YOGA, SOPHROLOGIE, COACHING : COMMENT LE "BIEN-ÊTRE" EST DEVENU UN IMMENSE BUSINESS ?

  • l’année dernière
Quoi de mieux qu'un cours de yoga pour souffler et oublier vos problèmes ? Un peu de sophrologie et vous irez mieux ! Un instant pour vous occuper de vous et c'est reparti ! Les pratiques de bien-être sont devenus un énorme marché capitaliste, qui génère du profit. Mais ces nouvelles pratiques, enrichies d'appropriations culturelles et de morales individualisantes, profitent à la société capitaliste et renvoient les individus à leur responsabilité personnelle. Le bien-être perd toute notion politique. Les pratiques qui y sont associés deviennent des activités élitistes et bourgeoises. C'était pourtant une revendication historique, du mouvement ouvrier, de la CGT ou encore du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis et du Black Panther Party.

Pour comprendre comment le bien-être est passé d'aspiration du front populaire et de slogan syndical à un énorme marché capitaliste, Le Média reçoit Camille Teste, autrice de Politiser le bien-être.

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Transcript
00:00 Mais on s'autorise à penser dans les milieux autorisés.
00:05 Alors ça c'est un par un autre truc.
00:07 Les milieux autorisés, vous y êtes pauvres.
00:09 Après plus de 4 mois de combat contre la réforme des retraites, nous sommes fatigués.
00:23 Le burn-out pointe le bout de son nez.
00:25 Dans les cortèges militants et de nombreux syndicalistes n'ont plus la même énergie qu'en début d'année.
00:29 L'envie de se recroqueviller dans son cocon est entente.
00:32 Mais peut-on être révolutionnaire et s'occuper de soi, se reposer, prendre le temps pour soi tout en étant investi dans les luttes ?
00:38 Car oui, quand on lutte, on a aussi le droit de se faire du bien et de se préserver.
00:42 C'est aussi s'assurer de tenir notre engagement dans la durée.
00:45 Le bien-être était une revendication du mouvement ouvrier, une revendication de la CGT à ses premières heures.
00:50 Devenu pourtant un moyen d'asservir les travailleuses et les travailleurs et de faire du business,
00:54 comment le capitalisme s'est accaparé le bien-être et a transformé notre besoin de prendre soin de nous en un gigantesque marché.
01:02 Pour en parler, nous recevons Camille Test, autrice de Politiser le bien-être.
01:06 Bonjour Camille Test.
01:07 Bonjour Rémi Kenzo.
01:08 Vous êtes une ancienne journaliste, devenue enseignante de yoga et sur Instagram une influenceuse très politique du bien-être.
01:17 Comment allez-vous ?
01:19 Eh bien, j'ai la chance d'aller très bien. Je suis très contente d'être là.
01:22 Je viens de sortir ce premier livre qui est une expérience très excitante, incroyable et que je suis ravie de venir défendre ici.
01:31 Alors, votre livre raconte comment la notion du bien-être évolue,
01:35 sachant que le bien-être était même une revendication syndicale de la CGT lors de sa fondation.
01:40 Oui, le bien-être était un terme qui était présent dans le premier slogan de la CGT, à la création de la CGT en 1895, si je ne m'abuse.
01:50 "Liberté, solidarité, bien-être", c'est aussi un terme qu'on retrouve dans la pensée anarchiste, par exemple.
01:57 Et c'est un terme qui a été totalement dépolitisé avec le capitalisme.
02:02 Et c'est un terme que j'ai envie de repolitiser avec ce livre.
02:05 Vous revendiquez les notions de bien-être et de bienveillance comme étant des notions très politiques, finalement.
02:11 Ce sont des notions très politiques dans la mesure où, finalement, notre bien-être, c'est quoi ?
02:17 C'est la recherche d'un équilibre émotionnel, psychologique, physique, même spirituel.
02:22 C'est finalement pour ça qu'on se bat, nous, en fait, militants, activistes.
02:26 Et donc le fait d'avoir aujourd'hui le terme bien-être qui qualifie un marché – on aura l'occasion de le voir, j'en suis sûre –
02:34 plein de dérives diverses et variées, est un problème.
02:38 Moi, je suis pour qu'on se réapproprie le terme de bien-être, mais surtout qu'on subvertisse les pratiques de bien-être.
02:45 Vous avez parlé de la CGT à ses premières heures.
02:47 Mais pourtant, aujourd'hui, on a un peu l'impression que la gauche a abandonné cette revendication.
02:52 D'ailleurs, même chez eux, en interne, dans les mouvements politiques, il y a quand même une vision très productiviste de l'engagement.
02:58 Vous en parlez beaucoup, en tout cas dans la gauche, qui prend pas forcément soin,
03:02 qui prend pas forcément à cœur la question de la santé chez les siens, notamment au mental, de ceux et celles qui luttent.
03:08 Et on attend de celles et de ceux qui luttent aussi un petit côté un peu moine-soldat, on va dire.
03:14 On se demande un petit peu comment, si on prend pas soin des nôtres,
03:17 on pourrait prendre soin aussi de la société et puis, en fait, de tout un chacun.
