ATHLE.ch | Les favoris ethiopiens des 20KM de Lausanne

  • il y a 9 ans
Ils sont Ethiopiens, courent pour gagner leur vie et sont de passage pour un mois et demi en Suisse. Les sept athlètes qui s’apprêtent à dynamiter les pelotons des différentes épreuves de samedi se distinguent de la masse des coureurs populaires non seulement parce qu’ils courent beaucoup plus vite, mais surtout parce qu’ils viennent d’un autre monde.

Ils s’appellent Sutume Asefa, Temesgen Daba ou encore Ayantu Aberra, ne parlent pas français et à peine quelques mots d’anglais. Ils ont saisi l’opportunité qui leur était offerte de venir arpenter le bitume européen pendant quelques semaines, pour ensuite rentrer avec quelques milliers de francs en poche. Opportunité mise en place par un homme : Tesfaye Eticha (Stade Genève), Ethiopien naturalisé suisse en 2011. Lui-même athlète actif, le Genevois de 41 ans ambitionne de représenter la Suisse aux Jeux de Rio en 2016 sur marathon. Deux à trois fois par année, il retourne en Ethiopie, avant tout pour s’entraîner. C’est là qu’il déniche, au sein de son ancien groupe d’entraînement, sous les ordres du coach Wodajo, les jeunes talents à qui il propose de venir tenter leur chance par chez nous. Avec pour avantage de pouvoir faire les choses dans les règles de l’art, en dialoguant avec les entraîneurs et la fédération en Ethiopie, et en négociant les visas avec les autorités helvétiques.

Une fois en Suisse, les jeunes Ethiopiens (entre 18 et 23 ans) sont hébergés chez Eticha lui-même, au Petit-Lancy. Julien Lyon (Stade Genève), coureur Genevois de haut-niveau et favori du 10 km de samedi (voir ci-dessous), s’entraîne avec le groupe et donne un coup de main en accueillant deux coureurs chez lui à Plan-les-Ouates, conduisant les athlètes aux compétitions et accompagnant Eticha dans ses contacts avec les organisateurs. « Je les adore, ils sont super et c’est une chance de pouvoir s’entraîner avec eux. C’est parfois difficile de communiquer, mais quand tu cours, tu manges et fais des choses ensemble, tu finis par te comprendre sans beaucoup parler. On vit et partage la même passion. J’ai appris quelques mots d’éthiopien et à l’entraînement on s’embête et on rigole », raconte Lyon.

Des performances de niveau mondial

Les « Ethiopiens de Genève » se sont petit à petit fait un nom ces derniers mois en Suisse. D’abord lors d’un premier séjour à l’occasion des grandes épreuves automnales et hivernales, puis dès leur retour ce printemps au Kerzerslauf, où ils ont tout raflé tant chez les hommes que chez les femmes. Une athlète du groupe s’est particulièrement mise en évidence ces dernières semaines : Sutume Asefa (21 ans). La jeune femme, inconnue jusqu’alors, a claqué deux énormes chronos sur 10 km (31’49) et semi-marathon (1h09’07), réussissant ainsi les… 7e et 18e meilleures performances mondiales de l’année. Chez les hommes, Temesgen Daba n’a pas été en reste, courant à deux reprises ces dernières semaines en 1h01 sur semi-marathon, des performances là aussi de grande classe. Rendez-vous samedi à Lausanne !