Si Ferrat a adapté Aragon, Ferré l’a fait aussi de la meilleure des façons en 1961 dans « Les chansons d’aragon chantées par Léo Ferré » qui est devenu depuis à juste titre un classique de la chanson française ! En 1956 Leo Ferré découvre « le roman inachevé » et se rend compte de toute la musicalité que l’on peut trouver dans ses poèmes et à quel point ils sont faits pour devenir chansons Grace à son amie et interprète Catherine Sauvage, il fait la rencontre D’Aragon et Elsa Triolet chez qui il se rend pour présenter quelques-une de ses chansons au piano : Aragon lui donne alors son accord et sort l’ album arrangé par Jean-Michel Defaye qui contient 10 titres qui sont tous autant de joyaux et sur lequel Aragon ne tarira pas d'éloges! Sur ces 10 titres, 8 sont tirés du « roman inachevé » dont « il n’aurait fallu » qui correspond à un événement très précis et personnel de la vie d’Aragon En 1928 le poète rompt avec l’américaine Nancy Cunard: plongé dans un profond désespoir il fait une tentative de suicide Et c’est alors qu’il fait la connaissance d’Elsa Triolet , c’est une brutale résurrection grace à cette dernière et que célèbre ce poème très lyrique, plein d’enthousiasme sur le miracle de l’amour J'ajoute que j'ai construit un accompagnement au piano que j'ai essayé de rendre fidèle à l'original mais avec quelques petites retouches pour que cela sonne bien en configuration piano-voix
Il n'aurait fallu Qu'un moment de plus Pour que la mort vienne Mais une main nue Alors est venue Qui a pris la mienne
Qui donc a rendu Leurs couleurs perdues Aux jours aux semaines Sa réalité A l'immensité Des choses humaines
Moi qui frémissais Toujours je ne sais De quelle colère Deux bras ont suffi Pour faire à ma vie Un grand collier d'air
Rien qu'un mouvement Ce geste en dormant Léger qui me frôle Un souffle posé Moins une rosée Contre mon épaule
Un front qui s'appuie A moi dans la nuit Deux grands yeux ouverts Et tout m'a semblé Comme un champ de blé Dans cet univers
Un tendre jardin Dans l'herbe où soudain La verveine pousse Et mon cœur défunt Renaît au parfum Qui fait l'ombre douce