03:23 Et notamment, le sujet doit se poser aussi syndicalement, dans le monde du travail, avec les travailleuses et les travailleurs.
03:29 – En fait, ce qui est extrêmement compliqué avec cette notion, effectivement, on le voit très bien dans le monde militant,
03:35 dans l'engagement, prendre soin de soi, ça n'est toujours pas une évidence.
03:40 Il y a toujours une espèce de débat où on se dit, bon ben voilà, tout ce temps que j'accorde à mon bien-être, à mon repos,
03:46 à me poser la question de comment je vais, comment je me sens,
03:50 c'est un temps qu'on n'accorde pas à une lutte pleine, entière et directe.
03:54 Pour autant, on se rend bien compte, et c'est ce que j'essaye de montrer dans le livre,
03:57 qu'il n'existe pas de lutte à long terme si on ne prend pas soin de nous.
04:01 C'est la notion de self-care dont on parle beaucoup et qui elle-même a été totalement dépolitisée
04:06 et qu'on voit maintenant à toutes les sauces sur toutes les boutiques de produits de bien-être divers et variés,
04:12 nous dit, on le sait, avec le mouvement des droits civiques aux États-Unis,
04:16 il y a pas mal de militants afro-américains qui ont utilisé l'expression de self-care pour dire,
04:20 prenons soin de nous, parce que de toute façon, et notamment en tant que personnes dominées, opprimées,
04:25 qui souffront du système, personne ne le fera à notre place.
04:28 Si nous ne prenons pas soin de nous, nous ne sommes plus en mesure de lutter,
04:32 nous ne sommes plus en mesure de nous défendre.
04:35 Vous parlez du mouvement des droits civiques aux États-Unis, du self-care,
04:37 mais justement, vous reprenez l'exemple des Black Panthers Party,
04:40 qui eux reprennent un peu cette revendication, mais version Black Panthers, en parlant de community care.
04:47 Justement, ce qu'ils disent aussi, c'est qu'en fait, il est important de préserver la communauté.
04:53 La question du community care, effectivement, c'est de se dire, le self-care,
04:56 c'est-à-dire moi prenant soin de moi-même, ne suffit pas en réalité.
04:59 Nous sommes des êtres interdépendants.
05:01 Nous devons collectivement nous occuper les uns des autres.
05:04 C'est aussi ça que qualifie la question.
05:06 S'auto-préserver, quoi.
05:07 S'auto-préserver les uns avec les autres.
05:09 Donc c'est un mot d'ordre aussi.
05:10 Faire société, en réalité, la notion de self-care et de community care,
05:13 elle devrait nous animer dans toute la société.
05:15 Faire société ensemble, c'est s'occuper les uns des autres, les unes des autres.
05:19 C'est quelque chose qu'on perd de vue dès qu'on considère le bien-être, le self-care,
05:23 juste comme une pratique personnelle, où je serai responsable moi-même,
05:27 entièrement, de mon bien-être, de mon bonheur.
05:29 On sait très bien que ces questions sont collectives,
05:32 et par conséquent, appellent à des solutions collectives.
05:34 Si vous êtes malheureux ou que je suis malheureuse aujourd'hui,
05:36 ce n'est pas seulement de notre faute, malgré ce que le capitalisme essaye de nous faire croire.
05:40 C'est parce qu'aujourd'hui, notre société n'est pas organisée
05:43 pour favoriser notre bonheur, notre bien-être.
05:46 Bien au contraire.
05:47 Se préserver pour lutter, et du coup aussi préserver nos capacités à lutter.
05:52 Préserver notre capacité à lutter.
05:54 Et faciliter les luttes.
05:55 C'est quelque chose que j'essaye de montrer dans le livre.
05:59 Pour qu'une pratique de bien-être, qui peut être du yoga, de la musculation, de la méditation,
06:06 un certain nombre de pratiques thérapeutiques, etc.,
06:08 fonctionne avec un projet révolutionnaire, un projet de justice sociale et d'émancipation,
06:12 il faut que ces pratiques nous permettent de nous émanciper, au niveau individuel.
06:17 Mais il faut aussi qu'elles aminiment, qu'elles ne se dressent pas contre les luttes,
06:21 et au mieux, qu'elles facilitent ces luttes.
06:23 Qu'elles leur permettent, non pas qu'elles s'y substituent,
06:26 c'est-à-dire que l'idée ne c'est pas de dire qu'on devrait tous faire de la méditation,
06:29 et c'est bon, le monde changerait, pas du tout.
06:31 Mais c'est de dire comment est-ce que ces pratiques,
06:33 elles peuvent se mettre au service d'un projet émancipateur.
06:36 Donc par exemple, effectivement, en nous permettant de nous reposer entre deux combats,
06:40 entre deux luttes, mais en fait, il y a plein d'autres pistes que j'explore dans le livre.
