La députée Isabelle Attard dénonce la misère de la recherche publique française

  • il y a 10 ans
Monsieur le président, chers collègues, ma question s’adresse à Madame la Secrétaire d'État chargée de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.

Madame Fioraso, vous aviez annoncé la création de 1000 postes dans les universités.
Mais comment voulez-vous qu’elles recrutent lorsqu’elles peinent à chauffer les amphithéâtres, comme j’ai pu le constater à l’université Versailles - St-Quentin-en-Yvelines ? Ou encore, à Nantes, où il n’y a pas assez de laboratoires de Travaux Pratiques pour tous les étudiants.

Parallèlement, l’Agence Nationale pour la Recherche investit dans de performants outils de recherche comme des spectrophotomètres de masse ou des téléscopes, mais il n’y a plus assez de techniciens et d’ingénieurs pour les faire fonctionner !

Nous avons des prix Nobel et des médailles Fields, résultat des politiques volontaristes passées. Nous avons surtout des enseignants-chercheurs médailles de bronze, d’argent et d’or du CNRS, qui perdent jusqu’à 80% de leur temps à chercher des financement, au lieu de le consacrer à enrichir nos connaissances.

L’argent est disponible, il est attribué au Crédit Impôt Recherche. La Cour des Comptes a conclu : c’est une niche fiscale inefficace. Nous pourrions en faire un outil au service des PME, notamment par un plafonnement pour limiter l’effet d’aubaine des multinationales.
Les élus socialistes le réclamaient jusqu’en 2012, c’est ce que nous continuons d’exiger depuis.

Aujourd'hui, nous finançons la recherche privée quelle qu'elle soit, et la recherche publique est restreinte à la recherche appliquée, par les priorités fixées par votre ministère. C'est l’inverse qu'il faudrait faire !

Vous l’aurez compris, madame la secrétaire d’Etat, mon groupe et moi-même sommes excédés de voir comment l’enseignement supérieur et la recherche sont considérés dans notre pays.
Mais pas moins que les 50 000 précaires du secteur.
Pas moins que les 700 directeurs d’unité de recherche qui bientôt démissionneront administrativement.

Nous nous acheminons rapidement vers un blocage complet, qu’attendez-vous pour réagir ? Qu’il n’y ait plus de Prix Nobel attribués à des Français ?
Voilà la situation de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche dans notre pays aujourd’hui, voilà les questions qui attendent aujourd’hui des réponses, et des actions, de votre part.