L'Ecole de Chaillot fait appel pour la première fois à une femme architecte pour prononcer sa leçon inaugurale. Salma Samar Damluji a accepté de reprendre le fil rouge de ces leçons - la relation entre création, histoire et patrimoine – en y associant clairement le thème du développement durable du territoire.
D’origine libano-irakienne, Salma Samar Damluji est diplômée de l’AA School of Architecture à Londres. Docteure en architecture, elle a mené ses recherches dans différents pays du Moyen-Orient et occupe actuellement la chaire d’architecture islamique à l’université américaine de Beyrouth. Elle a publié de nombreux ouvrages, sur l'histoire de l'architecture des pays islamiques et sur l'architecture de terre, fruits de ses études de terrain et de ses rencontres avec les « maîtres bâtisseurs », qui possèdent la « sagesse de la construction ». Elle est aussi consultante pour des projets de construction et de réhabilitation au Moyen-Orient.
Salma Samar Damluji entretient une relation privilégiée avec le Yémen, où elle a mené plusieurs missions, notamment dans la région du Hadramaout, sur le redéveloppement des villes de la Route de l'Encens, et leur architecture vernaculaire notamment en terre crue. En 2006, elle a créé la fondation Daw’an Mud Brick Architecture Foundation, qui mène sous sa direction des projets de restauration et de réutilisation d’édifices (école, centre de formation, hôtel, etc.) dans l'oued de Daw'an (Hadramaout), notamment à Masna’at. Cette action lui a valu le Global Award for Sustainable Architecture en 2012.
Pour comprendre sa démarche, il ne faut pas oublier qu’elle fut la collaboratrice d’Hassan Fathy qui a profondément marqué sa conception du rôle de l’architecte. Elle se revendique modestement comme « l’instrument d’une cause qui (la) dépasse » pour connaître et faire reconnaître la « créativité et le génie de l’architecture locale » du Yémen. Elle œuvre pour sauvegarder l’art de bâtir, menacé par l’importation de techniques qui détruisent les savoir-faire et l'économie d’un monde rural qui s’est forgé depuis 3000 ans et qui avait su merveilleusement adapter son économie à son environnement. Les villes fortifiées et les plaines irriguées de la Route de l'Encens sont de véritables écosystèmes - aujourd'hui menacés.
Mais elle se garde bien de vouloir « sauvegarder le passé à tout prix » : elle préfère la transformation à la restitution, tout en conservant la culture constructive vernaculaire. Pas de distinction ici entre création et réhabilitation : il s’agit avant tout d’architecture. Son but n’est pas de sauver le patrimoine pour lui-même, mais de raviver la matrice culturelle et économique d’une civilisation en danger. Elle s’intéresse tout autant à la vie qui irrigue ces villages, car elle ne peut appréhender des quartiers abandonnés ou l’architecture est de ce fait devenue « muette ». Sa démarche profondément humaniste place au cœur de son action le souci de la qualité de vie des habitants et la prise
D’origine libano-irakienne, Salma Samar Damluji est diplômée de l’AA School of Architecture à Londres. Docteure en architecture, elle a mené ses recherches dans différents pays du Moyen-Orient et occupe actuellement la chaire d’architecture islamique à l’université américaine de Beyrouth. Elle a publié de nombreux ouvrages, sur l'histoire de l'architecture des pays islamiques et sur l'architecture de terre, fruits de ses études de terrain et de ses rencontres avec les « maîtres bâtisseurs », qui possèdent la « sagesse de la construction ». Elle est aussi consultante pour des projets de construction et de réhabilitation au Moyen-Orient.
Salma Samar Damluji entretient une relation privilégiée avec le Yémen, où elle a mené plusieurs missions, notamment dans la région du Hadramaout, sur le redéveloppement des villes de la Route de l'Encens, et leur architecture vernaculaire notamment en terre crue. En 2006, elle a créé la fondation Daw’an Mud Brick Architecture Foundation, qui mène sous sa direction des projets de restauration et de réutilisation d’édifices (école, centre de formation, hôtel, etc.) dans l'oued de Daw'an (Hadramaout), notamment à Masna’at. Cette action lui a valu le Global Award for Sustainable Architecture en 2012.
Pour comprendre sa démarche, il ne faut pas oublier qu’elle fut la collaboratrice d’Hassan Fathy qui a profondément marqué sa conception du rôle de l’architecte. Elle se revendique modestement comme « l’instrument d’une cause qui (la) dépasse » pour connaître et faire reconnaître la « créativité et le génie de l’architecture locale » du Yémen. Elle œuvre pour sauvegarder l’art de bâtir, menacé par l’importation de techniques qui détruisent les savoir-faire et l'économie d’un monde rural qui s’est forgé depuis 3000 ans et qui avait su merveilleusement adapter son économie à son environnement. Les villes fortifiées et les plaines irriguées de la Route de l'Encens sont de véritables écosystèmes - aujourd'hui menacés.
Mais elle se garde bien de vouloir « sauvegarder le passé à tout prix » : elle préfère la transformation à la restitution, tout en conservant la culture constructive vernaculaire. Pas de distinction ici entre création et réhabilitation : il s’agit avant tout d’architecture. Son but n’est pas de sauver le patrimoine pour lui-même, mais de raviver la matrice culturelle et économique d’une civilisation en danger. Elle s’intéresse tout autant à la vie qui irrigue ces villages, car elle ne peut appréhender des quartiers abandonnés ou l’architecture est de ce fait devenue « muette ». Sa démarche profondément humaniste place au cœur de son action le souci de la qualité de vie des habitants et la prise
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Art et design