06:44 Notamment, par exemple, le fait que dans une société extrêmement productiviste,
06:49 qui veut qu'on soit des personnes, des décors machines, en quelque sorte,
06:53 toujours plus efficaces, toujours plus actifs, toujours plus productifs,
06:56 au point qu'en fait, on a tellement intégré ça dans nos corps
06:58 qu'on n'arrive plus à fonctionner autrement, même si on le veut.
07:01 Eh bien, des pratiques comme le yoga, la méditation,
07:04 ou toute autre pratique qui nous permet de ralentir,
07:07 peut nous permettre, en quelque sorte, de nous désintoxiquer,
07:10 de décoloniser, en quelque sorte, ces corps qui sont sculptés par le capitalisme.
07:14 Et ça, ça me paraît majeur, je tiens vraiment à le dire,
07:16 parce que c'est pas parce qu'en théorie, vous apprenez pas avec ce livre,
07:19 qu'il faut ralentir et qu'on devrait tous se reposer un peu plus.
07:22 On le sait, mais il y a une différence fondamentale
07:25 entre savoir qu'on doit ralentir en théorie et le faire en pratique.
07:30 Et ces pratiques de bien-être, elles nous permettent,
07:33 elles sont un espace dans la société dans lequel on peut faire ça.
07:36 - Vous qui êtes professeure de yoga, vous avez même des cours de yoga militants,
07:40 vous dites qu'on peut mettre cette discipline vraiment au service de la justice sociale.
07:44 - En réalité, dès lors que ces pratiques, elles nous émancipent.
07:48 Donc dès lors qu'on arrête de faire de ces pratiques, des outils pour nous rendre
07:52 toujours plus productifs au travail le lundi matin,
07:54 ou alors pour normer toujours plus nos corps,
07:56 dès lors qu'on arrête de faire de la muscu, du yoga ou du fitness,
07:59 pour avoir, je sais pas, un ventre toujours plus plat,
08:02 pour être toujours plus beau, toujours plus belle,
08:04 en l'occurrence, ça s'adresse souvent aux femmes.
08:06 - Ou pour augmenter notre productivité, parce que c'est souvent de ça aussi,
08:09 quand il s'agit, quand l'entreprise, le patron, nous engage aussi
08:12 à faire entre midi et deux du yoga.
08:14 - Absolument, on le voit évidemment dans le monde du travail,
08:16 les employeurs adorent les pratiques de bien-être,
08:18 parce que c'est aussi un moyen effectivement de, sous couverte,
08:21 d'apporter du confort, de la douceur aux employés.
08:25 C'est aussi une façon de les détourner,
08:27 enfin en tout cas de leur proposer des pratiques pour être plus efficaces.
08:31 Et c'est aussi parfois une façon de ne pas se poser la question
08:33 de pourquoi vous allez vraiment mal au travail,
08:35 qui souvent est un problème qui concerne davantage l'organisation du travail,
08:40 le fait qu'on travaille toujours plus, de façon toujours plus précaire,
08:43 en étant toujours plus en compétition les uns avec les autres.
08:46 Dès lors qu'on arrête de faire ça avec ces pratiques,
08:48 dès lors qu'on arrête de les utiliser pour servir un système,
08:51 on peut les utiliser pour autre chose.
08:53 Et on peut les utiliser aussi, par exemple,
08:56 pour développer une forme de puissance corporelle.
08:58 Non pas parce que si on est très très musclé,
09:00 on va pouvoir renverser le capitalisme et les dominants
09:02 juste avec nos petits bras, mais parce que retrouver contact
09:05 avec nos corps dans un système qui nous en dissocie constamment,
09:09 c'est sortir d'une espèce d'état d'apathie
09:11 qui nous donne davantage de puissance,
09:13 davantage de capacité à poser nos limites,
09:15 mais aussi à exprimer nos valeurs.
09:17 Du coup, à oser davantage demander, exiger,
09:20 la société qu'on voudrait avoir.
09:23 On le voit beaucoup, par exemple, dans les mouvements,
09:25 dans les pratiques d'autodéfense féministes.
09:27 Dans les pratiques d'autodéfense, les stages d'autodéfense féministes,
09:29 on cherche à développer, évidemment, des capacités à se défendre
09:32 en cas d'agression, mais aussi un certain nombre
09:34 d'outils de défense verbales, mais surtout, ce qu'on cherche
09:36 à développer, c'est une autre manière d'être au monde,
09:39 une manière d'être au monde réellement consciente
09:42 de notre puissance individuelle, mais aussi collective.
09:45 - Sans faire de l'appropriation culturelle,
09:47 parce qu'on parle aussi des pratiques,
09:49 comme le yoga, souvent issu, par exemple, du sud de l'Asie.
09:51 - C'est un vrai sujet, la question de l'appropriation culturelle
09:54 dans le bien-être. Effectivement, quand on voit aujourd'hui
09:57 les pratiques de bien-être, oui, vous donnez l'exemple du yoga,
10:00 on voit tout un tas aussi de pratiques issues d'Amérique du Sud,
10:03 je pense, pour vous donner des exemples, la cérémonie du cacao,
10:06 le chamanisme, l'Ayurveda, pour retourner du côté de l'Asie.
