Ce soir ou jamais - Alain Finkielkraut contre le rejet du passé

  • il y a 11 ans
Alain Finkielkraut [Ce soir ou jamais - 18-10-2013] déplore le fait que notre société ne veuille plus se concevoir, ni comme une nation assimilatrice, ni même comme une nation intégratrice mais qu’elle élabore un nouveau concept, celui d'inclusion : « La grande nation pour une société inclusive » c'est le titre d'un rapport de Thierry Tuot conseiller d'État, rapport commandé par Matignon sur l’action de l’Etat en matière d’immigration. L'auteur y fustige la "célébration du village d'autrefois". Phénomène de fragmentation territoriale au nom de la diversité et du métissage.

Contre l'idéologie du rejet du passé, Alain Finkielkraut cite Simone Weil : « L'opposition entre l'avenir et le passé est absurde. L'avenir ne nous apporte rien, ne nous donne rien ; c'est nous qui, pour le construire, devons tout lui donner, lui donner notre vie elle-même. Mais pour donner il faut posséder et nous ne possédons d'autre vie, d'autre sève que les trésors hérités du passé et digérés, assimilés, recréés par nous. De tous les trésors de l'âme humaine, il n'y en a pas de plus vital que le passé. »

Hervé Juvin (économiste) se sent, sur ce point, certaines affinités avec l’antiaméricanisme. « Cette séparation qui veut que l'homme oublie tout de son passé, de ses origines, de ces croyances qu’il soit en quelque sorte une page blanche sur laquelle seule sa volonté, son caprice, va écrire son avenir. Cela me fait très peur parce que je crois que l'homme indéterminé et l'homme de rien, c'est l'homme de toutes les aventures et cela peut être l'homme de toute les violences ».

… « enfin, n'oublions jamais que le modèle américain est construit sur l'extermination des indigènes. Pourquoi peut-on utiliser toutes les ressources du sol, pourquoi peut-on faire le gaz de schiste etc.
parce qu'on a tué tous les indigènes. La question du premier occupant ne se pose pas. Il se trouve que j'ai eu l'occasion de travailler avec des juristes canadiens sur le droit des « natives », les Inuits et ce qui reste d'Indiens. C'est très drôle pour un Français de les voir se contorsionner dans tous les sens : il faut bien donner des droits aux « natives » , mais il ne faut surtout pas reconnaître le droit du premier occupant. Seul le travail fait la propriété que nos amis américains, les fonds de pension, les fonds d'investissement, les Goldman Sachs transforment très bien en : tout territoire partout dans le monde appartient à celui qui en tire le rendement financier le plus élevé... C'est l'extermination des indigènes, c'est la mise hors sol du monde, c'est la fabrique d'hommes de rien qui n’ont plus, ni mémoire, ni identité, ni croyance ni appartenance et je suis désolé mais j'ai peur que ce soient les hommes de toutes les violences ».

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