternels. Je m'inspirais aussi directement du travail de Nicolas Bouvier au Japon et de ce noir et blanc si spécifique au photographe Daidō Moriyama.

Malheureusement, Kashgar et sa région ne sont pas les seuls endroits de Chine où le rouleau compresseur du développement nivelle les trésors du passé.

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