10:10 Très souvent, aujourd'hui, dans notre société,
10:12 nos pratiques sont issues d'univers extra-européens.
10:15 Et je trouve ça intéressant, déjà, de dire que ça n'est pas rien,
10:18 qu'il y a une logique parfois assez coloniale,
10:21 aller comme ça piocher dans les pratiques de bien-être des autres,
10:24 souvent avec des conséquences réelles sur certaines cultures,
10:27 qui est qu'on va transformer ces pratiques.
10:29 Évidemment, sans que les cultures concernées puissent faire grand-chose,
10:32 puisqu'on est dominant dans cette façon de transformer ces pratiques.
10:36 Mais ce que je trouve aussi hyper important, majeur,
10:39 c'est de se demander pourquoi on fait ça,
10:41 pourquoi on va comme ça piocher dans les pratiques des uns et des autres.
10:44 En réalité, moi, en tant que prof de yoga blanche, française,
10:48 de culture plutôt européenne, je serais bien embêtée d'aller
10:51 de trouver une pratique aussi riche spirituellement, intellectuellement,
10:54 physiquement, que la pratique du yoga en Occident.
10:57 Et en fait, ça n'est pas par hasard qu'en Occident,
11:00 on n'a pas de pratiques comme celle-ci, ou en tout cas beaucoup moins.
11:03 Et surtout, on n'a pas cette logique d'aller chercher
11:05 dans nos propres pratiques ancestrales avec la modernité.
11:09 On a fait le choix, en quelque sorte, en tant que civilisation occidentale,
11:12 de renoncer à notre ancestralité, de renoncer à tout un tas
11:15 de pratiques vernaculaires qui nous manquent aujourd'hui.
11:19 Et avec cette idée, sans doute que pour s'ériger en figure de la rationalité,
11:23 pour s'ériger en figure de la modernité, il fallait renoncer
11:27 à tout ce qui n'était pas de l'ordre du rationnel.
11:29 Et aujourd'hui, on le voit bien, la plupart des gens qui vont, on va dire,
11:32 avoir un certain nombre de pratiques de bien-être,
11:35 type yoga, méditation, vont souvent un petit peu se dissimuler
11:38 derrière des pratiques extra-européennes, dans une forme, dans le fond,
11:41 il peut y avoir une forme de condescendance aussi,
11:44 ou en tout cas une forme de façon de se dissimuler,
11:46 parce qu'on pense finalement que, voilà, ces cultures,
11:48 elles sont extérieures à la modernité.
11:50 Et donc, on pourrait comme un peu passer par ces pratiques
11:53 de façon un peu détournée, plutôt que de dire, nous, Européens,
11:56 en l'occurrence, moi, blanche, je revendique d'avoir
11:59 des pratiques spirituelles, qui ne sont pas des pratiques
12:02 qui ont vocation à me dépolitiser, comme ça peut être aussi le cas,
12:05 évidemment que les pratiques spirituelles peuvent être tout à fait dépolitisantes.
12:08 C'est ce qu'on appelle d'ailleurs le contournement spirituel,
12:11 le fait d'expliquer, d'utiliser la spiritualité pour expliquer
12:15 un certain nombre de problèmes politiques réels par des causes vagues.
12:19 Typiquement, si la planète se réchauffe et qu'on est en pleine
12:24 catastrophe environnementale, ça serait parce qu'on entrerait
12:27 dans l'air du verso et que ça serait comme ça, donc on ne pourrait rien faire.
12:30 On n'est évidemment pas obligé d'avoir des pratiques spirituelles dépolitisantes.
12:33 On peut revendiquer d'avoir des pratiques spirituelles matérialistes,
12:36 ancrées dans le réel, et d'ailleurs, on sait très bien aujourd'hui
12:39 qu'il y a tout un tas de penseurs marxistes qui ont par ailleurs
12:41 une spiritualité, en l'occurrence souvent une religion.
12:43 Je pense par exemple à Bernard Friot, qui est catholique.
12:46 - Mais aujourd'hui, le bien-être est devenu un outil du capitalisme.
12:50 Vous, vous dites qu'il faut finalement déconstruire le bien-être,
12:53 parce que notamment il y a un marché du bien-être aujourd'hui qui se développe.
12:56 - Le marché du bien-être, aujourd'hui, c'est l'un des marchés
12:59 les plus porteurs du capitalisme. C'est un marché qui existait à peine
13:02 dans les années 90 et qui s'est mis à émerger comme ça
13:05 il y a maintenant à peu près 30 ans, pour devenir vraiment
13:08 l'une des poules oeufs d'or du capitalisme.
13:11 On parle d'à peu près 5 000 milliards de chiffres d'affaires par an,
13:14 c'est deux fois le PIB de la France. C'est un marché qui se nourrit
13:17 de la logique néolibérale, qui veut que nous soyons tous
13:20 individuellement responsables de nos bonheurs
13:23 et de nos malheurs. Qui veut que nous soyons tous à la barre
13:26 de si on va bien ou si on ne va pas bien.
13:29 - C'est l'idée que le bonheur tient de la responsabilité individuelle.
