Le problème, c’est aussi François Hollande

  • il y a 11 ans
Le problème, c’est aussi François Hollande
PAR LÉNAÏG BREDOUX
ARTICLE PUBLIÉ LE VENDREDI 15 NOVEMBRE 2013
A quel moment un quinquennat bascule-t-il ? Nul ne
le sait par avance. Mais quand le doute s’installe, y
compris chez les plus proches, c’est sans doute le signe
d’un délitement dont nul ne sait non plus ce qu’il
produira. En dix-huit mois, François Hollande n’a pas
seulement réussi à coaliser contre lui des fronts très
divers et à dérouter des pans entiers de sa majorité.
Même sa garde rapprochée, ses visiteurs discrets et ses
conseillers sont désormais gagnés par l’inquiétude.
Eux qui se gardaient jusque-là de tout commentaire
acerbe le disent du bout des lèvres, en espérant se
tromper, sous le coup d’une exaspération parfois
passagère. Une question les taraude : et si, au bout du
bout, c’était lui le problème ? Lui, François Hollande.
Et si celui qu’ils ont soutenu avec tant d’ardeur n’était
pas à la hauteur ? Une sorte de « syndrome de
Peter », qui veut que, dans son ascension, on finisse
par atteindre le point de son incompétence et de ses
limites personnelles.
François Hollande à l'Elysée, le 12 novembre 2013 © Reuters
Un ministre raconte, embarrassé, qu’il n’y comprend
plus rien. Que, bien sûr, il savait que la ligne politique
de François Hollande tendait plus vers le centre
que vers le Front de gauche. Que son appétit pour
la synthèse tactique trouverait ses limites à la tête
de l’État. Mais il estimait ses qualités – l’habileté,
l’écoute, la capacité d’apaisement, le sens politique.
Là, dit-il, il ne reconnaît plus ce François Hollandelà.
Ils sont plusieurs au gouvernement, parmi ceux qui
l’apprécient, à se demander si un syndrome mystérieux
ne s’est pas emparé de lui. « Il a pété un câble »,
jure l'un de ses proches. « Certains disent qu’il a
vrillé », rapporte un conseiller. En petit comité, même
le premier ministre Jean-Marc Ayrault aurait fini par
lâcher : « S’il continue comme ça, il va finir à 2 %. »
Depuis plusieurs mois, les témoignages de conseillers
(soumis à un devoir d’anonymat par leur fonction)
s’accumulent aussi, fatigués de l’organisation du
président de la République qui omet de les avertir
quand il rend un arbitrage. Quand il participe à
l’émission Capital sur M6, en juin dernier, François
Hollande annonce un abattement exceptionnel sur
les plus-values de cessions immobilières. Mais il
n’a prévenu ni son conseiller logement, ni celui de
Matignon, ni le ministère concerné, qui découvrent
l’annonce faite par le chef de l’État à la télévision.
« Hollande considère que son cabinet ne sert à rien »,
croit savoir un collaborateur, qui jure que le chef de
l’État envoie plus de SMS aux ministres qu’à ses
propres conseillers. http://www.dailymotion.com/video/x1k7g84_edwy-plenel-sur-l-affaire-cahuzac-francois-hollande-a-essaye-de-savoir-28-03_news

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