Organisation des soins médicaux

  • il y a 10 ans
Le surpeuplement, le manque d’eau, d’infrastructure sanitaire et de nourriture contribuent à la surmortalité, même si les populations arrivent avec un état de santé satisfaisant.
Des services médicaux pour assurer les soins curatifs et enrayer les épidémies sont indispensables dès le début et doivent rapidement être mis en place parallèlement aux opérations de secours en nourriture, eau et abris.
Les soins de santé peuvent avoir un impact immédiat s’ils sont bien organisés et s’ils se concentrent sur les maladies les plus fréquentes.
50 à 95 pourcent de la mortalité est causés par seulement quatre maladies transmissibles : les diarrhées, les infections respiratoires, la rougeole et le paludisme, infections qui aggravent la malnutrition.
On distingue t 4 niveaux de services de santé.

A) Hôpital
Une faible proportion des patients aura besoin de services spécialisés d’un hôpital de référence. Il faut tenter d’utiliser un hôpital de proximité existant, quitte à le renforcer en moyens matériels et humains, à payer la prise en charge des réfugiés et à organiser le système de référence et de transport.
Si cela n’est pas possible ou si le site est trop vaste, un hôpital de campagne sera érigé sur le site lui-même, parfois sous tentes.
L’hôpital, doit pouvoir offrir des soins en chirurgie et en urgences obstétricales ainsi que des outils diagnostiques plus élaborés avec un laboratoire de référence et la possibilité d’effectuer des transfusions.
B) Centre de Santé
On établit des centres de santé à l’intérieur du camp.
On estime qu’un centre de santé doit couvrir les besoins de 10 000 à 30 000 personnes.
Ses services sont ouverts 24 heures sur 24 et un médecin y travaille pour la supervision et les références hospitalières. Il est souvent géré par des assistants médicaux qui prescrivent des traitements basiques.
Face au grand nombre de patients se présentant, un bon système de triage permet d’identifier et de prendre en charge les cas les plus urgents. Les autres patients peuvent se rendre directement aux autres services, tels que les pansements, la réhydratation orale ou les injections vaccinales.
Un service d’observation avec plusieurs lits est requis pour la prise en charge de cas plus sévères ou les accouchements simples.
Les patients nécessitant un haut degré de soins seront transférés à l’hôpital de référence.
Les équipes seront composées d’un nombre suffisant de travailleurs de santé, employés le plus souvent localement, et d’un médecin capable de superviser les consultations régulières et les patients en observation.
C) Poste de Santé
Des postes de santé périphériques s’imposent aussi très vite pour décentraliser les soins de santé, surtout si la population du camp est supérieure à 10 000 réfugiés.
A ce niveau, seules quelques maladies tueuses, telles que les diarrhées sans déshydratation ou le paludisme non compliqué, sont traitées alors que les cas graves seront référés au centre de santé.
Il faut compter en moyenne un poste de santé périphérique pour 3000 à 5000 personnes,
D) Les agents de santé communautaire
Indispensable dans le dispositif de soins en périphérie, les agents de santé communautaire assurent l’interface avec la communauté.
Basé dans la population, ils sont chargés de faire du dépistage actif des cas et d'assurer le lien entre les structures de santé et les populations les encourageant à aller se faire soigner. Ils sont également chargés de la surveillance prospective des décès.


Les protocoles de traitements
Tous les traitements prodigués par le personnel de santé doivent suivre des protocoles standardisés et décrits dans des guides pratiques, tels que le guide de médicaments essentiels et les guides clinique et thérapeutique
L’intérêt de ces protocoles thérapeutiques est leur cohérence par rapport à la rotation souvent fréquente du personnel soignant, ainsi que l’utilisation d’un seul outil de référence pour la formation éventuelle de ce personnel.
En urgence, MSF peut utiliser certains kits contenant l’essentiel des besoins pour une période donnée et un nombre défini de réfugiés. Des catalogues référencent les kits disponibles.
Conclusion
Les programmes de santé doivent être coordonnés et impliquer les autorités sanitaires locales, la communauté des réfugiés et les autres agences humanitaires.
Tous les partenaires ont besoin de s’accorder sur les protocoles thérapeutiques standardisés, les médicaments essentiels, le système de référencement, la collecte de données, pour pouvoir travailler sur les mêmes bases et former le personnel.
Les services de santé doivent s’adapter aux besoins, notamment si une épidémie surgit, si un afflux de déplacés survient, et implique de multiplier la capacité de prise en charge.
Si elle est rationnelle et bien adaptée aux besoins, l’organisation des services médicaux peut réduire efficacement la surmortalité observée dans les camps de réfugiés.