13:32 - Voilà, donc si vous allez mal, faites plus de yoga, faites plus de coaching,
13:35 changez votre alimentation, tournez-vous vers tout un tas de pratiques.
13:39 Il y a plusieurs problèmes à ça. D'abord, ça ne fonctionne pas,
13:43 tout simplement, la fameuse quête de la meilleure version de soi-même
13:46 ne fonctionne pas pour être heureux ou pour se sentir bien.
13:49 - Et puis il y a la tendance aussi à nous détourner, évidemment,
13:52 de toute forme d'organisation collective. Tout ce temps que vous mettez
13:55 à essayer de vous auto-augmenter, à essayer d'aller mieux par ces pratiques-là,
13:59 vous ne les mettez pas forcément dans l'engagement politique
14:02 ou simplement dans la prise de conscience qu'en réalité,
14:06 il faut s'organiser collectivement pour lutter contre tout un tas
14:10 de problèmes qui sont collectifs.
14:13 - Un sujet collectif, quoi, qui repose sur la manière dont notre société est structurée.
14:16 Parce que ce que vous dites, c'est que la société nous expose à des traumatismes
14:20 et qu'on n'arrive pas à s'adapter à ce monde dans lequel on vit.
14:24 - C'est dingue de se dire qu'aujourd'hui, c'est ce que montre par exemple
14:27 la philosophe Barbara Stiegler, nous ne sommes pas équipés,
14:30 c'est ce qu'elle dit quasiment mot pour mot, je crois,
14:33 sur le plan cognitif, psychologique, intellectuel, pour vivre dans la société
14:37 dans laquelle nous sommes aujourd'hui. Le capitalisme nous fait du mal.
14:40 Le capitalisme fait du mal à nos corps. Le capitalisme fait du mal
14:44 à nos façons de vivre ensemble. Donc, ce n'est pas en se livrant
14:49 à toutes les pratiques de bien-être qui existent sur cette terre
14:52 que nous allons régler ces problèmes-là. C'est en changeant l'organisation
14:56 de notre société. Dès lors, la seule façon de garder, de sauver
15:00 les pratiques de bien-être, c'est de les subvertir pour en faire
15:02 des outils politiques au service de ce changement de société.
15:05 - Alors, comment s'est passé d'une revendication, d'un slogan
15:08 du mouvement ouvrier à un énorme marché du capitalisme ?
15:11 Qu'est-ce qui s'est produit toutes ces années ?
15:14 - C'est une très bonne question. Le capitalisme a, c'est ce que montre,
15:18 par exemple, ce que montraient en 1999 Luc Botlanski et Ève Capello
15:23 dans un bouquin qui s'appelle "Le nouvel esprit du capitalisme",
15:26 a cette propension à reprendre n'importe quelle notion ou presque
15:30 et à la transformer à son compte. De même que le self-care,
15:34 on le disait tout à l'heure, la notion de self-care qui était
15:36 une notion très politique est devenue maintenant un terme-clé,
15:41 un peu comme ça, qu'on peut utiliser pour vendre des t-shirts.
15:43 H&M, en 2022, a lancé toute une collection marquée "self-care"
15:47 sur ses vêtements, par exemple. Le capitalisme n'a aucun mal
15:50 à se réapproprier un certain nombre de notions.
15:53 Et c'est d'ailleurs, je pense, l'erreur que font beaucoup de personnes,
15:56 notamment à gauche, en pensant que, puisque le bien-être,
15:59 aujourd'hui, est un outil souvent au service du capitalisme,
16:03 mais aussi au service, je l'explique un petit peu dans le livre,
16:06 d'autres idéologies. L'extrême droite adore les pratiques de bien-être
16:09 pour tout un tas de raisons. On ne pourrait pas aller chercher
16:12 dans ces pratiques tout un tas de ressources et de solutions politiques.
16:15 Je pense que c'est faux. Je pense que c'est dommage de faire ça
16:18 pour la simple et bonne raison qu'aujourd'hui, dans le monde du bien-être,
16:21 aussi imparfait soit-il, il est l'un des rares espaces
16:24 où on peut encore, dans notre société, être des corps,
16:27 ressentir des choses dans nos corps et vivre des émotions,
16:31 avoir une place pour nos émotions dans un monde qui nous en coupe
16:34 et qui nous dissocie complètement de la réalité corporelle,
16:38 de ce qu'on est, en fait, nous, en tant qu'humains,
16:41 des êtres qui transpirons, des êtres qui avons des problèmes émotionnels,
16:45 des hontes, des peurs, des souffrances, des imperfections, des menstruations.
16:50 – D'ailleurs, j'ai noté une citation, c'est vous qui l'ai citée dans votre livre,
16:54 "Luc Botanski et Ève Chapelleux dans le nouvel esprit du capitalisme".
16:57 Vous l'ai citée avec cette phrase,
16:59 "Prendre la critique en compte, l'intégrer et se métamorphoser pour y échapper".
17:02 Tout à l'heure, vous me disiez que finalement,
17:04 on est dans un monde qui n'est pas adapté à nous,
17:06 mais là, ce qu'on voit, c'est qu'eux s'adaptent très bien quand même
17:09 pour faire un marché, pour faire du profit,
17:12 et puis aussi pour "assouplir" les travailleurs.
17:17 – C'est incroyable, aujourd'hui, à quel point, dans le monde du travail,
17:20 il n'y a plus une entreprise qui ne propose pas effectivement
17:24 des cours de yoga, du coaching à ses employés.
17:27 – De la sophrologie.
17:29 – De la sophrologie, non pas encore une fois que ces pratiques soient mauvaises en soi,
17:33 évidemment, moi je suis prof de yoga, je suis convaincue que le yoga
17:35 a tout un tas de vertus formidables, mais par contre,
17:38 c'est quelque chose que j'essaye d'expliquer dans le livre,
17:40 en m'inspirant notamment du travail de la sociologue Daniel Linar,
17:43 qui montre que plus on demande aux personnes dans l'entreprise
17:47 de se livrer à ces pratiques, plus on les rend responsables
17:51 de leur santé, de leur bien-être dans l'entreprise,
17:54 comme si ça dépendait d'elles.
17:56 Et c'est très pervers, parce qu'en réalité, si après tout ce yoga qu'on vous offre,
17:59 après, je ne sais pas, entre midi et deux, à la pause déjeuner,
18:02 après tout ce coaching, etc., vous allez toujours mal dans l'entreprise,
18:05 ben c'est de votre faute, ce n'est pas de la faute de l'entreprise,
18:08 ce n'est pas de la faute de l'organisation du travail,
18:10 ce n'est pas de la faute de votre emploi précaire,
18:12 c'est vous qui ne vous êtes pas assez livré à cette course au bien-être.
18:15 – Vous avez mentionné l'extrême droite très rapidement, juste avant,
18:19 parce qu'il y a même l'extrême droite et des mouvements fascistes,
18:22 on voit des coachs fascistes émergés qui se reconvertissent dans le bien-être,
18:26 il y a une récupération qui est à l'œuvre,
18:28 on voit même derrière le développement de ce business, des rives sectaires.
18:32 – La culture du bien-être, elle est tentaculaire aujourd'hui,
18:36 et elle traverse évidemment tous les milieux, y compris l'extrême droite.
18:40 C'est vrai que sur Youtube ou d'autres plateformes,
18:44 on voit un nombre de coachs qui portent des idées vraiment, littéralement fascistes,
18:51 sous couvert de pratiques de bien-être, sous couvert de techniques,
18:55 un peu de développement personnel, assez incroyables.
18:57 De même qu'on croise énormément de masculinistes
19:00 qui sont un peu sous couvert de faire du coaching pour les hommes,
19:03 ou en fait d'entretenir une culture profondément misogyne.
19:06 Ce que j'ai observé pendant mon enquête à l'écriture de ce livre,
19:11 c'est que souvent, notamment en France, les coachs d'extrême droite
19:16 vont souvent s'inspirer de penseurs, et notamment Nietzsche,
19:20 Nietzsche est une vraie référence pour l'extrême droite,
19:23 au grand dam de plein de chercheurs qui travaillent sur Nietzsche
19:27 et qui sont désespérés par cette situation,
19:29 et surtout avec l'idée de Nietzsche de la volonté de puissance.
19:33 Cette idée en gros qu'il y aurait sur Terre des personnes
19:36 qui auraient plus ou moins de volonté de puissance,
19:38 et que notre travail à nous, ça serait de développer notre volonté de puissance,
19:42 par exemple par la musculation, par prendre des douches froides
19:46 et se livrer à tout un tas de pratiques qui viendraient nous renforcer.
19:49 Cette volonté de puissance, cette notion utilisée comme ça,
19:54 pour l'extrême droite c'est évidemment une façon de dire
19:56 qu'il y a des gens qui ont moins de volonté de puissance,
19:58 en gros les personnes oppressées, les femmes, les personnes racisées,
20:00 les personnes pauvres, les personnes migrantes,
20:02 tant pis pour eux, ils n'ont qu'à faire de la muscu,
20:04 et peut-être qu'ils auront une meilleure volonté de puissance.
20:07 D'ailleurs, en croisant tous ces cercles, ces milieux réactionnaires,
20:10 on voit aussi des mouvements, des idées un peu confuses,
20:14 complotistes émergées aussi à travers ces lieux
20:18 qui mettent en avant la question du bien-être.
20:21 Il y a une vraie inquiétude aussi dans la MIVILUDE,
20:24 la mission interministérielle de vigilance et de lutte
20:26 contre les dérives sectaires à ce sujet.
20:28 Aujourd'hui, le monde du bien-être est la première porte d'entrée
20:34 pour les dérives sectaires, qui sont effectivement étudiées
20:37 par la MIVILUDE, qui est un groupement qui dépend
20:40 du ministère de l'Intérieur en France.
20:42 C'est vrai que depuis la crise du Covid, on a vu énormément
20:45 de dérives sectaires pointer leur nez dans le monde du bien-être.
20:50 C'est une notion qu'on appelle, qui porte un nom,
20:53 qui est la conspiritualité.
20:55 Donc le fait d'adosser, c'est une sorte de néologisme
20:58 qui adosse conspirationnisme, complotisme et pratiques
21:01 de bien-être, pratiques de développement personnel.
21:03 Pendant la crise du Covid, on a vu un mouvement émerger
21:06 qui s'appelle, je ne sais pas si vous avez déjà entendu,
21:08 Pastel QAnon. QAnon, c'est ce mouvement américain,
21:11 complotiste, très important, avec tout un tas de ramifications,
21:14 connus pour être notoirement antisémites,
21:16 connus pour penser qu'il y aurait une sorte de grand complot mondial
21:20 des élites de trafic pédophile d'enfants, etc.,
21:23 qui, en gros, ont un peu utilisé le moment Covid,
21:27 la crise Covid, pour aller cibler des personnes
21:29 qui étaient déjà sensibles à la question du bien-être,
21:32 notamment à la question du corps, parce qu'on sait que
21:34 pendant la crise du Covid, ces mouvements complotistes
21:37 qui sont anti-vaccination, sont des mouvements
21:41 qui portent une intention fondamentale au corps
21:44 et avec l'idée qu'on devrait contrôler ce qu'on met dedans,
21:47 d'où le fait de ne pas se faire imposer la vaccination.
21:50 Dans le monde du bien-être, on trouve, pas partout évidemment,
21:53 mais on trouve une logique similaire, le fait de faire attention
21:56 à ce qu'on met dans son corps, etc. Et donc, cette crise-là
21:59 a favorisé, a donné l'opportunité à QAnon d'aller targueter,
22:03 d'aller cibler certains praticiens, praticiennes du bien-être,
22:06 notamment sur Instagram, avec tout un tas de, je le raconte
22:09 un peu dans le livre, de publications Instagram,
22:11 avec une esthétique très pastel, d'où le terme "Pastel QAnon",
22:14 pour aller draguer, en quelque sorte, de nouvelles communautés.
22:18 Et ça fonctionne, le terme de conspiritualité, aujourd'hui,
22:22 qualifie plus généralement ce monde du bien-être,
22:25 qui va, sous couvert de faire quelque chose,
22:29 de dire ou d'avoir des discours, des pratiques
22:32 soi-disant progressistes, en fait, ne pas proposer
22:34 des pratiques progressistes du tout. On le voit beaucoup
22:37 avec ce mouvement, souvent, de coachs, en tout cas,
22:40 praticiennes de bien-être, qui vont proposer aux femmes,
22:43 je ne sais pas, de se tourner vers une contraception
22:46 à base de plantes, et se réjouir même de, par exemple,
22:51 aux États-Unis, l'arrêt, la fin de l'arrêt Roe vs. Wade
22:55 qui légalisait l'avortement, parce que c'est une façon
22:59 pour les femmes de se réapproprier leur corps
23:01 et de réapprendre à ne plus dépendre de l'État
23:04 pour contrôler leur contraception.
23:07 On a l'impression que c'est une bonne chose,
23:08 parce que ça se rédira, c'est super, les femmes,
23:10 elles vont pouvoir prendre en main leur destin,
23:13 mais en réalité, c'est juste cracher, en quelque sorte,
23:16 sur des décennies de lutte pour l'émancipation,
23:18 pour les droits reproductifs, etc.
23:20 - Du coup, est-ce que la notion de bien-être
23:22 est devenue une notion blanche, élitiste, validiste,
23:25 et bourgeoise, en fait ?
23:28 - Ce que j'essaie de proposer dans le livre,
23:30 c'est de se dire comment est-ce qu'on peut faire
23:32 pour que demain, le bien-être, ces pratiques-là,
23:35 ne soient plus effectivement majoritairement utilisées
23:41 ou entre les mains de personnes qui, dans le fond,
23:44 sont aussi celles qui en ont le moins besoin.
23:46 Aujourd'hui, dans notre société,
23:47 les personnes qui ont le plus besoin de bien-être,
23:49 de pratiques de bien-être, d'espace, de temps
23:51 pour prendre soin d'elles, sont aussi les personnes
23:53 qui en sont le plus privées.
23:54 Donc j'essaie, avec ce livre, de proposer des pistes
23:57 très concrètes pour sortir de cette espèce de situation
24:03 où, en gros, quand vous allez dans un espace de bien-être,
24:05 vous croiserez uniquement des personnes blanches,
24:07 des personnes minces, des personnes avec du temps,
24:09 ou au moins de l'argent, pour se consacrer au bien-être,
24:13 des personnes non handicapées, etc.
24:15 - Et du coup, concrètement, par exemple,
24:17 comment peut-on garder du bien-être
24:19 pour en faire un outil progressiste
24:21 et lui redonner cette substance politique ?
24:23 - Je pense que concrètement, il faut se poser la question
24:25 de comment est-ce qu'on fait pour permettre à nos espaces
24:29 de s'ouvrir à tous et à toutes.
24:31 Je donne l'exemple de ce masseur qui s'appelle Yann Croizet,
24:35 qui... Le massage, c'est un espace qui est très, très excluant
24:38 pour les personnes qui ne sont pas minces,
24:40 qui ne sont pas imbères.
24:42 Je vous dis ça parce que le fait d'avoir des poils
24:44 quand on va se faire masser, c'est un vrai problème.
24:46 Le fait d'avoir un corps gros quand on va se faire masser,
24:48 c'est un vrai problème. Donc, par exemple, Yann Croizet
24:50 affiche très clairement le fait que lui,
24:52 il masse des corps poilus, des corps handicapés,
24:56 des corps LGBTQI+, etc.
24:59 Je donne un autre exemple, Anne-Eise Varnier, prof de yoga,
25:01 qui, elle, a une politique très, très claire
25:03 dans ses espaces de yoga.
25:04 Si, par exemple, il y a une personne dans cet espace
25:06 qui n'a qu'une seule main, elle ne va proposer
25:08 que des postures de yoga qui ne nécessitent pas
25:10 d'avoir deux mains.
25:11 D'une manière générale, il s'agit de changer
25:14 son état d'esprit pour arrêter de considérer
25:16 les pratiques de bien-être comme des pratiques...
25:20 comme des biens de consommation individuels
25:23 pour les considérer comme des biens communs.
25:25 Donc, comment est-ce qu'on fait pour les partager ?
25:26 Ça veut aussi dire, évidemment, quand on est prof de yoga,
25:29 moi, c'est ce que je fais, trouver des façons
25:32 d'offrir des cours pas chers, voire gratuits,
25:34 à des publics qui n'ont pas forcément
25:36 ni le temps, ni l'argent, et qui s'auto-censurent aussi.
25:39 En réalité, il y a énormément de publics parce qu'ils savent
25:42 que ces espaces ne sont pas vraiment pour eux.
25:46 En tout cas, ils le pensent. Ils ne vont même plus faire
25:48 d'aller dans des espaces de bien-être.
25:50 Si vous êtes une personne grosse aujourd'hui,
25:51 est-ce que vous allez rentrer dans un espace de yoga
25:53 alors que vous savez que 95% du temps,
25:55 les pratiques ne seront pas adaptées à votre corps ?
25:59 Ou alors vous allez être la seule personne grosse du cours
26:01 et vous allez potentiellement mal le vivre ?
26:04 Donc voilà, c'est l'idée de dire, arrêtons de garder
26:07 ces pratiques comme notre petit bien de consommation
26:09 capitalistique et essayons d'en faire un bien commun.
26:12 Et vous dites même que, nourries d'un éclairage politique,
26:14 ces pratiques de bien-être peuvent même mener à l'engagement.
26:17 En écrivant ce livre, j'ai parlé avec énormément
26:20 de praticiens, praticiennes de bien-être,
26:22 par exemple des hypnothérapeutes qui me disaient,
26:24 je pense à Elsa Côté que je cite dans le livre,
26:27 qui me disaient en fait, moi, la plupart des personnes
26:29 viennent me voir, en fait, ce qu'on pense être
26:31 des maux individuels sont souvent des problèmes collectifs.
26:34 La plupart des problèmes viennent du fait qu'on est
26:36 dans une société patriarcale, dans une société capitaliste,
26:39 des problèmes psychologiques de beaucoup de personnes racisées
26:42 sont évidemment liés en partie, en tout cas,
26:45 à la question du racisme. Donc dès lors qu'on, nous,
26:48 en tant qu'accompagnants, accompagnantes du bien-être,
26:50 on pose le doigt sur ceci, en arrêtant de dire que
26:52 votre problème est seulement individuel, mais,
26:55 eh bien, le fruit d'un système, eh bien, on ouvre une brèche,
27:01 on permet aux personnes de se sentir moins seules,
27:03 évidemment, mais on permet aussi de dire aux personnes,
27:05 voilà, si vos problèmes sont collectifs,
27:07 nos solutions sont collectives. Donc engageons-nous.
27:10 L'idée, c'est comment est-ce qu'on fait pour que ces pratiques,
27:12 elles aillent toujours vers la mise en mouvement ?
27:15 – Je vous remercie Camille Test. Je le rappelle,
27:18 vous êtes l'autrice de "Politiser le bien-être".
27:21 Merci d'être venue sur le plateau du Média.
27:23 Je le rappelle également à ceux qui préfèrent nous écouter
27:25 plutôt que nous regarder, ces entretiens sont également
27:27 disponibles sous forme de podcasts, donc sur toutes les plateformes d'écoute.
27:31 N'hésitez pas également à soutenir le Média, car si ces entretiens
27:34 sont possibles, ce n'est que grâce à vous, à votre soutien,
27:37 à vos dons, à vos abonnements. Et puis n'hésitez pas non plus
27:40 à diffuser largement nos contenus, à les partager,
27:44 à commenter également nos productions.
27:46 On vous lit très attentivement et bien sûr,
27:48 à lâcher un petit like juste en dessous de la vidéo.
27:51 Merci, au revoir. Merci Camille Test.
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